Chapitre 18 – Juste cette nuit

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Adrien avait les clés d’un petit appartement, à quelques pas de l’hôpital. Il y dormait parfois entre deux gardes, quand la fatigue collait à sa peau comme un second vêtement.

Ce soir-là, c’est là que nous nous sommes retrouvés.

Pas pour fuir.

Pas pour nous cacher.

Mais pour être, enfin, loin du monde.

Il pleuvait. Une pluie fine, régulière, comme un souffle que la nuit aurait retenu trop longtemps.

Je suis sorti de la douche, les cheveux encore humides. Il était en cuisine, concentré sur quelque chose qui fumait doucement.

— Tu cuisines ? ai-je lancé, amusé.

— Je réchauffe, a-t-il répondu avec un demi-sourire. Ce n’est pas pareil.

Nous avons dîné en silence. Un silence qui ne pesait pas. Un silence qui soignait.

Plus tard, nous nous sommes installés sur le canapé. Il a mis un vieux morceau de jazz congolais, presque effacé par le temps. Je me suis blotti contre lui, ma tête nichée au creux de son épaule.

— Tu sais ce que j’ai compris ? ai-je murmuré.

— Dis-moi.

— Que je n’avais jamais vraiment aimé avant toi.

Il y a eu des attirances. Des blessures. Des rêves. Mais jamais ce calme-là. Cette paix étrange qui vient quand on se sent enfin vu… sans devoir se cacher.

Sa main a glissé lentement contre la mienne.

— Moi, j’ai aimé, oui. Mais jamais comme ça.

Jamais avec cette peur de te perdre à chaque seconde.

Jamais avec cette envie de devenir meilleur… juste pour te mériter.

Je l’ai regardé. Il m’a regardé.

Et ce regard valait mille promesses silencieuses.

Nous nous sommes embrassés.

Pas pour la première fois. Mais comme si c’était la dernière.

Avec cette retenue brûlante, ce besoin de se dire des choses que les mots ne savent pas porter.

Cette nuit-là, nous avons fait l’amour.

Pas comme dans les films.

Mais comme deux hommes qui savent que ce qu’ils vivent est fragile. Et que c’est pour ça que c’est beau.

Lentement. Tendrement.

Comme une prière sans parole.

Comme un aveu sacré.

Quand je me suis endormi contre lui, le cœur au bord de la démesure, une seule pensée m’a traversé :

Si demain tout s’effondre… au moins, j’aurai eu cette nuit.

Ce que je ne savais pas, c’est que demain… était déjà en route.

Note de l’auteur :

Ce chapitre ne raconte pas une passion sans retenue, mais une tendresse née de l’ombre et de la lumière.

Il parle d’un amour qui ne s’excuse plus, mais qui ose enfin exister.

Merci de lire avec le même respect que celui qu’on porte aux silences partagés, aux nuits pleines d’humanité.

La Voix Qui Écrit

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