POIGNARD

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La chambre était là à nouveau et, la clarté mise à part, ne ressemblait-elle pas au château de son enfance ? Depuis combien de temps ne l’avait-elle pas visité ? Morana était là elle aussi, penchée à son chevet, une main sur le front d’où Flo ruisselait de sueur.

— Je… t’ai tuée…

— Oui, oui, la flatta Morana d’une voix douce. Mais tu divagues un peu, non ? Ce n’était juste pas le moment.

Puis, s’éloignant un peu pour la laisser respirer, la femme en blanc changea de ton :

— Tu te sens d’attaque pour ta mission ?

Elle avait retrouvé sa froideur d’antan.

— Tu veux dire ta mission, maugréa Flo en arrachant l’intraveineuse dont l’aiguille roulait une pelle saignante à sa veine bombée.

— Si ça te fait plaisir.

Cette fois, au lieu des traditionnelles coordonnées GPS d’Atylwat, la tueuse ne reçut qu’une photo glissée dans une enveloppe, que sa commanditaire scella devant ses yeux d’un copieux filet de bave.

— Comment je trouve la cible ? s’enquit la femme de main.

— Ne t’inquiète pas de ça. Approche plutôt.

Morana se tenait raide devant le guéridon, tantôt éclaboussé de sang, à présent immaculé. Flo n’y comprenait rien. Elle était pourtant sûre d’avoir refroidi cette foutue Crin-d’Argent. Elle n’avait toutefois aucun souvenir entre le tir et son second réveil. Comme si c’était elle qui avait trépassé quelques fractions de secondes.

Pas le choix. Elle traina sa frustration jusqu’au cabinet voisin et se posta au côté de la satanée dame blanche. Tout sourire, celle-ci tenait entre ses doigts osseux un collet plus coupant qu’un poignard acéré.

— Voici ton arme, annonça-t-elle à Flo. Aucune autre n’est adaptée à mon travail. C’est donc la seule que tu seras autorisée à manier pour accomplir mes tâches.

— Putain, c’est un peu vache…

Elle avait beau rouspéter, Flo saisit le collet avec précaution. Elle revêtit sa tenue de travail et le rangea précieusement dans une poche rembourrée de son pantalon.

Une fois apprêtées, l’une parée à tuer, l’autre endimanchée d’un long trench en pieds-de-poule où son éternel blanc alternait avec un brun terreux, elles prirent la route. À l’arrière de la vieille Lamborghini s’entassaient les trois chiens, au garde-à-vous. Aucun d’eux ne bronchait, les six yeux fixés sur la malheureuse passagère.

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