22

3 minutes de lecture

            Il s’écoula deux jours de plus pendant lesquels personne ne vint, pas même pour lui apporter un repas. Deux jours pendant lesquels il resta immobile sur son banc à méditer, réduisant ses fonctions métaboliques à leur minimum. Dans cet état, son cœur ne battait qu’une fois par minute, et il ne respirait que tous les quatre battements de cœur.

            Au troisième jour enfin, il entendit la porte de la prison s’ouvrir. Faisant de même avec ses yeux, il ramena doucement son corps à son état normal et se déplia lentement pour se lever devant les nouveaux arrivants, un homme en bure verte aux coutures d’or et à la capuche rabattue, ainsi que quatre guerriers prétoriens en armures techno-assistées dorées le dépassant d’une bonne tête bien qu’étant eux-mêmes plus petits que le captif. Le prisonnier ne put s’empêcher de sourire tandis que, retirant sa capuche, le petit homme dévoilait un visage marqué de tatouages divers affirmant son allégeance à la Justice, au Haut Conseil Mondial et aux Guerriers de Jade. S’éclaircissant la voix, il commença à réciter sa présentation après que ses gardes du corps aient frappé le sol de leurs hallebardes mitrailleuses.

             — Prisonnier, vous êtes maintenant en présence du Maître-Judiciaire Clarius Graivus, Grand Magistrat du Haut…

— Stop. C’est bon, j’en sais assez.

            L’homme de loi dévisagea celui qui avait eu l’outrecuidance de l’interrompre en le foudroyant du regard, ce qui fit partir Andreìs d’un rire puissant.

— Comment osez-vous me manquer de respect de la sorte ?

            Le rire d’Andreìs s’arrêta aussi sec, et, dévisageant le petit homme d’un regard prédateur presque malsain, il s’approcha jusqu’aux barreaux de la cellule dont il se saisit.

— Sais-tu, Maître-Judiciaire qui je suis, ce que j’ai traversé, et ce que je peux faire ?

            Le petit homme se recula entre ses gardes, visiblement décontenancé et effrayé, avant de répondre en se retenant de bégayer.

— Vous êtes suspecté d’être un Géno-modifié déserteur à minima, vraisemblablement renégat, et possiblement connu comme étant Rark le Rouge.

            Le rictus d’Andreìs s’agrandit quand il répondit avec enthousiasme.

— T’as tout bon, mon pote.

— Vous reconnaissez donc les faits dont vous êtes accusés ?

            Se redressant en retrouvant son sérieux et son maintien militaire, le guerrier Géno corrigea sans quitter le petit homme des yeux.

— Je reconnais mon identité. Je me nomme Andreìs Dimirov, Capitaine du Bataillon de Troupes de Choc, surnommé Rark le Rouge. Et votre délégation est une insulte.

            Toujours bien entouré de ses gardes, l’homme en bure se frotta les mains, révélant là aussi d’autres tatouages.

— Bien, voilà qui nous fera gagner du temps sur l’interrogatoire. Mais dites-moi, pourquoi ma délégation serait-elle insultante ?

— Quatre pauvres petits gardes prétoriens face à moi ? Les yeux crevés et amputé des deux bras, je pourrais quand même les défaire.

            Disant cela, il écarta les deux barreaux de cellules qu’il tenait, libérant un espace assez large pour pouvoir sortir en se tenant de profil si l’envie l’en prenait. Pendant qu’il faisait ça, les gardes braquèrent leurs lances dans sa direction. Souriant devant la situation favorable qui se présentait à lui, Andreìs se saisit de l’une d’entre elles qu’il tira à lui, entraînant son propriétaire à sa suite, pendant que ses compagnons ouvraient le feu, le criblant ainsi de balles et mettant fin à sa vie pendant qu’Andreìs faisait tourner l’arme pour la pointer dans la bonne direction.

            Alors que ses adversaires avaient vidé leurs chargeurs, il ne tira que trois fois, les abattant sommairement, et tandis que leurs corps sans vie ni tête tombaient à terre, le Maître-Judiciaire entreprit de sortir en courant avant que l’arme du prisonnier se plante dans la porte en lui barrant la route. Se retournant dans un état de terreur avancée, Clarius vit le Géno s’extraire de sa cellule pour avancer vers lui et ne put retenir ni sa vessie ni son sphincter. Andreìs l’observa se faire dessus en ricanant avant de venir se placer devant lui.

— Et bien, Maître-Judiciaire, vous ne seriez pas en train de vous enfuir sans votre prisonnier ? Ce serait la peine de mort pour désertion à votre retour, non ?

            Déglutissant difficilement, le pauvre homme bafouilla.

— O… Ou… Oui…

            Tendant les poignets joins devant lui, Andreìs reprit en souriant avec franchise cette fois-ci.

— Alors qu’attendez-vous ? Menottez-moi…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Sebastien CARRÉ ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0