Figurants pour disparaitre.
La famille regarde la voiture flamber dans le ravin. Camille regarde les flammes envahir l’habitacle, d’un air morne, fataliste, usé. Le père met sa main sur l’épaule de Nathan, un garçon d’une dizaine d’années, il murmure :
- Voilà, on est morts. Dépêchons-nous maintenant.
Nathan ne comprend pas grand-chose. Il suit l’homme qui se dirige, sans hésiter, dans un petit chemin de terre de l’autre côté de la route. Les vacances viennent à peine de commencer, ils ont pris un avion pour la Grèce, puis un bateau pour une de ces nombreuses îles égéennes. Sa mère, Camille, toujours crispée tient Simiane, une fillette de huit ans, par la main et ferme la marche. Cette femme est au bout du rouleau ; elle se retourne sans cesse, encore sur le qui-vive. Au terme de dix minutes de piste, sous un soleil de plomb, la famille arrive à une bergerie. Une femme leur ouvre la porte, leur donne à boire de l’eau fraîche. Elle leur donne des vêtements, des passeports pour une nouvelle vie : les Varnas sont morts, les Midas vivront. Un vieux tacot les attend dans la grange ; un pope attend au volant. Il est à l’image de la voiture, il ne parle pas un mot de français et les conduit au port. Autre bateau, autre destination.
Trois jours à jouer avec les trains, bateaux, pour disparaître complètement.
Fin du périple.
Ils s’installeraient ici, au milieu de nulle part, dans ce village qui n’existe pas.
Pari gagné ?
Le domaine est bien gardé. Camille, les mains sur la barrière, mâchoires serrées, yeux plissés, contemple le décor dans lequel désormais ils vivront. Hugues est déjà entré dans la guérite, il s’est présenté, commence les formalités. Les papiers, l’engagement, le règlement.
Depuis la salle de contrôle, plusieurs personnes observent un écran. Ils examinent ces immigrés. Camille Midas, 43 ans, épouse de Hugues Midas, 46 ans, boulanger. Deux enfants, dont une petite fille légèrement handicapée suite à un accident de la route, précise la fiche.
- Alors ? demande le patron, qu’en pensez-vous ?
- L’homme fait nettement plus que son âge. La femme pas, bien conservée. Bien trop maigre pour moi ! répond l’un d’entre eux.
- Je parle boulot ! souligne son boss, vaguement énervé. Faut-il craindre une groupie ?
- Sûrement pas…
Cyril et Grégoire continuent à considérer cette femme. Il y a, dans son attitude, la force du désespoir. Elle regarde le village, mais elle est ailleurs. Pas très grande, atrocement squelettique, sa chevelure peu domptable, noire bouclée est retenue par un vulgaire élastique. Pas un brin de coquetterie. Pas de maquillage, pas un bijou.
- Si tu continues à juger une femme sur ses cheveux, celle-là doit avoir un fichu caractère ! lance Cyril moqueur.
- Ouaip ! s’exclame Grégoire, une véritable rebelle ! Mais il y a autre chose dans cette femme. Elle n’est pas ici pour trouver un boulot. Cette femme s’est enfermée dans une jolie tour de garde. Je me demande ce qu’elle cache !
- C’est pas une nana pour toi ! lui souffle Olivia. Elle t’enverra à la gare. Trop de caractère.
- Chiche !
- Je ne parie pas avec ça, tu le sais très bien ! réplique-t-elle sèchement.
Grégoire lui sourit, un brin ironique.
- Un jour, tu tomberas sur un os et ça va te faire mal, le sermonne-t-elle.
- Fous-moi la paix, sainte Olivia.
Il reprend son analyse. Les yeux rivés sur le poste. Camille découvre la caméra, la fixe un instant en fronçant les sourcils. L’homme reçoit cette œillade comme un jet d’eau claire. Par réflexe, il recule la tête, surpris, puis se reconcentre sur le moniteur. « Cazzo, pourquoi me regarde-t-elle comme ça, celle-là ? » murmure-t-il pour lui-même, avant de répondre à son chef :
- Bonne prise, ces gens-là ne te feront aucun ennui. La nana est trop distante pour s’occuper des personnalités ici présentes, on ne verra pas beaucoup le père, vu qu’il travaillera essentiellement de nuit et les enfants ne savent pas où ils débarquent. Quant à la fillette, si elle est muette... on n’a vraiment rien à craindre !
Grégoire n’arrive pas à détacher son œil du visu. Il a changé d’expression, il est intrigué. Olivia le scrute, ironique. « Un os, mon cher, cette fois, c’est ton os... », prédit-elle silencieusement. Grégoire lui lance un regard en coin.
- De quoi t’as peur ? lui lâche-t-il de mauvaise humeur. De toute façon, rassure-toi, je ne joue jamais avec les figurantes. Même Hélène, je n’y ai pas touché ! Je ne mettrai pas un doigt là-dessus ! Promis !
- On dit « les villageoises » précise Olivia cinglante, c’est pas un jeu !
- Tu m’pompes !
- C’est ton os ! tu verras !
Grégoire méprise l’augure et sa pythie, se tourne vers son patron et conclut :
- Je jetterai un œil sur leur signature. On y va ?
De l’autre côté de l’objectif, tandis que les enfants se balancent sur la barrière, la mère est perdue dans ses pensées. « Désormais, s’assigne-t-elle en braquant les yeux sur cette caméra, le moindre de mes mouvements sera inscrit sur une pellicule, mais je ne serai plus qu’un élément du décor, un pion, une figurante parmi les figurants. Puis-je espérer ne plus être au centre de l’action, mais subsister à côté ? Pourrai-je de nouveau vivre sans me retourner à chaque pas dans la rue en redoutant l’homme qui me suit ? Sans sursauter quand le téléphone sonne, sans craindre « l’accident » ? »
- Camille, l’appelle Hugues en passant la tête hors de la guérite. Tu viens signer ?
« Surtout, ne plus se poser de questions… » poursuit Camille dans ses pensées. Elle entre dans la pièce, suivie de ses enfants, elle ne lit rien et, crispée, elle appose un paraphe.
- Bonjour Camille, l’accueille, d’une voix bienveillante, l’hôtesse derrière son bureau. Bienvenue dans votre nouvelle vie. Une jeep arrivera d’ici quelques minutes, vous serez conduits au Q.G. Visite médicale, test scolaire et, enfin, on vous accompagnera chez vous.
- Simone n’ira pas à l’école, déclare Camille sans appel.
- Oui, nous sommes au courant. Simone n’aura qu’un examen médical. Vous pouvez y assister, rassurez-vous. Cet examen n’est nécessaire que pour ne pas envoyer dans le village des virus qui arrêteraient trop longtemps son activité. On y prendra aussi vos mensurations. Si les costumes ne sont pas ou plus à votre taille, n’hésitez pas à en parler avec Cyril, il est le responsable des Français. Pour les autres soucis d’intendance, c’est lui aussi. Vous vous êtes engagés pour cinq ans, c’est le maximum. Sans regret ?
- Aucun, répond fermement Hugues.
- Trois mois avant la fin du contrat, continue l’interlocutrice, vous aurez la possibilité de le renouveler ou de le résilier, pas avant.
- Oui, nous le savons, affirme Hugues.
- Très bien. Pour la société, c’est parfait ! Les changements sont toujours difficiles à gérer. Et vous êtes boulanger, c’est encore mieux. Cela fait un bail que nous en cherchons un, vous êtes une perle rare ! finit l’hôtesse en souriant.
Nathan se tourne vers son père, intrigué. Celui-ci lui met une main sur l’épaule en la tapotant du bout des doigts. Le gamin se tait et oblique la tête vers la fenêtre où la jeep fait déjà irruption.
Ils sont trois à débarquer. La réceptionniste les présente aux nouveaux venus : Cyril, responsable des figurants francophones, Olivia, coach des enfants et Grégoire régisseur, membre de l’équipe, il ferme ou ouvre les plateaux de tournage, il veille également à leur bon déroulement.
- Vous avez de la chance, déclare doucement ce dernier, en fixant Camille. Nous sommes en 2012, c’est plus facile pour déménager ! La semaine prochaine, nous serons en 1910, au milieu des mines : Germinal, quoi !
Camille acquiesce d’un vague hochement de la tête. Elle s’en fout. On pourrait être à la préhistoire, ce serait la même chose, juste des barrières au prix de la liberté, pour une vie sauve. Elle suit le mouvement, monte dans la jeep avec les siens, sans avoir desserré les dents.
Quand en fin d’après-midi, la famille se retrouve seule, plantée au centre de leur salon, Camille s’effondre sur un canapé. Simiane se blottit contre elle, Nathan s’assied à ses côtés, pose la tête sur l’autre épaule. Hugues s’accroupit derrière le fauteuil et entoure l’ensemble du groupe.
- Voilà, murmure-t-il, on est à la fin des ennuis. Ici, plus personne ne nous connaît.
- On peut parler ? chuchote Nathan.
- « Intimité garantie », est-il souligné dans le contrat, répond le père, sur le même mode. Je propose que pendant les quinze premiers jours, nous ne nous exprimions qu’au bord de la mer. Nous saurons rapidement si les murs ont des oreilles.
- La mer ? demande Nathan avec un premier sourire depuis longtemps.
- La mer ! réplique Hugues bienveillant. Tu n’aurais pas pu t’en passer, espèce de Breton ! Viens voir côté jardin !
Une terrasse termine l’habitat à l’arrière de la maison, avec sur le côté une véranda qui abrite un second comptoir. Le magasin ouvert sur la rue, communique à cet étal. Suit un jardin en friche avec quelques arbres fruitiers, puis un escalier de quatre ou cinq marches débouche sur un tapis imitant très scrupuleusement le sable et pour terminer, une véritable plage de sable fin menant à une mer turquoise, calme, petits rouleaux à l’appui.
Nathan dévale précipitamment la propriété et court jusqu’à la mer. Sa sœur, les bras écartés pour garder l’équilibre, le rattrape rapidement avec la démarche cahotante d’un moineau libéré par un chat distrait. Le garçon largue ses chaussures nerveusement et entre dans l’eau. Il se retourne, hilare et hurle à sa complice :
- Elle est vachement bonne. Simiane, viens !
Simiane s’assied pour se débarrasser de ses sandales et rejoint son frère en riant également. Les parents suivent plus calmement, ils regardent les enfants s’amuser avec les vagues. Hugues dépose une main bienveillante sur l’épaule de Camille.
- Tu vas voir, tu seras bien ici. Tu pourras vivre en sécurité. Pour l’instant, je te propose de ne pas trop t’éloigner quand tu iras sur la plage, avec les petits. Ainsi, je pourrai avoir un œil sur vous, de l’atelier.
Camille ne répond pas. Ils ont parié quand ils ont accepté de s’exiler, c’est trop tard maintenant pour poser des pronostics. Les dés sont jetés depuis longtemps, elle ne croit plus en la méthode Coué.
Assise dans les cinq centimètres d’eau qui terminent les vaguelettes, Camille explique aux petits ce que sera leur vie :
- Nous sommes dans un immense décor de cinéma et nous en faisons partie. Ici, personne ne questionne les autres sur leurs origines et la cause de leur présence. Nous devrions être en sécurité. Nous serons habillés par les costumiers. Tant que nous sommes à la maison, nous vivons comme nous l’entendons, mais dès que nous franchissons la porte de la rue, nous déambulons à l’époque où se déroule le film. Côté plage, on fait ce qu’on veut, sauf avis contraire.
- C’est comme une fabuleuse machine à remonter le temps, vous serez incollables en histoire ! reprend Hugues enthousiaste. Dans quelques jours, nous serons en 1910 pendant dix semaines. Moi, je serai le boulanger du village, et votre mère servira à la boulangerie. T’es boulanger, toi ? demande Nathan, sceptique.
- Ne pose pas trop de questions, s’il te plaît, dicte Hugues calmement.
Camille se tourne vers son mari et le fusille du regard. Ce n’est pas dans ses habitudes de cacher quoi que ce soit à ses enfants.
- Une méchante vérité vaut toujours mieux qu’un pieux mensonge, lâche-t-elle cassante.
Hugues la toise un instant puis continue :
- Simiane, tu t’appelleras désormais Simone, c’est plus courant que Simiane. Mais on peut t’appeler Simi ce sera plus facile pour tout le monde. Pour Nathan, il y a plus d’un âne qui s’appelle comme ça, donc tu resteras l’âne de la maison.
Camille serre les mâchoires, elle n’aime vraiment pas la manière dont parle Hugues.
- Quoi, dit-il, je plaisante ! dit-il en levant les yeux au ciel.
Nathan hausse les épaules, il se détourne la scène en regardant vers la mer.
- C’est de la moquerie gratuite, grince-t-elle. Tenons-nous à ce qu’on avait dit, je m’occupe des enfants, pas toi.
Elle reprend pour eux :
- Et moi, je me suis formée toute seule, vous n’aimiez pas les délicieuses pâtisseries que je vous ai confectionnées ?
- C’était donc ça ! s’exclame Nathan.
Il rit, soulagé. Il se couche en étoile dans la mer.
- Merci maman, murmure-t-il, profondément apaisé.
Camille à son tour s’allonge dans la mer, Simiane suit leur exemple. Hugues reste seul assis face au large, vaguement rancunier, il digère silencieusement la remarque de Camille.
La pause est longue. La pause est assainissante. Les yeux dans le ciel couchant, les trois étoiles de mer se laissent laver par l’écume et les vaguelettes paresseuses.
Une voix rauque et chantante les extirpe de cette trêve.
- Eh bien, en voilà un beau cadeau de l’océan : des étoiles, des coquillages, et même une jolie crevette rose ! ajoute-t-elle, quand Simiane se redresse sur ses coudes. Bonjour ma petite, je suis Paulette, et toi ?
- Simi.., répond Nathan en s’arrêtant juste à temps.
La femme, ridée comme une vieille pomme, examine Nathan :
- Tu t’appelles Simy ou c’est ta sœur qui se nomme ainsi ?
- Ma sœur ne parle pas, elle s’appelle Simone mais tout le monde l’appelle Simi. Moi c’est Nathan, voici Camille, ma maman et Hugues…
- Ton papa ! en déduit-elle saluant le père. Je suis couturière, j’habite la petite maison au balcon, sur la place. Bienvenue au village !
- Merci, murmure Camille.
Paulette est entièrement voûtée. Ses jambes prises dans l’arthrose ne se tendent plus. Elle dévisage Camille un long moment en hochant imperceptiblement la tête. Ses yeux traduisent une grande sagacité mêlée d’une belle humanité.
- Les débuts ne sont pas faciles mais vous verrez, la vie ici n’est pas si épouvantable…
Camille sourit faiblement sans rien ajouter. La vieille dame s’incline légèrement pour prendre congé. La famille répond par divers mouvements non coordonnés et suit du regard cette petite souris grise cachée sous une blouse et un pantalon large taillés dans un lin écru. Elle s’éloigne rapidement, d’un pas léger.
- Pour tout le monde, on est morts ? reprend Nathan, une fois la couturière hors champ. Pour tous mes copains, tous les curés, tous les « Bois d’Hoche » ?
- Tous, sauf deux personnes, Gonval et Serge.
- Et les grands ? insiste-t-il, vaguement inquiet.
Camille serre les mâchoires, ferme les yeux.
- Ils nous croient morts, répond Hugues du bout des lèvres.
- Ça, c’est dégueulasse ! lâche Nathan en frappant des poings dans la mer.
Des larmes coulent le long des joues de Camille. Elle se lève et rentre à la maison.
- Oui, murmure Hugues, et c’est de ta faute. Tu sais qu’ils sont capables de tout, c’était le seul moyen de les protéger... Si j’étais toi, je n’insisterais pas et je laisserais ta mère en dehors de tes reproches. C’est à cause de toi si on est ici : tu n’aurais pas dû parler à Gonval. Et puis, fais attention à ton vocabulaire, s’il te plaît. Le mot « dégueulasse » doit en être banni.
Nathan, vaincu, courbe son dos, détourne les yeux pour fixer l’horizon sans rien ajouter. Sa sœur vient se blottir contre lui en lui passant le bras autour de l’épaule.
Un fois à la maison, Camille craque. Elle pleure tout ce qu'elle ne peut pas exprimer aux enfants. Oui, c'est dégueulasse, rendre orphelins les trois ainés, elle ne le supporte pas vraiment. D'ailleurs, sans rien dire à personne, elle a caché sous les lattes de la chambre de son ainée, la raison de leur disparition. Une bouteille à la mer... comme une automate, elle va se doucher, pour paraitre plus sereine, pour tenter d'oublier sa détresse.
Camille avait épousé en premières noces Alan Squiban, marin, veuf avec trois petits enfants. Elle s’était retrouvée mère de famille à même pas vingt ans. Cinq ans plus tard, Alan s’était tué en mer juste après que les enfants soient devenus officiellement ceux de Camille.
Elle se souvient très bien de cet épisode : sous une pluie d’été, le capitaine du bateau était venu la trouver. Les enfants étaient à ses côtés. Le marin taciturne n’était pas entré, il lui avait annoncé cette mort la casquette en main, sur le pas de la porte.
- Un accident stupide, un coup de couteau qui ne lui était pas destiné... Cela n’aurait jamais dû arriver, avait-il juste ajouté du bout des lèvres.
Elle n’avait pas refermé la porte alors qu’il s’éloignait rapidement. Elle s’était accroupie appuyée au mur, sans rien articuler, les trois mômes autour d’elle, anéantis. Ils avaient beau être à l’abri, la pluie martelait autant le pavé que leur tête. Elle regardait les gouttelettes dans les flaques dessiner des cercles concentriques. Ils étaient restés sans bouger pendant un long moment, puis Tanguy, l’aîné, avait murmuré :
- On n’a même pas pu lui dire au revoir !
- T’as raison, venez !
Elle s’était relevée, leur avait fait ôter les chaussures et ils étaient sortis sous la pluie, pieds nus. Ils avaient couru jusqu’à la falaise : ils avaient regardé le large et hurlé le prénom de leur père. Ensuite, elle s’était agenouillée pour se mettre à la même hauteur qu’eux, elle les avait entourés de ses bras autour de leur taille, eux avaient passé les leurs, sur ses épaules. Ses cheveux noirs bouclés, battant au même rythme que la force du vent, s’entortillaient indissociablement avec les longs cheveux blonds et raides de sa fille Yohann. Elle leur avait juré :
- Vous voyez, on forme une chaîne indestructible ! On sera immuables, je serai votre maman jusqu’à votre mort !
Elle s’était époumonée dans le vent, autant pour s’en convaincre elle-même que pour en persuader les enfants :
- Regarde, Alan, on sera forts !
Visant, le plus jeune des trois, juste six ans, avait crié à son tour le refrain vite repris par les deux autres :
- Forts, forts, forts !
Ils étaient rentrés de cette falaise, repus de la dernière énergie d’Alan. Camille était devenue maman contre vents et marées. Cela n’avait pas failli jusqu’à maintenant.
Camille regarde ses pieds nus sous la douche, elle laisse les larmes se mélanger avec le ruissellement de l’eau, elle fixe les rondelles d’oignons formées par les gouttelettes dans la petite mare à ses pieds.
- Que reste-t-il de cette chaîne ? émet-elle à mi-voix, pourquoi l’avoir brisée aujourd'hui ?
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