Chapitre 15 - Fin des vacances d’automne (3)

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Vendredi 9 octobre 1964, maison de Frédéric, Lausanne

Daniel était arrivé à Lausanne le matin en train, depuis Glion où il passait ses vacances chez son amie Dominique. Frédéric était allé le chercher à la gare pour visiter une dernière fois l’Expo 64 qui fermerait à la fin du mois.

L’après-midi, ils rentrèrent à pied, s’arrêtèrent pour acheter une glace, puis longèrent le lac Léman sur le quai d’Ouchy.

— Cela fait un peu plus de trois mois que nous nous sommes retrouvés et que nous avons visité ensemble l’exposition pour la première fois, fit Frédéric.

— Oui, seulement trois mois et pourtant cela me semble si lointain.

— Il s’est passé tellement d’évènements depuis. Des nouvelles de vos amies que vous avez connues au Tessin ? Au sens biblique du terme, s’entend…

— Euh… oui, elles sont enceintes.

— Les deux ? s’étonna Frédéric.

— Oui.

— Félicitations, tu vas devenir père. As-tu couché avec les deux ?

— Non, nous voulions que nos enfants sachent qui est leur père biologique.

— L’un des deux aura deux mères…

— Nous leur expliquerons dès qu’ils auront l’âge de comprendre, dit Daniel, ils verront que nous avons les deux un zizi, ce sera plus facile pour eux.

— Je suppose que ton amie est encore un homme à l’état civil.

— Exact.

— Tu as parlé à mon père pour les aspects juridiques ?

— Oui, nous avons un rendez-vous la semaine prochaine avec un avocat, nos amies seront présentes. C’est ton père qui paiera les honoraires.

— C’est plutôt son association Starship. Pour vous, c’est égal, je suis sûr que vous aurez de très bons conseils.

Daniel demanda ensuite à Frédéric des nouvelles de Koen.

— Il va bien, il m’a appelé hier soir en PCV pour me raconter sa vie sexuelle.

— En PCV ?

— C’est la même chose qu’un collect call aux États-Unis, c’est la personne appelée qui paie la communication.

— Je connais.

— Koen est trop radin pour que ce soit lui, ou ses parents, qui paient une communication internationale. J’ai quand même dû l’interrompre au bout de dix minutes.

— Et que t’a-t-il raconté ?

— Il voulait enculer son frère qui a refusé. Il s’est rabattu sur un ancien scout, un cycliste, ils ont passé la nuit dans une auberge et il l’a dépucelé. Il avait, paraît-il, une grosse queue en érection.

— Tu n’es pas jaloux ?

— Pas du tout, cela me donne le champ libre pour l’imiter.

— Je ne suis plus puceau, fit Daniel en souriant, tu devras trouver quelqu’un d’autre.

— Le fils du jardinier, Lorenzo, me tenterait mais il a toujours sa dulcinée qui lui colle aux basques. La providence y pourvoira.

Les deux cousins arrivèrent à la maison de Frédéric vers 16 heures, il faisait encore chaud ce jour-là, c’était le début de l’été indien. Comme à leur habitude, ils décidèrent de se baigner dans l’étang. Il se déshabillèrent entièrement dans la chambre de Frédéric et prirent un linge pour se sécher avant de traverser le parc. Une fois dans l’eau, Frédéric demanda à son cousin :

— Tu n’es toujours pas circoncis, as-tu renoncé à le faire ?

— Pas du tout, ce sera la semaine prochaine.

— Avec Koen en stage à la clinique ? Attention, c’est lui qui le fera à la place du Dr Tissot.

— Lui ? fit Daniel, étonné, il n’est pas encore médecin.

— Tu n’aurais pas confiance en mon ami ?

— Si, mais ce serait illégal. Qu’il essaie d’abord sur toi, on en rediscutera après.

— Non, je tiens à mon prépuce et nous ne l’avons jamais envisagé.

Un groupe de personnes s’approchait de l’étang. Les hommes étaient en manches de chemise, les femmes en élégants tailleurs estivaux.

— L’histoire se répète, dit Daniel, on n’est jamais tranquilles lorsqu’on se baigne à poil ici.

— Oui, si nous étions les héros d’un roman, je dirais que l’auteur est nul. Je ne t’en ai pas encore parlé, c’est le PDG de la filiale américaine de notre entreprise, Mr. Evans, avec sa femme et ses deux bambins. Ils visitent l’Europe en 10 jours et ils dorment chez nous cette nuit.

— Ils ont bien grandi, les bambins.

— Je devrais plutôt dire les teenagers, et pas moches du tout comparés à leur père qui est en léger surpoids, pour utiliser un euphémisme.

Les Américains étaient accompagnés des parents de Frédéric. Les cousins s’apprêtaient à sortir de l’eau en se précipitant sur leurs linges pour cacher leurs intimités, lorsque le père de Frédéric leur dit :

— Restez dans le bassin, vous ferez connaissance pendant l’apéritif, puis, se tournant vers ses hôtes en parlant anglais : à gauche notre fils Frédéric et à droite son cousin Daniel, notre neveu.

— Enchanté, dit Mr. Evans.

— Mr. Evans, Bob ; sa femme, Betty ; leurs enfants, l’aîné, Jason, qui a 19 ans ; et le cadet Kenneth, 18 ans.

— Ce bassin est charmant, dit la femme, nous devrions en construire un dans notre jardin, n’est-ce pas Bob ? Ce serait plus pratique que de conduire les garçons à la piscine municipale.

— Nous pouvons y aller seuls maintenant, maman, dit Jason, nous avons le permis.

— C’est vrai, je ne me suis pas encore habituée. Le bassin me paraît un peu petit, le nôtre sera plus grand et chauffé, n’est-ce pas Bob ? Y a-t-il de la place pour quatre ?

— En se serrant un peu, répondit la mère de Frédéric en riant.

— Mes fils pourraient-ils se baigner maintenant ?

— Bien sûr.

Kenneth fit la moue.

— Je n’ai plus envie.

— Tu m’as dit tout l’après-midi que tu préférerais te baigner dans le lac au lieu de visiter l’expo. Ce n’est pas le lac, mais vous avez transpiré et vous devrez prendre une douche avant le repas et changer de slip, cela remplacera.

— D’accord, je vais aller chercher nos maillots de bain. Et des slips propres…

Charles regarda dans l’eau pour contrôler que son fils était nu.

— Ce n’est pas nécessaire, ils n’en ont pas mis. Aucun voisin ne peut nous voir ici.

— Ils sont très pudiques, dit Betty, beaucoup trop, n’est-ce pas Bob ?

— Laissons-les seuls et continuons le tour du jardin, fit Anne, je leur apporterai des serviettes.

Les parents repartirent, Charles se retourna et fit un clin d’œil à son fils. Les deux jeunes Américains hésitaient. Daniel, qui parlait très bien l’anglais après son séjour en Amérique, leur dit :

— Vous n’êtes pas obligés de vous baigner si ça vous dérange d’être nus devant nous.

— Ça ne nous dérange pas, dit Kenneth, mais notre mère nous prend encore pour des enfants, elle nous dit toujours ce qu’on doit faire et ce qu’on ne doit pas faire, elle nous casse les couilles.

— Je suis sûr qu’elle voulait voir nos queues, ajouta Jason, entre nous on a l’habitude, on fait les deux de la lutte dans le même club.

— On est toujours à poil pour la pesée avant les combats.

Les deux frères se déshabillèrent en posant soigneusement leurs habits pliés sur l’herbe. Ils étaient assez musclés, cheveux coupés courts. Leurs pénis étaient circoncis ; celui du cadet était plus long que celui de l’aîné et avait une cicatrice brune sur la hampe. Frédéric pensa qu’ils rasaient aussi leurs toisons comme leurs cheveux. Ils se trempèrent au côté des deux cousins et étaient dans l’eau lorsqu’Anne apporta les linges.

— Votre mère m’a demandé de prendre également des slips propres dans vos valises, dit-elle, et de vous donner du savon pour vous laver « ce que vous savez ». À part cela, l’eau est bonne ?

— Parfaite, dit Kenneth, encore chaude pour la saison.

Ils restèrent quelques minutes dans l’étang puis ressortirent sans se savonner. Les Américains regardèrent avec curiosité les bites des Suisses.

— Si vous nous permettez d’être indiscrets, dit Jason, vous avez toujours vos prépuces ?

— Oui, dit Frédéric, ce n’est pas l’habitude de circoncire les garçons pour des raisons hygiéniques à leur naissance en Suisse.

— Et vous pouvez les rétracter pour faire votre toilette ?

— Sans problème.

Joignant le geste à la parole, il décalotta son gland.

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