Résister

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Le lundi matin, Auguste entra dans le collège comme on entre sur un champ de bataille.
Il le savait. Ça couvait depuis des jours. Il avait vu les regards. Les messes basses. Les silences trop bruyants dans les vestiaires.

Louane était absente. Encore.
Et lui, il était trop présent.

Les couloirs se refermaient sur lui comme des tunnels pleins de bruit.

À la récré, tout tomba.

— Mec, faut qu’on parle, dit Hugo, en se plantant devant lui.
— Non, grogna Auguste.
— Si. Maintenant.

Théo était là aussi. Et deux autres gars de l’équipe de foot. Le genre de mecs qui pensent que leur réputation est une propriété privée.

— T’as craqué, frère, lança Théo. T’as vraiment craqué.

— J’ai pas de temps pour vos conneries, répondit Auguste en essayant de passer.
Mais Hugo l’attrapa par le bras. Pas violemment. Mais assez fort pour le bloquer.

— Tu vas tout ruiner, mec. Tu veux qu’on t’éjecte ? Tu veux vraiment que tout le monde te prenne pour un mec fragile, amoureux d’une fille qui parle aux étoiles ?

Un rire. Sec. Moqueur.

— Elle t’a fait quoi, sérieux ? Elle t’a hypnotisé ? Ou t’as juste pitié d’elle ?

Et là, Auguste sentit quelque chose en lui se briser.

Il repoussa Hugo d’un geste sec. Pas brutal. Mais net.

Puis il planta son regard dans le sien. Et parla lentement, avec cette colère glacée qu’il connaissait si bien :

— Elle m’a rien fait. Elle m’a pas menti, elle m’a pas trahi, elle m’a pas regardé de haut. Elle m’a pas utilisé. Elle m’a juste… regardé comme si j’étais pas obligé d’être quelqu’un d’autre.

Silence.

— Et vous, là, vous me parlez de ruiner ma vie ? Vous êtes déjà morts de l’intérieur. Vous parlez, vous jugiez, mais y’a rien derrière. Juste du bruit.

Il avança d’un pas. Personne ne bougea.

— Et ouais. J’suis amoureux d’elle. Et vous savez quoi ? Si c’est ça être “fragile”, alors j’espère qu’un jour vous aurez assez de courage pour l’être aussi.

Il tourna les talons et partit. Pas en courant. Pas en fuyant. Juste… droit devant.

Ce jour-là, il sentit que quelque chose avait basculé.

Il ne serait plus jamais l’un d’eux.
Mais il s’en foutait.

Parce qu’il savait qui il voulait être.
Et avec qui.

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