Chapitre 19 – Le prix à payer

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Le matin s’annonçait calme.

Je sortais à peine de l’appartement d’Adrien, le cœur encore rempli de la paix de la veille.

Je ne savais pas que la guerre avait déjà commencé.

À 7h02, mon téléphone vibra une première fois.

À 7h05, ce n’étaient plus des vibrations : c’était une avalanche.

Messages. Notifications. Captures d’écran.

J’ai ouvert WhatsApp, hésitant.

Et là… le choc.

Une photo. Floue, mais reconnaissable.

Moi, dans les bras d’Adrien. Dans l’embrasure de la porte. Juste avant que je ne parte.

Publiée dans un groupe d’internes.

Commentée. Moquée. Jugée.

« C’est donc vrai, le petit interne s’est fait avoir. »

« Et son ‘maître’ ? Quel bel exemple ! »

« La direction doit être mise au courant. C’est une question d’éthique. »

« Deux hommes. Dans cet hôpital. Quelle honte. »

J’ai senti le monde basculer.

Cherché de l’air.

Mes mains tremblaient.

J’ai écrit à Adrien :

— T’as vu ?

Sa réponse est tombée aussitôt :

— Oui. J’arrive.

À 8h30, la convocation est tombée.

Direction. Salle 3. Immédiatement.

J’y suis allé seul.

Ils étaient quatre : le directeur, deux responsables du service, et une représentante des ressources humaines — celle qu’on appelle quand la situation devient sérieuse.

Froids. Silencieux. Fermés.

Asseyez-vous, Jonathan.

J’ai obéi.

Nous avons reçu des éléments troublants.

Une photo. Des témoignages. Une possible relation inappropriée entre un supérieur hiérarchique et un interne.

Je sentais la sueur perler à ma nuque.

C’est personnel, ai-je murmuré.

Rien n’est personnel quand cela impacte le bon fonctionnement de l’hôpital. Et surtout quand la réputation de notre établissement est en jeu.

Donc si j’aimais une femme, ce serait moins grave ?

Silence. Lourdeur.

Ce n’est pas la même chose.

J’ai relevé la tête. Les yeux brillants. Pas de larmes, cette fois. De colère.

Non. Ce n’est jamais la même chose. Parce qu’ici, aimer un homme, c’est un délit.

Nous ne vous demandons pas de vous justifier.

Mais de mettre fin à cette situation. Immédiatement.

Je sentais tout mon être hurler.

Mais ma voix, elle, est restée calme.

Et si je refuse ?

Le directeur a croisé les bras.

Alors nous serons contraints d’ouvrir une procédure. Suspension. Peut-être radiation.

Je me suis levé.

Merci. J’ai compris.

Je suis sorti.

Je n’ai pas pleuré. Pas encore.

Dans le couloir, Adrien m’attendait.

Qu’est-ce qu’ils t’ont dit ?

De choisir entre toi… et mon avenir.

Il a serré la mâchoire.

Et tu vas faire quoi ?

Je l’ai regardé. Longtemps.

Avec une intensité nouvelle.

Plus forte qu’avant. Plus claire.

Je ne fuirai pas.

Note de l’auteur :

Ce chapitre est une claque. Une douleur. Une vérité.

Il raconte ce qui se passe quand l’amour devient un problème administratif, une menace sociale, un « risque » professionnel.

Ce texte ne cherche pas à provoquer, mais à poser une question simple :

À quel moment l’amour devrait-il être une faute ?

Merci de lire avec sensibilité. Merci de respecter les émotions racontées ici, même si elles vous bousculent.

Ce n’est pas qu’une histoire d’hôpital. C’est l’histoire de tous ceux qu’on force à choisir entre ce qu’ils sont… et ce qu’on attend d’eux.

La Voix Qui Écrit

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