UNCD#206 - La Ligne Floue

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La tolérance, moi, je la connais bien.

Pas celle que vous croyez, non. L’autre.

Je l’ai laissée guider ma vie pendant un bon nombre d’années.

La tolérance d’accepter une colère qu’on ne comprend pas. Alors, on s’excuse, on cherche une solution, on prend sur nous.

On culpabilise aussi, parce que si on nous crie dessus, c’est qu’on a dû faire quelque chose de mal. Sinon, pourquoi crier ?

Elle finit par s’infiltrer en nous, lentement, comme un venin, réduisant de plus en plus notre être. Pour nous dire :

« Ce n’est pas si grave, ça ne mérite pas une discorde. »

Pourtant, la menace des représailles n’est jamais loin. Il y aura toujours quelque chose qui risque de la déclencher.

Alors, on se tait, on dit oui, on ne demande plus rien, et on accepte tout.

Et puis surtout, on n’existe plus. On vit dans notre tête, et alors tout cela devient notre normalité.

C’est plus facile à accepter comme ça.

Le mal n’existe pas, on ne souffre plus, puisque c’est ça, la vie.

L’angoisse grandit en nous, mais la tolérance nous répète :

« Non, voyons, il faut être tolérant, ne le prends pas personnellement, accepte-le(s)/la comme il(s)/elle(s) est/sont, qui es-tu pour juger ? »

Alors, elle s’ancre en nous, cette angoisse, si profondément que l’on ne la ressent même plus. Le corps, oui, mais nous, on a oublié. Et d’ailleurs, on a oublié beaucoup de choses qui pourraient venir remettre en question cette normalité.

Notre inconscient nous défend comme il peut. Alors on croit que tout va bien, qu’on n’a aucune raison de se plaindre, que tous ces actes qu’on subit, il n’y a pas de quoi les questionner.

Et on grandit dans cette idée où on ne sait pas, on ne voit pas, on ne ressent pas qu’on nous fait du mal.

On croit que c’est nous qui allons mal, que c’est comme ça.

Mais on fait comme si tout allait bien, parce qu’on ne sait même pas pourquoi on va mal.

Comment le savoir, lorsque l’on a été traité comme si l’on n’était rien ?

Pourtant, si on savait la valeur que l’on a.

Si on nous avait appris à discerner le bien du mal.

Si on avait pris soin de nous « élever ».

On comprendrait qu’il y a une différence entre tolérance et résilience.

Après tant d’années, je sais que ce que j’appelais tolérance était résilience.

La tolérance, c’est une qualité que beaucoup devraient avoir et cultiver.

Mais la résilience, c’en est une que je ne souhaite à personne.

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