3 - People Are Strange, The Doors

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Rachel se regarda dans le miroir. Le fard à paupières bleu faisait ressortir le vert sombre de ses yeux et tranchait avec sa peau bronzée. Le rouge à lèvres rosé et glossy lui donnait une touche sensuelle. Samedi elle sortait avec Lucas et voulait être belle pour lui. Pour cela elle s’était organisée une séance d’essayage. Elle avait mis les bouchées doubles. En plus du maquillage elle avait enfilé une jupe volante blanche à pois qui s'arrêtait aux genoux et passé des chaussures à talons. En haut un bustier blanc tout simple surmonté d'une veste en jean bleu ciel finissait de parfaire le tableau. C'était l'une des rares fois où elle pouvait sortir avec lui. Soit elle était régulièrement collée par Soeur Marielle, soit elle ne pouvait plus sortir parce qu'elle était saturée de sa semaine et qu'elle avait besoin d'être au calme. Samedi devait être une journée exceptionnelle. Elle sourit.

  Puis elle se regarda de nouveau dans le miroir, comme si elle se découvrait pour la première fois

  Son sourire s’effaça. Elle ne voyait plus la jolie jeune fille de seize ans, mais juste une pâle copie de Tina. Comment pourrait-elle porter des choses aussi voyantes ? Comment pourrait-elle faire quoi que ce soit qui puisse la mettre en avant ? Elle prit un gant et le mouilla légèrement, puis se le passa sur le visage.

D'aussi loin qu'elle remontât dans ses souvenirs, la vie lui avait appris que la discrétion, l'invisibilité, la disparition était la seule issue possible.

  Elle se revit soudain huit ans plus tôt, en primaire, se précipitant dans la cour de l'école pour aller jouer avec des camarades de sa classe et entendre l'une d'entre elles dire avec mépris « Laissez tomber les filles, c'est la chtarbée, on ne va pas jouer avec elle, il paraît qu'elle porte-malheur ». Les enfants sont cruels à cet âge… Alors elle se revit, quatre ans plus tôt, à son entrée au collège avec sa classe. De tous nouveaux camarades, totalement inconnue d'eux. Et elle se souvint de son professeur principal, qui était venu la présenter à la classe, s'adressant à sa professeur de Français « Vous voyez la petite au fond là-bas, Brenetstein je crois, il faut vous la coller dans l'oeil il paraît qu'elle a failli brûler son ancienne école… Vous savez comment sont ces gens-là... » Et ses camarades le même jour « Alors la foldingue, comme ça tu cours nue dans les rues ? C'est la cousine du voisin de la meilleure amie de ma mère qui l'a dit... » Les enfants sont cruels à cet âge… Alors elle se revit une dernière fois… Treize ans auparavant… En Preschool… Elle avait voulu jouer avec une poupée de la classe, poupée qu'une autre enfant avait convoitée pratiquement dix secondes plus tard qu'elle… A la récréation des camarades avaient décidé de lui jeter des cailloux pour se venger… Les enfants sont cruels à cet âge… A quel âge ne le sont-ils pas ?… Heureusement il y a les adultes… Euh non. En fait non.

  Elle cligna des yeux plusieurs fois pour essayer d'effacer ces souvenirs et fit résonner Riders On The Storm dans sa tête…

La vie lui avait appris à disparaître. A disparaître à l'école déjà… Pour toutes ces raisons et quelques profs fachos… Et à la maison ensuite pour échapper aux disputes parentales. C’était à ce moment-là qu'elle avait commencé sa crise d'adolescence… A huit ans.

  Sans parler de son « truc » comme disait Tina… Son truc… Tout avait commencé lors de l'incident… Rachel avait trois ans. Sa mère et elle étaient parties faire des courses dans le plus grand centre commercial du secteur comme tous les samedis après-midi. Leur après-midi filles… Comme tous les samedis après-midi, sa mère l'avait laissée au rayon livres, et elle venait la voir toutes les trois minutes. Rachel avait l'habitude. Comme tous les samedis après-midi, elle s'asseyait tranquillement sur les rayons et prenait le premier livre qui venait à condition qu'il y ait un lapin sur la couverture. Puis elle tournait les pages. A trois ans elle savait déjà lire un mot ou deux et parfois elle comprenait même quelques pages. Elle n'avait jamais su comment elle avait appris à lire les mots… A trois ans…

  Mais ce samedi, n'avait pas été un samedi comme les autres. Rachel avait pris Bon appétit Monsieur Lapin… Mais soudain, l'histoire n'avait plus aucun sens. Ce n'était pas les mots qu'elle avait sous les yeux… C'était comme s'ils se mélangeaient avec d'autres mots qu'elle n'avait jamais entendus. Monsieur Lapin n'aimait plus les carottes mais il ne voulait pas non plus que Philippe vienne manger ce soir à la maison parce qu'il n'y avait rien de prévu… Alors Monsieur Lapin décidait de partir de chez lui pour voir les autres animaux mais il avait aussi particulièrement envie de chocolat, pas celui-là non, celui-ci avec les noisettes… Alors Rachel prit peur. A trois ans on avait le droit d'avoir peur d'un lapin, fut-il dessiné. A trois ans on avait le droit de vouloir sa maman et rentrer à la maison. Alors Rachel s'était levée, et elle avait regardé autour d'elle. Et elle avait cherché sa mère. Et elle ne l'avait pas trouvée. Et malgré le fait qu'elle ait fermé le livre et qu'elle l'ait laissé loin d'elle, elle entendait encore ces voix dans sa tête. Elle ne devait pas toucher à ça, ça coupait on le lui avait déjà dit ! Mais Rachel ne touchait rien ! Est-ce que le poissonnier pouvait lui remettre un filet plus gros à la place de celui qu’elle avait déjà ? Mais Rachel ne voulait pas de poisson, elle voulait sa maman. Toutes ces voix dans sa tête comme autant de petits insectes qui auraient décidé de marcher sur elle et dans ses vêtements. Le monde autour d’elle se mit à tourner de plus en plus vite, et elle se débattait dans tous les sens, pour essayer de faire partir ces millions de petits insectes rampants dans son crâne qu’elle entendait encore et encore. Regardez, qu’est-ce qu’elle a ? Elle est bizarre à tourner comme ça ? Où sont ses parents ? Et le monde tourne, les voix braillent, le monde, les voix, les voix, les voix. Alors Rachel hurla ! Puis le noir.

  Les médecins l'avaient examinée. L’évanouissement n’avait duré que quelques minutes mais lorsqu’elle s’était réveillée, Rachel était dans une ambulance toute blanche, sa mère à ses côtés. Elle avait expliqué à sa mère ce qui s'était passé. Puis sa mère lui avait dit que tout se passerait bien, que c'était fini maintenant… Mais qu'est-ce qu'elle raconte ? Que lui arrive-t-il ?… Rien ! Il ne lui arrivait rien, elle entendait des voix partout ! … Sa mère s’était figée. Elle venait de répondre exactement à ce qu'elle avait en tête. Alors une fois à l’hôpital avec les médecins, elle leur avait expliqué le problème. Sans succès. Dans un premier temps ils l’avaient écoutée et avaient procédé à toute une batterie d’examens neurologiques. Puis ne trouvant rien de particulier ils l’avaient orientée vers une psychiatre plus aguerrie pour les… Enfin, vous savez… Il y a certaines personnes qui présentent… Des troubles… Bien sûr à trois ans c’est assez rare, mais ça c’est déjà vu… Et… Hum… Avait-elle pris des traitements pendant la grossesse, comme quelque chose pour réguler la dopamine. Ou avait-elle eu une infection… On peut dire que Sarah s’était un peu énervée, dans ce mauvais remake de l’Exorciste, où l’on faisait passer sa fille pour une schizophrène. Elle avait expliqué que rien n’était inventé et que s’ils n’en savaient rien qu’ils lui trouvent de vrais médecins. Après avoir pris sa mère pour une folle, après l'avoir menacée des services sociaux pour harcèlement moral sur mineur, Rachel leur avait dit qu'il ne fallait pas qu'ils croient que l'hématome intercostal soit le fait d'une violence maternelle, c'était elle qui s'était fait ça en tombant contre une branche. Les médecins, bouches bées, les avaient laissées partir.

  La vie avec son père lui avait toujours paru agréable. Elle se souvenait de la balançoire, de son premier vélo, de la fois où elle était tombée sur son genoux et qu'il avait enlevé tous les petits cailloux un par un en lui racontant l'histoire de la petite fourmi qui avait besoin de venir chercher toutes les pierres pour construire son château… Ce n’est qu’après qu’il avait changé.

  A l'époque elle allait souvent jouer avec Timmy. Comme tous les enfants de cet âge, leur relation était je-t'aime-moi-non-plus : un coup meilleurs amis du monde, un coup ennemis jurés. Mais toujours était-il que tous les week-ends ils étaient fourrés ensemble. C'est lorsque plusieurs fois de suite, Rachel semblait finir ses phrases que Timmy commença à changer… Au début il s'emportait un peu lorsqu'elle finissait ses phrases « Ca va madame-je-sais-tout ! »… Et puis petit à petit il n'était pas toujours disponible pour jouer « oui-tu-comprends-c'est-un-truc-de-garçon »… Et un jour qu'il avait exceptionnellement accepté de jouer avec elle chez lui, elle avait voulu être la plus polie possible avec sa mère et lui. Elle s’était dit que si elle se montrait gentille et polie, et aimable, et souriante, et bien élevée comme l’avaient éduquée ses parents, peut-être que Timmy et elle se rapprocheraient comme avant. Alors Rachel avait répondu très poliment à la maman de Timmy qu’elle adorait la glace au caramel et que c’était vraiment très gentil d’avoir préparé une tarte aux fraises maison avec une citronnade. Et elle avait dit à Timmy comme elle avait très envie de jouer à Big Jim avec lui, que cela faisait très longtemps qu’elle n’avait pas casser la figure à Zorak son ennemi juré. Tout cela, Rachel l’avait dit avec beaucoup de gentillesse dans la voix et un grand sourire ravi et sincère. Oui. Tout cela elle l’avait fait. Alors elle n’avait pas compris pourquoi ils la regardaient avec des airs ahuris et un peu terrifiés. Elle n’avait pas compris non plus pourquoi Timmy lui avait lancé d’un air si glacial qu’Elsa elle-même en aurait tremblé « tu es vraiment une anormale ! Tire-toi de ma maison ! ». Elle n’avait pas compris pourquoi la mère de Timmy comme dans un état second avait attrapé le téléphone et appelé Sarah pour qu’elle revienne chercher sa fille, tout ça sans quitter Rachel des yeux. Elle n’avait pas compris tout cela parce que la chose dont elle n’avait pas conscience était qu’elle avait répondu à toutes ces questions avant même qu’ils ne lui aient demandé quoi que ce soit.

  De ce jour, plus rien ne fut comme avant. Ses parents étaient venus dans l’heure… Non dans la minute… Non à une vitesse hyper-méga-ultra luminique, plus vite que le Faucon Millénium, chez Timmy, pour récupérer leur fille. Ils avaient discuté longuement avec la mère de Timmy... Voyons il ne faut pas réagir comme ça, elle a parlé sans dire du mal… Je n’avais rien dit, cette fille… Cette… Chose ! Est entrée dans ma tête… Dans MA tête ! Je me sens sale… Je sens comme ses pattes sur moi… Sortez d’ici tout de suite ! … Allons Bridget calme-toi… DEHORS ! … Alors ils étaient partis. Et environ une semaine plus tard, ils avaient de nouveau tenté de s’expliquer avec les parents de Timmy, les deux cette fois, autour d’un verre. Peine perdue. De là Timmy avait commencé à l’insulter devant les autres et à raconter des choses sur elle. Ses parents avaient laissé courir des rumeurs monstrueuses… Vous savez comment sont ces gens-là… Depuis la Bible ils vénèrent des faux-dieux et pratiquent des cultes bizarres, il paraît qu’ils adulent des créatures mi-hommes mi-animaux… Et du coup… Le déménagement.

  Quand ils s’étaient installés dans leur nouvelle vie… Ville… Tout avait bien démarré. Même ses parents n’avaient pas eu besoin de quitter leur travail et malgré la route, tous les jours, son père allait travailler dans son entreprise. Bon, bien sûr, il rentrait plus tard qu’auparavant… La route… Mais, la route, au fur et à mesure des mois, se faisait de plus en plus longue, à moins que ce ne fut l’entreprise qui fut de plus en plus loin. Toujours était-il qu’il rentrait chaque fois un peu plus tard, et un peu plus ailleurs. Mais dans l’ensemble, la vie avait repris son cours normal. C’était là qu’elle avait fait la connaissance de Tina.

  Lors du déménagement, c’était un après-midi pluvieux, les parents de Tina les avaient vus de l’autre côté de la rue et ils étaient venus spontanément leur donner la main pour décharger. Puis ils s’étaient tous retrouvés chez les parents de Tina pour prendre un café bien chaud et bien mérité. Là Tina lui avait montré sa collection de GI Joe parce que Barbie ça va un temps mais cette poupée elle est vraiment trop obnubilée par ses fringues… Tina avait bien changé quand on y repensait...

  Sarah n’avait pas été dupe. Les réunions imprévues de fin de journée, avec Sophie, la secrétaire de son mari âgée de cinq ans de moins qu’elle. Etrange comme les dossiers avaient besoin d’être relus aussi fréquemment. Tu n’y connais rien Sarah, arrête avec ça. Il n’y a rien entre Sophie et moi, la preuve c’est que Philippe était avec nous. Il eut mieux valu entendre ça que d’être sourde. Au début, ses parents parlaient bas. Plutôt tard, le soir, au lit, pour ne pas la réveiller. Et puis, petit à petit, les conversations avaient empiété sur la vie de famille. Le matin d’abord, quand la veille au soir la conversation n’avait pas pu être terminée. Puis sur le soir… Le goûter… Le midi... Bref tout le temps.

  Mais ceci n’était rien comparé au comportement de Fabrice. La conversation avec les parents de Timmy et le déménagement avaient eu des conséquences. Il avait changé. Au début, ce n’était rien. Des petits bouts de phrases, de ci de là, qui lui auraient échappés, ou que Sarah aurait mal compris. C’était fini les petites fourmis qui allaient récupérer les cailloux pour le château. C’étaient fini les histoires du soir, avec le câlin des bras de papa surtout les soirs des journées où elle s’était fâchée avec Tina. Et un jour, fatiguée de tout ça Sarah l’avait interrogé ouvertement sur ce qu’il pensait. Enfin, Sarah… Tu ne te poses pas de questions toi ? Tu trouves ça normal ce qu’ils ont dit ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire de lire dans la tête des gens ? Tu as vu ce soir ? Encore ? Elle répond aux questions avant même qu’on lui pose ? Elle ne te fait pas peur parfois ? … Peur ? … Peur ? … C’était sa fille ! Comment sa propre fille pouvait-elle lui faire peur ? C’était donc ça. Il avait peur de sa fille... Il ne dormait plus, lui ! Il y pensait toutes les nuits… Elle ne lui avait pas répondu. Pourtant elle aussi en avait perdu le sommeil. Mais sa fille n’y était pour rien. Seulement, le sentir se tourner et se retourner dans le lit, le sentir se lever au bout d’un moment et finir la nuit seule dans le lit… Ca, oui ça l’empêchait de dormir. Elle en pleurait même des fois. Et puis Rachel avait eu un jour sa phrase malheureuse. Sarah avait bien senti que Fabrice avait la tête ailleurs, ce qu’elle n’avait pas envisagé c’était qu’il pensait à Sophie tout le temps. Alors quand Rachel avait dit qu’elle entendait tout le temps le nom de Sophie revenir, Sarah avait vite compris. Mais cela encore, ç’aurait pu passer. Mais lorsqu’elle avait vu le visage que Fabrice avait affiché et le regard noir et haineux qu’il avait jeté à sa fille, SA fille… Son sang n’avait fait qu’un tour. Elle savait que son mari était à cette seconde précise devenu un étranger et que plus jamais elle n’aurait de point commun avec cet homme. En un instant il venait de balayer, d’effacer onze ans de vie commune, de souvenirs en tous genres. A cet instant sa nouvelle vie commençait. Sans lui. Mais AVEC Rachel.

  Bon le divorce, bizarrement, s’était très bien passé. Comme ni l’un ni l’autre ne voulait plus avoir de contact, ils s’étaient assez vite mis d’accords. Et tous les quinze jours, Rachel changeait de décor. Au début elle était ravie de passer quinze jours avec son père. Il lui manquait et tout ce qu’elle vivait elle avait envie de le lui faire partager le plus vite possible. Mais la rencontre n’était pas réciproque. Elle ne faisait jamais ce qu’il fallait, il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas, et les bisous et les câlins avaient disparus. Et puis petit à petit, son père avait laissé passer des semaines parce que tu comprends j’ai beaucoup de boulot… parce que tu comprends ça tombe mal ce week-end j’ai des choses à faire et ça me prend tout de même deux heures de route juste pour ça… Et un week-end, plus rien. Pas un coup de fil, rien. Juste une petite fille à la porte de sa maison, ses valises prêtes, qui attendait son père. Cinq ans plus tard, elle l’attendait encore.

  Alors Rachel s’était rapprochée de sa mère et de Tina.

  Rachel ne se souvenait plus très bien si c’était Tina ou elle qui était à l’origine du « truc » mais le mot était restait et convenait très bien à Rachel. Ca s’était fait tout naturellement, pendant une partie de poupées. Rachel avait les mêmes idées que Tina au même moment. L’un dans l’autre Rachel avait expliqué à Tina sa faculté. Tina avait ponctué l’explication d’un « ah bon ! Mais tu aimes toujours les cookies ? », les filles avaient éclaté de rire et c’en était fini, elles étaient reparties dans leur jeu.

  De ce jour elles ne s’étaient plus jamais quittées.

  Sarah lui avait raconté qu'elle n’avait pas vécu la séparation aussi… Sereinement… Forcément, onze ans de vie commune, une fille, tout ce par quoi ils étaient passés… Ca ne s’était pas fait tout seul. A choisir entre un homme avec qui elle avait vécu onze ans mais qui reniait sa fille, et la chair de sa chair, le sang de son sang… Elle n’avait pas hésité une minute. C’était son instinct de mère qui parlait et rien n’aurait pu lui faire changer d’avis. Rachel était tout pour elle. Dès l’accouchement. C’était un souvenir merveilleux, une vraie torture certes, mais c’était merveilleux. L’accouchement avait été difficile, il avait fallu l'ouvrir un peu pour que Rachel puisse passer. Puis on l'avait recousue. Les soins avaient duré une petitedemi-heure, sans anesthésie. En tous les cas, pas une anesthésie suffisantepour que Sarah en garde un bon souvenir. Mais lorsque tout fut terminé, elle avait eu sa fille dans les bras et avait tout oublié.

  Fabrice avait bien tenté de lui distiller des remarques acides, traitant Rachel d’anormale. Mais à tout bien y réfléchir, de nombreuses femmes mettaient au monde des enfants trisomiques et elles ne s’en séparaient pas pour autant. Après tout, ils étaient plutôt heureux, Rachel était jolie, intelligente, bourrée d’humour, ne présentait aucune anomalie de santé si ce n’était… Et encore… Ils s’en sortaient beaucoup mieux qu’une trisomie.

  Après son divorce, Sarah s’était totalement consacrée à sa fille. Au point d’en oublier son propre bonheur. Bien sur, il y avait eu des hommes qui s’étaient un peu approchés d’elle, mais elle affichait sur le visage, volontairement ou non, ces signes de femmes désabusées et lasses qui font que les gens, inconsciemment, se détournent de votre route avant même de vous avoir croisé.

  Finalement, la vie avait repris son cours.

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