Chapitre 17 - Partie 3 (/!\ Scène explicite)

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Je flotte. L’eau dans laquelle je baigne est douce, rassurante. Tout sent bon le soleil et la sécurité. Et puis je sens soudain une chaleur autour de moi, une odeur familière qui me berce, et puis ses bras — les bras de Zed — qui me soulèvent avec précaution, comme si j’étais faite de quelque chose de rare, de précieux. Je m’abandonne contre lui, savourant cette paix si inhabituelle. Après toutes les nuits que j’ai passées à me débattre dans l’obscurité, peuplée de souvenirs poisseux, ça me fait du bien de rêver de lui.

Je veux rester avec toi…

Je me niche contre son torse, respire plus profondément. Mes doigts s’accrochent à sa nuque, mes lèvres cherchent instinctivement son cou, l’effleure dans un baiser léger.

Son corps se fige une fraction de seconde, son souffle suspendu, mais il ne dit rien. Il se met en marche, puis me dépose délicatement sur une surface molle, les grincements m'indiquent je suis dans le canapé. Je pense la phrase si fort qu’elle glisse hors de moi, sans que je m’en aperçoive :

  • Même dans mes rêves, tu me rejettes.

Il ne s’éloigne pas. Je sens le matelas s’enfoncer sous son poids. Une main chaude se pose contre ma joue, une autre frôle mes cheveux. Sa voix, proche, chaude, brisée me répond :

  • Sois raisonnable.
  • C’est toi qui ne l’est pas.

Son front vient se coller au mien, lentement, tendrement, comme s’il n’osait pas aller plus loin, mais qu’il ne pouvait pas non plus reculer. Il reste là. Immobile. Son souffle court, incertain.

  • Tu es avec Nate, gémit-il.
  • Je ne suis pas avec Nate. Je suis là.

Je saisis alors sa main, la guide, et la dépose contre mon cœur, là où il bat sous ma poitrine, un contact doux et fragile. Comme si je voulais lui dire que c’est ici que je suis, que c’est ici que je reste. Et je bascule vers un autre genre de rêve.

***

Je suis dos à une porte. Vieille, éraflée, peinte en blanc jauni. Je la reconnais tout de suite. C’est celle de la réserve de la salle des fêtes.

Je ne bouge pas. Je ne parle pas. Il fait sombre, l’air sent la poussière, le renfermé. Et le soleil. L’odeur de Zed.

Je sens seulement sa présence derrière moi. D’abord son souffle. Puis ses mains. Il pose ses paumes sur mes bras, lentement, avec précaution, comme s’il voulait me demander la permission sans prononcer un mot.

Je me tourne pour lui faire face. J’acquiesce en silence. Ses doigts glissent sur mes flancs, remontent sous mon t-shirt. Sa peau est chaude, la mienne frissonne à son contact. Mon dos s’arque légèrement, mon bassin cherche déjà à se rapprocher de lui.

Il m’embrasse avec retenue d’abord, puis avec faim. Il recule juste assez pour retirer mon t-shirt, ses gestes toujours mesurés, presque solennels. Il me regarde un instant, puis ses mains s’attardent sur ma poitrine, caressant mes seins à travers la dentelle. Il les enferme dans ses mains larges, les pétrit avec une douceur brûlante. Ses lèvres se perdent dans mon cou, sur ma clavicule, sur l’arrondi de mon épaule.

Je m’abandonne complètement. Il n’y a plus de pudeur, plus de barrière. Je suis à lui.

Je veux le toucher aussi. Mes mains trouvent le bas de son t-shirt, que je lui retire sans un mot. Sa peau est chaude, douce sous mes paumes. Il me laisse faire, docile, presque tendu. J’embrasse son torse, le creux entre ses pectoraux. Je descends lentement en traçant une ligne de baisers vers sa ceinture. Je défais le bouton, puis la fermeture. Je tire sur son pantalon, qu’il laisse tomber sans résister. Son boxer suit, et son sexe se libère dans un frémissement d’air chaud. Il est dur, dressé, magnifique.

Il me redresse vers lui. Cette fois, ce sont ses doigts qui viennent glisser sous l’ourlet de mon jean. Il le déboutonne, le fait glisser le long de mes cuisses. Il effleure l’élastique de ma culotte, puis la fait glisser à son tour. Un courant d’air tiède me frôle la peau nue. Tout est ralenti. Dense. Comme dans l’eau.

D’un geste précis, il défait l’agrafe de mon soutien-gorge et le fait glisser le long de mes bras. Un frisson me traverse quand il découvre ma poitrine. Ses pouces caressent mes tétons, les effleurent, les pincent légèrement. Je gémis.

Nous sommes nus. Là, dans cette réserve poussiéreuse, irréelle, hors du temps. Le monde extérieur n’existe plus. Il n’a jamais existé.

Il me soulève sans effort, me plaque contre la porte. Une de ses mains soutient mes fesses, l’autre s’enroule dans mes cheveux. Nos souffles sont courts, irréguliers. Ma tête bascule en arrière quand je le sens frotter contre moi, juste là.

Nos regards se croisent. Il se fige. Une seconde suspendue. Je sens son hésitation. La mienne. Nous sommes à la frontière. Encore un pas, et tout change.

Alors je décide. Je bouge. À peine. Une ondulation du bassin, presque imperceptible. Mais suffisante. Il comprend. Il s’aligne. Il pousse. Lentement. Je le sens s’enfoncer en moi avec une délicieuse lenteur. Mon souffle se bloque, puis repart, saccadé.

Il pose son front contre le mien. Nos bouches se frôlent sans se toucher. Nos corps sont joints. Il n’y a plus rien à attendre. Plus rien à retenir. Nous sommes là. Ensemble. Et tout est irréellement parfait.

Je me réveille en sursaut, arrachée à un monde bien plus réel que celui qui m’accueille maintenant, avec son obscurité et son silence glacial. Mon cœur bat dans ma poitrine avec une urgence absurde, comme s’il n’avait pas compris que l’instant était terminé. Dans le creux de mon ventre, une chaleur sourde persiste, pulse entre mes cuisses comme une brûlure cruelle.

Je suis seule. Sous mon dos, les contours rugueux du canapé, son tissu rêche, son étroitesse inconfortable, son absence totale de tendresse, me paraissent soudain étrangers, presque hostiles.

Il n’y a personne, pas de chaleur résiduelle à mes côtés, pas de parfum musqué dans l’air, rien qui puisse me faire croire, ne serait-ce qu’un instant, que Zed est encore là, que ses bras m’enveloppent encore, que sa peau effleure la mienne.

Il a disparu, ce n’était qu’un rêve.

Et pourtant, tout en moi crie sa présence, ou plutôt son absence, avec une force telle qu’elle me donne le vertige. Mon corps refuse de croire à la fin de ce moment suspendu, il réclame ce qui a été interrompu, il s’accroche aux traces du rêve comme une huître à un rocher.

Je sens encore, sur ma bouche, le goût de ses lèvres, le souffle de ses soupirs, cette lenteur maîtrisée avec laquelle il m’approchait, me prenait, me possédait sans violence mais avec une certitude absolue, comme si cela allait de soi, comme si cela devait arriver depuis toujours.

Je ferme les yeux, mais c’est trop tard, déjà le rêve se délite, s’efface comme une encre soluble, et ce qui reste, ce n’est même pas un souvenir net, mais une empreinte, un manque, une cavité brûlante là où il aurait dû être.

Je pourrais pleurer, non pas de chagrin, mais de frustration pure, de cette injustice flagrante qu’est le réveil, cette rupture brutale avec un monde où tout était accordé, offert, évident.

Dans mon rêve, Zed allait jusqu’au bout, sans frein, sans hésitation, sans honte ; dans mon rêve, il ne se retenait plus, il me voulait, il me prenait, il me faisait sienne avec une intensité telle que tout le reste, le monde entier, s’effaçait autour de nous comme un décor de théâtre inutile.

Et je me réveille exactement là, à cet instant où l’abandon allait enfin être total, où je n’avais plus besoin de me cacher ni de résister, à cet instant où j’étais sur le point de tout lui donner — et de tout recevoir en retour.

Je glisse une main entre mes cuisses, pour garder vivante cette tension qui me relie à lui à travers le brouillard de l’éveil, pour apaiser ce vide, ce besoin de vibrer avec lui. Mes doigts ne trouvent que ma propre chaleur, amplifiée par le désir inassouvi, et ce contact me désarme, m’exaspère, me brise un peu plus.

Je plonge en moi, sans honte, sans crainte, sans détour, parce que résister n’aurait pas de sens, parce que mon corps, tendu comme un arc, réclame la délivrance qu’il a effleuré dans mon sommeil.

Je laisse mes doigts s’aventurer sur mes seins, effleurant mes mamelons, pressant délicatement mes tétons. Le souvenir de notre douche rend tout plus net, plus proche. Il me suffit de fermer les yeux pour qu’il soit là, immense, magnifique, son regard planté dans le mien, sa bouche sur ma peau. Dans cette illusion, ses doigts recouvrent les miens, dictent le rythme, insufflent une lenteur calculée, insoutenable.

Sa bouche descend le long de mon ventre, se pose contre mon sexe, son souffle brûlant, sa langue trace des cercles patients, savants, dévastateurs. Je me cambre à peine, mon bassin suit la cadence, ma main tente d’imiter ses gestes, de reproduire ce qu’il aurait fait si j’avais pu rester endormie. Chaque frémissement que je déclenche me fait vibrer de l’intérieur, un feu sourd qui grandit, qui m’étreint et me consume à la fois.

Je m’entends gémir et je l’imagine soupirer mon nom, sa voix grave et rauque comme une caresse dans l’obscurité. La vague monte, inexorable, insoutenable, et dans un souffle brisé, je murmure son nom, moi aussi. Tout mon ventre se tend, ma gorge se serre, une plainte monte en moi comme un orage, étouffée juste à temps, mais présente, brûlante, ancrée dans chaque nerf.

  • Touche-moi encore...

La demande sort dans un soupir rauque, inaudible pour le monde, mais brûlante de sincérité. Ce n’est pas une supplique, ni une plainte : c’est un besoin, nu, entier, qui traverse mes lèvres comme une vérité irrévocable. Je veux qu’il efface la frontière entre l’onirique et le réel, qu’il me rejoigne, qu’il me prenne, enfin, que plus rien d’autre ne compte que son corps enfoui dans le mien.

“Demande-moi mieux que ça…”

  • S’il te plaît…

Je l’implore, mon souffle saccadé s’échappant de mes lèvres entrouvertes, tandis que mes doigts dansent entre les plis de mon sexe, caressant, massant, réveillant chaque nerf, chaque repli secret. Zed… Zed… Zed… Ce nom qui roule sur ma langue, qui fait vibrer ma peau, qui fait battre mon cœur en tempête.

Alors que mes doigts poursuivent leur lente course, que mon bassin s’élève en cadence pour rencontrer cette absence que je voudrais combler, je ferme les yeux plus fort, me laisse glisser dans la pente du fantasme, jusqu’à sentir son sexe me pénètrer, lentement, révérencieusement, puis plus fort, ses reins frappant les miens dans un rythme parfait, presque douloureux de justesse. Je poursuis mes assauts sur mon corps, visualisant son corps sur moi, en moi. Il est avec moi, partout : sa peau frottant la mienne, sa chaleur m’engloutissant, sa voix guidant mon plaisir.

Et il monte, comme une vague immense, profonde, prête à m’engloutir. Ma main accélère, ma peau incandescente sous mes caresses, chaque pulsation devient une explosion sourde, chaque frisson une secousse qui me fait trembler.

Je continue d’enfoncer mes doigts, cherchant à prolonger chaque sensation, chaque spasme naissant, chaque frisson. Mon ventre se tend, mon souffle s’accélère, se fragmente. Je voudrais qu’il entre dans le salon, là, maintenant, qu’il me trouve ainsi - nue, offerte, haletante, les reins creusés, les doigts en moi - et que le fantasme prenne vie.

Mon sexe est un volcan au bord de l’éruption, mes reins se creusent, mes doigts accélèrent. Ma voix se brise, noyée dans le vertige. Le plaisir monte, jusqu’à me dévaster, me submerger comme une marée lente, profonde, irrésistible. Je jouis, enfouissant mon visage dans le coussin, mon corps tremblant. Je viens pour lui, avec lui, à cause de lui.

Dans le silence après, j’entends mon cœur cogner, un peu trop fort. Je reste allongée, sans bouger, une main sur le ventre, l’autre toujours entre mes cuisses, glissant lentement, sans pression - pour faire durer le plaisir, mais aussi pour ne pas chasser ce qu’il reste de lui, de sa présence fictive. Petit à petit, tout redescend : mon ventre se dénoue, mes cuisses se relâchent, mon souffle se fait moins haletant.

Une nouvelle envie monte en moi, mais ce n’est plus du désir, c’est autre chose. Un appel plus diffus, le besoin de chaleur, de peau contre peau, de silence partagé, de mots murmurés dans le noir, de bras autour de moi.

Mon regard se pose sur la porte de la chambre où Zed dort, selon toute vraisemblance. Si je n’avais pas aussi peur qu’il me mette à la porte, je l'aurais rejoint. Bien avant mon orgasme.

Je me retourne lentement dans les draps rêches du canapé, le corps encore lourd, traversé par des rémanences de plaisir qui s'effilochent déjà dans l'obscurité. Le tissu sous ma peau est froid, sans tendresse, sans mémoire. Je cherche une position qui me tiendrait chaud, une courbe où me blottir, mais il n’y a rien à quoi me lover, personne à qui me raccrocher tandis que je tombe dans un sommeil dénué de rêve

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