11 - Hiloy : Je n'ai pas vraiment le choix pour le coup

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Hiloy sauta sur l'occasion :

-C'est vrai, ça. Il peut se sentir provoqué par quelque chose que dira ou fera Elférad et on aura aucun moyen de l'empêcher, si on ne sait pas ce qui peut le mettre en colère.

Ce fut au tour de Falibi d'en remettre une couche :

-C'est clair que ça n'arrangerait pas vos affaires non plus, s'il s'en prenait à nouveau à quelqu'un de la classe. Le principal va en avoir marre.

Matharia leva les bras :

-C'est bon. J'ai compris. On arrête.

Elle posa ses mains à plat sur la table, reprit une profonde inspiration et menaça :

-Si jamais ce que je vais vous dire s'étend en dehors de ce cercle, je vous jure que vous ne finirez pas l'année. Et ce, peu importe votre statut.

Matharia posa un regard insistant sur Hiloy qui dit doucement :

-On ne dira que l'essentiel à Elférad, promis.

Les deux autres hochèrent gravement la tête et la fille reprit :

-Le frère d'Indilk, son frère aîné, était là l'année dernière, en première année. Il est mort, assassiné. Indilk cherche l'assassin. Hors, on nous a apporté des preuves comme quoi, c'est le frère aîné d'Elférad qui l'aurait tué.

Rafirin interrogea Falibi à voix basse :

-Il a un frère aîné ?

La jeune fille lui répondit :

-Il est mort aussi.

Dans le même temps, Hiloy demandait :

-Quel genre de preuve ?

-Des documents. Une lettre du clan Juéllit au frère d'Elférad demandant à ce qu'il exécute celui d'Indilk.

Falibi fit remarquer :

-Mais qui ferait ce genre de document ?

Matharia répondit sans hésiter :

-Un espion qui veut une garantie.

Il y eut un blanc, puis Hiloy répéta :

-Un espion ?

Matharia confirma, mais Falibi chercha encore confirmation :

-Le frère d'Elférad était un espion ?

Voyant qu'ils avaient du mal à être convaincus, Matharia ajouta :

-Indilk m'a dit qu'Elférad rechignait à parler de son frère. Vous ne croyez pas que c'est lié au fait qu'il fut un espion ?

Hiloy répliqua :

-C'est peut-être un faux.

Matharia para avec :

-Il y a le sceau du clan. C'est impossible à reproduire.

Rafirin glissa doucement :

-Rien n'est impossible à reproduire.

La jeune fille haussa un sourcil. Falibi empêcha la discussion de déraper en disant :

-Donc, c'est à cause de ça que Indilk a attaqué Elférad ? Mais, il n'a rien fait lui.

Matharia eut un rire glacé :

-Tu crois que tu ferais la différence si c'était ton frère ? Vous n'avez rien d'autre à me demander ?

Hiloy réfléchit, jeta un regard à ses amis, puis répondit :

-Non, je crois que c'est bon.

-Dans ce cas.

Elle les salua, reprit ses affaires et quitta la table. Quand l'héritière d'argent fut hors de vue, Rafirin reprit la parole :

-Alors ? On va voir qui maintenant ?

Hiloy se leva :

-Gzadien, je pense. Il faut que l'on sache si cette histoire d'assassinat est vrai. Une fois tiré ça au clair, on trouvera peut-être un moyen d'apaiser Indilk.

Falibi se leva à son tour :

-Et ça, les amis, c'est ce que j'appellerais faire un grand pas en avant.

Rafirin les imita :

-OK. On le trouve où, Gzadien ?

Hiloy n'en avait pas la moindre idée et Falibi se décomposa :

-Pourquoi faut-il toujours que tu ne vois que le négatif ?

Le garçon s'excusa :

-Désolé. La question m'avait paru essentielle.

La Cinquième se rassit, découragée :

-On va encore devoir traîner dans tous les coins ?

Falibi se mit à réfléchir à haute voix :

-Alors, si j'étais un Gzadien, où passerais-je ma journée de repos ?

Hiloy se releva :

-On se refait le parcours habituel ? Dortoir, salle commune, cour, parc, hôpital ?

Ils acquiescèrent.

Ils finirent par le trouver à l'heure du dîner, alors qu'ils avaient abandonné et s'étaient décidés à aller manger. L'adolescent se trouvait dans la grande salle, prêt à repartir. Hiloy abandonna son plateau pour le suivre. Ses amis en firent de même. Gzadien retournait, de toute évidence, vers sa chambre. Seulement, arrivé aux escaliers, il continua de monter sans s'arrêter à son étage. Hiloy jeta un regard interrogateur à ses amis qui ne purent que hausser les épaules. Gzadien les conduisit jusqu'au grenier. Comme il entrait, les trois adolescents restèrent devant la porte.

-Qu'est-ce qu'il fiche là-dedans ?

Nouvelle question qui appela un autre haussement d'épaules en réponse. Hiloy s'avança, mais Rafirin la retint :

-Tu ne vas pas entrer ?

-En fait, si. Quel meilleur endroit pour parler sans attirer l'attention ?

Falibi ouvrait déjà la porte pour se glisser à l'intérieur :

-Venez.

Dans les couloirs sombres et poussiéreux, ils tentèrent de deviner de quel côté le garçon était parti quand il réapparut au détour d'un couloir. Hiloy le vit ranger rapidement une feuille dans sa poche.

-Qu'est-ce que vous faites là ?

-Nous avons quelques questions. Une, en fait.

Gzadien resta à distance :

-Oui ?

Falibi dit directement :

-On a parlé à la copine d'Indilk et on se demandait si c'était vrai que le frère d'Elférad avait tué celui d'Indilk l'année dernière, quand ils étaient en première année.

L'héritier d'argent resta sans voix et Rafirin fit un pas en avant en espérant l'encourager :

-On ne veut pas t'apporter d'ennuis. On essaie juste d'arranger les choses entre eux.

Gzadien finit par répondre :

-C'est pas possible.

Hiloy s'approcha à hauteur de Rafirin :

-Quoi donc ?

-Le frère d'Elférad n'a pas pu tuer le frère d'Indilk.

Falibi les rejoignit en disant :

-Peut-être, ce n'est qu'une supposition, peut-être que tu n'es pas au courant. Apparemment, Indilk a trouvé une preuve que le frère d'Elférad était un espion.

Gzadien répéta, toujours calmement :

-Et je répète que ce n'est pas possible. Je dois y aller.

Il se dirigea vers la porte, mais ils firent barrage. Hiloy demanda :

-Tu peux nous dire pourquoi ?

-Désolé, mais non. Elférad ne veut pas que cette histoire se propage.

Rafirin jura, répétant ce qu'Hiloy avait dit à Matharia :

-On ne dira rien que le nécessaire à Indilk.

Falibi renchérit :

-Oui. Il ne se contentera pas d'un simple : c'est pas possible.

-Demandez à Elférad alors.

Hiloy grimaça :

-On essaie d'avoir des informations extérieures...

Il la coupa :

-J'ai dit non.

-Pourquoi ?

-Parce qu'ils pourraient nous séparer.

Et Rafirin de lâcher :

-Mais, vous n'êtes pas déjà séparés ?

Si les regards pouvaient tuer, l'adolescent se serait retrouvé raide mort. Hiloy se glissa entre eux, alors que Gzadien faisait un pas vers Rafirin, poings serrés. Elle se tourna vers celui-ci :

-Ça ne nous regarde pas.

Puis, vers l'autre :

-On n'est pas là pour ça. On veut juste une preuve que le frère d'Elférad n'est pour rien dans la mort de celui d'Indilk.

Gzadien se contenta de la contourner et de passer entre Falibi et Rafirin. L'héritière d'argent se tourna vers Hiloy avec un soupçon de panique en le voyant partir :

-On fait quoi ?

Je n'ai pas vraiment le choix pour le coup. La Cinquième répugnait à recourir à cela, mais le garçon ne lui laissait pas vraiment de possibilité :

-J'ai une information grave concernant Elférad.

Gzadien fit volte-face et la sonda du regard pour voir si elle bluffait. Hiloy le rejoignit, en répétant :

-J'ai une information sur Elférad.

L'héritier d'argent se ressaisit au bout d'une minute :

-En quoi ça m'intéresse. On n'est plus ensemble.

Il avait dit cela sèchement en regardant Rafirin. Hiloy savait quoi dire :

-Et pourtant tu me parais bien concerné. Tu refuses de partager une information qui pourrait vous séparer.

L'adolescent se détourna une seconde, bien conscient de son erreur.

-Dis-moi d'abord ce que tu sais.

Hiloy croisa les bras :

-Non. J'ai peur que tu ne sois plus en état de me raconter ce que je veux si je commence.

Gzadien eut un léger sourire :

-Mais rien ne me prouve à moi que tu as vraiment une information sur Elférad.

Falibi glissa :

-Il a pas tort sur ce coup-là.

Rafirin bougonnait :

-Ouais, mais il sait à qui il parle au moins ?

Gzadien prit le parti de lui répondre, au lieu de l'ignorer :

-Je sais à qui je m'adresse. Mais, je me moque bien que ce soit la Cinquième ou la Première. On a juré qu'on en parlerait à personne et je ne vais pas rompre cette promesse pour des queues de cerise.

Falibi tapa du pied :

-Bien dit ! Non mais.

Hiloy se retint de rire et décroisa les bras :

-OK. Je vais commencer.

Gzadien la dévisagea avec impatience. L'adolescente commença doucement :

-Avant tout, sache que la situation est arrangée. Il n'y a pas lieu de paniquer.

Le jeune homme hocha gravement la tête. Hiloy réfléchit à une manière de formuler les choses, mais ne voyait pas vraiment comment adoucir ce genre de nouvelle :

-Elférad a été victime d'un empoisonnement.

Voyant que Gzadien avait arrêté de respirer, l'héritière continua aussitôt :

-Ce n'est rien de grave maintenant il sait comment arrêter le processus et il sait d'où ça vient, donc il va guérir. Il lui faudra du temps.

Hiloy le vit porter instinctivement la main à sa poche, là où il avait glissé la feuille. Un message d'Elférad ? Pourquoi ils ne sont plus ensemble s'ils continuent de communiquer ? Pourquoi ici ? Ça ne te regarde pas. Sur cette dernière pensée, la Cinquième coupa court à son questionnement. Falibi avait fait un pas en avant :

-Ça va ?

Gzadien reprit son souffle comme un noyé qui manquait d'air. Il passa son regard sur les trois amis :

-Il faut que je le vois.

Rafirin intervint :

-D'abord, tu dois nous dire pour son frère.

Comme Hiloy le soupçonnait, il n'était pas en état de discuter et elle se tourna vers Falibi pour murmurer :

-Comment on le calme ?

Gzadien avait le regard perdu. Il se tournait vers la porte, puis revenait sur ses pas. Falibi s'approcha doucement :

-Tu devrais peut-être t'asseoir. Hiloy a dit qu'il était hors de danger, hein ?

Celle-ci confirma. Gzadien s'arrêta pour faire face à la Cinquième :

-Je vous raconte, si vous me donnez un coup de main.

Rafirin s'insurgea :

-C'est pas ce qui était convenu.

Hiloy demanda pourtant :

-Ça dépend de ce que c'est.

-Je dois voir Elférad sans que personne ne le sache.

Falibi fronça les sourcils :

-Pourquoi personne ne doit savoir ?

Gzadien l'ignora et Hiloy haussa les épaules :

-OK. Tu as une idée en particulier ?

Cette fois, Rafirin vint se placer à sa hauteur :

-D'abord tu nous racontes.

Gzadien acquiesça :

-D'accord. Mais, j'ai ta parole, Hiloy.

La Cinquième leva la main :

-Juré.

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