Partie Quatre

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 J’admirai la fin du jour au sommet d’une colline. La fraîcheur de la nuit allait m’être revigorante. Mon regard ténébreux dériva sur un hameau en contrebas. Des masures plus que des maisons, en fagots et en glaise. Un bonhomme rondouillard traversait la petite place débroussaillée, un seau d’eau dans une main et une femme au visage fermé dans l’autre. Derrière eux se poursuivaient deux bambins rachitiques à la peau laiteuse, dont l’un dut voir un démon pour être aussi terrifié.

 L’homme renvoya sa femme à mon arrivée impromptu des plaines sauvages, et pointa sur moi un poignard qu’il gardait à sa ceinture.

 « Va-t’en delà sale rat ! » me somma-t-il.

 Trop de gras pendait sous son menton, sa veste était sale, décousue, mais de laine et brodée. La femme, elle, portait une robe de lin déchirée et des peaux de bêtes.

 « Un humain de ville, flairai-je, et une humaine de campagne. Je sens un désir de mort chez elle. Tu dois être arrivé récemment avec tes… » Je humai l’air. « Tes deux amis, repris-je. Ils sont dans les champs à chasser le rongeur. Des bandits ? »

 Un rictus haineux lui contracta la face.

 « Qu’est-ce que tu veux, démon ? gronda-t-il.

 — Une amie. Je m’ennuie. Une petite fille maigrichonne à la chevelure ardente et à l’odeur d’araignée et de serpent. Elle a traversé ce village. Je sens encore son parfum flotter.

 Il renâcla. « Tu veux d’la binouze en passant ? T’as la tête d’un gars qui aime quand c’est serré. Va-t’en delà ! »

 Une gifle à l’oreille le fit choir lamentablement.

 Je m’agenouillai. « N’ose plus me manquer de respect, humain de ville. Je suis trop jeune pour boire !

 — P, pardon messire ! » bredouilla-t-il, commotionné.

 Je lui confisquai son arme.

 « Donne-moi deux pièces pour te faire pardonner, ordonnai-je. Les clients donnent des pièces, et ta vie est ma cliente. »

 Il opina du chef, puis sortit de sa poche deux jolies pièces cuivrées et scintillantes face aux derniers rayons du jour.

 « Splendide ! m’extasiai-je, les yeux brillants. J’adore les pièces. Il n’y a rien de meilleur au monde… » Un gargouillis sortit d’une plaie béante dans sa gorge. « Avec la viande humaine, bien sûr », terminai-je, le sourire jusqu’aux oreilles.

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