Prologue : Pennsylvanie, de nos jours

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L'homme se leva en soufflant. Il bouscula au passage quelques personnes qui, elles, écoutaient avec attention le scientifique sur l'estrade en face. Celui-ci expliquait avec tout le sérieux possible combien les mutations génétiques prenaient de temps et que le maximum de nos capacités serait atteint d'ici un ou deux millénaires.

  Lui en avait assez. Assez d'entendre pour la quarante-septième fois ce genre de baratin. Assez de perdre son temps dans ce genre de conférence débile où les organisateurs faisaient venir le premier pseudo-chercheur qu'ils trouvaient. Chercheur qui n'avait comme références professionnelles que de prendre moins cher que le précédent. Et assez d'être cerné par des crétins hallucinés qui espéraient s'entendre dire que, oui demain matin avec beaucoup de bonne volonté ils pourraient faire léviter une assiette. La prochaine fois qu'il verrait son supérieur il lui dirait en face sa façon de penser…. Tout en sachant très bien qu'il ne le ferait jamais à moins d'être absolument certain de vouloir en finir avec la vie…

  En soufflant de nouveau il sortit de la salle et laissa derrière lui des gens suspendus aux lèvres du même homme qui entamait la meilleure partie de son débat : « Mes capacités parapsychologiques peuvent-elles m'aider pour l'entretien de mon jardin ».

  Lorsqu'il sortit sur le parking pour rejoindre sa voiture, l'air était glacial. Cette fin d'Août n'était vraiment pas idéale. Cela ajoutait à l'impression désagréable que dégageait le lieu. Le quartier de cette ville était déjà d'un naturel peu chaleureux en plein jour, la nuit il devenait le repère des dealers, des petites frappes et autres paumés de la vie. Mais tout ceci ne le surprenait plus… Il y avait dans ces occasions de conférences, comme une sorte d'obligation de se réunir dans ces lieux malsains. Un peu comme ces photos-témoignages de phénomènes paranormaux, qui à l'époque des appareils photographiques numériques n'étaient toujours pas nettes, une tradition en quelque sorte...

  Il remonta le col de son manteau et regarda sa montre. 21:30. Il se demanda comment il avait pu tenir une heure trente face à ce verbiage, puis très vite il se dit que cela faisait une heure trente de perdue définitivement dans toute sa vie... Une heure trente pendant laquelle il aurait pu finir son roman de Marc Lévy, une heure trente qui lui aurait permis d'avancer dans le dossier Bernstein… Il souffla de nouveau et sortit une cigarette qu'il alluma… Mourir de ça ou d'autre chose…

  Réflexion faite, compte tenu de ce qu'il savait, ou plus précisément de ce qu'il ne savait pas, il valait mieux mourir de cela….


  Il entendit d'abord quelques gravillons rouler sur le macadam du parking avant meme d'entendre la voix.

  - Dis donc fillette faut pas traîner toute seule dans ce parking si tu ne veux pas qu'il t'arrive des bricoles…

  L'homme ne se retourna pas. Il fit littéralement voler son coude en arrière et celui-ci heurta la pomme d'Adam du mastodonte qui venait de le menacer. King Kong s'effondra aussitôt à genoux, lâcha la batte de base-ball qu'il avait emmenée faire une balade avec lui et tint son cou à une main en cherchant sa respiration. Sans se retourner, la cigarette finissant de brûler à ses lèvres, l'homme ouvrit la portière de sa voiture et partit directement chez lui.

  La nuit s'annonçait longue.

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