Chapitre 22 : Caleb (3)

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Aurélie et Jason étaient à nouveau assis dans le séjour de leur appartement. Ne s'étant toujours pas remise de sa dernière rencontre avec le monstre du livre, la jeune femme serrait fortement son petit-ami dans ses bras. Elle se disait que si celui-ci venait à réapparaître, peut-être qu'il serait en mesure de le voir et peut-être aussi de la protéger. C'était la seule solution viable qu'elle avait, d'autant plus qu'elle sentait le sommeil se rapprocher de plus en plus. Ses précédentes doses de café semblaient n'avoir eu aucun effet sur elle, ses paupières devenant plus lourdes à mesure que les minutes s'écoulaient.

De son côté, jason continuait de se sentir impuissant vis-à-vis de cette situation. Après ce qui s'était passé quelques minutes auparavant, il était dorénavant clair pour lui que quelque chose perturbait énormément sa petite-amie. Il avait encore du mal à se faire à cette idée saugrenue, mais l'histoire de monstre que Chérone lui avait racontée devenait de plus en plus plausible. C'était la seule chose qui pouvait expliquer le comportement actuel d'Aurélie, soit ça, soit il considérait que la femme qu'il aimait perdait progressivement toute notion de réalité. Toutefois, même s'il prenait désormais en compte les dires de mademoiselle Parker, le jeune homme avait encore du mal à y croire, principalement parce qu'il n'avait pas été directement témoin des évènements.

Jason tenait donc Aurélie dans ses bras. Ce dernier, qui remarqua qu'elle somnolait de plus en plus, lui proposa alors d'aller dans la chambre à coucher. La jeune femme accepta timidement sa proposition et les deux se levèrent du canapé avant de finalement prendre la direction du lit. Alors qu'ils empruntaient le petit couloir de moins d'un mètre qui les séparait de la pièce, mademoiselle Busby s'arrêta brusquement avant de serrer davantage son petit-ami. En effet, lorsqu'elle se rendit compte que tout était noir devant eux, elle prit peur et ne put alors pas s'empêcher de réagir de la sorte. Dans son esprit, elle s'imaginait la créature du livre tapie dans l'obscurité et attendant qu'elle s'approche suffisamment avant de déployer ses horribles tentacules sur elle et de la violenter de nouveau.

Remarquant immédiatement son geste et la peur dans ses yeux désormais grand ouverts, Hampton tenta de la rassurer en lui disant qu'elle n'avait rien à craindre. Afin de le lui prouver, il décida d'aller allumer la lumière de leur chambre, le couloir n'étant pas muni d'un système d'éclairage. Néanmoins, à l'instant où il fit le premier pas en avant, Aurélie le retint, l'empêchant d'avancer davantage.

- Non ! N'y va pas, s'exclama-t-elle alors.

La voix de la jeune femme convoyait un profond sentiment de peur à son égard. En la regardant, Jason ne voyait plus la Aurélie trépidante et pleine de vie qu'il avait l'habitude de fréquenter. Non, cette version de sa petite-amie semblait avoir disparu pour laisser place à une personne complètement terrifiée à l'idée de dormir, de se retrouver toute seule, et maintenant apeurée par la simple vue de l'obscurité.

- Il n'y a rien à craindre. Il n'y a que toi et moi ici, lui dit-il afin de la rassurer.

Mademoiselle Busby n'était absolument pas rassurée, d'autant plus qu'elle savait pertinemment ce qui pouvait se cacher dans cette obscurité, et ce contrairement à lui.

Afin de lui prouver qu'il n'y avait véritablement rien à craindre, Jason décida de parcourir les quelques pas qui les séparaient de la porte de leur chambre et d'allumer la lumière. Son objectif était simple, mais c'était sans compter l'intervention d'Aurélie qui refusait qu'il fasse un pas de plus en avant. D'ailleurs, la jeune femme lui proposa même d'aller dormir sur le canapé du salon, prétextant que cela ne la dérangerait absolument pas. Ce n'était cependant pas le cas d'Hampton qui n'avait pas envie de passer la nuit dessus. Non seulement l'espace était quelque peu restreint, mais cela risquerait également d'être très inconfortable pour eux deux.

- Écoute, Aurélie, je sais que cette chose t'a fait du mal chez Chérone et que tu as peur d'elle, mais tu ne peux pas laisser la peur et cette chose guider ta vie. Tu dois te montrer forte et l'affronter. Je suis à tes côtés, alors crois en toi. Et si tu n'y arrives pas, alors crois en moi qui crois en toi.

Jason, qui avait entendu ce discours de motivation quelque part, se dit que cela allait avoir un effet positif sur la jeune femme. Malheureusement pour lui, cette dernière lui dit juste après qu'il n'avait pas été présent à ses côtés lorsque la créature avait fait son apparition dans la cuisine. Le jeune homme ne sut pas quoi dire devant cette réponse pertinente. Il était vrai qu'il n'avait pas agi, mais pour sa défense, tout s'était déroulé si vite qu'il n'avait même pas que quelque chose était en train de se dérouler sous ses yeux.

- J'admets que j'ai manqué plusieurs fois à mon devoir de petit-ami, mais cela n'empêche que tu ne dois pas laisser la peur dicter comment tu dois désormais mener ta vie. Aurélie, dans cet appartement, il n'y a que toi et moi, et personne d'autre. La preuve...

À ce moment, il la força à le lâcher et se dirigea vers la porte de la chambre. La jeune femme se mit à hurler son prénom, s'inquiétant que la créature s'en prenne à lui. Heureusement pour eux, rien ne se produisit et Jason alluma tranquillement la lumière dans la pièce.

- Tu vois ! Juste toi et moi, rétorqua-t-il.

La jeune femme était soulagée que rien ne se soit produit. Cependant, elle était également en colère contre Jason pour avoir agi de la sorte. Elle le réprimanda alors en lui disant qu'il était inconscient et qu'il ne devrait pas se comporter aussi imprudemment.

- Relax, Aurélie. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi. Je saurai me défendre si cette créature approche.

- Ne dis pas ça...

Mademoiselle Busby s'approcha de son petit-ami et le prit de nouveau dans ses bras. Elle poursuivit ensuite en déclarant qu'il ne savait absolument pas de quoi il parlait et que ce n'était pas une chose à affronter.

- Je ne sais même pas s'il est possible de combattre ce truc et, honnêtement, je n'ai pas envie de le savoir. Tout ce que je veux c'est qu'elle me laisse tranquille et que les choses redeviennent comme avant.

Alors qu'elle prononçait ces quelques mots, la jeune femme faisait de son mieux pour ne pas verser de larmes. Dans son coeur, elle était parfaitement au courant que ce qu'elle désirait n'était pas sur le point de se produire. Ce fut donc dans cet état d'esprit et avec la tête posée sur le torse de son homme que ce dernier l'invita tendrement à prendre place sur leur lit.

-----*-----

Pendant qu'Aurélie résistait tant bien que mal au sommeil, Chérone et Caleb arrivaient à destination. Et on pouvait dire que ce n'était absolument pas ce à quoi la jeune femme s'attendait. En effet, lorsqu'elle était montée dans la voiture de ce type, elle s'était attendue à être conduite dans un coin paumé de la ville, le genre d'endroit où marcher seule en pleine rue la nuit comportait énormément de risques, surtout pour une personne comme elle. Cependant, quelques minutes avant que la voiture s'arrête, elle fut agréable surprise de se retrouver devant une maison de deux niveaux située dans un quartier résidentiel, ce qui était très loin de ce qu'elle avait imaginé.

- Quand tu as parlé de venir chercher ta came, je ne m'attendais absolument pas à ce que ce soit dans un endroit pareil, dit-elle.

- Laisse-moi deviner. Tu pensais que j'allais te conduire dans un quartier mal famé de la ville ou quelque chose comme ça, n'est-ce pas ?

- Vu la transaction qui est sur le point d'être opérée, c'était plus qu'évident, rétorqua la jeune femme sarcastiquement.

Le jeune homme esquissa un sourire qui n'en était pas vraiment un avant d'ouvrir sa portière et de descendre de la voiture.

- Tu viens ou tu restes ? demanda-t-il soudainement.

- Venir où ?

- À l'intérieur, rétorqua Caleb en faisant référence à la maison devant laquelle les deux s'étaient arrêtés.

La demeure en question avait les lumières complètement éteintes, ce qui dénotait énormément de celles qui se trouvaient autour. Malheureusement pour le jeune homme, Chérone n'avait pas assez confiance en lui pour se retrouver seule dans une maison avec lui. Certes, ils étaient dans un quartier résidentiel, mais cela ne voulait pas dire que rien ne pouvait lui arriver une fois à l'intérieur. Ce fut donc pour cette raison qu'elle lui dit qu'elle préférait rester dans la voiture et qu'elle allait attendre son retour.

- C'est toi qui vois, déclara-t-il en fermant la portière.

Il lui dit cependant qu'il laisserait la porte ouverte au cas où elle changerait soudainement d'avis, puis prit la direction de la maison. À ce moment, Chérone se dit qu'il pouvait toujours rêver s'il pensait qu'elle allait rentrer dans ce domicile tout en ne sachant pas ce qui se cachait à l'intérieur. Cet endroit pouvait par exemple servir de couverture à laboratoire clandestin et dedans se trouvait toute une bande de trafiquants prêts à en découdre avec les forces de l'ordre. Bien sûr, tout ceci n'était que le fruit de son imagination, mais cela n'empêchait pas la demoiselle de rester sur ses gardes.

Chérone resta donc seule dans la voiture, observant Caleb s'approcher progressivement de la porte d'entrée. Celui-ci sortit ensuite une cle de sa poche avant de s'en servir et de rentrer dans la maison. Peu de temps après, les lumières du séjour s'allumèrent suivies de celles de l'étage quelque temps plus tard.

Une minute s'écoula, puis une autre, puis plusieurs autres. Après avoir entendu pendant près de cinq minutes, Chérone commençait à se demander ce que Caleb faisait à l'intérieur de cette maison. Récupérer de simples comprimés n'était pas censé prendre autant de temps. Alors, qu'est-ce qu'il foutait ? La frustration grandissante de mademoiselle Parker n'était pas seulement due au fait que le jeune homme prenait du temps, mais aussi parce qu'elle était toute seule dans la voiture. Ce n'était pas une situation idéale pour elle, surtout sachant que la créature dans le corps d'Andrew pouvait débarquer à n'importe quel moment. À cause de tout ça, Chérone était tentée de sortir de la voiture et de rentrer dans cette maison.

- Merde ! s'exclama-t-elle.

La jeune femme n'avait plus le choix. Ne voulant pas faire une très désagréable rencontre, elle sortit donc de la voiture et prit la direction de cette maison dont elle n'avait clairement pas envie de rentrer.

A suivre !!!

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