Mon matin sacré, souillé...

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L’avantage de commencer à 6 heures, c’est que je me lève à 4, qu’il n’y a pas de bruit à part ceux de la nature, que je peux savourer mon petit-déjeuner dans le calme, éclairé par la chaleureuse lumière de ma guirlande.

En été, avant de partir, j’ai le temps de voir les premières couleurs du ciel.

Bref, c’est un moment de paix sacré.

Et à 5 heures, je sors marcher, dans les rues silencieuses et vides, pendant 45 minutes.

Oui, j’aime marcher.

Mais pas ce matin-là, non. Le ciel en avait décidé autrement.

Je suis réveillée par des cris. L’un plutôt silencieux, l’autre euphorique, excité, très enthousiaste.

Il y a quelque chose dans cet autre qui me met mal à l’aise. Une étrangeté, le genre qu’on n’a pas envie de croiser seule dans la rue.

Bref, les hurlements durent tout le long de mon precieux matin.

Et puis, il n’y a pas que les bruits. Les murs tremblent aussi. Vraiment, je sens une certaine appréhension, une petite angoisse.

Ils sont malades, ce n’est pas possible d’avoir un tel comportement à une heure pareille. Il doit leur manquer une case.

Finalement, j’entends : « Allez, salut Florian. »

— Mon voisin, croisé une fois en un an. J’ai vu le quart de son visage en rentrant. Pas méchant de visu, mais je dirais… absent. Pourtant, la dame de l’agence me l’avait présenté comme charmant. On ne doit pas avoir les mêmes attentes. —

Sûrement d’autres mots, mais toujours ce décalage dans sa façon de s’exprimer.

Au moins, je suis rassurée. Le voisin, c’est le silencieux.

Je suis soulagée aussi parce qu’à quelques minutes près, je me serais retrouvée en face à face avec eux.

L’horreur.

En sortant, je suis envahie par une odeur poisseuse d’alcool, répandue dans tout le couloir après son départ.

C’est infâme.

Moi, toute fraîche, devant traverser cet amas invisible qui veut s’imprégner de moi. Heureusement, l’air frais est proche. Ah... le bonheur.

Oh, vous pensiez qu’il s’agissait d’ébats passionnés et que je ne suis qu’une aigrie qui se plaint du bonheur des autres ?

Absolument pas.

C’était juste deux alcooliques qui jouaient aux jeux vidéo jusqu’à 5 heures.

Les bougres.

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