04h03
Malgré ma privation sensorielle et émotionnelle absolue, le temps s’écoule inexorablement.
Quelques secondes, puis une minute…
Un effluve musqué de lavande sèche et très parfumée se répand.
Il y a également un liquide neutre légèrement salé qui correspond à la salive dans sa bouche.
Ma conscience est donc déjà connectée à celle d’un hôte.
Des clapotis doux résonnent comme si de petits poissons frémissaient autour de l’eau.
Un bourdonnement vif d’insectes se rapproche également par le sud.
Sa respiration est lente.
Une brise légère souffle.
Le grincement léger d’une fenêtre résonne.
Les feuilles bruissent.
Le rembourrage moelleux soutient sa tête… un oreiller en plumes, sûrement.
Un tissu en coton caresse sa peau… des draps sans doute.
La laine épaisse d’une couverture garde son corps au chaud.
La température de la pièce est fraîche, mais l’air est sec.
Elle semble encore endormie, mais moi, mes besoins physiologiques sont inexistants.
Mon Chishiki ne semble pas m’avoir laissé de consignes et son identité m’est inconnue.
Il est pourtant celui qui m’a ramené en ce monde, sous cette forme intangible et inaudible.
Cependant, en tant qu’observateur, mon rôle est assez simple à comprendre.
Ce qui est plus compliqué est de me souvenir de mon ancienne existence.
Ma mémoire épisodique est verrouillée.
Tant qu’elle dort, mes perceptions sont limitées.
Pour autant, cela ne m’empêche pas d’analyser ma mémoire sémantique.
Elle semble assez fragmentée…
Il y a mes propres connaissances et également d’autres souvenirs qui ne sont pas à moi.
Une partie est aussi inaccessible…
Toutefois, l’identité de mon hôte s’y trouve.
Elle s’appelle Mizuki Ashura, quinze ans, encore vierge… Une information peu utile.
Ce lieu est sûrement sa chambre.
Il est encore très tôt…
Elle inspire.
Mes draps sentent encore la lavande ce matin, il faudra que je remercie Yumi pour son conseil.
Voilà qui est étrange… C’est sa pensée que mon esprit vient de percevoir et qui a stoppé la mienne. Cela devrait être impossible même pour un observateur. Ce bruit sourd est désormais très proche, mais bien plus harmonieux maintenant. Cela est dû à la perception des distances.
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