19 - Distraction

15 minutes de lecture

  Les jambes pendantes dans le vide, Sarouh paressait rêveusement sur le promontoire qu'il avait fait sien. Le froid nocturne ne le dérangeait en rien. Il remit une mèche trop longue en place d'un geste de la tête, contemplant Chikara en contrebas. Le soleil allait se lever face à lui, embrasant impitoyablement l'horizon. Après une nuit confuse, Il était venu voir ce spectacle qui le fascinait avant son départ. Avec un petit sourire triste, l'aspirant imagina pouvoir arrêter le temps dans une aube éternelle qu'il pourrait savourer à l'infini, loin des autres et des ses tracas. C'était peut être la dernière fois, alors il en profitait.

  Dans quelques minutes, il lui faudrait rejoindre le point de rendez-vous afin de rentrer avec la diligence Gensouarde. Il serait entouré d'une partie des examinateurs et de quelques Chuunins supplémentaires dépêchés pour l'occasion. En effet, contrairement au voyage aller, cette fois des civils rentraient également chez eux. Sarouh ainsi que les autres Genins auraient pour mission de les protéger et de fuir avec eux, en cas de problème avec leur première ligne de défense. Cela lui semblait assez difficile à imaginer mais il subsistait assez de créatures mortelles dans le Yuukan pour qu'une escouade ninja perde la vie. Cela s'était déjà produit.

  Mais ce n'était pas ce qui faisait peur au Genin. Triturant sa tignasse cobalte, malgré les anxiolytiques absorbés, il ressentait une forme d'angoisse. Dans l'une des caravanes de l'escorte se trouverait Cacaunoy. La jolie brune et son démon, probablement confiné par d'excessives mesures de sécurité. Sarouh ne savait plus s'il craignait plus de voir la Banshee que de se retrouver face à la jeune femme. Qu'est-ce qu'il pourrait bien lui dire ? Il avait fui sa chambre en hurlant et ne l'avait pas revu depuis. Comment lui admettre que sa simple existence le terrifiait ? Il n'arrivait plus en son for intérieur à faire la différence entre son amie et le monstre qu'elle habitait. Sa propre faiblesse le dégoûtait. Parfaitement conscient que c'était exactement la pire réaction possible pour sa camarade mais incapable de faire autrement, il enfonça sa tête dans ses genoux, démuni face à ses émotions. La réalité n'avait pas mis beaucoup de temps à le rattraper. Il balaya ses larmes et ses rêves d'Éternel d'un revers de son avant-bras puis s'élança.

  Il traversa Chikara comme s'il y avait toujours vécu, fonçant comme pour échapper à ses enfers. En un rien de temps, il fut au point de rassemblement. L'ambiance était maussade. Les civils mal réveillés se plaignaient, tandis que les mines déconfites des perdants n'égayaient en rien la situation. Les examinateurs déjà exaspérés par la situation voulaient simplement en finir et le ralentissement imposé par les sommités à escorter générait une frustration dont ils se passeraient bien. Sarouh ne leur jeta pas un regard.

  Seuls les Chuunins arrivés exprès pour l'occasion conservaient leur bonne humeur. Deux équipes distinctes mais habituées à travailler ensemble, se dit naturellement le Tsumyo. Les six éléments d'une vingtaine d'années étaient disposés en cercle, riant aux blagues les uns des autres. Ils étaient manifestement décidés à ne pas se laisser abattre et en avaient vu d'autres. En tout, c'est plus de vingt aspirants chaperonnés par une dizaine de soldats expérimentés qui étaient sur le départ. Une force armée conséquente. Comme ils resteraient sur des sentiers sûrs, une telle escouade ne risquait rien. Les dignitaires civils s'empressaient de monter dans leurs caravanes, tractées par des chevaux pour pouvoir y finir leur nuit. Ils ralentiraient considérablement la première partie du trajet, se dit le Genin, frustré. Cela voulait nécessairement un voyage plus long en compagnie du démon parasitique. Rentrer en marche commando, à l'image du trajet aller, lui aurait bien mieux convenu. Il retint un juron et détailla davantage l'escadron de Chuunins.

  Deux femmes pour quatre hommes, le groupe était assez homogène. Pourtant, l'une d'entre elle attira inexorablement le regard de l'adolescent. Un sourire taquin aux lèvres, les cheveux verts dressés en piques, maintenu par le bandeau de son village, ses yeux bleus clairs semblaient refléter le toit du monde, leur donnant une profondeur limpide surprenante. En tenue de combat noire, on voyait sans peine les saïs dont elle était équipée. Sarouh comprit immédiatement qu'elle devait être une redoutable prédatrice. Leurs regards se croisèrent un instant, l'instinct félin aiguisé de la jeune femme sentant qu'on l'observait. L'aspirant maintînt le contact avant de sentir ses joues s'embraser. Lorsqu'il comprit qu'il la dévisageait avec intensité, il détourna la tête, refusant la réponse à la question muette qu'elle lui posait. Probablement habituée, elle retourna à sa conversation sans montrer le moindre signe de gêne. Elle lui avait rendu son regard avec une curiosité naïve et sincère, sans se départir de son sourire joueur. Quelque chose dans son attitude attirait le Genin avec une intensité qu'il ne comprenait pas.

  Troublé, il fuit vers l'arrière du convoi en attendant les ordres de départ. Ils vinrent rapidement, aboyé par un Juunin fatigué. Sarouh porta instinctivement la main vers Aura pour se calmer. L'illusionniste avait été tant perturbé qu'il n'avait pas localisé précisément Cacaunoy. Il n'avait pas non plus aperçu la blonde responsable de la mise sous scellé de la Banshee. Il se mordilla le pouce, essayant de comprendre alors qu'ils étaient organisés par petit groupes d'aspirants autour des caravanes, encadré par deux Chuunins. Le convoi se mit en marche, alors que les shinobis se regroupaient au fur et à mesure de l’avancée de chaque caravane pour respecter la formation.

  Chiraku n'était pas là. Ainsi il n'avait pas perdu son match de quart de finale. Sarouh n'était pas vraiment surpris. Le Mizu était doté d'un potentiel gigantesque. Aussi doué pour l'improvisation que pour la planification, ses prédispositions génétiques et son talent pour le Ninjutsu le destinait à devenir le ninja le plus redoutable de l'équipe d'Asori. Qu'il aille aussi loin dans la compétition en étant si fraîchement sorti de l'Académie était un signe manifeste de son génie. Il avait continué à progresser au cours de la compétition. L'illusionniste de son côté n'aurait jamais passé le match suivant, de toute façon. Quant à Cacaunoy, même si elle aurait battu sans mal tous les adversaires de Sarouh, force était de constater qu'Hisoka aurait normalement mis fin à son parcours. Celui-ci l'aurait peut-être même remporté l'événement. Un frisson parcourut le jeune homme alors qu'il revivait le déploiement malsain de l'aura écarlate dans l'arène. A ce moment-là, il était redevenu un petit garçon apeuré. Il avait détesté ça.

  • Tu es un peu jeune pour elle, tu sais ?

  Sarouh sursauta, alors qu'il localisait la source de la voix. Il reconnut à sa froie l'un des Chuunins du petit groupe qu'il avait observé plus tôt. Blond, les yeux verts clairs, les cheveux en catogan et le sourire prolongé d'une balafre qui s'étalait jusqu'à l'oreille, il lui adressait un grand sourire moqueur. C’était l’un des deux encadrants.

  Le Tsumyo détourna le regard, gêné par la situation. Il voulut nier mais su que c'était inutile. Après tout il n'avait pas exactement fait preuve de discrétion, même s’il ignorait pourquoi.

  • Iru' est difficile. Elle n’est sortie avec aucun d'entre nous pour tout te dire. Mais je comprends qu'elle t'ait captivé, tu n'es pas le seul, continua son aîné, ignorant qu'il voulait présentement disparaître de la surface de la terre
  • Pourquoi vous me parlez de tout ça ? Lâcha Sarouh, exaspéré.
  • Pour faire la conversation ! Il n'y a personne de ton âge qui t'intéresserait ? Le voyage retour va être long, autant qu'on soit potes.

  La familiarité du soldat déstabilisait le Genin, ce qui amusait beaucoup le blond qui l'avait choisi pour cible. Le visage sculpté de la brune s'imposa à lui, le marron intense de ses yeux fichés dans les siens et un de ses rares sourires dessiné dans le seul but de le perturber. Sans s'en rendre compte, il secoua la tête pour chasser l'image, provoquant l'hilarité de son perspicace collègue.

  • Je savais bien qu'il y avait quelqu'un. Je suis Hitaro. Je peux savoir quel est ton nom ?
  • Tsumyo Sarouh. Par hasard tu ne saurais pas où est Marwais Cacaunoy ?
  • C'est ton amie ? Pourquoi je saurais une chose pareille ? Oh, comprit soudain le Chuunin en marquant un temps de pause. C'est elle.

  La tristesse envahit à nouveau le shinobi aux cheveux bleus alors que le visage jovial de son ami de circonstance se décomposait. Sa réaction en disait long. Le cerveau du Tsumyo se perdit en conjectures rapides. Il avait été briefé et la situation n'était pas bonne. Alors que les hypothèses se multipliaient devant lui, Hitaro brisa le silence pesant qui venait de s'installer, son sourire de nouveau en place.

  • Tu ne peux pas en chercher des plus accessibles ? Ou alors c'est justement ça qui te plaît ? Cela expliquerait beaucoup de choses.
  • Donc tu sais qui elle est. Et où elle est.
  • Interdiction de le révéler. Son cas sera géré à Gensou, ne t'en fais pas.

  Alors qu'ils marchaient, Sarouh déploya son En avec toute l'intensité dont il était capable. Il la trouverait. Sans s'en rendre compte, il avait élargi son aura de plusieurs mètres par son travail acharné et l’intensité de sa détresse. Elle pénétra sans mal la caravane adjacente. Cacaunoy n'y était pas. Une tape derrière la tête le ramena à son corps brutalement.

  • Tu me fais quoi là ? demanda son comparse blond, sans montrer signe d’agacement
  • Je cherche.
  • Et qu'est-ce que tu penses bien pouvoir faire si d’aventures tu la trouvais ?
  • Je…

  Sarouh s'arrêta en se rendant compte qu'il l'ignorait. Le simple fait qu'Hitaro l'évoque avait réveillé en lui un formidable sentiment d'urgence. Mais la situation n'avait pas changé. Il jeta un regard désespéré au Chuunin. Il fallait qu'il la voit. Il était terrifié à cette idée.

  • Écoute Sarouh. Je ne sais pas ce qui a pu se passer. On m'a informé de l'essentiel pour notre mission. A savoir vous ramener à Gensou et permettre aux civils de sortir du désert. Mais une chose est sûre : il vaut mieux la revoir après. Ne gâche pas tout par empressement. Tu ne supporterais pas un autre trauma.
  • Un autre ?
  • Je ne suis pas si bête.

  Le regard de son aîné le transperçait. D’autres Genins s’étaient installés à côté d’eux, ratant la première partie de leur échange. Sarouh n’en reconnut aucun. Le sourire d’Hitaro s’élargit encore un peu.

  • Tu vas pouvoir penser à autre chose.

  D’un geste du menton, il lui pointa la jeune femme qui fermait nonchalament la marche, une dizaine de mètre derrière eux, mains croisées derrière la tête. Le Tsumyo se surprit une nouvelle fois à se laisser aller à l’observation. Il détailla son visage fin, après s’être perdu un instant dans le bleu de ses yeux, il décela un grain de beauté à sa tempe droite. Son regard glissa sur elle, hypnotisé par sa musculature gracieuse mise en valeur par sa tenue noire. Son inspection n’avait duré qu’une seconde mais lui avait semblé durer bien plus longtemps.

  L’émeraude rencontra finalement le bleu ciel. La Chuunin garda encore une fois le contact visuel, par défi autant que par curiosité. Sarouh s’empourpra à nouveau, provoquant l’hilarité d’Hitaro. Ravi de sa diversion, il enfonça le clou.

  • Iru’ ! On échange ? Je sais combien tu détestes fermer la marche.

  La lueur interrogative qui apparut dans ses yeux montrait bien que ce n’était pas vrai. Sans changer de posture elle accéléra pour venir jusqu’à eux, alors que son camarade faisait volte face pour la rejoindre. A mi-chemin, ils s’arrêtèrent alors qu’Hitaro lui chuchotait quelque chose à l’oreille. Le visage de la kunoichi resta impassible, son sourire intact. Puis la jeune femme rejoignit Sarouh, qui trouva le sol sablonneux tout d’un coup fascinant.

  • Yo. Impressionnant, pour un Genin. Je te parle du En, continue-t-elle en voyant l'incompréhension se peindre sur le visage de son interlocuteur.
  • C'est Hitaro qui te l'a dit ?
  • Non. Je l'ai sentie de là-bas. Si un jour tu veux t'en servir à plus grande échelle, ce que tu as visiblement le potentiel de faire, il va falloir apprendre à masquer mieux que ça ton aura. Comment as-tu appris à faire ça ?
  • Tout seul avec mes bouquins.

  Maintenant qu'elle était proche et lui parlait, il se sentait incroyablement intimidé. Sa voix claire et douce tout comme son odeur subtilement mentholée hypnotisaient le jeune garçon. Malgré ça, il ne pouvait s'empêcher de se demander ce que les deux Chuunins avaient pu se dire. Mais il n'arrivait pas à rester sur la défensive face à la jeune femme et il se sentit encore rougir.

  • Je m'appelle Irumi. C'est quoi ton petit nom ?
  • Sarouh Tsumyo.
  • Ça me dit quelque chose fit pensivement la jeune femme.
  • Petite famille d'un Village étranger. Nous sommes arrivés il y a une dizaine d'années. Tu as peut-être servie sous les ordres de mes parents, tous deux Juunins
  • Non. Je m'en souviendrais. Mais je crois que votre arrivée avait fait pas mal de bruits à l'époque. Pas trop dure l'Académie ? Les enfants peuvent être cruels.
  • Je suis resté longtemps seul. J'ai réussi à ne pas faire trop de vagues. Et je suis devenu Genin il y a peu. Mes parents sont fiers de moi et mon équipe est super.
  • Bravo. J'admire ta détermination. Tu seras un bon élément j'en suis sûre. J'ai hâte qu'on travaille ensemble.
  • Pourquoi donc ?
  • J'ai un sixième sens pour reconnaître les gens prometteurs. Tu as quelque chose dans le regard qui me plaît et je suis prête à mettre une pièce dessus. Comment tu t'es débrouillé au tournoi ?

  Sarouh lui raconta sa performance sans rentrer dans les détails. Plus il parlait et plus il se sentait à l'aise. Sans s’en rendre compte, il cessa même de regarder le sol pour lui adresser convenablement la parole. Irumi le relançait doucement sur Chikara, le climat, son intérêt pour le sabre qu'elle voyait pendre à sa ceinture… Les heures commencèrent à défiler, sans que le Tsumyo ne s'ennuie une minute. Malgré la rigueur du voyage dans le sentier de sable balisé, ils parlèrent sans discontinuer, sans que jamais le nom de ses camarades ne soient énoncés. La kunoichi ne divulguait que peu de choses sur elle, mais elle se satisfaisait de chacune des réponses du Genin. Ses victoires au Village du taijutsu semblaient avoir achevé de convaincre la jeune femme de son potentiel.

  À la pause déjeuner, Irumi ne s'éloigna pas pour rejoindre ses camarades comme Sarouh s'y attendait. À la place, elle resta avec lui pour partager leurs insipides rations militaires. Assis sur un promontoire rocailleux, les groupes restaient les mêmes que pendant le trajet. Une maigre végétation commençait à apparaître dans la steppe sableuse, signe incontestable qu’ils avançaient péniblement vers la périphérie du désert.

  • Tu ne rejoins pas les autres ?
  • Ils peuvent se débrouiller. Et ça les fera parler un peu.
  • De quoi ? Demanda un Sarouh soupçonneux.
  • Ils vont me charrier sur le fait que tu es un peu jeune comme conquête. C’est la rançon de la gloire !

  Le Genin cacha sa gène en détournant le regard alors qu’elle éclatait de rire. Cependant il ne comprenait toujours pas pourquoi elle lui accordait tant d'attentions. Il ne la voyait pas faire du gardiennage pour le plaisir. Irumi sembla deviner où ses pensées s'égaraient.

  • Si je suis là c'est que j'en ai envie. Je m’intéresse à qui je veux. De plus, nous sommes encore proches de Chikara. Nous ne risquons pas grand-chose. Saya est partie en éclaireuse. Même l’heure de notre départ est calibrée pour nous éviter autant que possible les ennuis.

  Sarouh ne s’en satisfaisait pas, mais ses pensées furent balayées par son observation de la Chuunin. Assise, un genou replié sur lequel elle avait posé son repas en équilibre, le Tsumyo se laissa à nouveau captiver par l’énergie insolente qu’il détectait chez elle. Quelque chose dans sa présence était hypnotisant. Il avait déjà vu de belles femmes, mais c’était la première fois qu’il en était à ce point perturbé. Il ne comprenait pas lui-même. Elle semblait sûre d’elle et de ses capacités, indépendante et vivait totalement dans le présent. Le Genin ne la connaissait pas et pourtant il avait l’impression de la comprendre. Son intégration parmi les shinobis n’avait pas dû être facile.

  Irumi lui rendit son regard avec toujours la même intensité et son désarmant sourire en coin. Pour la première fois, il avait l’impression qu’on le voyait vraiment, qu’il n’était pas un simple ectoplasme. Le silence s’installa entre eux. Par défi, ils maintenaient le contact visuel, malgré la timidité de Sarouh. Tout n’était qu’un prétexte au jeu pour elle, comprit-il soudain. Il pouvait être lui-même parce que ça n’avait pas d’importance. Un sourire se dessina sur ses lèvres, la même expression narquoise que celle qu’il lui arrivait d’avoir en combat parfois. Les autres Genins discutaient entre eux en leur lançant des regards furtifs de temps à autre, mais ils s'en fichaient. Ils ne les entendaient pas. La lumière dans le regard d'Irumi devint une flamme. C'est elle qui brisa cet étrange moment de connivence.

  • Dis moi, tu sais pourquoi tu n'aurais aucune chance contre moi ?
  • Parce que tu es Chuunin, répondit mécaniquement Sarouh. La différence de niveau entre nous est colossale.
  • Faux. Parce que tu m'as déjà donné toutes tes capacités et tu ignores tout des miennes. Même si tu te sens bien avec des gens, tu devrais perdre cette habitude. Je dis ça pour ton bien.
  • Je peux au moins gagner au duel de regard, détourna le Genin, bien conscient qu'il aurait dû faire preuve de plus de retenue. Je m’en contenterais.
  • Absolument pas. Les adolescents sont si fragiles. Admire.

  Sans le quitter des yeux, Irumi se mit à quatre pattes et s'avança jusqu'à lui, lentement. Sarouh comprit où elle voulait en venir que trop tard. Lorsque son visage ne fut plus qu'à quelques centimètres du sien, c'en fut trop pour lui et il détourna la tête, rouge cramoisi.

  • J'ai gagné. Quel dommage.

  Elle semblait vraiment déçue de ne pas avoir pu l'embêter plus avant, mais son sourire demeurait intact.

  • Ma victoire est totale !
  • Tu es consciente que tout le monde nous regarde ?
  • Faible prix à payer.

  Son repas fini, elle se releva d'une poussée des bras. Elle envoya un clin d'œil avant de s'étirer tout en longueur, sans quitter Sarouh des yeux, s'amusant de son trouble.

  • Dis, ta spécialité c'est le genjutsu ? Tu dois bien avoir une jolie chose ou deux à me montrer ?
  • Pas vraiment. La seule chose que j'ai apprise n'est pas calibrée pour ça, répondit-il d’une voix peinée. Attends, j'ai une idée !

  Le Genin réfléchissait à toute vitesse. Au fond de lui il se refusait de décevoir l'intérêt que lui portait Irumi. En théorie, il se rendit compte qu'il devait être capable de faire quelque chose qui conviendrait. Il tendit la main vers la kunoichi, qui lui donna la sienne, l'air amusé.

  Méticuleusement, il envoya son chakra pour la priver de la vue, de l'audition et de la mémoire à court terme, comme il le faisait lorsqu'il envoyait quelqu'un en Enfer. Puis le toucher, l'odorat et la proprioception suivirent. Mais au lieu de stimuler la peur et la souffrance, il tenta autre chose.

  Une dizaine de secondes passèrent avant que le sujet de son expérience ne rouvre les yeux, les pupilles écarquillées et les joues rosies.

  • Alors ? C'était comment ?
  • Incroyable et magnifique, souffla-t-elle Je te remercie pour ça. Dommage que tu n'aies pas pu en profiter. C'est pour ça que je préfère le non mental. Regarde.

  Dans sa main se forma une cascade miniature qui débouchait sur un jardin tropical paradisiaque. Un monde merveilleux et riches en couleurs se peignait au rythme de l'imagination de la kunoichi. Elle finit son oeuvre par un arc-en-ciel. Puis tout disparut. Elle reprit en lui adressant un sourire satisfait :

  • Mais c'est vrai que tu fais aussi profiter de sensations très agréables. J'imagine aisément comment tu t'en servais à la base.
  • Merci pour le spectacle également.
  • Je t'apprends ? Si tu arrives à me dessiner un message entre maintenant et demain soir, c'est toi qui gagne. Sinon c'est moi.

  Elle n'eut pas besoin de sa réponse. Les yeux émeraudes du jeune Genin venaient de s'illuminer. Irumi se lança dans la théorie liée au mukai, catégorie d'illusions liée à la projection. À son ton expert, Sarouh comprit qu'elle dominait largement le sujet. Il nota mentalement l'information et se concentra sur le contenu du cours. Cet aspect du genjutsu n'avait pas beaucoup de points communs avec l'attaque mentale qu'il avait mise au point, par contre il rejoignait un plusieurs points l'art de la dissimulation qu'il avait commencé à apprendre. Il se focalisa sur les caractéristiques communes pour essayer de comprendre en quoi c'était différent, avant d'essayer d'écrire Irumi dans les airs. Il ne se produisit rien. Il en fallait plus pour décourager le Genin

  • Il m'a fallu une bonne semaine pour faire effectivement apparaître quelque chose de valable. On pourrait croire que maîtriser les clones inconsistants suffirait, mais c'est loin d'être le cas.
  • Une semaine ? Pourquoi je n'ai que jusqu'à demain alors ?
  • Tu n'aimes pas les challenges ? Je pensais qu'on se ressemblait sur ce point. D'accord, j'ai compris, ajouta la Chuunin devant son air boudeur, si tu y arrives je te récompenserai.

  Elle lui adressa un nouveau clin d'œil pour lui signifier qu'il n'en saurait pas plus. Autour d'eux, les gens commençaient de nouveau à s'agiter. Le trajet allait reprendre.

  • Nous allons changer de formation sur le prochain segment du trajet, je vais m'entretenir avec les responsables. Ne me déçois pas.

  Sarouh la regarda s'éloigner mains dans derrière la nuque, tout en malaxant son Chakra. Il y arriverait.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire dtnoftheworld ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0