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                Gregor courut aussi vite qu’il le pouvait à travers le dédale de couloirs secrets qu’il avait tant emprunté par le passé. Tout au long de sa course, il n’eut de cesse de penser qu’Armist s’était ramolli. À l’époque où il était en charge des Prétoriens et de la sécurité du palais, ces couloirs étaient propres et entretenus et des gardes y étaient postés à intervalle régulier, hors maintenant le guerrier ne croisa personne dans sa course, et seule la poussière qu’il avait soulevée en courant laissait deviner que ces couloirs avaient connu un visiteur ces derniers siècles.

                Alors qu’il arrivait aux appartements royaux, Archimède passa devant les immenses fenêtres de la pièce et son œil bionique permit à Gregor de savoir ce qui l’attendait. Entouré de quatre gardes d’élite finissant de verrouiller les portes, Armist se dirigeait vers sa console de contrôle personnelle. Souriant intérieurement, Gregor se dit qu’il allait doubler la surprise du traître quand celui-ci découvrirait coup sur coup qu’il n’avait plus accès aux contrôles de la citadelle et que la mort débarquait dans sa chambre pour l’emporter.

                Dégainant son pistolet qu’il tenait fermement de la main droite et gardant son fusil d’assaut lourd dans la gauche, il inspira un grand coup avant d’enfoncer la porte dissimulée et de pénétrer dans la salle en prenant ses adversaires au dépourvu. Tout en dérapant sur le marbre pour s’arrêter, il braqua ses armes vers les gardes délite en armures lourdes équipés de marteaux comète et laissa son ordinateur de bord compenser sa visée avant de faire feu. Les cartouches du fusil d’assaut d’un calibre conséquent traversèrent les gorgerins des armures de deux gardes pour leur arracher la gorge alors que les ogives propulsées par le pistolet s’écrasaient sur les récepteurs optiques des casques des deux autres gardes, empêchant leurs propriétaires de voir leur assaillant jusqu’à ce que celui-ci soit arrivé au contact. Il jeta alors le premier au sol d’un coup d’épaule avant de vider ses chargeurs à bout portant dans le casque du second puis, lâchant ses armes en se saisissant de son épée, il empala le guerrier encore en vie dans le marbre de la pièce.

                Retirant lentement son arme du corps inerte à ses pieds, Gregor se retourna vers son frère d’armes lentement mais avec un masque de détermination et de rage contenue mélangées sur le visage, et si ce dernier le regardait avec un visage neutre et fermé, tout dans son maintien suffisait à signifier la surprise qu’il éprouvait, une mauvaise surprise.

                 — Gregor…

— Bonjour Armist. Content de me voir ?

                Armist fit une moue triste.

— Déçu, plutôt… Je pensais qu’Andreìs viendrait en personne essayer de régler le problème…

                Un sourire étira les lèvres du loyaliste.

— On a parié sur qui arriverait le premier, et j’ai gagné.

                Le visage du Saint de Jade exprima subitement une forme de dégoût.

— Toujours aussi motivé quand de l’alcool est en jeu, à ce que je vois…

                Le sourire de Gregor se fit narquois.

— Après avoir passé tant d’années en Grand Sommeil, je reconnais éprouver une forte envie de boire plusieurs barriques d’affilé…

                Armist soupira.

— Tu as conscience du fait que même si tu m’invitais à me rendre, tout ceci ne pourra se régler que dans le sang et ne s’achever qu’en même temps que ma vie ? Et donc que ce n’est pas près de se produire…

— Justement, je me souviens d’une fois où tu avais dit que je serais incapable de t’atteindre si nous devions croiser le fer. Tu as énoncé ça le jour où tu nous as annoncé ton intégration chez les Guerriers de Jade.

                Armist hocha la tête.

— Je m’en rappelle, en effet.

— Bien. Et si nous vérifions ? Prends ton arme et mets-toi en garde !

                Armist acquiesça lentement.

— Ainsi soit-il.

                Gregor affirma sa prise sur la poignée de son épée tout en dégainant son poignard de la main gauche, tandis que son adversaire se saisissait de son sceptre, conçu pour faire office de marteau comète. Les deux hommes avancèrent en silence jusqu’à n’être qu’à un mètre l’un de l’autre et levèrent leurs armes devant leur visage en signe de salut, puis se tournèrent le dos et s’éloignèrent quand la voix d’Armist s’éleva.

— Ne baisse pas ta garde !

                Le Saint de Jade venait de rompre le protocole et d’engager le combat, frappant lâchement Gregor d’un puissant coup de sceptre fouetté dans le dos qui le propulsa contre un mur se zébrant de fissures à l’impact avant de tomber lourdement au sol. Reprenant vite contact avec son environnement, Gregor ouvrit les yeux pour voir son adversaire s’avancer vers lui en faisant lentement tournoyer son arme au bout de sa main. Dans un gémissement de douleur, le guerrier se redressa en prenant appui sur son coude alors que le traître claironnait.

— Votre sens de l’honneur et votre droiture sont vos plus grandes faiblesses ! Regarde-moi ! Je savais que les Prétoriens de Jade essayaient de me manipuler pour prendre le pouvoir et faire de moi un chef fantoche, un pantin entre leurs mains. Alors qu’est-ce que j’ai fait ? Je les ai tous tués de mes mains. Aucun de vous ne serait capable d’un tel acte pour arriver à ses fins, et c’est ce qui fait ma supériorité. Je suis prêt à tout !

                Pour toute réponse, Gregor cracha du sang à ses pieds avant de se relever alors qu’Armist levait haut les bras pour frapper de nouveau.

                Andreìs stoppa sa course quelques secondes en regardant autour de lui tandis que Fury humait l’air autour de lui en grondant. Ils venaient de ressentir quelque chose d’étrange dans leur connexion psychique, et il ne leur fallut qu’une fraction de seconde pour comprendre. Gregor et Armist s’étaient trouvés et allaient se battre à mort, mais Gregor venait de subir une attaque particulièrement violente le mettant dans une position précaire. Sans réfléchir plus avant, le guerrier et son fenris reprirent leur course au maximum de leur puissance, enfonçant les dalles de marbre sous leurs appuis.

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