15 - Elférad : C'est Gzadien que l'on veut tuer

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Elférad ferma les yeux, sentit la brûlure, les rouvrit :

-Vous me fatiguez tous les deux.

L'héritier d'argent ignora la remarque pour demander :

-Pourquoi tu dis que ces notes sont un moyen de se débarrasser de toi ?

-Hiloy ne t'a pas dit comment se prenait le poison ?

Gzadien secoua la tête.

-C'est les notes. Il est dans l'encre ou le papier, je sais pas. J'ai pas arrêté de les lire pour chercher des indices et à chaque fois, je prenais une dose, apparemment.

L'héritier d'argent retira vivement les mains de ses joues :

-C'est par la peau alors ?

Elférad le rassura :

-Je ne pense pas que tu en ais encore. Elle a dit que ça partait avec le temps et tu n'as pas l'air d'avoir le moindre symptôme.

Gzadien le dévisageait, toujours anxieux :

-Je ne crois pas que ce soit Neghttris.

Elférad en sursauta de surprise :

-Pardon ?

-Réfléchis...

-C'est un peu dur ces derniers temps.

Gzadien sourit en continuant :

-Neghttris ne t'aurait jamais empoisonné, même pour sa famille. Il aurait cherché un moyen de t'avertir.

-Il n'était peut-être pas au courant pour le poison.

L'héritier d'argent haussa un sourcil :

-Vraiment ?

-Il était sacrément choqué quand je lui en ai parlé.

Gzadien rebondit sur ces mots :

-Oui, parce qu'il n'a pas livré les notes, non plus. C'est un malin. Il se serait forcément demandé pourquoi des lettres ? En quoi elles peuvent faire le moindre mal ? Quand on les lui a montré, il a pu voir que les messages n'avaient rien de particulièrement compromettant. Du coup, il se serait forcément demandé pourquoi ? Le poison lui serait forcément venu à l'esprit au bout d'un moment.

Elférad plissa les yeux :

-On n'y a pas pensé, nous. Tu sous-entend qu'on est complètement cons ?

Gzadien admit en riant à demi :

-Il y a peut-être un peu de ça. Toujours est-il qu'il t'aurait averti. Donc, il ne devait rien savoir du tout.

-Voilà. Tu l'innocentes et c'est moi qui trouve ça bancal. Il peut avoir livré les notes, sans savoir pour le poison et ne pas s'en être rendu compte, tout comme nous. Je refuse de croire que je sois complètement con.

L'héritier d'argent soupira en se laissant retomber contre le mur :

-Oui, je sais.

Elférad ajouta :

-D'autant que cela peut s'appliquer à toi aussi. Tu ne t'innocentes pas beaucoup dans tout ça.

-Je suis adorable, voilà la preuve de mon innocence.

L'héritier d'or grimaça :

-Pas convaincu.

Gzadien rit un instant avant de dire :

-Est-ce que l'on n'est pas retourné au point de départ ?

(Tu peux m'embrasser si tu veux). La phrase fit rire Elférad.

-Qu'est-ce que j'ai dit de si drôle ?

L'héritier d'or secoua la main :

-Non, c'est moi. Il y a cinq ans.

Gzadien fronça les sourcils :

-C'est précis. Pourquoi tu penses à il y a cinq ans ? Qu'est-ce qu'il s'est passé, il y a cinq ans qui soit lié à notre situation actuelle ?

Elférad répondit :

-J'ai des hallucinations auditives. J'entends parfois des trucs d'avant.

Gzadien se pencha de nouveau, intéressé :

-C'est vrai ? Comme quoi ?

-Tu peux m'embrasser si tu veux.

-Je voudrais toujours.

Ils s'embrassèrent, rejouant leur premier baiser.

Elférad se leva pour ouvrir la porte quand Rafirin toqua. En l'apercevant, il dit d'un ton solennel :

-Rafirin.

Celui-ci sembla surpris, se demandant pourquoi il l'appelait de cette façon, mais Gzadien éluda la question en disant :

-Il est fatigué.

Une fois, Gzadien partit, Elférad retourna sous les draps avant que ses amis ne gagnent le haut de l'escalier. Gzadien et lui n'avait pas beaucoup parlé durant la dernière minute et maintenant qu'il se trouvait allongé sur son lit, des questions venaient l'assaillir. Devait-il continuer à essayez de faire parler Neghttris ? Etait-ce encore utile de jouer la rupture ? Si Neghttris n'a rien à voir avec tout ça, pas tellement. A moins que Gzadien n'ait découvert un danger venant de son côté dont il ne m'a pas parlé. Qui avait pu contrefaire le sceau de son clan ? Malgré ce qu'avait dit Gzadien, il doutait que Neghttris en ait les capacités. Et puis, il y avait aussi Indilk. Trop de trucs. Faut que je dorme. Ses amis entrèrent dans la chambre.

-Comment tu vas ?

-Tu vois ce moment de soulagement quand t'as mal depuis un bout de temps et qu'enfin tu as une pause dans la douleur avant qu'elle ne reprenne ?

Neghttris sourit :

-J'imagine, oui.

-Et ben je l'attends toujours.

Lyert vint s'asseoir :

-On est désolé de te déranger encore, mais on vient d'apprendre un truc et il vaut mieux que tu sois au courant de suite.

Elférad ne fit pas l'effort d'essayer de se redresser :

-C'est quoi ?

Matior répondit :

-Indilk. Apparemment, il croit que ton frère a tué le sien.

L'héritier d'or joua la surprise et la perplexité :

-De quoi ?

Ils lui répétèrent ce que Gzadien lui avait déjà dit.

-Comment vous savez ça ?

Neghttris entra dans la discussion :

-C'est Hiloy qui nous en a parlé.

Cette fois, Elférad dit avec sincérité :

-Il commence à se mêler de beaucoup de choses, non ?

(Non, trois chiens). Matior lui demanda :

-Tu veux qu'on lui dise d'arrêter ?

L'héritier d'or secoua la tête :

-Non, tant qu'elle est de notre côté.

Il se tourna vers Neghttris, un peu perdu :

-Elle est de notre côté, hein ?

Son ami réfléchit à la question avant de répondre :

-Je ne suis pas sûr.

Lyert défendit :

-Iel a aidé Elférad avec le poison.

-Oui, mais il ne fait que recueillir différents témoignages pour savoir ce qu'il se passe. On ignore ce qu'il en fera ensuite.

Elférad demanda alors :

-D'ailleurs, vous lui avez raconté quoi pour mon frère ?

Ils baissèrent les yeux et ce fut Neghttris qui continua :

-La vérité.

Lyert s'empressa de le soutenir :

-C'est lae Cinquième quand même, on ne pouvait pas trop mentir.

Matior renchérit :

-C'est vrai. Si elle avait fini par savoir la vérité, il aurait pu nous prendre en grippe. On s'est dit que tu n'avais pas vraiment besoin de ça en ce moment.

L'héritier d'or approuva :

-Bonne initiative, mais il faut qu'on sache ce qu'iel apprend. On ne peut pas la laisser prendre l'avantage sur nous.

Neghttris ajouta :

-De plus que ça signifie que Falibi et Rafirin sont au courant.

-Exact.

Lyert demanda donc :

-On fait quoi ?

-Vous lui collez aux basques.

Sa vue se troubla de nouveau. Il reprit :

-Vous lui collez aux basques et vous l'aidez. Continuez à vous faire bien voir. Si on peut s'attacher lae Cinquième, on aura une protection.

Ils acquiescèrent et la discussion dériva jusqu'à ce que Matior et Lyert se lèvent en décrétant :

-Il faut qu'on finisse nos devoirs. On va en cours, nous, demain.

Elférad leur sourit :

-On échange ?

Matior soupira :

-Non, tant pis, on fera sans.

Lyert ajouta :

-C'est bien parce que l'on est courageux, nous.

Ils sortirent laissant Elférad et Neghttris en tête à tête. L'héritier d'argent se rendit à son bureau et son ami l'observa un temps avant de se lancer :

-Je veux que tu enquêtes sur les notes.

Neghttris fit volte-face :

-Moi ?

-Oui. Gzadien ne m'en parle plus vu notre situation, mais il n'empêche qu'il y a toujours un doute concernant la personne qui les envoie. En plus, vu qu'elles sont empoisonnées, on peut parler de tentative d'assassinat. Par conséquent, je veux que tu trouves qui a fait tout ça.

L'héritier d'argent le fixa et dit avec une pointe d'amertume dans la voix :

-Je croyais que c'était moi, qui te les avait envoyé.

Elférad resta calme :

-Justement. Prouve-moi le contraire ou prouve-moi que c'est Gzadien ou quelqu'un d'autre. Il y a un réel danger, ici, Neghttris. Si on a voulu me tuer et qu'ils se rendent compte que cela n'a pas marché, ils vont recommencer. Peut-être avec des moyens plus radicaux.

Son ami fit rouler sa chaise de bureau jusqu'au chevet du lit :

-Tu oublies un détail.

-Lequel ?

-Ces lettres n'étaient pas pour toi.

L'esprit endormi d'Elférad eu un sursaut de lucidité. Les notes avaient été adressées à Gzadien. Comment j'ai pu oublier ? C'est Gzadien que l'on veut tuer. Son cœur se mit à tambouriner, sa gorge se serra, la peur lui traversa le corps. Cependant, Neghttris ne sembla pas remarquer sa pâleur nouvelle et continua :

-C'est moins étonnant que l'on s'en prenne à lui qu'à toi si on part du principe que c'est une tentative d'assassinat. Allez savoir combien de clan sa famille a offensé en se baladant comme ils le font. Ils ont peut-être même essayé de tuer un autre héritier de grande famille, en cour de route.

Elférad déglutit avec difficulté en demandant :

-On devrait l'avertir, non ?

Neghttris le dévisagea :

-Tu veux ?

-On s'est disputé bêtement, ça ne veut pas dire que je veux sa mort.

L'héritier d'argent sourit :

-J'irais lui parler.

-Maintenant, si tu veux bien.

Son ami se leva :

-OK. Je te ramène le dîner en même temps.

Il sortit et, chose incroyable s'il en est, Elférad sombra en quelques minutes. Il se réveilla moins d'une heure plus tard, tout surpris de s'être endormi. L'adolescent espéra quelques instants que cela reviendrait, mais renonça vite. Au lieu de ça, il alla prendre une douche, lu, travailla, retourna s'allonger, se releva. Le garçon faisait le tour de la chambre à la recherche de quelque chose à faire quand Neghttris revint avec le dîner. Bon, on va essayer de ne rien vomir cette fois. Il le remercia en s'asseyant à son bureau :

-Gzadien a dit quelque chose ?

-Il a dit merci.

Je suppose que c'est déjà pas mal. Il commença à manger lentement en espérant que cela aiderait son estomac à tout garder.

-Il m'a dit qu'il ne pensait plus que j'étais celui qui avait donné les notes.

Elférad se redressa :

-C'est vrai ?

Neghttris se tenait debout, près de son bureau et, allait savoir pourquoi, l'héritier d'or ressenti une certaine pression. Son ami le fixait avec un air soupçonneux :

-Il m'a dit qu'il savait que je ne t'empoisonnerais pas. Que même si j'ignorais ce que contenait les notes, je t'aurais averti du poison dès que j'aurais deviné qu'il y en avait. Il m'a dit que tu n'y croyais pas.

A quoi tu penses, Gzadien ?

-J'ai juste dit que tu pouvais très bien, tout comme nous, ne pas avoir deviné qu'il y avait du poison.

(Il court vite). L'adolescent continuait de le fixer avec le plus grand sérieux :

-Soit. Mais, ce n'est pas le problème. Moi, la question que je me pose, c'est à quel moment vous en avez discuté ?

J'ai mal au crâne. 

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