Chapitre 31 - Partie 5 (/!\ Scène explicite)
Il descend encore, s’installe entre mes cuisses, sa langue s’insinue, caresse, explore, avec une lenteur d’abord insoutenable, puis une précision affolante. Je me sens happée, comme si chaque fibre de mon corps était reliée à sa bouche. Je bascule la tête en arrière, un gémissement m’échappe, incontrôlable.
Ses doigts se joignent à sa bouche, s’avancent en moi comme en terrain conquis, comme une évidence, patient d’abord, puis plus pressant, plus assuré, jusqu’à ce que je perde toute notion de retenue. Un, puis deux, qui m’envahissent et s’accordent au rythme de sa bouche, comme s’il avait appris par cœur la musique secrète de mon corps. Tout est trop précis, trop parfait : chaque effleurement, chaque pression semble dessiné pour moi seule.
Le plaisir enfle, gonfle, me déchire presque tant il est puissant, et soudain je bascule, incapable de lutter davantage. Un cri m’échappe, rauque, étranglé, et mon corps se cambre sous lui, arqué comme un arc trop tendu. Je jouis, emportée par une secousse qui me traverse des reins jusqu’à la gorge, une onde brûlante qui saccage mes forces et m’arrache à moi-même.
Je halète, les jambes tremblantes, le ventre encore secoué de spasmes. L’air me manque, mais il ne me laisse aucun répit. Sa bouche continue, ses doigts aussi, implacables, possédés, comme s’il voulait me vider jusqu’à la dernière goutte de plaisir. Ma peau est hypersensible, la brûlure du plaisir devient presque douloureuse, trop vive, trop forte pour être contenue. Je gémis, haletante, proteste d’une voix plaintive :
- Zed… C’est trop…
Je tente de le repousser, mes mains pressent sa tête, mais déjà mes forces me trahissent. Ce qu’il fait est trop bon, trop juste, trop précis. Là où je croyais atteindre la limite, il m’arrache à nouveau des frissons qui s’entrechoquent et se mêlent, m’ouvrant encore plus au plaisir. Ma résistance se dissout, balayée par la maîtrise qu’il a de mon corps. Mes soupirs se transforment en gémissements rauques, mes cuisses s’écartent d’instinct.
Je me perds dans ce qu’il m’impose. Ce n’est plus moi qui décide, ce n’est plus mon corps, mais le sien, son souffle, sa bouche, ses mains qui orchestrent tout. Je n’ai plus qu’à céder, à m’abandonner. Mes pensées éclatent, disloquées, il ne reste que la sensation brute, écrasante, d’être consumée par lui. Mon corps entier se tend vers lui, comme s’il était devenu ma seule respiration possible.
Une seconde vague monte, plus violente que la première, et je comprends que je ne peux rien contre elle. Je tremble de partout, secouée, vidée et pleine à la fois, perdue dans un océan de sensations trop fortes pour être contenues. Et d’un coup, mon corps se cambre, s’arqueboute, offert malgré moi. Le cri qui s’arrache de ma gorge n’a plus rien d’humain. Une deuxième jouissance m’explose au ventre, fulgurante, infinie. Le plaisir me broie, me traverse, me soulève hors de moi-même. Mes doigts s’agrippent à ses cheveux, ultime ancrage dans ce déluge de plaisir, tandis que je me défais contre ses lèvres.
Quand enfin la tempête retombe, je reste suspendue, tremblante, le dos collé au carrelage tiède, l’eau glissant sur ma peau. Ma respiration haletante se mêle au martèlement régulier de la douche, et chaque goutte me paraît trop vive, comme si mes nerfs étaient encore à nu.
Je baisse les yeux, et je le découvre toujours là, agenouillé devant moi. Lui, si massif, si indomptable, réduit à ce geste d’abandon et de ferveur qui me bouleverse plus encore que la jouissance qu’il vient de m’arracher. Les cheveux plaqués par l’eau, ses yeux sont rivés sur moi. Dans ce regard, il n’y a pas que l’orgueil de m’avoir faite jouir deux fois, il y a la possessivité, la tendresse, la fureur, tout ce qui le rend insensé et irrésistible.
Je reste quelques secondes sans voix, cherchant mes mots, voulant tout à la fois le gronder et le serrer contre moi. Et soudain, je comprends ce qu’il a voulu dire cet après-midi quand il hésitait entre me passer un savon et m’embrasser. Un sourire tremblant fend mes lèvres, et dans un souffle où perce encore le vertige, je murmure ses termes exacts :
- T’es… complètement fou !
Un infime sourire effleure sa bouche, presque invisible, comme une lueur fragile qui se glisse entre ses lèvres sans vraiment éclore.
Il prend son temps pour se redresser, cajolant mes cuisses, mon ventre, mes seins… Son corps s’impose à nouveau tout contre le mien, puissant, brûlant malgré la douche. L’eau ruisselle sur ses épaules, dévalant les lignes de ses muscles, et pour la première fois, je mesure combien je parais minuscule, fragile, face à lui.
Ses lèvres trouvent les miennes, avides, presque désespérées. Je sens toute son urgence, ce besoin brutal qui le traverse et qui me submerge. Cette fois, je n’essaie plus de le freiner, je réponds à son ardeur avec la même avidité, mes mains glissant le long de son dos, m’accrochant à lui comme pour ne jamais le lâcher.
- Dis-moi que t’as besoin de moi…, marmonne-t-il. Que tu ne veux que moi…
- Je ne veux que toi, Zed.
Nos corps se pressent, se cherchent, chaque contact est une confirmation. Il me soulève, me plaque encore plus au carrelage.
- Laisse-moi te faire l’amour, chuchote-t-il à mon oreille. Sois à moi !
Je sens sa dureté contre mon ventre, son bassin qui se plaque au mien, et je prends conscience d’une chose essentielle.
De toutes mes relations, Zed est celui qui s’occupe le plus de moi. Jusqu’à lui, je mettais toujours le plaisir de mon partenaire avant le mien, presque par réflexe, appris trop tôt, dans la violence et les larmes.
Bien sûr, certains de mes ex prenaient le temps de me donner du plaisir, mais bien après le leur — s’ils y pensaient. La grande majorité ne s’y intéressait même pas. Zed, lui, ne cherche pas à se rassasier d’abord : mon désir et mon plaisir comptent autant à ses yeux — si ce n’est plus — que le sien.
Cette façon de me donner, de me chérir à travers chaque geste, chaque caresse, chaque baiser, bouscule toutes mes certitudes. Pour la première fois, je me sens sur un pied d’égalité, désirée et pas seulement utilisée. Et rien que pour ça, je me fonds un peu plus dans sa chaleur, dans son élan, dans ce vertige délicieux où il n’y a plus que nous deux.
Annotations
Versions