30.03.2020

3 minutes de lecture

J’ai fini Las Chicas et je suis en deuil, pour ne pas dire dépression. Du coup j’ai mis Friends et je me rends compte que la civilisation me manque un chouilla. Michel a dû sentir ma détresse parce qu’il m’a appelé. Enfin je croyais que c’était pour me soutenir dans cette épreuve, mais en fait il me prévenait juste que le livreur était à la porte avec son camion et qu’il n’avait pas mon numéro pour me joindre.

J’ai rejoint le livreur, enroulée dans mon plaid Avengers. Il était encore beaucoup trop tôt et je n’avais pas bu mon café. En plus de ça, la température est vachement descendue cette nuit. Sans rire, je crois qu’on a frôlé les 15 degrés et mes petits petons ont failli finir congeler. Chiku et Efi lézardent au soleil sur une souche devant ma cabane. Ils ont vraiment la belle vie ces vervets.

Pour me changer les idées après le nourrissage, j’ai décidé de faire du rangement dans les différents locaux de stockage. J’ai trouvé un stock conséquent de baguettes chinoises (non, mais qu’est-ce qu’ils font avec ça les employés ?) et une pelote de laine (là pour le coup je ne m’y attendais pas). Je me lance donc dans la folle initiative de faire du tricot avec des baguettes. Ce n’est pas évident, mais je tiens le bon bout. J’ai profité du confinement en France pour que ma mère m’apprenne à tricoter. Merci WhatsApp. J’aurais une écharpe avant la fin du mois de juin, je le sens.

J’ai voulu changer de registre à la télé, parce que Ross me soule, et j’ai mis Downtown Abbey. Chiku et Efi m’observaient avec insistance, perchés sur cette rambarde flambant neuve. Ils doivent penser que j’ai pris 30 ans dans la gueule. Je dois impérativement me ressaisir ! Surtout que mon écharpe ressemble plus à la mue d’un serpent cancéreux que quelque chose de portable.

J’ai donc lâché le tricot et me suis attelé à faire une lessive (ça ne me rajeunit pas pour autant…). Les fringues commencent à manquer. Je déteste laver les vêtements à la manière de nos arrières-arrières-grands-mères, mais je n’ai pas trop le choix, je suis bientôt à poil. C’est dans ces moments-là qu’on se rend compte de la chance qu’on a, nous les Occidentaux, de vivre dans notre petit confort avec nos machines à laver.

Je n’ai plus d’eau dans le bac de lavage sous le porche (petite précision : ce bac est un baril en métal coupé en deux... Ingénieux dans ce pays) et je comprends qu’il doit y avoir une fuite quelque part. Heureusement que je n’étais pas sous la douche ! Ce n’est pas la première fois qu’il y a ce genre de coupure. Un rhino a déjà creusé et fait sauter une canalisation. La plomberie de la réserve n’est pas vraiment au top de la technologie.

J’ai à peine le temps de réparer la fuite et revenir que Chiku s’est barré avec ma veste polaire. Enfin, la veste polaire de Michel, précisons-le. En touriste que je suis, j’ai débarqué en Afrique avec mes tongs et mes shorts, sans savoir que les nuits d’hiver sont froides, même aussi proches de l’équateur. Je me souviendrais toujours de la tête de Michel quand il m’a demandé si j’avais pris des vêtements chauds, et que j’ai répondu non. Ça faisait trois jours que j’étais là et je passais déjà pour une cruche auprès de lui. Comment les proprios ont-ils pu accepter de me laisser la réserve sans craindre qu’elle explose ? C’est encore une question que je me pose.

J’ai donc volé un des pulls de Michel et je viens à mon tour de me le faire dérober. La fermeture éclaire brillait au soleil et c’est bien connu que les petits singes aiment tout ce qui brille. C’est donc parti pour la chasse au singe dans la réserve. Après deux bonnes heures, j’ai fini par trouver sa cachette, une vraie caverne d’Ali Baba ! Il en a piqué des affaires, aux touristes. Montres, bijoux, couverts de campagne, tout y est. Je peux ouvrir mon propre souk mais un inventaire s'impose.

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