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            Le combat dura de nombreuses heures, la lune ayant eu le temps de traverser le ciel de part en part depuis le début de l’engagement qui tourna vite à un affrontement des plus barbares. Nombre de guerriers avaient suivis la charge d’Andreìs, si bien que même les unités de combat à longue distance s’étaient engagées dans l’assaut faute de fenêtre de tir, utilisant leurs mitrailleuses lourdes et lance-missiles comme armes contondantes, tandis que les chars d’assaut et engins d’artillerie fondaient sur les lignes ennemies, embarquant autant de fantassins que possible sur eux, écrasant au passage tous les opposants à leur course folle. 

            Andreìs avait réussi à pénétrer plus loin que n’importe qui dans le camp adverse et s’approchait de très près de l’État-major sur place, continuant de trancher tous ceux qui tentaient de lui barrer la route, totalement inconscient de la situation de ses compagnons d’armes. Il avait vu ses frères mourir et fuir, et voulait simplement se venger et laver cet affront, sans voir plus loin que la haine qui lui brûlait les entrailles, et ce malgré son armement qui commençait à peiner sous le poids des combats passés. Le compteur de sa hache était bloqué à « 999 », l’ordinateur de bord n’étant pas conçu pour dénombrer plus de corps démembrés, mais le guerrier n’en avait cure, il voulait simplement décapiter le monstre adverse.

            Lorsqu’il atteint enfin le bâtiment faisant office de quartier général à l’ennemi, il enfonça la chitine servant de mur d’une puissante charge appuyée d’un coup d’épaule, avant de courir à travers les couloirs. Le seul soldat qu’il croisa se retrouva avec la tête enfoncée dans un mur d’un coup de genou sauté sans l’avoir ralenti une seule seconde.

            Finissant de traverser les lieux, il arriva dans une aire de décollage pour aéronefs à l’intérieure de laquelle se trouvait un vaisseau ressemblant à une libellule géante dont les ailes recouvertes de panneaux photovoltaïques finissaient de faire illusion et à l’intérieur duquel les Officiers embarquaient. Poussant un hurlement animal, il courut avant de sauter sur la verrière de l’engin qu’il entreprit de défoncer à l’aide de sa hache dont les dents de la lame de scie avaient fini par s’émousser et casser, mais le Géno n’en avait cure et frappait comme un dément jusqu’à parvenir à ses fins, sa conscience manquant de définitivement disparaître dans les tréfonds de la haine.

            Alors qu’il arrachait la tête du dernier pilote dans le cockpit, l’engin, qui plongeait droit vers le sol, frappa celui-ci avec dureté au beau milieu du champ de bataille, projetant des guerriers des deux camps à terre. À la vue de l’engin de commandement long de presque deux cents mètres détruit et gisant à terre, les extraterrestres cessèrent de se battre immédiatement sans que les soldats n’en tiennent compte, et, emportés dans la brutalité de la lutte, ceux-ci les achevèrent tous en un rien de temps avant de se focaliser sur le vaisseau dont s’échappaient des bruits de ferraille et des cris d’agonie, prêts à affronter les survivants du crash s’ils osaient se montrer.

            Plusieurs minutes s’écoulèrent après l’atterrissage en catastrophe avant qu’un extraterrestre en toge sorte en courant de la carcasse, fuyant ventre à terre, suivi de peu par un démon rouge arrachant un pan entier de la carlingue, une hache dégoulinante et poisseuse à la main. Voyant que sa proie essayait de lui échapper, l’incarnation de la mort sauta aussi haut et aussi loin que son corps musculeux le lui permit et retomba à moins d’un mètre de sa prochaine victime qu’il saisit par le col pour le jeter à terre.

             — Plo Ka G’aus ! Plo Ka G’aus !

            Andreìs dévisagea sa cible qui implorait d’être épargnée avec un rictus de haine au visage.

— As-tu fait une seule fois dans ta vie preuve de pitié, sale monstre ? Alors pourquoi le ferais-je ?

            Levant sa hache au-dessus de la tête, le dément l’abattit violemment sur le ventre de sa cible en hurlant, le vrombissement de son arme masquant ses cris de rage en attaquant la chitine, la chair et l’os à mesure que l’arme s’abattait sur sa victime.

            Rark. Rark. Rark.

            Chacun des trois coups résonna dans le silence de mort qui les entourait, avant que l’arme n’achève son repas sous les cris d’agonie de l’envahisseur.

            Retirant son arme de l’abdomen ensanglanté qui gisait devant lui, Andreìs se redressa, titubant de fatigue maintenant que la colère l’avait quitté, et prit conscience de ceux qui l’entouraient. Ses frères d’armes s’étaient ralliés, l’avaient rejoint, et tous ensemble, ils avaient vaincu.

            Épuisé, il regarda son arme qui lui échappa des mains, mains qu’il fixa ensuite, peinant à les desserrer tant il avait été crispé sur le manche de sa hache. Il était ocre, couvert de sang séché, de liquides corporels divers et de sueur, et tremblait comme un chiat galeux. Regardant le reste de son corps, il ne vit pas un endroit où sa peau affichait sa couleur naturelle tandis qu’il prenait conscience de l’état physique délabré dans lequel il était. Il avait reçu plusieurs tirs et attaques au corps à corps et saignait en de nombreux endroits, et maintenant qu’il se calmait, la douleur se faisait ressentir autant que la fatigue.

            À bout de force, il vit ses deux amis et aides de camp franchir le mur des soldats spectateurs en jouant des coudes, et tendit une main faible vers eux.

— Armist, Gor… Vous êtes sains et saufs… 

            Andreìs tenta de marcher dans leur direction avant de s’écrouler, inconscient, sous les cris de ses amis et de ses frères d’armes qui coururent à lui pour lui porter secours.

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