Chapitre 20 - Partie 2

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Ma cuisse se glisse doucement entre les siennes. Mon ventre touche le sien. Je me cambre à peine. J’ondule comme on invite. Mon souffle est court, chaud, presque lascif. Je suis ailleurs. Je suis avec lui.

Et soudain, la voix de Jona me coupe net. Pas brutalement. Doucement. Mais assez pour me rappeler où je suis.

  • Arrête, Maud, murmure-t-il à mon oreille. Tu vas trop loin. C’est moi que tu vas séduire si tu continues. C’est ce que tu veux ?

Je rouvre les yeux. Son regard est là, tout près, flou, sérieux sous le vernis rieur. Je ne réponds pas. Je passe juste une main dans ses cheveux, lentement, mes doigts se perdant dans les mèches qu’il a coiffées un peu trop parfaitement.

Non. Je veux Zed.

Il ferme les yeux une seconde, respire, puis se penche à nouveau, plus près encore, presque contre ma peau.

  • C’est bien. Ralentis. Mais sache que Cédric ne regarde que nous.

Une pause. Puis, dans un souffle :

  • Tu m’autorises à t’embrasser dans le cou ?

Je ne parle toujours pas. Je me contente d’approcher mes lèvres de sa joue, et d’y déposer un baiser simple, précis, sans équivoque.

Oui.

Les lèvres de Jona effleurent mon cou avec une lenteur calculée, comme un frisson qui descendrait directement dans ma colonne vertébrale. Sa bouche est chaude, douce, presque réconfortante — un mensonge délicat déposé sur ma peau brûlante.

Je suis encore contre lui, suspendue à ce contact qui pulse encore dans ma nuque, mes lèvres tout juste détachées de sa joue. La musique tourne, mon corps aussi. Ma tête flotte un peu trop haut.

Il ne bouge pas tout de suite. Puis sa voix descend doucement, grave et posée, comme un fil qu’on tend pour me ramener à terre :

  • OK, principessa. Il est temps de faire une pause.

Je fronce les sourcils, un peu frustrée, un peu perdue. La musique pulse dans mon ventre, mes hanches n’ont aucune envie de s’arrêter. Mon corps a encore envie de bouger.

  • Il faut que tu avales un truc solide, pour absorber, explique-t-il.
  • Je me sens très bien, je proteste.
  • Ça ne va pas durer.

Sa main trouve la mienne et la serre doucement. Je le suis, mes pas un peu incertains, pas tout à fait consciente du chemin. Il m’entraîne hors de la piste, vers notre table et m’y fait asseoir comme on poserait un bibelot fragile.

  • Regarde-moi. Ça va ?
  • J’ai mal au ventre, j’avoue.

Ce n’est plus la chaleur diffuse et euphorique d’il y a quelques instants. Dans mon estomac, ça ne chauffe plus. Ça pique. Mon front est moite, mes joues brûlantes. J’ai chaud, mais pas comme avant. Mon petit tonneau dans la tête ne roule plus. Il cogne.

  • Je crois qu’il faut que j’aille aux toilettes.
  • Tu te sens nauséeuse ?
  • Non, je le rassure. C’est juste ma vessie qui proteste.

Il rit et m’escorte jusqu’à la porte de l’espace des femmes, faisant rempart entre moi et le comptoir. Puis il reste là, en sentinelle discrète.

Je découvre cette zone pour la première fois, les murs sont couverts de carrelage noir. L’ambiance tranche nettement avec celle du bar, si claire, si lumineuse.

Quand je ressors, Jona se place à nouveau de façon à m’éviter tout contact visuel avec Zed. Il me tend la main, et sans un mot, me ramène à la table.

A peine assis, Daphnée nous apporte une carafe d’eau et une assiette.

  • Frites, dit-il. Arme secrète des lendemains de cuite.

Je ris faiblement, un peu confuse, un peu boudeuse.

  • On n’est pas encore demain. Et je ne suis pas cuitée.
  • Techniquement, il est 2h30. On est demain. Tu as dit que tu ne buvais pas. Tu ne connais pas tes limites. Si tu veux que la soirée se passe comme prévue, bois et mange, recommande-t-il en me versant de l’eau. Sinon, tu vas être malade. Aujourd’hui et demain.

Je baisse les yeux. Il n’y a pas de reproche dans sa voix. Juste une fermeté tranquille. Je saisis le verre, bois une gorgée. Mes mains tremblent légèrement. Il pousse doucement l’assiette vers moi.

Je pioche une frite, puis deux, trois. Je finis l’assiette en quelques minutes. Attentive à ses conseils, je vide aussi quatre verres d’eau. L’acide dans mon ventre recule un peu. La brûlure devient supportable. Je respire mieux.

  • Ok. Tu te sens mieux ?

Je hoche la tête, souffle un petit « merci » sincère. Il sourit, penche un peu la tête.

  • Tu m’as engagé pour ça, non ?

Un silence. Juste nos regards qui se croisent, un peu complices, un peu fatigués. Puis il ajoute, plus léger :

  • Tu veux retourner danser ?

Mon cœur bondit, comme si on m’avait rallumé de l’intérieur.

  • Oui !

Je me lève un peu trop vite — encore — et me retiens à la table. Il tend déjà les bras pour me rattraper, et cette fois, je ne ris pas. Je le regarde, vraiment. Son regard est stable. Le mien, encore un peu brumeux.

  • Tranquille, principessa. Pas le moment de te blesser.

Je glisse mes doigts entre les siens. Parce que sa main est chaude, présente, solide. Que je lui fais confiance. Pour me protéger et pour m’emmener là où je l’espère avec Zed. La musique bat toujours, plus lente maintenant, plus enveloppante. Un tempo lourd et moelleux, qui appelle les corps à s’effleurer sans pudeur.

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