Chapitre 12 Partie 1 — Le Verbe en soi

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Ça fait quatre jours. Ou cinq. Je sais plus. J’ai essayé de pas y penser, mais c’est pire. Elom est plus là. On l’a pas vu partir. Pas entendu. Rien.

Ils ont dit que c’était prévu, qu’il avait été désigné pour un suivi spécial . Mais personne ici sait ce que ça veut dire. Même Frère Solance a baissé les yeux. Et lui, d’habitude, il regarde dans les tiens comme s’il pouvait lire ton mensonge avant que tu parles.

Depuis qu’il est plus là, tout est bizarre. Le dortoir est plus silencieux, mais pas comme quand on dort. Comme quand on écoute quelque chose qui veut pas se dire. Gros Abel fait semblant que tout va bien, mais il laisse ses chaussettes n’importe où et il parle tout seul, et il mange plus. Et moi, j’ai pas envie de rigoler. Même quand Jonas tombe de sa chaise ou que Nahel se prend une claque pour avoir volé des dattes. C’est comme si rien me faisait vraiment rire. Comme si les blagues étaient vides.

Je sais pas ce qui me manque le plus. C’est pas ce qu’on faisait. On faisait pas grand-chose. On marchait dans la cour. On regardait les dalles. Il écrivait dans son carnet. Je parlais, lui pas trop. Mais j’aimais bien ça. Le silence, avec lui, il était pas méchant. Il tenait chaud. Il m’écoutait même quand il répondait pas. J’ai jamais su pourquoi. Il regardait pas les gens comme nous. Il regardait les coins. Les murs. Le sol. Comme s’il y avait autre chose là. Moi j’ai rien jamais vu. Mais je le croyais. Je sais pas pourquoi. C’était comme ça.

Des fois je pense qu’il a été enlevé. Par le Cadastre. Ou par un mot qu’il a trop regardé. Un mot qui mord. Ou un mot qui t’emporte. Je sais que ça existe. Même si les adultes font semblant que non. Des mots comme des failles. Des mots qu’on entend pas, mais qui rentrent quand même.

Je veux pas qu’on dise qu’il a disparu. Disparu, ça veut dire qu’on l’oublie. Moi je veux pas. J’ai écrit son nom sur le mur, derrière mon lit. Pas en gros. En tout petit. Juste pour qu’il reste là. J’ai même pas eu besoin de regarder comment ça s’écrit. C’est comme si je l’avais toujours su. Elom. Quatre lettres. Mais elles tiennent comme une pierre.

Je me dis qu’il reviendra. Ou qu’on aura des nouvelles. Un signe. Une phrase dans un livre. Une tache sur une dalle. N’importe quoi. Mais un truc qui dit : Il est pas loin.

Et si c’est pas lui qui revient, ben moi j’irai. Un jour. Je sais pas comment, ni par où. Mais j’irai. Là où il est. Même si c’est un endroit sans chemin. Même si faut descendre dans les mots ou marcher sur les silences.

J’ai pas prié. J’ai jamais su bien faire. Mais ce matin, j’ai parlé tout bas. Pas à Dieu. À lui.

Si tu m’entends… reviens. Ou écris. Ou rêve fort. J’essayerai de t’attraper.

Je t’attends. Même si t’as changé.

Victor

Ils passèrent la porte du bâtiment, laissant les deux gardes derrière eux. De l’autre côté, l’ambiance avait changé. L’air était plus sec, mais plus dense, comme si chaque particule portait une information non dite. Le couloir s’élargissait lentement vers une rotonde dallée de marbre noir, veinée de bleu sombre, presque invisible à première vue. Un hall d’attente — mais aucunement banal.

Au fond, un comptoir bas, circulaire, comme fondu dans la pierre. Deux personnes s’y tenaient. Un homme, fin, grand, parfaitement rasé, vêtu d’un costume trois pièces d’un gris profond. Ses manches et son col étaient brodés de syntagmes entrelacés, qui pulsaient faiblement à la lumière, comme s’ils étaient tenus sous tension. À ses côtés, une femme. Chignon sévère, lunettes fines, chemise blanche boutonnée jusqu’au cou. Elle tenait une tablette d’ardoise brillante sur laquelle s’affichaient des signes mouvants, organisés selon une logique qu’Elom ne comprenait pas.

Orvain s’avança. Il présenta son cahier, ouvert à la page de la convocation. L’homme au costume le prit avec soin, le tourna entre ses doigts, puis hocha lentement la tête.

— Nous vous attendions.

Il ne disait pas nous avons reçu la convocation , ni l’inscription est validée .

Il disait : Le Cadastre vous attend.

Elom tressaillit. Ce n’était pas une institution. C’était une entité.

— Vous pouvez patienter un instant, s’il vous plaît.

La femme du guichet leur indiqua un banc d’attente, lisse, encastré dans la paroi de marbre. Ils s’assirent. Le silence était propre. Dense. Pas pesant. Mais chargé.

Elom observa autour de lui. Le sol : noir, miroitant, comme une plaque d’encre solide. Aux murs : des tableaux, des fresques, d’immenses panneaux encastrés dans la pierre. Aucun cadre. Aucune légende. Juste des scènes, rendues dans un style qui oscillait entre la gravure et le rêve. Sur l’un d’eux, il vit des hommes en toge se tenant au bord d’un gouffre, brandissant des glyphes lumineux qui semblaient maintenir un pont invisible.

Plus loin, une salle immense où l’on versait de l’encre dans un puits, pendant qu’un groupe récitait une prière en cercles concentriques.

Et au fond, presque dissimulée dans une alcôve, une fresque différente. Des formes élancées, brumeuses. Des Luides. Ils étaient là. Non pas représentés, mais suggérés. Longs, parfois asymétriques, les yeux pleins d’ombres, les membres tournés vers l’intérieur. L’un d’eux semblait enlacer un enfant sans le toucher. Un autre effleurait un mur. Un troisième levait la main vers un ciel strié de lignes verbales.

Elom sentit un frisson. Non de peur. Mais d’une reconnaissance confuse. Il se tourna vers Orvain. Mais l’Arpenteur gardait les yeux fermés, comme en veille.

Quelques minutes passèrent Avant qu’un homme rond, au ventre en avant, vêtu d’une veste courte et d’un pantalon trop étroit, s’approcha d’un pas rapide. Sa moustache était fine, relevée en deux courbes précises, comme deux accents circonflexes perchés sur sa lèvre.

— Bien, bien, bien ! Voilà notre invité.

Il s’inclina légèrement devant Orvain, puis devant Elom, les mains croisées dans le dos.

— Avec moi, je vous prie. Le Cadastre n’attend jamais longtemps.

Ils le suivirent. Le couloir s’enfonçait. Puis tournait. Puis se divisait. Escaliers, paliers, salles de passage, coursives taillées dans la pierre. Le sol changeait de texture tous les cinquante pas. Les murs, eux, portaient des inscriptions en couches fines, superposées, parfois contradictoires. À chaque embranchement, Elom se disait qu’il pourrait jamais revenir en arrière seul. Tout se brouillait. La lumière semblait suivre d’autres lois. Le temps, aussi.

Ils passèrent une galerie bordée d’urnes, une salle vide avec une unique chaise au centre, une passerelle de verre suspendue au-dessus du vide. Chaque pièce semblait plus absurde que la précédente.

Et puis… l’homme s’arrêta. Devant eux, une porte. Simple. En bois clair. Sans poignée. Sans serrure. Sans inscription. Juste posée là. Elle n’attendait qu’une chose : être traversée.

L’homme se pencha vers Elom, ses yeux brillants d’une malice polie. Il leva un doigt et l’approcha de sa bouche.

— Chut.

Puis il se redressa. Lentement. Et d’un geste presque affectueux, il caressa la surface de la porte du bout de l’index. Le bois sembla frémir sous la pression. Une onde, imperceptible, se propagea dans la matière. Puis la porte s’ouvrit. Sans bruit. Sans poussée. Elle s’ouvrit comme un mot entendu à l’intérieur. Et ce qu’ils découvrirent derrière n’avait rien à voir avec ce qu’ils avaient traversé jusqu’ici.

La pièce semblait décrochée du Cadastre. Comme un espace exilé, enchâssé par erreur, ou peut-être volontairement caché là. Une anomalie autorisée.

Le sol n’était plus noir. Il était d’un bois clair, nu, huilé, qui portait les traces fines de pas anciens. Les murs étaient recouverts de toiles tendues, des panneaux épais, blancs cassés, suspendus dans un silence parfait. Au plafond, une lumière douce et naturelle, qui ne venait d’aucune source visible, baignait l’espace d’une chaleur inattendue.

Pas un glyphe. Pas un syntagme. Pas même un symbole. Seulement une table basse, en pierre tendre. Deux sièges en osier. Et une étagère basse, sur laquelle reposaient des objets étranges : une plume figée dans une goutte d’encre sèche, une pierre creuse, un mouchoir brodé, un miroir minuscule retourné contre le mur.

Elom resta sur le seuil. Il ne savait plus dans quel bâtiment il se trouvait. Il ne savait même plus s’il était encore dans le Cadastre. Ou dans quelque chose d’enfoui derrière le Cadastre.

Le rondouillard ne le poussa pas. Il dit simplement :

— Entre. Tu n’y es pas attendu pour répondre. Juste pour être lu.

Elom fit quelques pas à l’intérieur. Il avait franchi tant de couloirs, traversé tant de seuils, qu’il s’attendait à quelque chose d’également solennel, d’encadré, de défini. Mais ici, tout était différent, presque paisible. Un calme étrange, mais habité. Comme si les lois mêmes de l’espace s’étaient assouplies.

Le sol, d’un bois blond légèrement satiné, renvoyait une chaleur douce, inattendue. Les murs, couverts de toiles blanches suspendues par de minces fils tendus, flottaient à peine, comme si elles respiraient. Il n’y avait aucune source de lumière visible, et pourtant, la pièce baignait dans une clarté stable, légèrement dorée, qui rappelait la fin d’après-midi, ou le souvenir d’un feu sans flamme.

Elom se retourna pour observer la porte. Elle avait disparu. Ou plus exactement, elle s’était fondue dans le mur. Aucune trace. Aucune rainure. Aucune issue visible. Un courant d’air léger effleura sa nuque. Il ne savait pas d’où il venait.

Il s’avança lentement. Tout ici semblait posé pour une fonction inconnue. La table basse, au centre, portait un galet noir veiné de cuivre, une plume figée dans un encrier vide, et une coupe de verre transparent remplie à moitié d’un liquide pâle. L’un des fauteuils en osier avait été reculé de quelques centimètres, comme si quelqu’un s’y était levé récemment. Mais la pièce était vide. Il en était certain.

Les toiles blanches vibraient presque imperceptiblement. Et soudain, elles commencèrent à s’écrire. Pas d’un coup. Lentement. Comme si les murs eux-mêmes se souvenaient. Des glyphes naissaient à la surface des toiles. Aucun d’eux ne ressemblait à une lettre. Ils vibraient légèrement, ou flottaient un instant avant de s’ancrer. Certains semblaient tournés vers lui. D’autres vers l’intérieur de la pièce. Un d’eux palpitait à rythme régulier. Elom sentit son cœur s’y accorder.

Il voulut parler. Demander. Mais un frisson le traversa. Comme une mise en garde. Ce lieu tenait quelque chose, et il ne devait pas rompre la phrase en train de se formuler.

Il regarda Orvain. L’Arpenteur ne bougeait plus. Ses yeux ouverts semblaient fixer un point hors du temps. Elom se demanda alors s’il était encore là pour lui. S’il l’avait été un jour.

Et puis il le sentit. Une bascule. Un poids léger dans l’air. Un changement dans l’équilibre de la lumière. Il se retourna. Elle était là. Debout. Calme. Évidente.

Une femme, haute, les bras le long du corps, le visage jeune, neutre mais pas absent. Elle portait une robe grise, d’un tissu dense, sans couture visible, bordée à la taille d’un fil noir noué trois fois. Ses cheveux, tirés vers l’arrière, formaient une torsade parfaite. Son regard n’était ni doux ni dur. Il était. Entier. Éveillé. Fixé sur lui.

Elom resta figé. Il n’avait entendu aucun pas. Aucune ouverture. Rien. Elle ne venait pas de l’extérieur. Elle n’était pas entrée. Elle avait été inscrite. Il le sentit. Comme si le Verbe du lieu avait, à cet instant précis, décrit cette femme.

Elle ne le regardait pas comme une adulte regarde un enfant. Ni comme une fonctionnaire observe un cas à résoudre. Elle le regardait comme on lit une page à voix basse. Comme si chaque fibre de son corps formait un signe que seuls ses yeux pouvaient interpréter.

Elom se demanda. Était-elle réelle ? Ou bien n’était-elle que le reflet d’une attente ancienne ? Une phrase jamais terminée qu’elle venait enfin lire jusqu’au bout ?

ll ne bougea pas. Mais les toiles sur les murs se mirent à changer. Des glyphes s’effacèrent. D’autres apparurent. Une sorte de phrase se forma, comme un arc souple suspendu à hauteur de front. Mais il ne comprenait pas ce qu’elle disait. Il en ressentait seulement le poids.

Elle fit un pas vers lui. Puis sortit de sa manche une fine tablette d’ardoise, sur laquelle elle commença à écrire. Pas comme une secrétaire. Pas comme une archiviste. Mais comme une scribe qui écoute ce que l’air dit d’un être vivant.

La femme s’avança de deux pas. Elom ne bougea pas. Elle ne prononça pas son nom. Ne se présenta pas. Mais quelque chose, dans l’air, dans la lumière, dans les lignes de sa robe, disait clairement qu’elle était Vectrice.

Sans hésitation, elle sortit de la manche intérieure de son vêtement une tablette fine d’ardoise noire, bordée de cuivre. Elle ne leva pas les yeux. Elle ne lui demanda rien. Elle commença à écrire. Des signes simples. Lents. Mesurés. Certains ressemblaient à des mots. D’autres, à des gestes tracés. C’était une écriture qui ne notait pas : elle traduisait.

Elom la regardait. Il ne comprenait pas ce qu’elle écrivait. Mais il sentait que c’était lui. Pas ce qu’il faisait. Pas ce qu’il disait. Ce qu’il était.

Elle s’arrêta. Un silence. Profond. Un souffle suspendu. Puis elle releva les yeux.

— Tu ne portes pas de nom. Mais tu portes plus que ceux qui en ont plusieurs.

Elom ne répondit pas. Elle s’approcha encore, de quelques pas. Pas menaçants. Pas autoritaires. Mais précis.

— Tu crois être un enfant convoqué. Un objet d’étude. Mais tu es un miroir. Ceux qui t’ont fait venir veulent savoir s’ils peuvent encore se lire.

Elom déglutit. Il sentit un poids dans la poitrine. Une tension ancienne. Comme une corde tirée depuis longtemps.

— Pourquoi moi ?

La question était sortie seule. Sans qu’il la formule vraiment. La Vectrice répondit aussitôt.

— Parce que tu tiens. Et qu’en toi, quelque chose a résisté sans mot.

Elle rangeât doucement sa tablette. La glissa sous son bras. Puis elle regarda Orvain. Pas un ordre. Pas un reproche. Un constat. L’Arpenteur hocha la tête, et sans un mot, recula. Il s’effaça.

— Tu n’es pas là pour qu’on t’analyse. , reprit elle.

Elle marqua un silence.

— Tu es là pour que le Cadastre sache s’il existe encore quelque chose qu’il n’a pas encore réussi à formuler.

La Vectrice resta silencieuse un moment. Elle semblait peser ses mots avant de les laisser sortir, non par précaution, mais par respect. Comme si chaque phrase devait naître juste, ou ne pas naître du tout.

Elle s’approcha de la table, y déposa sa tablette, et tourna lentement les paumes vers Elom.

— Je m’appelle Yalis. Vectrice d’Articulation affectée à la Voie Inhérente.

Elle attendit. Non pour être reconnue. Mais pour que ce nom — ce titre — s’imprime dans l’air.

— Je ne parle que rarement. Mais lorsque je parle, c’est que le Cadastre me laisse faire.

Elle s’avança d’un pas, droite, les bras croisés dans le dos.

— Ma fonction est complexe. Je ne régule pas. Je ne vérifie pas. Je ne contrôle ni les syntagmes, ni les flux, ni les titres. Je… j’écoute. Je rassemble les fragments. Je compose.

Un silence.

— Je suis là pour articuler ce qui échappe. Pour faire lien entre ce que l’on sait et ce que l’on sent.

Elom ne bougeait pas. Il sentait une chaleur étrange naître dans son sternum. Comme si ce qu’elle disait résonnait dans une pièce intérieure de lui, restée fermée jusqu’ici.

— On m’a convoquée. Comme toi.

Elle dit cela sans détour. Sans artifice.

— Pas par une personne. Pas par un bureau. Par le Cadastre lui-même.

Elle se détourna, un instant, pour fixer les toiles couvertes de glyphes autour d’eux. Certaines pulsaient lentement. D’autres semblaient s’effacer en silence.

— Je n’ai reçu ni ordre, ni consigne. Aucun contexte. Aucune attente formulée. Juste un appel. Une traction. Une… nécessité.

Elle posa de nouveau les yeux sur lui.

— Alors je suis venue. Non pour agir. Mais pour être là. Pour écouter. Pour noter ce qui se forme. Et comprendre ce que le Cadastre cherche à nous faire entendre.

Elle s’approcha, doucement. Pas plus d’un pas.

— Tu crois que tu es seul à être sans fonction. Mais je suis comme toi. J’avance sans carte. Je suis ici pour comprendre ce que je dois faire… en le faisant.

Elle s’arrêta devant lui, à portée de souffle.

— Je t’ai lu. Ce que tu es n’est pas instable. C’est… pré-verbal. Tu portes quelque chose de non formulé, mais qui insiste. Un noyau. Une attente.

Ses yeux, d’un gris translucide, ne cillaient pas.

— Peut-être que le Cadastre ne t’a pas convoqué pour que tu serves. Peut-être qu’il t’a convoqué pour voir si tu existes au-delà du silence qu’on t’a laissé.

Elle recula légèrement. Ses mains effleurèrent le rebord de la table.

— Et peut-être que ma présence ici n’est qu’une part de ta lecture.

Un long silence s’installa. Un silence entier. Pas pesant. Mais résonnant. Puis Orvain le brisa. Sa voix n’était ni forte ni solennelle, mais elle résonna dans la pièce comme une lame fine qu’on pose lentement sur une table nue. Elom tourna brusquement la tête. Il avait cru l’Arpenteur parti, effacé comme tant d’autres figures transitoires. Mais il était là, immobile, adossé au mur clair, les bras croisés dans le dos. Son manteau paraissait moins raide. Son regard, plus vif.

— Si je n’ai pas été congédié, c’est qu’on attend que j’entende.

Il fit un pas, lent, puis un autre. Ses bottes s’enfonçaient à peine dans le bois poli, mais elles y laissaient, derrière elles, une mémoire invisible.

— On ne m’a rien dit. Aucune consigne. Aucune restitution attendue. Pourtant je suis ici. Dans cette pièce. Avec vous.

Il s’avança jusqu’à l’un des fauteuils d’osier et resta debout derrière lui, comme un veilleur.

— Ce que je vois, ce que j’entends, je le conserve. Et je sens que cela suffit.

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