13 -Résultats
Sarouh ouvrit les yeux dans la spartiate pièce qui leur servait de dortoir, après un sommeil sans rêve. Son horloge biologique lui indiquait qu'il était un peu en avance sur le soleil. Sa nuit n'avait été qu'une succession de siestes anxieuses et dire qu'il n'avait pas bien récupéré était un euphémisme de première catégorie. Son passage dans l'unité médicale avait été globalement une bonne chose, même s'il avait été séparé de ses amis. Les médecins Chikarates avaient fait un très bon travail, soignant ses jambes et lui prescrivant des assouplissements supplémentaires.
Ils avaient tiqués sur l'état dans lequel le Genin était, comprenant qu'il avait des séquelles n'étant en rien liées à son passage dans l'arène. Le Tsumyo n'avait pas relevé, se faisant houspiller par une kunoichi médecin au caractère bien trempé. Sa participation au tournoi était stupide selon elle. Pendant les soins, elle avait fustigé l'orgueil masculin et les idiots du système shinobi qui laissaient des adolescents s'affronter sans même être en pleine possession de leurs moyens. Sarouh aurait aimé répondre qu'un ninja devait bien apprendre à se battre dans des situations défavorables, mais le regard incendiaire de l'infirmière l'avait dissuadé.
En tout cas, les compétences étaient là et son corps allait bien mieux. Tentant à nouveau de malaxer son Chakra, il se sentait même plus fort. Si Gensou s'était attaché à soigner son esprit, Chikara avait renforcé son corps.
Sans surprise, ces nouvelles expériences avaient nourri son énergie spirituelle. Il la trouvait plus impétueuse et sauvage, le débit plus dense. Il allait devoir passer par une phase de réadaptation avant de récupérer son contrôle exemplaire, mais rien d'insurmontable. Finissant ses exercices, le jeune homme aux cheveux bleus se prépara à aller voir les résultats. Qu'il soit pris ou pas, les combats ne reprendraient que dans l'après-midi. Il avait le temps de voir venir. Le Genin s'habilla donc légérement, d'un tee shirt fin et blanc et d'un pantalon très court bleu, s'arrêtant aux genous. Il se rendit compte de la taille qu'il avait prise, en quelques mois. Ses vêtements seraient bientôt à jeter à ce rythme là.
Sarouh s'équipa de sa fine dague noire, dont il ne se séparait plus, et sorti. Si le désert était brûlant de jour, les nuits hivernales étaient glacées. Cependant, le shinobi était beaucoup plus habitué au froid, même intense, qu'à ce qui l'attendait dans quelques heures. La sécheresse de l'endroit lui piquait la gorge depuis son arrivée. Le soleil allait se lever, ses rayons embrasant le ciel au loin de rose et d'ocre, alors qu'il se dirigeait vers le quartier général de Chikara, centre militaire de la ville. Il ne tremblerait plus bien longtemps.
Les bâtiments de sable et de pierre fascinaient l'aspirant, alors qu'il avançait. Il n'avait pas eu le luxe de faire du tourisme. N'étant pas encore sorti des terres de Gensou, tout avait une nouvelle saveur dans ce désert. Le jeune homme aurait aimé que ce voyage dure pour découvrir tout ce que le monde avait à lui offrir.
Les premiers rayons du soleil frappèrent les demeures, éclairant de suite les grandes rues principales. De torchis, sables et pierres blanches, l'artisanat Chikarate resplendissait sous ses yeux émerveillés. Le tout formait un ensemble étonnament homogène, solide et lumineux. Tout en contraste avec les bois vernis et foncés et les teintures utilisés à la Cascade.
Il arriva le troisième dans la petite enclave dans laquelle les résultats étaient affichés. Auraient dû être affichés, rectifia Sarouh en son for intérieur, voyant les panneaux destinés à cet usage inutilisés. Il en profita pour dévisager les deux autres personnes présentes. L'autre aspirant avait un visage rond et sympathique. Un peu plus âgé et petit que lui, il était large d'épaule, la musculature finement dessinée apparaissait sous ses vêtements cintrés. Un adepte de corps à corps à n'en pas douter. Son bandeau frontal indiquait qu'il venait de Mahou. Il lui adressa un large sourire et le salua de la tête avant d'aller s'assoir un peu plus loin. Il ne semblait pas anxieux du tout.
La seconde personne était une demoiselle blonde, les cheveux coiffés en chignon. Habillé d'un pardessus rouge et d'un pantalon blanc, aucune arme apparente. Le visage fin et triangulaire, la Chikarate faisait les cent pas. Sarouh ne reconnaissait ni l'un ni l'autre, et s'assit en tailleur dans un coin, attendant l'arrivée des autres. Il était persuadé que son équipe passait les qualifications sans problème, mais doutait un peu plus de sa propre performance. Ca valait le coup de le réveiller si tôt. Maudissant une énième fois l'aveugle, le Tsumyo profita de cet instant pour travailler un peu son En.
Son chakra surgissait de manière plus brutale qu'avant et le jeune ninja eu du mal à être de nouveau en phase avec lui. L'exercice de perception par le chakra lui permettrait de vite se ré-acclimater. Après quelques minutes, il sentit ses méridiens s'ajuster, le flux se mit à ronronner, au lieu de se faire tonitruant. Sarouh ne put s'empêcher de sourire, alors qu'il reprennait possession de ses moyens. Il était enfin prêt pour le tournoi. Il put même former une fine bulle autour de lui, chose dont il était incapable avant son départ. Tout concentré qu'il était à son exercice, il ne vit pas Chiraku venir avant qu'il ne tente de poser la main sur son épaule. Déformant le En, le Tusmyo l'identifia immédiatement avec satisfaction.
— Salut l'ami. On s'est inquiétés en ne te voyant pas revenir de l'arène hier soir.
— Désolé Chiraku. J'étais pas encore au top, avec le voyage je me suis un peu effondré en sortant, donc j'ai été privé de permission. Mais je me sens beaucoup mieux maintenant. Ca a été tes qualifs'?
— Mouais. Ca me fait un peu mal que la première épreuve soit sans Chakra avec le mal que je me suis donné à maîtriser mon nouveau jutsu. Mais bon. On est au moins sûrs qu'une d'entre nous est passée. Aucune chance que Cac' n'ait pas pulvérisé ce sale aveugle.
— Toi aussi tu es tombé sur lui. Je me demande comment il faisait. s'interrogea le jeune homme à la chevelure cobalte en se rongeant la peau du pouce.
— Moi aussi. Le secret de leur clan est bien gardé. Même les Mizus n'en savent rien.
— D'ailleurs, tu es arrivé avant Cacaunoy. Tu n'as pas honte, il va neiger dans le désert par ta faute.
— Ta gueule, Tsumyo, râla Chiraku en mettant une petite tape derrière la tête de son camarade.
Il éclata de rire en ouvrant les yeux. D'autres aspirants commençaient à arriver et il lui était impossible de continuer l'exercice en parlant de toute façon. Son comparse affichait un air détendu dans ses vêtements trop larges, les yeux encore endormis. A n'en pas douter, le stress n'était pas en train de le ronger. Tournant la tête vers l'entrée, Sarouh vit la jeune femme qui hantait ses pensées arriver au portique, essouflée. Sans se soucier du panneau d'affichage, la petite tornade leur fonça dessus. Pour l'occasion, elle avait mit un court short noir et un haut blanc dépourvu de manche, sûrement parfait pour l'exercice.
- Comment vous allez ? Comment ça s'est passé avec l'aveugle ?
- Bonjour, Cac, soupira Chiraku, déjà fatigué par son exubérance. On se demandait justement si tu étais tombée sur lui. De mon côté ça va, j'ai pu le toucher. Comparé à Asori, c'était de la rigolade.
- Tu m'étonnes. J'ai réussi à le toucher aussi. Je l'ai même forcé à utiliser du Chakra !
- Techniquement il s'en servait en continu, précisa Sarouh. Il ne se sert pas de ses oreilles, j'en suis presque sûr.
- Ouais, ouais, on a compris. Mais il m'a repoussée d'une lame de vent, c'est ça que je voulais dire. J'ai cru comprendre qu'il n'avait pas été obligé de s'en servir des masses. Et toi Tsumyo ?
- Rien d'aussi glorieux que vous, avoua le Genin,gêné en se passant la main dans les cheveux.
- Je savais que cette épreuve serait dure pour toi... Tu penses être passé?
- Honnêtement, je ne pense pas. Il m'a dit que ma façon de planifier mes combats avait retenu son attention, mais j'ai pas brillé non plus.
- S'il a pris le temps de te le dire, c'est que ça devait lui plaire. Moi c'est tout juste s'il m'a pas reproché d'être trop bourrine...
- On va être fixés. Les résultats arrivent, releva le Mizu
Un homme aux cheveux bruns parcourut l'assemblée au pas de course, planta les résultats sous les regards inquisiteurs des aspirants avant de repartir comme il était venu. L'équipe Gensouarde alla voir sans se presser. Sarouh redoutait les résultats et ses camarades étaient assez sûrs d'eux, ils ne purent donc les consulter qu'à la fin.
— Félicitations ! Nous sommes pris tous les trois ! s'exclama la jolie brune
—Tu vois que ça ne servait à rien de s'inquiéter rajouta Chiraku.
Cacaunoy adressa un grand sourire au Tsumyo qui le laissa pantois. Chaque fois qu'il la voyait, il la trouvait un peu plus belle. Même là, transpirante et un peu essouflée, l'épéiste exercait sur lui une attraction immense. De son côté, elle était simplement heureuse que son ami ait passé une épreuve qui le désavantageait tant. Le Mizu ne put s'empêcher
— Au fait, Cac'. Tu serais pas venue en courant quand même ?
— Et si ! Rien ne vaut une bonne course matinale. Et très tôt le matin, c'est le seul moment acceptable pour faire du sport dans cette fournaise...
Ses coéquipiers étaient d'accord sur le principe, mais ols allaient devoir se battre à nouveau dès la fin de journée, pas besoin de se rajouter des efforts en plus. Chiraku commença à lui expliquer, alors que le Tsumyo fermait les yeux, pour se remettre de ses émotions. Et de sa fatigue qui le rattrapait finalement. Il n'écouta pas la conversation avant que la belle brune ne le reprenne à partie.
—... J'y peux rien si je suis plus endurante que vous. D'ici cette aprèsèmidi je serai remise. D'ailleurs ! Sarouh ! J'ai trouvé ton gage.
Le jeune ne répondit pas, déglutissant devant la lueur malsaine qui s'était embrasé dans son regard et son sourire sadique.
— T'as intérêt à gagner ce soir, reprit-elle. Après tu auras droit à ton gage, faudra être en forme !
— Tu vois l'infirmerie c'était peut être pas si mal, rigola Chiraku en esquivant une petite tape de la part de la brune. Allez, je vous laisse, j'ai quelques corvées à accomplir pour mon clan, avant le repas de ce midi.
— Comment ça ?
— Ils profitent que je sois ici pour me faire rencontrer d'autres grandes familles avec lesquelles les Mizu gardent de bonnes relations. L'enfer. "Les clans importants de chaque Village doivent garder des relations cordiales pour la paix de tous" parait-il...
— Et toi Tsumyo ? On s'entraîne ensemble ?
— J'aurais vraiment aimé, mais comme je le disais à Chiraku, je suis privé de permission, râma Sarouh d'une voix trainante. Mon corps a mal supporté le voyage et l'infirmière m'a menacé si je revenais pas immédiatement après les résultats.
— Je vois.
La jeune femme s'en mordait la lèvre inférieure de frustration, son regard passant de son camarade au sol. Puis l'idée d'aller refaire de l'exercice sur les affleurements rocheux qui bordaient le Village lui permit de sortir de son inconfort. Elle voulait profiter à fond de sa sortie des parfois lugubres marais. L'hiver ici, c'était quand même autre chose.
— Je vais faire de l'escalade alors ! On pourra se regarder lors de nos prochains combats, donc vous avez pas intérêts à me mettre la honte alors que je suis dans les gradins. A ce soir !
Cette dernière phrase semblait n'être que pour Sarouh. Le Mizu n'en pris pas ombrage et parti en les saluant d'une main. Ainsi, le trio se sépara. Sans hâte, le Tsumyo retourna à l'infirmerie. A côté de leurs qualifications figuraient le nom de leur prochain adversaire. Ainsi, l'aspirant allait affronter un dénommé Yassin, de Mahou. Il savait que la simple évocation du village de la Feuille aurait dû l'agacer, étant donné son passif, mais il ne ressentait qu'une étrange curiosité. Ca allait être intéressant. S'il survivait à l'infirmière...
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