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            Les détenus utilisaient les portes des cellules comme boucliers, repoussant les grenades fumigènes qui leur étaient lancées et progressant sous le couvert de la fumée. Même si cette dernière contenait des substances lacrymogènes, leur métabolisme amélioré leur permettait de ne rien ressentir, et leur progression méticuleuse semblait implacable.

            Derrière leurs masques à gaz, les gardes étaient effarés. Ceux qui hier encore n’étaient que des corps inanimés, des enveloppes vides maintenues en vie artificiellement, se tenaient maintenant devant eux, broyant toute tentative de résistance face à leur avancée.

             — Commissaire, nous avons besoin de l’artillerie lourde  !

            Le Commissaire De l’Art tenait son transmetteur, désespéré. Il savait que ses hommes étaient dépassés, et craignait que l’armement disponible ne soit pas suffisant. Les équipes armées étaient déjà en route, mais le haut-parleur face à lui ne relayait pour l’instant pas le moindre coup de feu, seulement des cris de douleur et d’agonie. Prenant son courage à deux mains, il changea de fréquence et se racla la gorge.

— Grand Maître  ? Monseigneur  ?

            La voix du Saint de Jade se fit entendre en retour, légèrement déformée par les parasites électromagnétiques de la tempête de sable qui ne parvenaient pourtant pas à atténuer la froideur de son ton.

— Je vous écoute, Commissaire.

— Monseigneur, il se passe quelque chose ici…

— Les Géno-modifiés se sont réveillés  ?

— Oui, Monseigneur… Et ils massacrent les gardes…

— Savez-vous vers où ils se dirigent  ?

— Ils sont pour l’instant encore au vingtième sous-sol…

— Bien. Envoyez-y toutes vos troupes, puis noyez l’étage.

— Noyer  ? Mais, et mes hommes  ?

— Leur sacrifice ne sera pas vain, face à la menace que représentent ces traîtres, croyez-moi. La procédure d’inondation prend une quinzaine de minutes, et vos hommes vous permettront de gagner ce temps précieux. Ensuite, vous ferez de même avec tous les étages les séparant de la surface. Ai-je été clair  ?

— O… Oui Monseigneur.

— Est-ce de l’hésitation que j’entends dans votre voix  ?

— Non,  Monseigneur. Il sera fait selon votre volonté.

— Bien. Tenez-moi au courant. Terminé.

            Reposant son combiné d’une main tremblante, le haut fonctionnaire tourna la tête vers sa secrétaire, au visage aussi blême que celui de son chef. Il hocha doucement la tête, elle l’imita puis commença à pianoter sur son clavier, tandis qu’il déplaçait un tableau pour ouvrir un coffre-fort. Une fois ouvert, il en sortit une clef qu’il emporta jusqu’à l’ordinateur de la jeune femme. Déplaçant un pot à crayons, elle révéla une serrure dans laquelle il inséra l’objet. Échangeant un regard, il soupira.

— Puisse leurs âmes connaître le repos…

            Il fit tourner la clef, et un message apparut à l’écran de la secrétaire. Elle entra plusieurs lignes de code avant qu’une sirène retentisse dans toute la prison. Agissant à l’unisson, les gardes restants relevèrent tous la tête avant de partir en courant prêter main-forte à leurs camarades, ignorants du sort qui les attendait, tandis qu’un des titans grognait.

— Putain, les cons.

— Qu’est-ce qu’il y a, Edwin  ?

— Cette sirène, c’est quand ils vont noyer les étages. C’est la solution ultime pour les mutineries.

            Gregor n’hésita pas une seconde.

— Alors il faut évacuer.

— Mais, et les gardes  ?

— Ai-je précisé que seuls nous devions évacuer  ?

            Edwin afficha un grand sourire tandis que sa prothèse oculaire gauche brillait plus intensément.

— J’ai ressorti les plans de mon implant mémoriel. Il y a des issus de secours à intervalle régulier.

— Parce que tu crois vraiment qu’ils vont nous ouvrir les portes  ?

            Le vieux Géno au visage scarifié et à l’œil protéique regarda Gregor avec amusement.

— Ai-je précisé que nous prendrions les portes  ?

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