3 - Apprentissage

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  Les semaines passèrent, lentement. L'automne avançait, rendant les brumes matinales glaciales. La bruine semblait sans fin, alors que l'humidité était pire que jamais. Les marécages aux alentours n'en étaient que plus vivants et angoissants. Pour un non initié, se balader aux alentours de Gensou à cette période était purement et simplement suicidaire. Même les shinobis prenaient des risques s'ils s'aventuraient hors des chemins les plus sûrs.

  La grisaille n'affectait pas l'aspirant aux cheveux bleus qui s'entraînait inlassablement, persuadé que la discipline le mènerait aussi loin qu'il en aurait besoin, comblant son manque de talent imaginaire. Ses connaissances en matière de genjutsu étaient devenues très vastes, ses multiples allers-retours à la bibliothèque lui ayant donné toutes les bases théoriques.

  Son contrôle du Chakra s'était beaucoup affiné, malgré ses maigres réserves. L'acharnement dont il faisait preuve sur les fondamentaux avait tout de même un prix : des semaines de travail sans augmentation notable de sa force en combat réel. C'était précisément sur ce point que voulait intervenir ses deux parents, enfin revenus de mission et miraculeusement réunis. Cela ne durerait pas et ils le savaient.

  Les Jounins étaient les soldats d'élite du Village. Ils composaient les troupes expérimentées, envoyées seulement dans les pires endroits et face aux pires ennemis. Ils dirigeaient les équipes à la place des Chuunin, alors sous leurs ordres. Peu nombreux et très puissants, ils étaient rarement disponibles. Seuls trois postes étaient au dessus du grade de Jounin. Le Kounin, qui était l'équivalent du général. L'Anbu qui représentait la police des polices et les forces spéciales. Contre-espionnage, poursuite des ninjas renégats, protection du Kage, toutes ces missions étaient de leur ressort. Puis venait le Kage, le chef des ninjas, choisi à la fois parmi les ninjas les plus forts et les plus sages du Village.

  Takaneiki et Naniki Tsumyo étaient tous deux Jounins et fiers représentants de Gensou. Absorbés sans mal par les forces militaires qui dominaient cette partie du Yuukan, leur affinité Suiton et leurs talents pour les illusions s'inscrivaient à merveille dans ce contexte. On les aurait même cru natifs de Gensou. Ces mêmes combattants chevronnés regardaient avec attention leur petit, marchant sur l'eau sous l'une des minuscules cascades enfantée par le gigantesque cours d'eau au centre du village.

  Il s'agissait d'un exercice très difficile pour un Genin, la constance, la qualité et la finesse de la maîtrise nécessaires étaient autant d'éléments qui justifiaient qu'il était plutôt destiné aux aspirants que l'on pensait capables d'atteindre le grade d'au-dessus, avec beaucoup plus d'expérience.

  Cependant, l'intérêt qu'avait montré Sarouh pour les illusions ne leur avait pas laissé le choix. Sans fondamentaux solides, ses efforts étaient voués à l'échec. Il était maintenant temps qu'il apprenne des compétences utiles en conditions réelles. Bien conscients de l'entraînement exigé par l'exercice, ils étaient bluffés par leur timide et surtout très jeune fiston. La voix chaude et grave de son père lui donna du baume au cœur, alors qu'il le complimentait.

  De taille assez moyenne, des cheveux d'ébènes tirés en chignon et des traits sévères, son apparence dure tranchait avec la tendresse de son caractère. Un long sabre au fourreau couvert de gravures caractéristiques trahissait son appartenance à une branche spécifique des Tsumyo dont l'apprenti avait oublié le nom. On ne parlait que très rarement du massacre ou même des origines du clan à table, et Akira n'osait pas le mentionner quand Naniki était dans les parages. Le vieux bougre n'avait pas un grand respect pour les femmes, mais se calmait avec son mari dans les parages.

  Le paternel rejoignit son fils en marchant sur l'eau et posa sa main sur son épaule. Il constata avec plaisir que son flux de Chakra en demeurait imperturbé, malgré l'émotion qui se lisait dans les yeux émeraudes du jeune garçon. Il s'adressa à lui d'une voix chaude et douce :

— Bien. Tu as passé la première étape nécessaire à tout illusionniste qui se respecte et ceci alors que tu es très jeune. Je suis fier de toi. Cependant, ce n'est que la première étape de cette voie. Je vais t'apprendre ton premier sort de combat lié au genjutsu. Ta mère te donnera la base d'une première compétence de ninjutsu, une fois ton affinité découverte. Mais tout d'abord, as-tu fait tes devoirs ? Quels sont les différents types d'illusion ?

 Le Genin s'épuisait à se maintenir au dessus de l'eau, mais il sentait bien que celfaisait partie du test. Il répondit mécaniquement :

— Le mukei, jibun, nanika, genchi et surtout le haruka. Ils servent respectivement à projeter une image au loin, comme un hologramme, à créer des illusions sur soi, comme le Henge. Le nanika lui, sert à dissimuler des objets et ressemble un peu à un mix entre le mukei et le jibun dans son utilisation. Le genchi sert à...

Le jeune homme perdit momentanément son équilibre et dû reprendre avant de continuer sur sa lancée, comme si de rien n'était !

— À modifier son environnement et ma catégorie préférée : le haruka permet les attaques mentales sur son adversaire !

 Sarouh arborait un grand sourire, malgré les difficultées qu'il éprouvait à se maintenir. Il avait bien potassé le sujet. La façon d'utiliser le Chakra de chacune de ses écoles, les méridiens qu'il fallait toucher en fonction du résultat désiré, les grandes constantes physiques à connaitre pour permettre la dissimulation... Tout cela allait enfin avoir un sens concret à présent ! Ce fut sa mère qui lui posa la question suivante, alors que son énergie continuait lentement de se vider et que ses cheveux trempés de pluie commençaient à lui tomber devant les yeux :

— Pourquoi te spécialiser en genjutsu ? Qu'est-ce qui t'attire le plus dans cet art ?
— Je crois que c'est la manière la plus efficace d'être un bon shinobi. C'est un art qui permet l'espionnage, l'assassinat, l'interrogatoire, la manipulation... Mais ça permet aussi de garder les gens en vie. On est pas obligés de tuer pour arriver à ses fin quand on est un bon illusionniste ! Mais rassurez vous, je pense qu'être vraiment le meilleur consiste àmaitriser toutes les arcanes ninjas et utiliser celle qui est la plus adaptée .

  C'était une bonne réponse. Takaneiki craignait d'y sentir la pression du Village, mais c'était la candeur de son fils qu'elle ressentait. Malgré l'aspect académique, la sincérité du Genin était convainquante. Elle se retint de lui montrer tout son amour. En cet instant précis, ils étaient là en tant qu'instructeurs pas en tant que parents. Son père reprit la parole :

— La véritable leçon commence maintenant. Je suppose que tu as déjà lu une chose ou deux sur les genjutsus de type haruka ? Je vais t'apprendre un jutsu qui consiste à créer une hallucination qui terrifiera tellement ton adversaire qu'elle devrait l'empêcher de se battre. Pour cela, il te faudra être capable d'envoyer et de faire détonner du Chakra dans des zones très précises et avec un timing parfait pour déclencher les effets hallucinogènes...

  Et le cours continua ainsi de longues minutes. Il détailla les mudras à effectuer, les zones et le timing. Les quantités de Chakra devaient rester proportionnelles entre elles au risque de créer un déséquilibre engendrant le même genre de réaction que si la cible utilisait un kai, sort de dissipation, pour se défendre. Concrètement, la moindre erreur libérerait la victime.

  La première étape était simplement de réussir à envoyer du Chakra dans son propre cerveau, afin de "sentir" avec précision les zones de son sort. Il faudrait ensuite commencer à l'utiliser sur un cobaye qui accepterait d'endurer ses tests balbutiants. On en était encore loin. La maîtrise de ce premier jutsu lui permettrait de mettre au point ses propres techniques par la suite. La prochaine fois que son chemin croiserait celui de Masiku, il était sûr de lui faire payer cher son attitude méprisable. Il se demanda rapidement ce que faisait Cacaunoy, avant de se lancer dans un entraînement acharné, qui durerait des semaines avant que ses parents ne repartent en mission de longue durée.

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