17 - Mistral Gagnant, Renaud

14 minutes de lecture

Rachel était attablée devant son petit déjeuner. Elle était renfrognée comme à son habitude depuis qu’elle s’était décidée à quitter sa chambre. Assise devant son bol de céréales, tête baissée, elle ne disait rien, ne répondait à aucune question et se contentait de manger sans se soucier de ce qui l’entourait.

  Sarah ne la reconnaissait plus. Lorsque Rachel avait quitté son antre, elle s’était réjouie de la présence de sa fille. Elle l’avait serrée dans ses bras et couverte de baisers sans pouvoir s’arrêter. Mais la joie des retrouvailles avait été de courte durée. Rachel n’avait pas répondu à son embrassade. Elle s’était laissée cajoler comme une poupée de chiffons, puis au bout de quelques secondes, elle avait repoussé Sarah. Sans violence, certes, mais froidement, sans tendresse non plus. S’il ne s’était agi que de ce simple geste, sa mère aurait pu mettre ça sur le compte du retour à la réalité, un peu difficile. Mais Rachel avait articulé une phrase. Une seule phrase.

  - C’est bon Sarah. Qu’est-ce qu’on mange ?

  Sarah avait regardé sa fille la bouche ouverte sans pouvoir articuler un seul son. Rachel semblait avoir définitivement tiré un trait sur les liens qui les unissaient. Et depuis, son état d’esprit n’avait pas bougé. Pourtant, tous les matins, Sarah essayait de renouer le dialogue, parlant de choses sans importance, et d’autres plus délicates. Tantôt la sommant de répondre, tantôt lui parlant avec douceur.

  Mais Rachel jouait la carte de l’endurance. Elle savait pertinemment que Sarah ne lui ferait rien. D’une part parce qu’elle le lisait dans son esprit, d’autre part parce que, quand bien même elle n’aurait pas lu, elle connaissait suffisamment la femme qui avait été sa mère pour savoir que de toute façon elle ne l’aurait pas touchée, la culpabilité de la situation la faisant sombrer dans des sables mouvants sans espoir de sortie. Sarah était dans les marécages de la mélancolie et meme Atreyu n’aurait pu la sauver.

  Rachel, bien qu’ayant maîtrisé un minimum la faculté de trier les pensées externes, ne put empêcher le débordement d’images que Sarah avait en tête. Des souvenirs de toutes les périodes de vie depuis la petite enfance jusques aux derniers jours. Elle se revit à pratiquement tous ses anniversaires. Elle se revit face à une institutrice qu’elle avait complètement oubliée, sa mère venant prendre sa défense pour une punition injustifiée. Elle ressentit la peur que Sarah avait eu le jour où elle avait fini aux urgences pour une foulure de la cheville après une chûte de rollers. Elle vécut la fatigue que la femme qui l’avait élevée avait éprouvée pendant les dix jours où Rachel était restée alitée à cause d’une grippe qui avait mutée en pneumonie… Sarah ne le faisait pas exprès pour apitoyer sa fille, elle n’avait même pas conscience qu’elle lui envoyait ses images. Malgré ce qu’elle savait, à aucun moment elle n’eut l’idée que sa fille fouillait son esprit. Si elle l’avait su, elle aurait érigé les barrières. Les ridicules, minuscules, petites barrières qu’elle avait appris à faire. Elle aurait tout fait pour ne pas imposer cela à sa fille. Mais elle n’en avait pas conscience comme la fois où elle était toute fière d’elle parce qu’elle avait réussi… CA SUFFIT SARAH ! Le cri résonna dans sa tête si fort que Sarah en tomba à la renverse.

  J’en ai assez tu m’entends ? Assez que tu m’envahisses avec tes pensées mielleuses. Tu ne m’apitoieras pas sur ta situation. Je n’en ai rien à faire. Tu n’es pas ma mère ! Tu ne m’intéresses plus ! Ma vie n’est que mensonge ! Je ne suis rien ni personne, je n’ai pas d’identité, pas de famille, tu m’as tout pris ! Tu ne comptes plus pour moi !

  Sarah était à terre comme si elle avait été jetée d’un train sans ménagement, au-dessus d’elle sa fille la toisait d’un air de bête féroce. Tout en envoyant ses pensées dans l’esprit de sa mère, elle s’était levée lentement pour venir la dominer de toute sa hauteur. Rachel, d’ordinaire petite, semblait être devenue une géante. Sarah prit peur. Elle n’avait pas réellement conscience de ce que sa fille pouvait faire, mais les derniers événements lui avaient fait craindre le pire. Dans ses yeux brillait un éclat de haine rouge qu’elle n’avait jamais vu avant. Sa fille la haïssait. Sa propre fille ! Rien à foutre de ses conneries d’analyses, c’était sa fille ! Rachel le savait forcément ! C’était caché là quelque part, il suffisait que Sarah le lui fasse ressentir. Lentement, très lentement, elle tendit la main vers Rachel, convaincue qu’un contact physique saurait renouer le lien défait. C’est alors qu’elle sentit dans son crâne comme une vrille infinie, comme si on avait cherché à enfoncer dans son âme une barre de fer. Tandis que résonnaient avec une force inconnue ces mots LAISSE MOI TRANQUILLE !

  Rachel était emplie de haine contre la femme qui lui avait fait croire pendant des années qu’elle était sa mère. Elle ne voulait qu’une chose, qu’elle la laisse tranquille. Elle n’avait pas de compte à lui rendre. Pas d’autorisation à lui demander. En fait elle n’avait même plus de raison d’habiter là. Elle en avait assez de la supporter au quotidien, d’entendre ses remarques, ses commentaires, ses monologues sur les courses à faire ou les derniers films sortis. Qu’elle importance ? Quel intérêt de parler de tout cela avec une étrangère ? Pourquoi faire comme si de rien n’était, comme si on allait pouvoir passer à autre chose et faire semblant d’être une famille ? Elles n’avaient aucun lien entre elles, elles n’étaient rien l’une pour l’autre ! Et elle allait le lui faire comprendre… Elle se mit à tordre l’esprit de Sarah comme un fétu de paille. Lui renvoyant les images qu’elle avait eues. Soudain Rachel s’arrêta. Elle se figea devant le spectacle de sa mère, allongée au sol, en sanglots. Elle articulait péniblement un « pitié » que Rachel lut plus sur ses lèvres qu’elle ne l’entendit réellement. Rachel prit alors conscience de ce qu’elle était en train de faire. Sarah saignait du nez. Un tout petit filet de sang épais s’écoulait de sa narine droite. Rachel sut immédiatement que si elle poursuivait son acte, ce serait au tour des oreilles, puis le cerveau exploserait. Elle relâcha son étreinte et quitta la pièce à reculons, les yeux fixés sur cette femme abattue, affaiblie. Elle prit soudainement conscience de sa puissance et se terrifia elle-même. Elle courut dans sa chambre pour se changer.


  Elle traînait dans les rues sans but. Ou plutôt le seul qui l’animait était de ne pas être chez elle. Dans cette maison dans laquelle elle avait grandi. Dans laquelle on lui avait menti pendant toutes ces années. Elle ne pouvait pas se rendre chez Tina, sa meilleure amie était trop impliquée dans l’histoire. Bien sûr, Tina n’avait rien à voir avec ce simulacre de vie de famille. Elle n’avait rien à lui reprocher mais c’était trop difficile pour elle pour l’instant de se retrouver face à Tina et devoir tout lui expliquer. Tout justifier. Elle voulait juste partir loin de tout ça. Le sac à dos, dans lequel elle avait jeté en vrac quelques vêtements, balançant sur son épaule, elle s’enfonça plus avant dans le centre de la ville.


  - Eh poulette ! Viens voir là ! Tu sais que t’es mignonne toi ?

  La main grasse et lourde de l’homme imbibé d’alcool se posa sur l’épaule de Rachel. Elle se dégagea d’un coup sec d’épaule et l’homme n’insista pas.

  Elle continua d’avancer ainsi un bon moment puis entra dans un bar. Le froid et la fatigue aidant, elle se dit qu’un chocolat chaud lui ferait sans doute du bien.

  - Bonsoir. Je voudrais un… (Elle s’arrêta puis se reprit). Un whisky. Dry, dit-elle d’un ton qui n’appelait aucune réplique.

  Le barman la toisa du regard et ne se laissa pas démonter.

  - T’as quel âge ?

  - L’âge requis pour me torcher au whisky. Dry.

  - Désolé minette, mais je ne risquerai pas ma licence pour une poupée qui cherche des expériences interdites.

  Rachel s’approcha fermement du comptoir sans quitter le barman des yeux. D’une voix qui ne flancha pas elle lui répondit aussitôt :

  - Je ne suis pas cette écervelée de Pretty Woman. Je sais ce que je fais. JE-VEUX-UN-WHISKY.

  - Bobby ! Y a la petite demoiselle qui me demande où est la sortie. Tu veux bien lui montrer ?

  Le barman ne sembla pas le moins du monde intimidé par l’aplomb de Rachel et il fit signe au dénommé Bobby qui s’approcha rapidement du bar.

  Rachel ne quittait toujours pas des yeux le barman et quand Bobby fut sur elle, une main ferme mais respectueuse dans son dos, le patron lui dit :

  - Non laisse Bobby. C’était pour taquiner cette jeune femme. Elle a tout à fait l’âge requis pour boire. Je tentais juste de lui faire du gringue.

  Bobby afficha un air un peu surpris mais n’insista pas. Si le patron était okay c’était qu’il savait ce qu’il faisait, jamais il ne risquerait sa licence pour une môme aussi mignonne soit-elle.

  Rachel alla s’asseoir à une table, le whisky en main.

  Lorsque ses lèvres se posèrent sur l’alcool, elle fit une grimace de dégoût. L’amertume de l’alcool lui brûla les papilles et elle fut convaincue que plus jamais elle ne pourrait sentir le goût des aliments. Mais elle devait boire ce verre. Il n’y avait pas d’autres moyens d’oublier de toute façon. Le premier passa comme il put… Mais le cinquième avait un boulevard devant lui.

  Lorsque Rachel quitta le bar, le monde tanguait tellement qu’elle croyait marcher à l’envers.


  Elle erra une bonne partie de la nuit dans des rues sombres, évitant le plus possible les réverbères. Elle ne voulait pas qu’on la voit et elle ne voulait pas voir sa déchéance dans les vitrines des magasins.

  Au bout d’un certain temps, un hôtel miteux lui fit de l’oeil. Il était tard, Rachel était saoule et elle ne voulait pas rentrer chez elle. Il lui restait à peine vingt dollars. Elle se dit que le patron accepterait peut-être de l’héberger juste pour une nuit.

  - Non ma petite ! Dégage. C’a beau pas être un hôtel quatre étoiles, c’est pas non plus un hôtel de passe ou de défonce ici. Alors va voir ailleurs.

  Le gérant, un gros homme aux cheveux gras et au ventre à peine dissimulé par sa chemise, était vautré derrière le comptoir, dans un réduit qui faisait office de hall. Si l’enseigne n’avait pas indiqué hôtel Rachel aurait pu confondre cette entrée avec des toilettes pour hommes déjà occupées. L’odeur, l’aspect, les néons qui clignotaient et les mouches entretenaient le quipropos. C’était d’ailleurs à se demander si le nid mondial de ces insectes n’était pas cette pièce même.

  Rachel se concentra et regarda fixement l’homme. Il était hors de question qu’elle dormit à la rue cette nuit. Ses yeux ne quittèrent pas celui du gérant. Et elle força son esprit pour le faire plier.

  - Tu fais quoi ? Si c’est pour dégobiller sur mon comptoir je préfère que tu sortes ! Allez dégage !

  Le whisky n’était manifestement pas un bon allié pour manipuler l’esprit des gens. Le gérant saisit la jeune fille sans ménagement et la jeta sur le trottoir. La fatigue, l’alcool et la violence du geste eurent raison de Rachel. Elle s’affala sur le trottoir devant l’hôtel. Après quelques secondes d’hébétude, elle se releva et chercha une ruelle sombre pour passer la nuit.


  - Eh finis pas tout La Gamine ! Ramène Cloclo ici.

  Cela faisait trois jours que Rachel dormait dans la rue. Melvyn, un clochard qu’elle avait rencontrée le premier soir l’avait prise sous son aile, se demandant ce qu’une gamine comme elle pouvait bien faire dans la rue. Il était en train de réclamer sa clope, Cloclo. Rachel s’était mise à fumer. Melvyn faisait ses clopes lui-même, « de l’artisanal » comme il disait. Mais Rachel n’était pas certaine qu’il n’y mettait que du tabac. Quand on ramasse les mégots dans les poubelles on ne fume pas que des restes de tabac.

  - Dis-moi La Gamine, reprit Melvyn en laissant échapper un nuage de fumée de couleur indéfinissable, pourquoi qu’t’es dans la rue toi ? J’veux dire, on voit bien que t’es pas comme nous. T’es d’la haute toi…

  - Et toi Melvyn ? Tu n’es pas n’importe qui, tu étais assistant manager en publicité.

  - Oui mais moi, ça fait des années que j’ai mon nouveau boulot dans les cartons. Toi… T’es nouvelle dans le métier… Pourquoi ?

  Depuis trois jours elle traînait avec ce type et jamais il n’avait posé la question. Et là, une clope au bec, abrité sous un carton dans le perron d’un immeuble désert, il se décidait à demander pourquoi. Alors sans savoir pourquoi elle lui montra. Melvyn resta interdit un moment. Il voyait défiler dans sa tête toutes les mésaventures de Rachel jusques au moment où elle avait appris que Sarah n’était pas sa mère.

  - C’était… C’était quoi ça ?

  - En fait je suis télépathe. Et un peu empathe aussi. Je peux entendre les pensées et ressentir les émotions des gens.

  - Oh ! D’accord… Et tu ne t’aies pas dit que tu pouvais t’en servir pour ta mère ? Répondit Melvyn d’une voix qui montrait qu’il avait suffisamment vécu sous les ponts pour que plus rien ne l’étonnât.

  - Si. Je l’ai fait. Elle s’en veut. Elle voulait réparer le mal qu’elle m’avait fait.

  - Ah… Et toi tu ne t’es pas sentie un peu coupable de toute la frousse que tu dois être en train de lui faire ?

  - Je… Je ne sais pas… Je n’y ai pas songé. Quand je suis partie je n’avais qu’une idée en tête, retrouver ma mère biologique, mais c’est impossible. Je ne sais pas… Oui je me sens un peu mal pour elle… Je crois ?

  - Comment peut-on être autant réceptif aux émotions des autres et tellement hermétique à soi-même ? File, Rachel ! Ta place n’est pas ici. Elle est auprès de cette femme, Sarah… Ta mère que tu le veuilles ou non… Ajouta-t-il dans un murmure.

  Rachel leva les yeux vers lui et le regarda attentivement. Il lui sembla que c’était la première fois qu’elle le voyait vraiment. Ce visage buriné, ces rides profondes, mais ce regard vif et intelligent. Si Rachel n’avait pas été elle-même télépathe, elle aurait juré qu’il était en train de lire dans son esprit. Il avait raison après tout. Sarah n’y était pour rien. Tout comme Rachel n’y était pour rien. Tout comme sa mère biologique n’y était pour rien. Personne n’aurait su dire pourquoi la situation avait tourné comme ça. Etait-ce la faute de l’hôpital qui avait confondu les bébés ? Etait-ce la faute de sa mère biologique qui ne se sentait pas capable d’être mère ? Etait-ce la faute de Sarah de n’avoir pas cherché à savoir, à vérifier s’il s’agissait bien de son enfant ? Et quand bien même ? Qu’est-ce qui avait conduit sa mère biologique à refuser un enfant ? Elle-même était une victime. Qu’est-ce qui avait fait que l’hôpital les confondent, un moment d’inattention, une urgence ? Pourquoi Sarah n’avait-elle pas demandé son bébé avant les soins, juste une seconde pour se rendre compte après que ce n’était pas le bon ? Chaque question en appelait une autre. Puis une autre. Et une autre encore. Rachel comprit qu’il était inutile de chercher des coupables, des raisons… La situation était comme elle était et il faudrait faire avec. Et après tout, la vie avec Sarah avait été heureuse. A quoi bon regretter quelque chose que l’on ne connaîtra jamais et sur laquelle on n’avait aucune prise ?

  Elle baissa les yeux et regarda ses mains, ses vêtements. En trois jours, elle avait eu les mains noires de saletés, ses vêtements étaient gras et elle était convaincue que dans ses cheveux devaient avoir élus domicile quelques rats ou autres créatures qu’elle n’avait pas envie de connaître.

  - Merci Melvyn. Tu es un chic type. Je crois que je vais y aller maintenant.

  Elle se releva lentement, mais sûrement. Elle regarda une dernière fois l’homme qui l’avait accompagnée ces quelques jours, qu’elle ne reverrait peut-être jamais, mais qui en trois jours avait sans doute plus changé sa vie que toutes les personnes qu’elle avait croisé en seize ans. Elle le regarda intensément, elle ne voulait oublier aucun détail de ce visage fripé qui paraissait si vieux, alors qu’il était encore jeune. Elle ne voulait oublier aucun détail d’un homme avec qui la vie s’était amusée et qui avait vécu en peu de temps plus que ce que n’importe qui aurait pu supporter. Elle se pencha et déposa un baiser sur sa joue.

  - Allez vas-y La Gamine ! Dit-il d’une voix un peu cassée. Tu vas rater ton bus.

  Quand elle se retrouva au Soleil de la rue principale, elle se retourna une dernière fois. Elle aurait juré que Melvyn se frottait les yeux.


  Sarah était une loque. Un autre mot pour la définir aurait sans doute atténué d’un milliard de fois l’état dans lequel elle se trouvait réellement. Il y avait trois jours qu’elle n’avait pas dormi. Elle avait passé trois jours au téléphone avec la police et Tina. Elle avait silloné la ville de fond en comble avec sa Volvo. Mais rien. Pas une trace de Rachel. Elle avait imaginé le pire : violée, tuée, revendue dans un trafic de femmes…

  La maison était une porcherie. Les cigarettes s’accumulaient en tas malodorant sur des cendriers improvisés mi-assiettes, mi-verres, mi-pots de yaourt. Elle ne se coiffait plus, ne se maquillait plus et la fatigue et le tabac avaient creusé ses cernes.

  Sarah était une loque mais elle n’en pouvait plus. Elle n’avait plus de force pour se remettre d’aplomb. Alors quand la sonnette de l’entrée retentit, elle bondit pour aller ouvrir n’accordant aucune importance à qui se trouverait derrière et dans quel état elle accueillerait le visiteur.

  Rachel se tenait debout, penaude, derrière la porte, son sac à dos reposant à ses pieds. La tête baissée, elle articula d’une toute petite voix.

  - Pardon maman.

  La gifle vola avec une force peu commune. Rachel ne broncha pas. Ne pleura pas. Elle pensait l’avoir méritée. Quant à Sarah, elle s’en voulut immédiatement. Le choc de l’émotion, l’inquiétude de ces derniers jours et la fatigue n’avaient pas permis de maîtriser le geste. Elle se jeta sur sa fille et la prit dans ses bras en la serrant à l’étouffer et pleura sans retenue.

  - Ma chérie ! Ma chérie ! Tu m’as fait tellement peur. Tu vas bien ? Tu n’as rien ? Tu veux manger quelque chose ?

  Elle s’était reculée et avait pris le visage de Rachel entre ses mains pour la regarder et la détailler.

  - Ca va maman ! Je suis tellement désolée !

  Rachel n’y tint plus et éclata en sanglots. Les larmes ne tarirent pas.

  Elles rentrèrent toutes les deux dans leur demeure.


  Il était tard quand Rachel retrouva enfin son vrai lit. Elle avait pris un bain, long, chaud, elle avait mangé et elle avait parlé. Parlé de tout. Elle avait tout dit à Sarah. A sa mère. Chez elle. Dans leur maison à toutes les deux. Et là elle allait se retrouver dans son lit, son vrai lit à elle. Elle allait enfin retrouver sa vie.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Aymris ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0