Chapitre 17: Ne ferme pas les yeux (1)

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Cela faisait déjà plus d'une heure que Chérone se trouvait seule dans sa chambre. Malgré la fatigue qu'elle ressentait, la jeune femme n'avait nullement envie de dormir. À vrai dire, mademoiselle Parker faisait tout son possible pour garder ses yeux ouverts. Elle n'avait clairement pas envie de se retrouver à nouveau dans cet horrible endroit, à se retrouver devant le corps meurtri d'Andrew Tipnet. C'était une expérience qu'elle ne voulait absolument plus revivre. Malheureusement, les choses ne s'annonçaient pas aussi faciles qu'elle le voudrait. En effet, Chérone savait qu'elle finirait par s'endormir tôt ou tard. C'était inévitable. Et une fois que cela se produirait, elle se retrouverait en face de ce monstre.

Mademoiselle Parker était donc désespérée à cette idée. Ne voulant pas que cela arrive, elle entreprit de faire quelque chose de totalement illégal. La jeune femme se trouvait présentement dans un hôpital. De ce fait, elle se dit que c'était le parfait endroit pour trouver un médicament qui l'empêcherait de dormir, du moins jusqu'à ce qu'elle trouve une possible solution à son problème.

Chérone retira donc sa perfusion, descendit donc de son lit, et se mit à fouiller chaque recoin de sa chambre. La jeune femme ouvrit divers compartiments et ne trouva malheureusement rien d'utile, ce qui était tout à fait normal. Il était inconcevable de laisser à disposition des patients des substances qui pouvaient s'avérer dangereuses. Mademoiselle Parker devait donc chercher ailleurs, ce qui augmentait grandement ses risques de se faire attraper. Cependant, elle n'avait pas le choix.

La jeune femme se dirigea donc vers la porte de sa chambre qu'elle ouvrit délicatement. Jetant un coup d'oeil discret à l'intérieur, elle se rendit compte que deux hommes en blouse blanche se dirigeaient dans sa direction.

Chérone referma donc la porte avant de se précipiter dans son lit où elle remit en place sa perfusion ; du moins fit semblant de le faire ; avant de se recoucher et de fermer les yeux. Elle espérait alors que ces deux hommes se contentent de passer devant sa chambre au lieu de rentrer dans la pièce. Peut-être était-ce le destin qui lui jouait un mauvais tour, mais ces individus s'arrêtèrent devant sa porte avant de se mettre à converser entre eux.

À ce moment précis, mademoiselle Parker espéra qu'ils poursuivent leur route et qu'ils ne rentrent pas dans sa chambre. Elle ne voulait clairement pas qu'ils viennent l'examiner pour uniquement se rendre compte que non seulement elle avait repris connaissance, mais qu'elle avait également retiré la perfusion qui était logée dans son bras. Il se voyait très mal leur expliquer la raison de son geste. Leur dire la vérité lui octroierait un aller simple pour l'asile psychiatrique ou pour la prison, et aucune de ces deux options n'était à son goût.

Tandis que mademoiselle Parker se demanda quand ces deux personnes finiraient par s'en aller, ses espoirs furent réduits à néant lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit et que les deux docteurs rentrèrent dans la pièce.

- Alors, c'est elle la fameuse patiente ? Elle n'est pas mal, rétorqua l'un des deux.

- Nous ne sommes pas là pour ça. D'après ce que mon ami m'a dit, il n'a jamais vu un cas pareil. Au début, il pensait qu'elle faisait une crise d'épilepsie, mais au moment où son collègue et lui étaient sur le point de la traiter, elle s'est soudainement arrêtée de trembler.

- C'est bizarre.

Alors que les deux docteurs se trouvaient désormais à son chevet, l'un des deux s'empara du document qui se trouvait au pied de son lit et qui indiquait l'état dans lequel elle se trouvait.

- Il est marqué ici que tout va bien chez elle. En plus, selon ses antécédents médicaux et ceux de ses parents, elle n'était pas censée faire cette crise. Présence d'une drogue quelconque dans son organisme ?

- Non. Les examens sont tous revenus négatifs, répondit-il.

- Hum ! Son cas est digne d'un épisode de docteur House.

Pendant que les deux professionnels de santé parlaient, Chérone qui les écoutait n'en croyait pas ses oreilles. Comment ça elle avait fait une crise d'épilepsie ? Ni son père ni sa mère n'avait fait mention de ça. La jeune femme n'était en aucun cas épileptique, du moins pas à sa connaissance. Après quelques secondes de réflexion, elle arriva finalement à une conclusion des plus déplaisante.

- Ne me dis pas que..., se dit-elle.

Pour Chérone, il n'y avait qu'une seule et unique raison qui pouvait expliquer ce qui s'était passé dans sa chambre. Tout ce qui s'était produit dans son cauchemar avait également eu des répercussions sur elle dans la réalité. Si c'était bel et bien le cas, alors cela voulait dire que peu importe la distance qui la séparait du vieil ouvrage, ce dernier aurait toujours une grande influence sur elle. Cette situation donna toutes les raisons à mademoiselle Parker de se procurer des médicaments pour éviter de fermer l'oeil. Au moins, cela lui procurerait une solution temporaire en attendant qu'elle trouve un moyen beaucoup plus efficace de résoudre son problème.

La jeune femme attendait donc que ses deux visiteurs finissent leur conversation et sortent de sa chambre. Elle voulait immédiatement partir à la recherche de substances qui l'empêcheraient de dormir. Malheureusement pour Chérone, les deux docteurs n'avaient pas encore fini de discuter de son cas.

-----*-----

Mademoiselle Parker n'était pas la seule à ne pas vouloir fermer les yeux en cette nuit. En effet, à l'autre bout du pays dans l'appartement de son petit-ami, Aurélie refusait également de s'endormir. Après ce qu'elle avait vécu la nuit précédente, il était tout à fait normal que la jeune femme réagisse de la sorte. Les cauchemars qu'elle avait eus lui avaient paru si réels qu'elle craignait que la créature apparaisse devant elle et s'en prenne de nouveau à elle. Aurélie ne voulait en aucun cas revivre cette atroce expérience.

Mademoiselle Busby était donc en compagnie de Jason, son petit-ami. Tous les deux étaient assis dans le canapé du salon et avaient tous deux les yeux rivés sur l'écran de télévision. Le jeune homme qui avait passé toute la journée à s'occuper d'elle avait mis le genre de films qu'elle aimait regarder, à savoir des films d'horreur. Malheureusement, et ce à l'insu de Jason, cela avait eu l'effet inverse. Peut-être était-ce à cause de ce qu'elle avait subi dans le logement de sa meilleure amie, mais aucun des films qui avaient été diffusés n'avait eu l'effet escompté. Certes, Aurélie riait durant certaines scènes, mais ce n'était pas un rire sincère. Il s'agissait d'une façade qu'elle arborait afin que Hampton ne se fasse pas trop de souci pour elle.

Alors que le film continuait sa progression, la jeune femme se mit soudainement à bâiller. Son petit-ami lui demanda alors si elle voulait se reposer, ce à quoi elle donna une réponse négative.

- Tu me sembles pourtant avoir sommeil, poursuivit-il.

- Non, je n'ai pas sommeil. C'est juste l'ennui dû au fait d'être restée à la maison toute la journée, lui dit-elle.

La réponse d'Aurélie ne convainquit pas Jason qui se doutait que la femme qu'il aimait lui cachait quelque chose. Néanmoins, si elle ne voulait pas se confier à lui, il n'y avait rien qu'il puisse faire contre cela. Il lui dit cependant que si jamais elle voulait parler de ce qui la tracassait, elle pourrait compter sur lui. Il était là pour elle.

En entendant cela, la jeune femme ne put s'empêcher de se sentir coupable. Elle voulait se confier à lui, lui dire qu'elle avait peur de s'endormir et de revivre les évènements de cet après-midi, mais elle ne pouvait pas. Que pouvait-il faire pour l'aider ? Absolument rien. Jason ne pouvait pas rentrer dans ses cauchemars et la protéger. Elle était toute seule face à cette horrible épreuve, face à fardeau psychologique qu'elle avait désormais.

- Je sais que je peux compter sur toi. Je ne sais pas dans quel état je serais en ce moment si tu n'étais pas à mes côtés. Merci, Jason, merci d'être présent dans ma vie, rétorqua-t-elle en le serrant dans ses bras.

C'était étrange. Certes, ce n'était pas la première fois qu'elle lui disait une chose pareille et il savait qu'elle était sincère, mais cette fois-ci, quelque chose clochait. Le jeune homme savait que cela avait un rapport avec ce qui s'était passé chez Chérone, mais il y avait des choses qu'il ne comprenait toujours pas ou qu'il avait simplement du mal à visualiser. Peut-être était-ce du au fait qu'il n'avait pas été présent durant les évènements ? Peut-être que tout ceci aurait été différent s'il avait été présent ? Quoi qu'il en soit, il était déjà trop tard. Le passé ne pouvait pas être changé.

- Tu vas où ? lui demanda-t-il lorsqu'elle se leva brusquement.

- Je vais me faire une tasse de café. Tu en veux ? répondit-elle.

- Boire du café à cette heure risque de t'empêcher de dormir la nuit.

Mademoiselle Busby esquissa un bref et léger sourire avant de poursuivre sa route vers la cuisine. Ne pas dormir la nuit était effectivement ce qu'elle recherchait. Il était hors de question qu'elle ferme les yeux durant la nuit.

-----*-----

Mesdemoiselles Busby et Parker n'étaient pas les seules à ne pas vouloir fermer l'oeil durant cette nuit particulière. La colocataire de Chérone, Véronica, se trouvait dans la même situation, mais pas pour les mêmes raisons que les deux précédentes. En effet, contrairement aux deux autres qui ne voulaient pas s'endormir à cause de leurs traumatismes, mademoiselle Brook refusait de le faire à cause de son insatisfaction vis-à-vis de sa dernière expérience sexuelle. Elle n'avait clairement pas apprécié le fait que le monstre du livre disparaisse aussi vite et la laisse en plan. Elle avait alors essayé de le ramener en lisant de nouveau le contenu de l'ouvrage, mais cela s'était soldé par un échec.

Véronica avait bien évidemment eu l'option de se satisfaire elle-même avec « ses jouets » comme elle les appelait. Cependant, elle savait que la sensation n'aurait pas été la même. Ces objets ne pouvaient pas lui fournir le même degré d'excitation que la créature du vieil ouvrage. De ce fait, la jeune femme, qui était couchée sur son lit et avait les yeux rivés sur le vieil ouvrage, attendait avec impatience que la créature pointe le bout de son nez. Pour Véronica, il n'y avait rien de plus important à ce moment et elle ne comptait pas fermer l'oeil tant qu'elle n'obtenait pas ce qu'elle désirait. Cependant, après plusieurs heures d'attente, la fatigue commençait à se faire ressentir, d'autant plus qu'elle n'avait fait que ça : attendre.

Mademoiselle Brook attrapa donc le vieux livre, se leva de son lit, et se dirigea vers la cuisine où elle avait l'intention de se préparer également un petit remontant afin de lui permettre de rester debout toute la nuit.

A suivre !!!

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