Louane ne retourna pas au collège tout de suite.

Après ce soir-là, après les larmes, les mains tremblantes, le vide presque franchi… il y eut un peu de silence. Elle ne voulait parler à personne. Sauf à lui.

Et Auguste, fidèle à sa parole, resta.

Il venait tous les soirs, s’asseyait devant chez elle avec un vieux sweat et un sac à dos, et attendait qu’elle ouvre la fenêtre.

Parfois, elle ne disait rien. Parfois, elle lui lançait un mot. Une phrase.
Ce soir-là, elle le laissa entrer.

Ils montèrent dans sa chambre. Il fit attention à ne pas marcher sur les carnets, les feuilles, les petits trésors rangés à moitié sous le lit.
Il regarda les étoiles au plafond et dit, comme une évidence :

— On dirait que tu dors dans l’univers.

— C’est le but, murmura-t-elle.

Il s’assit sur le lit. Elle s’assit à côté.
Long silence. Aucun malaise.

Elle avait les yeux rouges, mais elle ne pleurait plus.
Il avait le regard fatigué, mais il souriait doucement.

Puis, sans un mot, elle posa sa tête contre son épaule.
Il ne bougea pas. Il la laissa faire.

Elle sentit son odeur. Quelque chose de propre, de chaud. Un peu de lessive, un peu de pluie. Il était réel. Présent. Et pour la première fois, elle n’avait pas honte de se rapprocher.

— J’ai eu peur, dit-il doucement.
— Moi aussi.
— J’ai cru que je t’avais perdue.
— Moi aussi, Auguste…

Et alors elle glissa ses doigts contre les siens. Elle les lia, doucement.
Il referma les siens autour des siens. Fort. Comme une promesse.

Elle se tourna vers lui. Leurs visages étaient tout proches.
Il ne bougea pas. Il attendit. Il la laissa décider.

Elle posa son front contre le sien. Rien de plus. Juste ça.
Le contact, chaud, vivant, plein de silence. Plein de lumière.

Elle chuchota :

— Reste.

Et il répondit, dans un souffle :

— Je suis déjà là.