18 - Amitié
- Vous avez fait QUOI ? s’écria une voix féminine étouffée par les murs.
L’éclat de voix sortit Sarouh de sa torpeur, alors que midi pointait. Il se sentait vidé d’énergie comme d’émotions. Sédaté, le Genin était enfoncé si profondément dans son lit que le moindre mouvement semblait impossible. Même ouvrir les yeux se révélait bien au-delà de ses forces. Il écouta avec une attention distraite la fin de la dispute.
- Je vous interdis de vous approcher de ce patient une nouvelle fois, Hykao. Désobéissez et ce n’est pas la paix qui sauvera votre cul, claqua la voix une nouvelle fois, acide.
Puis les talons retentirent, signant la fin de la conversation, alors que la dame semblait s’éloigner. Sa porte s’ouvrit peu de temps après, laissant entrer une interne désemparée. Sarouh se dit une seconde que ça ne devait pas être agréable pour elle de travailler dans ces conditions et releva la tête pour lui adresser un faible sourire. La lumière lui brûla les yeux, il avait la sensation de dormir depuis une éternité alors que seulement quelques heures étaient passées depuis son affrontement. Le contrecoup, physique comme psychologique, avait été terrible.
Il réalisa qu’ayant perdu, le tournoi était peut être fini pour lui. Il en ressentit un simple soulagement. Yassin avait juste à perdre et il serait tranquille. Dans le cas contraire, il se retrouverait en situation d’égalité. Sarouh repoussa cette éventualité d’un haussement d’épaules en se redressant. Ces problèmes ne le concerneraient que plus tard. Son souci principal résidait sur les efforts titanesques à fournir simplement pour réussir à boire la décoction que l’interne venait de poser sur sa table de chevet, avant de partir sans demander son reste.
Était-il une source d’ennui ? Sûrement, à force de finir ici, il devait gêner tout le monde. De plus, sa piètre prestation dans l’arène lui vaudrait sûrement des reproches. Buvant à petit gorgée le liquide encore brûlant, il sentit l’épaisseur du brouillard dans lequel il flottait lentement se disperser. Ses pensées reprirent un semblant de cohérence alors que la logique se réveillait d’un rêve embrumé et cotonneux. Devant lui, le fauteuil réservé aux visiteurs était vide. Sarouh aurait payé très cher pour y voir Asori. Une sensation de brûlure résiduelle le prit aux poignets alors que les draps fins et blancs frottaient délicatement dessus.
Il avait été attaché et s’était débattu, conclut-il sans trop de difficulté. Les marques laissaient peu de place au doute. En tant que shinobi il était amené à les voir souvent et de nombreuses petites leçons à l’Académie se faisaient les mains attachées dans le dos. Son cerveau fatigué énuméra mécaniquement les événements qui avaient dû le mener là : crise psychotique après son affrontement, sédation probable, conflit avec une kunoichi médecin et l’aveugle. Il palpa son ventre mais ne sentit qu’une légère gêne. Son corps s’était déjà remis de son petit tour dans l’arène.
Jetant un œil au calendrier accroché sur la porte coulissante de sa chambre, Sarouh comprit finalement que ça ne faisait pas bien longtemps qu’il était là, plusieurs heures tout au plus, alors que le soleil inondait Chikara de son zénith impitoyable. Perdu dans ses pensées, le Gensouard sursauta lorsqu’il entendit toquer à sa porte. Chiraku, pour l’engueuler ? Son cœur rata un battement, lorsqu’il imagina une Cacaunoy guérie rentrer.
Il se trompait. L’inattendu visiteur n’était autre que Yassin Shinmen, son adversaire du premier tour. Couverts d’égratignures légères, il rentra avec un sourire gêné. Après une seconde silencieuse et lourde où Sarouh le scrutait, espérant deviner ce qu’il faisait là, le jeune homme lui offrit la réponse en grattant l’arrière de son crâne.
- Je suis au regret de t’informer qu’on ne passe pas le premier tour. J’ai fait une piètre performance, je suis désolé.
- Pourquoi tu t’excuses ? s’enquit le Tsumyo sincèrement surpris.
- J’ai vu ton combat. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais tu aurais dû le gagner. Je suis désolé de ne pas avoir su t’offrir l’égalité.
Voilà qui était surprenant. Cette déclaration prit totalement Sarouh au dépourvu. Il baissa la tête, ne répondant que dans un murmure honteux.
- Je ne dois ma disqualification qu’à moi-même. Si j’avais été plus fort…
- C’est moi que tu insultes là, fut-il interrompu sans agressivité. Tu n’as pas livré du tout le meilleur de toi-même, n’importe quel œil averti s’en est rendu compte. Et pour être tout à fait honnête, c’est aussi partiellement ta faute si je n’ai pas su gagner mon combat contre lui.
- C’est très gentil, merci, répondit le Tsumyo après un court silence, d'une intonation affichant clairement qu'il n'en pensait pas un mot. Qu’ai-je à voir avec ta défaite?
Les réponses du Gensouard étaient mécaniques et dénuées d’âme, arrachant une moue gênée au chaleureux Yassin. Il ne s’attendait pas à voir son adversaire, souriant et plein de vie devant le panneau d’affichage, aussi abattu par sa défaite plusieurs jours plus tard. Continuant son explication, le ninja des Feuilles s’assit, manifestement très fatigué :
- Je n’ai pas pu regarder son match, j’ai eu du mal à sortir de la transe dans laquelle tu m’as plongée. Très bon coup, d’ailleurs, que je n’ai pas vu venir. J’étais en manque d’informations mais pas lui. J’aurais sûrement pu le battre quand même, sauf que malheureusement, mon passage en enfer m’a rendu légèrement pyrophobe…
- Oh. Je suis sincèrement désolé, répondit Sarouh qui n’avait aucun mal à se mettre à sa place.
- On m’a dit que c’était parce que j’avais déjà ça en moi et que ça allait passer, si ça peut te rassurer.
Yassin laissa passer quelques secondes alors que le regard du Tsumyo s’embrumait à nouveau. Malgré ses compliments, le Genin aux cheveux bleus restait relativement apathique. Il était dans cette pièce mais son esprit fuyait dans une autre dimension. Même après avoir subi les foudres de son horrible genjutsu, le Mahousard n'était pas parti si loin et si longtemps. Est-ce que ça avait un rapport avec les dernières nouvelles ? Il essaya autre chose.
- Ton état aurait-il un rapport avec celui de mon camarade ? Hisoka ?
Sarouh lui lança un regard plein de désespoir, supplique muette de ne pas continuer cette conversation.
- Tu sais quelque chose n'est-ce pas ? On m'a dit qu'il devait son traumatisme crânien à une fille de Gensou. Je suis pas un génie, mais la brune qui était avec toi a passé la sélection et avait un katana. C'est elle qui nous l'a envoyé à l'hôpital.
Ce n'était pas une question. Yassin lisait sur le visage du Tsumyo tout ce qu'il avait besoin de savoir. Malgré cela il ne semblait pas lui en vouloir et sembla même deviner pourquoi le genjutsuka qui l'avait affronté dans l'arène n'était plus que l'ombre de lui-même.
- C'était donc ton amie. Et tu es dans cet état parce que…, Yassin hésita une seconde, avant d'arriver à sa sinistre conclusion. Ils n'ont pas réussi à la ramener ?
- J'en sais rien, lâcha Sarouh, d'une voix lasse. Je n'ai plus de nouvelles depuis hier soir.
- Alors pourquoi cette tête ? Elle est peut-être bientôt sur pieds !
- Qu'est-ce que ça peut te faire ?
La voix du Genin se brisa. Il ne voulait pas penser à ça mais simplement qu’on le laisse dormir, si possible pour toujours. Le jeune brun lui lança un sourire désarmant avant de répondre :
- Je suis curieux de nature ! Tu m’as fait l’effet d’être un bon gars et mon instinct ne me trompe jamais.
- Ca ne te semble pas un peu… Faible comme raison ?
- Mmh… Non !
Sarouh sentait qu’il y avait quelque chose derrière ça, mais il n’avait pas force de lutter contre la bonhomie de Yassin qui semblait fermement décidé à la conserver.
- L’infirmière m’a dit que je pouvais t’emmener, si je ne te surmenais pas. Des ramens, ça te tente ? proposa le Mahousard, imperturbable.
- C’est vrai que j’ai un peu faim, commença à sourire doucement le Genin aux cheveux bleus.
Il s’apercevait seulement que c’était la vérité. Et quelque soit ce que l’invitation cachait, le ninja de la Cascade n’avait pas envie de chercher à la deviner. Il se leva et s’habilla sans s’interroger plus. Son corps était gourd mais aucune douleur ne venait le gêner. Encore une fois la médecine Chikarate s’était montrée redoutable d’efficacité.
Yassin semblait se mouvoir sans peine également. Apparemment, il avait perdu sans subir beaucoup de dégâts dans l’arène. Cela était surprenant malgré sa plausible explication. Le Gensouard était sûr qu’il comprendrait en suivant son camarade de circonstance. Et sortir prendre le soleil lui changerait les idées. Sans échanger plus, ils furent dehors, jouant avec les ombres des dômes Chikarates pour fuir la chaleur. Cela faisait plusieurs jours qu’ils étaient arrivés et le lent processus d’acclimatation avançait. L’air semblait plus respirable, moins aride. Leurs pas les menèrent à une échoppe d’où s’échappait une douce fragrance. Un regard de connivence et un sourire entendu plus tard, les deux adolescents étaient devant un bol fumant aux épices parfumées.
- Tu veux bien me dire ce que tu me veux ? Tu n’as pas l’air d’être concerné plus que ça par le bien être d’Hisoka, interrogea Sarouh entre deux bouchées.
- Et tu m’as suivi quand même en pensant que j’avais une idée derrière la tête, autre que la franche camaraderie la plus pure ? fit Yassin, mimant une expression choquée.
- Bien sûr. Tu as déjà mangé à cet hôpital ? Personnellement, je n’en peux plus. Et ça sera à tes frais bien entendu.
Le Tsumyo se sentait à l’aise avec le Mahousard et s’enhardissait de fait. Celui-ci ne semblait pas s’en émouvoir et plongeait avec enthousiasme dans son repas. Les deux adolescents s’étaient trouvé un point commun. Ayant finalement terminé son bol, Yassin finit par lui répondre.
- Effectivement, je ne me sens pas concerné. Ni par le tournoi, ni par la santé d'Hisoka.
- Voilà qui est surprenant, c'est ton compatriote tout de même, ajouta Sarouh un peu étonné.
- Certes, mais je ne le connais pas. Pas la même promo, jamais échangé la moindre parole. C'est pas pour ça que je t'ai amené.
Yassin s'essuya la bouche, testant la patience bien moindre du shinobi aux cheveux bleus.
- C'est tout simple, reprit-il. Je voulais comprendre comment tu avais fait pour le genjutsu. À quel moment tu as eu le temps de le faire ?
- Je pense pas que ça soit pour ça non plus. N'importe quel sensei saurait te fournir une réponse correcte.
- Si le mien était là, je dis pas. Mais les seuls disponibles de Mahou sont un peu sur les nerfs avec le cas Hisoka. Ça doit être pareil de ton côté.
En réalité, le Tsumyo n’en avait que faire en plus de ne pas en avoir la moindre idée. Son dernier contact avec les autorités Gensouardes était Kezachi, ce foutu aveugle aux corbeaux. Il hocha de la tête sans conviction, jouant avec sa cuillère dans un bol aussi vide que lui.
- Allez, sois sympa. Tu me dis quel est le truc et je te montre un coin chouette. Ça te changera de ta chambre.
- Vendu, capitula étonnamment vite Sarouh. La manière la plus efficace d'infliger un genjutsu c'est le contact. Il faut anticiper un peu côté lanceur, si ton timing n'est pas parfait, ton Chakra disparaît pour rien.
- Donc, réfléchit le Mahousard une seconde, la parade ?
- Exact. Quand tu as pris mon poing, j'avais gagné.
- Et si j'avais fait autre chose ? Demanda Yassin, affichant une expression surprise.
- C'est pas ce qui est arrivé.
Abasourdi, le taijutsuka ne su dire s'il était plus surpris par le détachement total dont faisait preuve Sarouh ou par sa capacité au conditionnement et à la stratégie. Le Genin qui lui faisait face était très doué pour son âge. Jamais il ne voudrait avoir ce type comme adversaire. C'était précisément ce pour quoi il était là.
Il se refit rapidement toutes les dernières passes avec l’illusionniste. Il avait fait exactement ce que le Tsumyo voulait qu'il fasse, à l'endroit et au moment où il voulait qu'il le fasse. C'était terrifiant.
- Ne fais pas cette tête là. C'est plus simple que ce que tu penses.
- J'en doute fort. J'utilise mieux mes poings que ma tête.
- Ça te tuera un jour, remarqua Sarouh d'une voix atone. Alors, ce coin ?
- T'es dur. Et bien pressé, ajouta le solide gaillard en s'étirant.
- Il y a trop de gens ici, j'ai bien mangé mais je serais mieux au calme. Tu ne penses pas ? Demanda avec candeur le Gensouard en fichant son regard émeraude dans le sien.
Il n'avait aucun filtre, laissait ses pensées sortir telles quelles. Yassin trouvait cela rafraîchissant, cet aspect brut mais sincère qu'affichait le jeune adolescent. Il se demanda une seconde s'il était toujours comme ça ou si c'était un effet à retardement des tranquillisants.
Quoi qu'il en était, le shinobi capitula complètement. Il paya avant de lui demander de le suivre d'un geste de la main. Serpentant entre les passants et jouant avec les ombres, les deux étrangers se frayèrent un chemin vers l'ouest de Chikara. Au pied de la montagne, Yassin se tourna vers Sarouh, un air satisfait évident dessiné sur son visage rond.
- Il y a deux moyens d'aller là-haut. L'escalade et une espèce de long sentier sinueux et traître.
- Tu n'étais pas supposé me ménager ? ironisa le Gensouard.
- Plus depuis que je sais combien tu coûtes en restaurant.
- Connais ton ennemi, lui renvoya le Tsumyo avec un large sourire.
L'illusionniste se perdit un dixième de seconde dans le souvenir d'une Cacaunoy en plein entraînement qui déclarait vouloir escalader. Était-ce de cet endroit qu'elle parlait ? Cette simple pensée suffisait à le motiver à gravir cet amas rocheux escarpé. Le soleil brûlant leur déconseillait de se mesurer à lui, mais il était tombé sur plus fortes têtes que lui.
D'un regard de défi, le Genin aux cheveux bleus s'attaqua au fier promontoire qui déchirait la ligne d'horizon. Il fut rapidement dépassé par le Mahousard, malgré l'éclat étincelant de ses poids d'entraînement scandaleusement lourds.
Ils progressèrent implacablement malgré l'impitoyable chaleur qui tentait inlassablement de les décourager de leur but. Leurs muscles roulaient sans peine sous l’effort, trahissant leurs aptitudes martiales surdéveloppées et leurs incroyables aptitudes physiques.
Ils arrivèrent finalement au sommet avec un faible temps d’écart, l’air chaud faisant onduler le paysage qui se profilait sous leurs yeux ébahis. Ils dominaient sans mal le désert impitoyable qui s’étalait en une mer sans fin de sable partout autour d’eux. De l’autre côté de Chikara, la montagne jumelle de celle qu’il venait de gravir semblait les toiser. D’aussi haut, ils voyaient sans mal l’architecture efficace mais tout en délicatesse du Village caché, tout en courbe malgré ses artères rectilignes. Certains quartiers sortaient un peu du lot, par le type de pierre utilisé ou le changement brutal de géométrie. L’ensemble formait un ensemble organique harmonieux sculpté avec génie. Sarouh était subjugué, tant qu’il ne sursauta même pas lorsque Yassin lui chuchota que la nuit, c’était encore mieux.
- Je veux bien te croire. Ca valait largement le coup de te rappeler les bases en genjutsu.
- C’était si évident que ça ? demanda le musculeux Genin, l’air gêné.
- Plutôt oui.
Ils durent se protéger rapidement du soleil, descendant un peu pour trouver une crevasse qui les protégeait des rayons ardents, les jambes pendantes dans le vide et un sourire rêveur plaqué au visage. Transpirant et fatigué par l’effort, le tableau qui se peignait devant eux leur fit momentanément oublier les rigueurs de la vie. Le Mahousard mit fin à l’enchantement
- Tu es au courant ? Demain, une délégation de Gensou arrive pour récupérer ton amie et les perdants.
- Je l’ignorais. Je pourrai retourner chez moi, soupira le genin.
Au fond, il ne savait pas s’il en était content ou pas. Il n’avait plus l’énergie de se poser la question. Il espérait qu’Asori ne serait pas trop déçue. Ses parents seraient simplement heureux de le revoir. Aussi loin que Sarouh cherchait dans sa mémoire, il ne se souvenait pas avoir vu de la déception dans leur regard. Quand ils étaient là.
- Je suis heureux de t’avoir rencontré en tout cas. Je pensais les Gensouards différents.
- Vraiment ? Je n'avais pas d’avis vous concernant. Mon grand père vous déteste, ça me fait une bonne raison de vous apprécier.
- Comment ça ?
- C’est un vieil aigri. Mais il est difficile à blâmer, notre clan a été détruit par les Mahousards pendant l’Armistice. Et lui est encore là pour s’en souvenir. Ca doit être dur.
- Mais… ?
Le ninja de la Feuille sembla en difficulté pour finir son idée. Se mordant le pouce pour étayer sa pensée, celui de la Cascade vint la compléter pour lui.
- L’Armistice n’était pas la paix. C’est une période un peu trouble et des clans de Villages mineurs ou nomades, comme le mien, il doit y en avoir des dizaines.
- C’est horrible, souffla Yassin. Et tu n’en veux pas pour autant aux Mahousards ?
- J’ai oublié. J’avais trois ans. Souvent je cauchemarde, mais c’est tout ce que ça m’a laissé. Est-ce que je pourrais garantir que Gensou n’en a pas fait autant ?
- Tu es sage. Trop pour ton âge je pense, soupira Yassin.
- Pas eu le choix, se força à sourire en réponse le Tsumyo.
En réalité, Sarouh n’avait jamais eu l’occasion de parler de tout ceci. Trouver une oreille attentive en la personne de son adversaire du tournoi, faisant partie du Village responsable était d’une ironie qui ne lui échappa pas. Il haussa les épaules. Tout cela appartenait à l'Histoire. Ils seraient les architectes d’un avenir et d’une paix durable. Les crimes du passé devaient bien être ensevelis, pour avancer. Mourir ou presque, c’est une expérience qui permet de relativiser beaucoup de chose, se dit l’illusionniste avec une teinte de cynisme en son for intérieur.
Le silence s’abattit quelques minutes le temps que le jovial Genin regagne sa composition et ne digère ce que lui avait dit son benjamin. Le sirroco portait un conglomérat d’odeurs de nourritures diverses puis de fer jusqu’à eux. Ils se trouvaient non loin, voire sur une mine.
- Moi aussi je suis content de t'avoir rencontré, finit par briser le silence Sarouh.
- Vraiment ?
- Le restaurant, c'était chouette. Et je suis heureux de m'être fait un nouvel ami. J'espère que tu ne m'oublieras pas.
- Aucune chance. Le prochain coup, si on s'affronte, j'aurais appris la leçon.
Avec un grand sourire plein de candeur, ils se serrèrent la main, scellant un puissant pacte d'amitié. Puis d'un seul homme se mirent à descendre du promontoire rocheux. Toutes les belles choses avaient une fin et le Tsumyo devait retourner à l'hôpital.
Tout le chemin retour se fit dans un silence apaisé. Se souriant parfois, les deux shinobis avaient la sensation de s'être compris. Pour eux deux, le seul événement qui avait eu du sens de leur voyage était cet aparté sur la montagne. Et personne ne pourrait leur retirer.
Au moment des adieux, Yassin empoigna par surprise l'illusionniste :
- Quoi qu'il arrive, ne change pas. Il faudrait plus de gens comme toi. On se reverra.
- Sûrement, le monde est petit, répondit Sarouh en lui rendant son étreinte, Ne deviens pas encore plus naïf, tu ne t’en remettrais pas.
- Tu ne pouvais pas t’empêcher de ruiner le moment, n’est-ce pas ?
- Mmh… Non !
Fier de son effet, le Tsumyo rejoignit sa chambre. Dès qu’il fut à l’ombre et au frais, une douce fatigue s’empara de lui. Il aurait tout le temps de se sentir concerné par le monde demain. Après une douche sommaire, le shinobi prit son traitement et s’endormit rapidement d’un sommeil sans rêve.
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