Drôle de jeu 

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  • Alors, la taupe de Nardolé, c’est Germain Bachy, raconte Tanguy. C’est le médecin du domaine. Pas de danger. Il n’a qu’un rôle de balance, veille à ce que les nôtres ne se dévoilent pas. Ce qu’évidemment, ils sont loin d’envisager. Dans le dernier rapport que j’ai intercepté, Camille a refusé obstinément que Simiane joue dans son futur film. Seul bémol, c’est Hugues. Lui était nettement moins catégorique que sa femme. Je ne comprends pas très bien pourquoi il tient ce jeu-là.
  • Peut-être se dit-il que si Simiane devient célèbre on ne pourra pas y toucher... suggère Saïd.
  • M’étonnerait pas de lui, râle Visant. Il a toujours eu de drôles d’idées !
  • Sans doute. Ce serait d’une inconscience folle. Et ton contact, comment a-t-il réussi à ce que Simiane n’aille plus chez Bérangère ?
  • Il n’a pas eu besoin d’entamer quoi que ce soit ! Camille avait mis sur la cheminée la photo qu’on avait prise quand Simiane est revenue de l’hôpital. Le cliché a disparu depuis le saut en parachute. Or c’est Anna qui gardait Simiane à la maison tandis que les parents s’occupaient de Nathan. C’est la seule photographie que Camille avait osé emporter, elle est furieuse contre cette femme. C’est très ennuyeux que Bérangère ait cette photo en sa possession, elle me connaît, détermine Tanguy.
  • Qu’est-ce qu’on peut faire ?
  • Rien. Pour l’instant, elle est sur un autre coup, je vous rappelle. On verra après. S’il y a véritablement un danger et qu’on est dans l’impasse, je prendrai contact avec la sécurité de cette société. La tueuse est recherchée, je pourrai leur donner les preuves qu’il faut pour la coincer. Pour l’instant, je ne préfère pas, cela dévoilerait notre jeu.
  • Et toi ? s’inquiète Yohann.
  • Quoi, moi ?
  • Toi, que prendras-tu comme précaution pour toi ? répète-t-elle, plus incisive.
  • Oh moi, balance Tanguy, ça n’a pas d’importance !
  • Je ne suis pas d’accord ! claque sa sœur. Il n’est pas question que tu mettes ta vie en danger.

Tanguy sourit, désabusé. Yohann fulmine : elle sent que Tanguy ne s’occupe que de protéger sa famille. Il campe un gardien de phare, perdu en mer dans la tempête, offrant l’assistance tout en camouflant ceux qui vivent dans son ombre. Elle le perçoit battu d’avance par l’océan. La lumière s’éteindra. Il tiendra ce qu’il pourra, organise la conversion du phare en sémaphore, pour éloigner définitivement les invasions barbares éventuelles. Elle sait aussi qu’il ne faudra pas grand-chose pour noyer ce phare.

  • Tanguy, on est tous dans le même bateau, on doit prendre autant de risques que toi !

Tanguy regarde sa sœur avec tendresse. « Eh bien non, petite sœur, voudrait-il lui avouer, on n’est pas dans le même bateau. Moi, mon voilier ne peut que faire naufrage… » À la place, il la rassure. En effet, un courriel de Bérangère lui est déjà parvenu, juste une photo d’elle donnant la main à Simiane, avec comme légende : « Et si je faisais circuler... », ainsi qu’un numéro de compte. Il y a répondu aussi sec, de la même manière : trois clichés où elle exécute un quidam avec comme commentaire : « Je n’aurai plus rien à perdre ». Cela l’a directement calmée.

Saïd intervient en racontant ses pérégrinations. Cela l’amusait de voir à quoi ressemblait la journée d’une tueuse à gages. Il attrape la télécommande et remet le film à son début :

  • Voici la journée d’Anna : elle sort de sa maison, se dirige vers la plage pour son jogging. Cet exercice matinal ne durera que quelques minutes. Elle est déjà de retour, suivie du beau mec basané, le tondu. Ils ont dû échanger quelques maigres nouvelles. Elle part directement au café berlinois, elle y prend son petit déjeuner, mais si on agrandit l’image, on constate qu’elle parle toute seule. N’y croyez pas : elle discute avec quelqu’un dont on aperçoit l’épaule. Impossible de savoir qui c’est, il y a trop de possibilités envisageables, le facteur, Boris, le tenancier du pub... C’est l’heure de l’école, voilà nos deux asticots, regardez : ils sont accompagnés d’Olivia ! Ils croisent notre instit et ils vont trottiner un bout de chemin à côté d’elle. Bérangère salue toutes les personnes qu’elle rencontre. Je zappe jusqu’à la fin des cours. Elle quitte ses élèves. Vous voyez les petits ? Ils sont là dans le fond de l’écran.
  • Oui, observe Visant, à côté d’Olivia.
  • Exactement ! Olivia les attendait. Ou bien coache-t-elle tous les enfants à ce moment-là ? Rien de moins sûr, j’ai revisionné les rushs précédents, elle ne vient à la sortie des cours que depuis peu, mais elle y est chaque fois depuis. Revenons à notre Anna : elle ne se dirige absolument pas vers sa maison, mais vers la poterne de la rue française : en sort presque immédiatement son acolyte. Il lui a manifestement remis son rapport. Ensuite, une petite visite chez Camille d’où elle ressort systématiquement avec une pâtisserie différente. Rebelote : regardez qui est devant la boulangerie avec les enfants ?
  • Olivia !
  • Bien ! En fait, elle les accompagne chaque fois jusqu’à la maison. Anna ira à la plage pendant une heure puis retournera chez elle pour s’y cloîtrer. Les passages du crâne rasé sont très irréguliers. Il peut n’être sur aucun bout de film pendant plusieurs jours. Ce type doit se cacher sous une identité différente. J’en conclus qu’on devrait savoir quel autre personnage il campe, pour pouvoir en déduire qui est cet Henry Valentin. Et question plus importante : pourquoi Olivia serre-t-elle de si près Nathan et Simiane ? J’ai revisionné l’ensemble des rushs, depuis le tournage des Grecs : chaque fois qu’on voit les petits, Olivia n’est pas loin. J’ai cru qu’elle les protégeait, vu qu’elle les dépose à bon port, mais regardez cette prise, Olivia est seule avec les enfants dans la rue, observez bien la tête de vos frangins…
  • Oups, c’est vrai qu’ils sont loin d’être rassurés : ils traquent le danger, tandis qu’Olivia essaie de leur parler avec le sourire ! C’est sûr qu’ils ne doivent pas être sur la même longueur d'onde, constate Visant.
  • Et ce n’est pas tout ! Avez-vous remarqué ces deux pions vachement baraqués qui laissent passer les enfants au compte-goutte ? s’excite Saïd. Je parierais qu’ils sont de mèche avec Olivia. Je l’ai relevé par hasard en revisualisant le film sur les Grecs en cherchant à connaître l’emploi du temps de la coach. Un seul rush, près de l’école, filmé exactement le 31 août, soit la veille de la reprise des cours. Je vous le montre :

Saïd change rapidement de Clé USB et atteint directement l’endroit intéressant : Olivia fait le tour du bâtiment avec ces deux hommes. Elle élabore avec eux, manifestement, les sorties possibles. Saïd fait un arrêt sur image sur l’arrière de l’établissement. À l’aide de son ordi, il montre une vue plus récente établie au même endroit. Les fenêtres du premier étage ont changé de châssis, on ne peut plus en ouvrir que la partie supérieure. Aucun des élèves ne pourrait faire le mur ! Quant au garage, c’est encore plus fort : il s’est effacé du décor. Une fois le début des cours, l’un d’eux entre dans le bâtiment tandis que l’autre tourne autour. Ils changent de rôle régulièrement.

  • De mon temps, plaisante Saïd, les pions ne se baladaient pas à l’extérieur, mais à l’intérieur de l’école !

La fratrie reste muette devant les images exposées. Tanguy intervient enfin :

  • C’est peut-être une coïncidence, si l’enfant d’un acteur célèbre s’y trouve par exemple... Je me renseigne sur Olivia. Et d’après les prises, je crois que je vais pouvoir identifier ces deux malabars.
  • C’est un collège drôlement fréquenté, conclut Saïd, j’ai aussi remarqué que le facteur se rend régulièrement à l’école.

Saïd repart dans une analyse un peu plus approfondie sur cet homme. Non seulement James va tous les jours à la boulangerie et y reste plus longtemps que les autres clients, mais en plus, on l’observe plusieurs fois parler avec Bérangère. Une fois même, il surprend Bérangère et son acolyte en pleine discussion. Il les entraîne tous les deux, dans le pub anglais, en les tenant par l’épaule avec un air extrêmement jovial. Saïd a pu déterminer ainsi que ce facteur n’est jamais très loin de la tueuse, quand elle est seule dans la rue.

  • Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer la scène qui suit cette entrée dans ce café ! déclare Saïd en jouant avec sa zappette.

James entre en poussant légèrement les deux complices dans le dos. Ils s’installent à une table près de la fenêtre. Le facteur est d’un côté tandis que ses deux invités sont en face de lui. Ils passent manifestement commande, tournant la tête vers l’intérieur. Quatre cow-boys arrivent à cheval au galop. L’un d’eux reste dehors et tient les rênes des chevaux pendant que les trois autres déboulent avec fracas dans le saloon. Ils ressortent tous les trois presque immédiatement et courent dans les rues adjacentes pour revenir quelque temps après, bredouilles. Ils repartent sur leur monture, calmement.

  • Le facteur et l’instit sortiront une dizaine de minutes plus tard, relate Saïd. Le tondu ne reparaîtra pas.
  • Pour l’acolyte de Bérangère, analyse Tanguy, je ne serais pas étonné que ce soit du côté technique : on n’a aucune image de lui qui soit assez nette pour le reconnaître. Ce qui démontre qu’il doit savoir pertinemment où sont les caméras.
  • Ou bien ce tondu a un déguisement vite enfilé pour se dissimuler entre deux caméras… en déduit Yohann. Tu as pu te renseigner sur ce Fischer qui envoie des fleurs ?
  • Dieter Fischer est un nom assez commun, j’ai pris les photos de ceux qui sont allemands ou autrichiens puisque le compte en banque est de cette nationalité. J’ai trente-sept portraits. Regardez-les et désignez celui qui pourrait être un figurant.

La fratrie observe consciencieusement les tirages. Tanguy n’avait reconnu personne, il patiente le temps que les membres de son équipe analysent à leur tour les clichés proposés en espérant qu’ils soient plus perspicaces que lui.

  • Ah ben oui, s’exclame Yohann tout à coup en en pointant un du doigt. C’est bien pour rire ces moustaches ! Je vous avais dit qu’elles étaient fausses !

Les trois se précipitent sur la photo.

  • T’as une image de lui ? demande Saïd à Tanguy.
  • Absolument, répond-il en allumant son PC. Voici les merveilles de mon petit programme…

L’écran de l’ordinateur se sépare en deux : d'un côté, on voit le signalement du facteur, de l’autre l’image proposée. Le résultat ne se fait pas attendre, la probabilité que ce soit la même personne : 85 %

  • Bingo ! Bravo, sœurette ! admire Tanguy. J’étais passé à côté.
  • Donc, le facteur connaît Gonval.
  • Ou bien, il nous envoie un message !
  • Qui se souvient de ce qui était écrit, exactement ?
  • J’ai interrogé la fleuriste lors de mon enquête, commente Yohann, j’ai noté la phrase : « De la part des 3 chatons longeant une falaise ».
  • 3 ? C’est nous alors ! Pourquoi suggère-t-il qu’on longe une falaise ?

La fratrie envisage directement la toile qui se tisserait si le facteur était bien ce monsieur Fischer. Plusieurs questions pourraient se résoudre ou bien se compliquer : c’est sûrement lui qui a gardé le courrier, pourquoi ? Pourquoi aussi prétend-il que les Squiban marchent au bord d’un à pic ? Cela signifierait qu’ils jouent avec le feu ? Ou qu’ils sont en danger ?

  • Il se pourrait aussi que ce facteur soit le complice de Bérangère, bien vite camouflé, sous ses belles moustaches et ses faux sourcils... et dans ce cas, je ne suis pas si sûr que le contrat de Bérangère s’arrête à ce Valentin... suggère Saïd.

La fratrie admet l’hypothèse en silence.

Yohann embraie ensuite sur les recherches qu’elle a effectuées autour des forums sur les chats. Elle rapporte ses maigres résultats en signalant les trois phrases échangées par trois personnes dont les noms sont respectivement Loup de Mer, Alpen Mannstreu et Baguette. Loup de mer pourrait être un des curés qui traînaient dans la crêperie. Le pseudo de Camille avant la mort de Gonval était Baguette, cela ferait allusion à la fois à ses baguettes de sourcière et à son métier de boulangère, mais ce Alpen Mannstreu demeure inconnu.

  • C’est une plante qui ne pousse qu’en Suisse, dans les Alpes et qui signifie littéralement « homme fidèle », mais en français cette plante s’appelle autrement : c’est la reine des Alpes ou bien le chardon bleu. Je suis sûre que ce pseudo n’est pas innocent, conclut Yohann. Peut-être qu’en le découvrant, on aura plus d’informations sur ce type qui désire nous rassembler.
  • Je me renseigne dès demain sur ce Fischer et je déterminerai aussi de quel ordinateur ce post a été émis, assure Tanguy. On a un peu de temps devant nous. Pourrais-tu sortir la lettre de Camille et le dossier de Simiane ? Je ne les ai jamais vus.

Tanguy lit la lettre avec émotion. Ce n’est vraiment pas très prudent de la part de sa mère, de l’avoir glissée dans ce dossier. Il ne comprend pas très bien pourquoi elle a pris ce risque, elle aurait pu envoyer un courrier un mois plus tard par la poste. Tanguy analyse le texte et grimace sur la phrase « Aujourd’hui, j’ai la certitude qu’ils finiront par nous tuer. Tous. Vous et nous, puisqu’ils ont déjà commencé. Je vais me cacher avec les petits, en espérant vous protéger ainsi. »

Il la relit tout haut puis s’exclame :

  • Mais qu’est-ce qu’elle veut dire par là ?
  • Ben, c’est clair, non ? répond Visant. Elle désigne l’accident de Simiane et tous les harcèlements dont ils ont été victimes.
  • Peut-être, murmure Tanguy pensif.

Il vise le reste du dossier éparpillé sur la table. Celui-ci est composé d’une énorme série de feuilles volantes, d’articles de journaux qui n’apprennent rien à Tanguy. Tous les trois se replongent dans le puzzle.

  • Et les lettres que Serge t’a données ?
  • Ici, ajoute Yohann en montrant une grosse enveloppe brune.
  • Tu les as lues ? demande Tanguy en les feuilletant au fur et à mesure.
  • Je les ai grosso modo parcourues, sauf les factures et les pubs.
  • Une facture de leur abonnement à Netflix. Je croyais qu’ils ne voulaient pas en entendre parler, ils ont fini par craquer ?
  • D’autant plus que les factures sont électroniques… ouvre pour voir.
  • Drôle de facture, je vous la lis :

« Chers amis,

Mon chat est décidément trop pantouflard pour vous envoyer tout ce courrier ! Voici ce que j’ai pu pêcher sur notre ami commun. Tout cela nous montre en effet, que l’affaire est loin d’être simple et que votre vie est encore clairement en danger.

Le cardinal Fernandez œuvrait dans la recherche des preuves que l’O.D.D. avait créé un goulag dans lequel elle enfermerait ses membres récalcitrants. Il les avait trouvées et se préparait à les confier à Amnesty International. Ce goulag n’est autre que Guantanamo. Le pénitencier a été agrandi. Une aile compte quelques présumés terroristes interceptés par la CIA, les deux autres parties détiennent, hélas, bien plus d’hommes d’Église.

Notre choucas est très bien vu auprès des autorités cubaines où il a installé une filiale de l’entreprise pharmaceutique Edelweiss, elle se situe à deux pas de la prison ! Les liens entre les deux ne sont pas encore établis, mais je me doute qu’il ne doit pas s’agir d’un hasard parce nous savons que notre oiseau est responsable de la déportation de dizaines de Français. Il est aidé par un réseau secret dont un des membres doit se trouver dans notre association. Ce qui démontre que le mobile du meurtre est bien la base de Guantanamo que Monseigneur Fernandez voulait dénoncer coûte que coûte. Notre corbeau a deux casquettes : une O.D.D. connue de tous et une autre plus sinistre encore au sein de la société Edelweiss dont vous aurez quelques détails dans les courriers annexes.

Dès qu’on pourra établir le lien qui existerait entre Edelweiss et un des membres du R.C.C., nous saurons qui est notre taupe. Jonas travaille de près sur ce dossier, il ne m’a encore rien dévoilé, attendant les preuves. Lisez tout ça, peut-être verrez-vous ce qui m’échappe.

Tout autre chose, je viens de recevoir la visite d’un policier allemand (ou autrichien ? Il parle très mal le français), un certain Fischer qui voudrait bien éclairer le mystère « cubain ». Il sait l’O.D.D. responsable, mais n’a aucune preuve. Il parcourt le pays pour essayer d’en avoir. Il ne m’a pas parlé de Simiane, sans doute n’est-il pas au courant. Méfions-nous-en !

Gonval »

  • Un confrère allemand ou autrichien ? s’étonne Tanguy. Je ne vois pas pourquoi ces pays feraient une enquête. Je me charge de savoir qui il est. C’est sans doute notre facteur, ils ont le même nom. Si je vais plus loin dans la réflexion, Edelweiss est une plante qui pousse dans les Alpes, peut-être cette firme aurait un rapport avec l’homme du forum.

Au bout d’une demi-heure, le courrier restant est ouvert. Il s’agit chaque fois de cas de curés qui sont déportés vers Guantanamo pour des raisons évidentes d’incompatibilité avec l’O.D.D.. Il y a aussi un dossier complet sur ce qui s’y déroule, la manière dont les détenus sont torturés. Deux coupures de journaux les intriguent, une sur la firme pharmaceutique Edelweiss et une autre déclarant la disparition d’une famille entière, les Drasse, lors d’un voyage à Cuba. Celle-ci ne semble pas être engagée dans un bras de fer avec l’O.D.D.

  • Hé bien, à moi de jouer ! déclare Visant. Je vais chercher pourquoi il nous envoie cet article sur Edelweiss.
  • Et moi, je me charge de Monsieur et Madame Drasse, ajoute Yohann.

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