Chapitre 22 – Le geste qui change tout

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Trois jours avaient passé.

Je n’avais pas remis les pieds à l’hôpital.

Adrien non plus.

On vivait suspendus, entre silence et rumeurs, coupés des réseaux, des groupes WhatsApp, des messages remplis d’hypocrisie.

Mais le monde, lui, continuait de tourner.

Ce matin-là, mon téléphone vibra.

Numéro inconnu.

— Allô ?

— C’est le Dr Banza. Tu peux venir me voir à l’aile B ? Discrètement.

Le Dr Banza. Le doyen.

Froid, droit, intouchable. Le genre d’homme qu’on salue avec retenue et qu’on n’approche jamais sans raison valable.

J’ai hésité.

Puis j’y suis allé.

Quand je suis entré dans son bureau, il était seul. Pas de sourire, mais dans son regard… quelque chose avait changé.

— Assieds-toi, me dit-il.

Je me suis exécuté, tendu, prêt à me défendre.

— J’ai vu la photo. Et j’ai vu comment on t’a traité.

Je n’ai rien répondu.

Il poursuivit :

— Je ne suis pas là pour te juger. Ni pour te plaindre.

Je suis là pour te proposer un choix.

Il sortit un dossier de son tiroir.

— Il y a un poste d’interne dans un centre rural partenaire. Moins d’exposition, moins de regards. Mais un vrai poste.

Avec ma signature.

Et mon silence.

Je l’ai fixé, sans comprendre.

— Pourquoi… vous faites ça ?

Il a marqué une pause. Longue. Chargée.

— J’ai un neveu. Un garçon brillant. Il a fui à l’étranger après avoir été battu. Pour les mêmes raisons que toi.

Et je me suis juré… que si un jour, je pouvais faire autrement, je le ferais.

Je n’ai rien dit. Pas tout de suite.

J’avais la gorge serrée.

— Ce pays ne changera pas à coups de cris, a-t-il murmuré.

Il changera à coups de choix.

Un geste à la fois.

Il a poussé le dossier vers moi.

— Tu acceptes ?

J’ai hoché la tête.

— Oui.

— Alors lève-toi. Tu as encore des vies à sauver.

Et la tienne n’est pas finie.

En sortant de son bureau, quelque chose a changé en moi.

Ce n’était pas grand-chose. Pas encore du bonheur.

Mais un début.

De l’espoir.

Note de l’auteur :

Ce chapitre est un tournant silencieux. Il dit qu’un geste suffit parfois à briser la chaîne. Qu’un homme, même rigide, peut tendre la main. Et qu’on survit non pas en fuyant qui l’on est, mais en étant accueilli, un jour, par quelqu’un qui décide de ne pas détourner le regard.

La Voix Qui Écrit

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