CHÂTEAU

Une minute de lecture

Quand j’étais petite, je me réfugiais souvent dans mon château. Davantage, une forteresse. À la moindre alerte, à la première menace, je me barricadais derrière ses hautes murailles et je scrutais le monde par le trou des meurtrières, jusqu’à ce que tout danger me paraisse écarté.

J’ai toujours pensé qu’on devait dire “en mon FORT intérieur”. Parce que, dans ces moments-là, ça faisait sens. Rien d’autre ne faisait sens.

Quand j’étais petite, tout le monde disait que j’étais bizarre, renfermée, et on se demandait si souvent si je pouvais parler qu’on m’a collée chez l’orthophoniste. Ça non plus, d’ailleurs, ça n’avait aucun sens.

Moi, j’étais bien dans mon château. Nulle part ailleurs. Recroquevillée sur moi-même à écouter mes bardes neuronerveux déclamer mes pensées commes des gestes épiques.

Si ma tête me suffisait, pourquoi aurais-je voulu faire partie du monde, hein ?

Le monde, il me mordait tout le temps pour me rappeler à l’ordre.

Et moi je le fuyais.

Je ne savais pas encore que je passerais ma vie à le dégommer, tête après tête.

Jusqu’à celle-là.

Quand j’étais petite, déjà, de temps en temps, je sentais le château trembler, les remparts s’éroder. Et, parfois, ce n’était pas le monde qui grondait dehors. C’était elle. Une présence qui tantôt me glaçait, tantôt me rassurait, mais qui toujours me rappelait que rien ne dure. Que rien n’est éternel.

Comme ce truc qui me ronge.

Qui mourra avec moi.

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