Chapitre 31 - Partie 6 (/!\ Scène explicite)
Je m’accroche à lui, mes jambes serrées autour de sa taille, mes bras noués à sa nuque. Dans cette posture, je reconnais aussitôt la position esquissée ce soir-là, chez ses parents — cette première fois qui n’a jamais eu lieu.
Ce soir, son visage se niche dans le creux de mon cou, comme s’il voulait disparaître en moi. Sa respiration heurte ma peau, haletante, et il me serre comme si c’était lui qui allait tomber s’il me lâchait.
Quand il me pénètre, un gémissement m’échappe, brut, arraché à mes entrailles. Ses mouvements, d’abord hésitants, gagnent en profondeur, en assurance, mais il ne relève jamais la tête. Chaque poussée m’ouvre, m’emplit, rallume sous ma peau une ivresse à laquelle je n’oppose aucune résistance. Je me cramponne à ses épaules, incapable de contenir le feu qui me traverse, comme si son rythme se confondait avec mes propres battements.
- … moi… jamais assez… reste… te lâcher…
Ses mots se brisent contre ma gorge, décousus, à peine cohérents, étranglés entre ses gémissements. Un milliard de papillons s’éveillent dans mon ventre et jusque dans mes cuisses. J’ignore ce qui me bouleverse le plus : la lenteur de ses gestes, ou cette façon de m’attacher à lui par ses murmures étouffés, maladroits, brûlants. Chaque vibration de son souffle, chaque secousse de son corps, résonne dans le mien jusqu’à m’ôter la raison.
Je me sens fragile, minuscule, et pourtant toute puissante, consumée par ce lien invisible mais immuable entre nous. Ses poussées lentes me traversent, ses bras me bercent autant qu’ils me possèdent, et mes jambes crispées autour de ses hanches se resserrent malgré moi, comme si je voulais le garder enfoncé toujours plus profond.
Ça n’a rien à voir avec nos autres étreintes. D’ordinaire, il m’impose son rythme, sa fougue, sa force brute, me domine d’une ardeur presque sauvage. Mais là, tout est différent : il ne cherche pas à écraser ma bouche sous la sienne, il ne me plaque pas avec violence. Il reste enfoui dans mon cou, blotti contre moi, et son corps tout entier me presse, me caresse, m’envahit avec une douceur fiévreuse.
Cette douceur-là m’ébranle plus que sa force, parce qu’il ne me réclame pas dans l’autorité, il m’enchaîne dans la vulnérabilité — et cette fragilité-là est encore plus intense, plus bouleversante que tous ses élans de puissance. Tout mon corps est en extase. Je m’ouvre à lui avec une avidité nouvelle, mes sens s’embrasent, mon ventre se tend et se relâche au rythme de ses va-et-vient.
Ses murmures se mêlent au fracas de l’eau, ses lèvres tremblent contre ma gorge, ses doigts s’ancrent dans mes hanches pour me garder arrimée à lui. Peu à peu, ses secousses se font plus profondes, plus désordonnées, son souffle change de cadence, se brise par à-coups, tourne au grognement. Ces signes-là, je les connais, je les attends, je les reconnaîtrais entre mille : il est au bord de l’orgasme.
Et soudain, son corps se raidit tout entier, plaqué contre le mien comme s’il cherchait à s’y fondre, puis un grondement sourd lui échappe, résonne contre mon cou et vibre jusque dans mes os. Ses bras se resserrent encore plus autour de moi, désespérés, comme si chaque secousse allait l’emporter loin et qu’il ne pouvait se retenir qu’en s’accrochant à moi de toutes ses forces.
Je ferme les yeux, submergée par la façon dont il se donne, entier, sans défense. Son plaisir m’inonde presque autant que le mien, et je reste suspendue à ses tremblements, à ses râles, à la chaleur brûlante qu’il déverse en moi.
Il reste collé contre moi, toujours haletant, et ses lèvres se mettent à courir sur tout ce qu’elles trouvent : mon cou, mon menton, mes joues, mes tempes, jusqu’à mon nez où il dépose un baiser maladroit. Sa bouche revient effleurer ma gorge, comme s’il voulait m’aspirer toute entière. Ses mains glissent dans mon dos, me maintiennent contre lui quelques secondes, puis il me repose enfin, avec une délicatesse infinie, sans jamais cesser de parsemer ma peau de baisers.
Il attrape ma main, l’amène à lui, et ses lèvres remontent du bout de mes doigts jusqu’à mon épaule, laissant derrière elles une traînée de frissons.
- Zed…, je souffle, à moitié attendrie, à moitié moqueuse. C’est pas comme ça que tu vas te laver.
Un marmonnement se faufile à mon oreille, étouffé contre ma peau :
- M’en fous.
Il ronchonne encore quelque chose que je ne parviens pas à saisir avant qu’il ne m’attire de nouveau contre lui pour reprendre son ballet de baisers.
Je finis par saisir le savon, mais chaque fois que j’essaie de frotter, il trouve le moyen de m’interrompre : il colle son torse au mien, emprisonne mes mains entre les siennes, ou bien attrape l’une d’elles pour la plaquer contre sa joue et l’y retenir le temps d’un baiser. Même la mousse glissant sur sa peau devient prétexte à me capturer, à m’attacher à lui d’une façon ou d’une autre. Alors je lave comme je peux, entre deux caresses volées et ses lèvres obstinées qui se perdent dans mon cou, me contentant d’une toilette sommaire car certaines zones demeurent hors d’atteinte.
- Allez, je souffle enfin, l’eau commence à devenir froide… il faut qu’on sorte se sécher.
Il geint, secoue la tête, accroché à moi comme un enfant à sa peluche.
- Pas envie… reste là…, souffle-t-il, presque plaintif.
Je souris malgré moi. Ce ton suppliant, inédit, me fait chavirer, mais je sais que si je cède, on finira gelés dans cette douche. Alors je tente un compromis :
- Écoute. On sort, on se sèche… et je te promets, je reste collée contre toi dans le lit.
Un silence, puis son visage perdu dans mes cheveux acquiesce, résigné. Je l’entraîne hors de la douche, et on se sèche tant bien que mal, même si lui prend trois fois plus de temps que moi, occupé à me happer de baisers dès que je passe à sa portée.
Je profite qu’il se sèche les cheveux pour quitter la pièce, ma serviette enroulée autour de moi. Je saisis mon téléphone : un message de Jona.
Merci d’être venue. J’espère que tu as passé une bonne soirée. Fais-le boire de l’eau ! Et manger quelque chose de consistant. Il te remerciera demain. ;)
La silhouette de Zed se découpe soudain dans la lumière de la salle de bain. Il est encore humide, les cheveux en bataille, une ombre dans le regard.
- Pourquoi t’es partie ? T’as dit que tu restais…
Je soupire, mi-amusée, mi-désarmée.
Il doit être plus alcoolisé que ce que je pensais…
Alors, encore une fois, je négocie, douce mais ferme :
- Je reste. Je dors même nue contre toi si tu bois un litre d’eau, et que tu manges quelque chose.
Ses yeux s’écarquillent, comme si l’idée venait de le transpercer, puis un sourire un peu vague étire sa bouche.
- Deal…
Je vais chercher une bouteille et ce qu’il reste sur la table : un morceau de pita un peu sec et quelques cubes de feta. À peine je les lui tends qu’il s’en empare et s’exécute aussitôt, avalant tout avec une urgence presque ridicule, comme s’il craignait que je me rétracte si ce n’était pas fait. L’eau dégringole dans sa gorge en longues gorgées bruyantes, et je le regarde, fascinée et un peu inquiète, à deux doigts de lui dire de ralentir.
En moins de deux minutes, il a fini, repose tout d’un geste sec et revient aussitôt m’encercler de ses bras..
- Voilà… Maintenant viens, murmure-t-il contre ma peau, impatient, comme s’il n’avait pas déjà passé ces dernières heures greffé à moi.
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