Chapitre 14
La pluie tambourinait rapidement sur la capuche de Katsu. Un opaque brouillard entourait la jeune fille. Machinalement elle fit tourner son épée entre ses mains. La sensation rugueuse du pommeau l’aidait à se détendre. À peine une seconde plus tard, une épée fendît l’air en deux.
Katsu sauta et roula pour esquiver l’attaque. Son pantalon lui collait à la peau. Elle se releva, et une seconde plus tard une pluie d’attaque précise et calculer lui fondirent dessus. Dernière minute, elle réussir à les esquiver presque toutes. Même s’il ne s’en fallut de peu, elle savait qu’elle ne pourrait pas continuer comme ça encore longtemps : il lui fallait absolument trouver une faille dans la garde de son adversaire sans quoi le combat serait perdu d’avance. Mais comment en trouver une, alors que son adversaire n’était autre que Mme Varne, sa prof de combat ?
Mme Varne ne lui laissait pas le temps de réfléchir. Elle enchaînait attaque sur attaque sans la moindre hésitation. Ses enchaînements étaient fluides précis et rapide. On voyait bien qu’elle avait fait ça toute sa vie. Mais Katsu refusait de perdre.
Le manteau de Katsu l’alourdissait et la gênait dans ses mouvements. Les cordes qui tombaient du ciel, l’empêchait de se concentrer. À force de rouler pour esquiver, ses habits étaient tout mouiller. Enfin pour ne rien arranger la fatigue embrumait son cerveau et l’empêchait de réfléchir. Elle savait que chaque esquive la rapprochait de Mme Varne, et la rendait plus vulnérable. Mais elle ne pouvait pas demander à arrêter le combat même sous prétexte que la nuit tombait ou qu’elle était trempée. Et ça, Mme Varne le lui avait clairement fait comprendre, la dernière fois qu’elle avait demander un temps mort.
Les deux combattantes s’approchaient puis s’éloignait. Elle dansait sur le rythme du choc de leurs épées. Chacune essayant tour à tour de pendre l’avantage. Mme Varne qui avait souvent l’avantage grâce à sa taille et son expérience en la matière. Ne se faisait pas prier, pour profiter de toutes les occasions qu’elle avait de faire la différence. Mais Katsu ne s’avouait pas vaincue, lorsqu’elle chutait elle se relevait aussi tôt. Son esprit tournait à toute allure. Ses yeux cherchaient calmement une idée.
Soudain, elle raffermit sa prise sur son arme et sans prévenir changea de direction. Le coup qui se dirigeait ainsi vers la tête, se retrouva à blesser le ventre de son adversaire. Sur le coup de la surprise Mme Varne resta quelque seconde hébétée. Avant de grogner de douleur. Katsu en profita pour labourer du tranchant de sa lame les deux bras de son adversaire. Mme Varne réagit rapidement mais sûrement pas de la meilleure façon. Elle envoya un coup d’épée rageur à son élève. La jeune fille n’eut aucun mal à le paré. Mieux encore, elle envoya valser l’arme de son institutrice contre le mur.
Varne fixa quelques seconde le mur. Elle grogna et détailla Katsu d'un air mauvais. La pluie fouettait leur visage.
_Bravo, la félicita la jeune femme les lèvres retrousées. Mais ses mots ne sonnaient pas juste. Comme tu as réussis à me désarmer, l'entrainement est terminée pour aujourd'hui, ajouta-t-elle. On se retrouve demain !
Mme Varne tourna les talons, aggripa la anse de son sac et son arme. Puis, s'en alla, laissant Katsu sous la pluie, un sourire satisfait au lèvres.
Moins de cinq minute plus tard, Katsu déboulait sous la pluie, entre les différents chalets. L’eau contenue dans ses chaussures sautillait au rythme de ses pas, la faisant frissonner. Elle avait froid. Ses doigts étaient engourdis et gelés. Elle avait l’impression que ses habits pesaient une tonne, mais elle avançait d’un bon rythme malgré la fatigue.
Katsu avait l’impression que ça faisait une éternité qu’elle marchait dans la nuit. Soudain au détour du chemin, elle aperçut le chalet Lierre. Éclairer par de la lumière, il semblait l’inviter joyeusement. Pris par un regain d’énergie, Katsu courut. Lorsque enfin elle fut sur le palier elle s’arrêta pour reprendre son souffle. Puis épuiser, elle toqua à la porte.
_Katsu ! s’exclama Selena en ouvrant la porte et en s’effaçant pour la laisser entrer. Sa camarade lui répondit par un de ses grognements significatif. Ce qui ne manqua pas de faire soupirer Selena.
Katsu enleva ses chaussures remplit d’eau, et son manteau. Puis elle se dirigea aussi rapidement que le lui permettaient ses jambes fatiguées vers la salle de bain. Pour prendre une bonne douche bien mériter.
Lorsque Katsu se fut enfermée dans la salle de bain, Selena s'autorisa un léger sourire. Puis rejoignit Anna dans la cuisine.
_Katsu va bien ? s’enquit Anna inquiète, auprès de sa camarade toute en continuant à cuisiner.
_Autant qu’on peut aller bien après s’être entraîné avec Mme Varne pendant deux heures sous la pluie, soupira Selena avant d’ajouter: mais elle avait l’air d’aller mieux qu’hier.
Les deux jeunes filles échangèrent un regard sombre. Aucune des deux n’aurait avoué pour rien au monde que la situation était comique: Depuis quelque temps Mme Varne, leur prof de combats, était encore plus sévère que d'habitude ce qui n'était pas peu dire.
Elle ne cessait de provoquer Katsu pour une raison qui leur échappait tous. Dès qu’elle le pouvait, elle lui posait des questions piège, ou lui demandait d’exécuter des figures difficiles. Pour le plus grand bonheur d’Irina. Mais la situation s’était dégradé encore plus lorsque Noah avait demandé à la directrice d’engager quelqu’un pour entraîner Katsu. Sans penser à prévenir la principale intéressée. Bien certainement c’est leur professeure de combat qui en fut chargé. Celle-ci en profitait bien sur pour rendre ce moment le plus désagréable possible. C’est bien sur dans cette atmosphère pesante, que le tournoi de fin d’année approchait à grands pas...
Katsu se regarda dans le miroir. Ses yeux bordeaux étaient soulignés de légère cerne. Témoignant de l’emploi du temps charger de la jeune fille. Ses cheveux noirs encore un peu mouiller, paraissaient plus brillants qu’a leur habitude. Ses mains étaient remplies de nouvelle coupure, dut à l’entraînement de Mme Varne.
Elle soupira.
_Je peux entrer ? demanda Selena.
_Oui, vas-y, répondit la jeune fille.
Selena entra dans la salle de bain. Elle regarda la tenue de Katsu, et éclata de rire. Katsu portait un pyjama panda trop mignon qui n’allait vraiment pas avec son caractère bien trempé. La capuche qui retombait sur ses épaules possédait de petites oreilles. Sur son haut était dessiné un panda très craquant, et son pantalon blanc était orné de petits cœurs noirs. Même ses chaussons avaient des petites oreilles.
Les joues de Katsu virèrent immédiatement au rouge tomate. La jeune fille était très embarrassée.
Entre deux gloussements, Selena réussit à interroger Katsu sur la provenance de son pyjama:
_De-depuis qu-quand as tu ce pyjama ?
_Je l’ai toujours eu, marmonna sa camarade, il était juste au fin fond de ma valise dit elle sur un ton gêné.
_C'est ta mère qui te l’a acheté ? demanda Selena en reprenant légèrement son sérieux.
_Oui, soupira la jeune fille puis elle ajouta d’un ton exaspéré, elle le trouvait trop mignon !
_Pourquoi tu n’as pas mis celui que tu utilisais ?
_Il est au lavage, grogna la championne.
Les deux colocataires descendirent l’escalier pour rejoindre Anna. Ce qui ne manqua de faire rire Selena, car comme le fit-elle remarquer. Lorsque Katsu marchait les oreilles de ses chaussons battaient l’air ce qui donnait un rendu plutôt mignon.
Arriver en bas Selena héla Anna pour lui montrer la tenue de Katsu.
_Oh tu es trop mignonne comme ça Katsu ! s’exclama-t-elle quand elle l’eu rejoint. Anna entrepris de tourner au tour de la championne pour détailler son pyjama. Puis chose qu’elle n’aurait jamais osée faire au début de l’année : Elle se mit à s’amuser comme une enfant de trois ans avec les oreilles de la capuche. Surprenant au passage ses deux colocataires.
Mais les deux jeunes filles étaient trop fatiguer, pour continuer à se moquer gentiment de la tenue de Katsu. Elles passèrent donc à table, et filèrent aussi rapidement se coucher.
La journée avait très bien commencé, si on omet bien sûr le fait Katsu ne se soit pas réveillée comme à son habitude à six heures trente, et aussi le fait que de son point de vue elle ait eu une note passable en math. Mais bon, les oiseaux chantaient. Et les couloirs d’éclipse étaient… silencieux. Trop silencieux du point de vue de la directrice. Qui ne cessait d’arpenter l’école de long en large et en travers et de répéter à qui voulait l’entendre que c’était le calme avant la tempête et que quelque chose de louche se préparait. Comme pour lui donner raison en début d’après midi un orage de grêle éclata. Les grêlons tombaient en rafales sur les chalets et la cour de l’école. Mêmes s’ils n’étaient pas vraiment gros, ils firent quelques dégâts. Tous les cours en extérieurs furent annulées.
La classe de Katsu était en cours d’infiltration, lorsque la tempête éclata. Bien sûr, étant en intérieur leur première heure n’en fut pas vraiment altérée.
Lorsque la sonnerie retentit les classes se dépêchèrent de se rendre à leur prochain cours. C’est là que l’enfer commença. Amasser dans les couloirs, serrer les uns contre les autres. Les élèves se bousculaient pour avancer. Chacun espérait pouvoir arriver à l’heure à son prochain cours. Agglutiner devant les escaliers, les élèves se retrouvaient collé contre le mur. Les plus petits e se faisait marcher sur les pieds, les plus timides se faisait bousculer, les plus agressifs insultaient tous ceux qui passaient à leur porter. C’était le chaos le plus total.
Les couloirs étaient bondés, car tous ceux qui devaient finir heures plus tôt n’avait pas pu sortir. Collée contre le mur, Katsu essayait de se faire la plus petite possible. De grosses gouttes dévalait son front et sa colonne vertébrale. Son visage palissait. Ses mains se mettaient à trembler. La panique commençait doucement à grignoter l’espace de vision de Katsu, et la remplissant à la place par un léger brouillard. La jeune fille en proie à une crise de panique essaya de se concentrer sur la mains de Selena sur son épaule. Elle se concentra sur sa respiration, et ferma les yeux.
Soudain elle perdit l’équilibre, n’ayant plus de force, elle s’effondra dans les bras d’Anna qui était derrière elle.
Anna tangua sous le poids du corps de Katsu, et failli tomber avec elle.
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