Les étoiles ne répondent pas
La chambre de Louane était minuscule, coincée sous les toits, mais elle avait quelque chose d’unique : la nuit, elle devenait un véritable ciel miniature.
Le plafond, recouvert de stickers phosphorescents, brillait doucement. Des constellations tracées à la main — maladroites mais passionnées — ornaient les murs, mêlées à des photos d’astronautes, de nébuleuses, et un vieux poster de la Voie lactée taché de scotch.
Louane était allongée sur le dos, en pyjama, une main repliée sous sa joue, l’autre posée sur son ventre comme pour se rassurer. Les lumières de la ville filtraient à peine à travers les rideaux épais. Seule la projection de son petit projecteur d’étoiles animait les murs. Saturne glissait lentement sur le bureau, Orion s’échappait vers le plafond.
— Andromède, est-ce que t’entends quand je pense à toi ?, murmura-t-elle à voix basse.
Elle parlait souvent aux étoiles. Pas parce qu’elle croyait qu’elles allaient répondre… mais parce que c’était les seules à qui elle pouvait tout dire sans qu’elles ne rient. Elles ne coupaient pas la parole. Elles ne regardaient pas de travers. Elles ne tapaient pas sur l’épaule en ricanant.
Au collège, les journées ressemblaient à un labyrinthe de regards qui piquent. Les couloirs devenaient des champs de mines. Louane savait où éviter de passer, quels escaliers contourner, à quel moment se réfugier aux toilettes pour éviter les groupes. Ils la surnommaient la Lune, l’Extra-terrestre, parfois juste un souffle moqueur : "T’as vu la tarée des étoiles ?"
Parfois elle se disait que si elle était vraiment venue d’une autre planète, ce serait plus simple. Mais elle était née ici, comme eux. Elle respirait le même air, mais elle n’était jamais vraiment là.
Son regard se posa sur un carnet posé sur la table de chevet : un vieux cahier noir, rempli de croquis de planètes, de pensées, de dates d’éclipses et de fragments de rêves. Elle le caressa du bout des doigts.
— Peut-être que je devrais disparaître… juste un peu. Voir s’ils me remarquent, chuchota-t-elle.
Une larme roula sans bruit jusqu’à son oreiller.
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