2 - Orah
Habillée d'une longue robe noire, les cheveux bouclés, un collier plastron doré et veste noire à la main en cette matinée de début juillet, elle monta dans un taxi noir au pied de l'immeuble, y mit ses deux valises et un sac de sport et demanda l'aéroport de Salt Lake City et le chauffeur démarra.
Elle se rongea les ongles et après une centaine de mètre, elle vit dans le rétroviseur intérieur Julian sortir en trombe de l'immeuble et s'arrêté au milieu de la route déserte. Elle se retourne et le vit rentrer tête baissée. Elle prit quelques inspirations mais ne put s'empêchée de partir en sanglot que le chauffeur remarqua.
« Je ne veux pas me mettre dans les affaires des autres mais si vous voulez mon avis, l'homme qui vous fait subir ça ne vous mérite pas. »
Elle prit le regard de la haine entre ses larmes et ses joues rouges :
« Qu'est-ce que vous en savez !? C'est l'homme parfait !
-Au temps pour moi, excusez-moi, j'ai jugé trop vite...
-Pas grave. Mais j'aimerai qu'on évite le sujet. On en a pour combien de temps, Monsieur ?
-Appelez-moi Eddie, pas de monsieur, juste Eddie. Et je dirais une vingtaine de minutes à peu près. »
Elle se pencha en posant une main sur le siège d'Eddie et demanda sur un ton léger après s'être essuyé les yeux avec un tissu :
« Dites-moi, Eddie, ce serait possible de... D'appuyer un peu plus fort sur l'accélérateur ? J'ai un vol très important... »
Sans un mot, il prit cinq miles supplémentaires à l'heure.
Environ dix mille mètres plus haut, elle se leva de son siège première classe et s'est assise au bar. Elle qui avait l'habitude de prendre les cocktails les plus raffinés se surpris à demander une eau plate que le serveur lui donna en lui disant :
Quelques minutes plus tôt, une autre femme m'a demandée une eau plate. Petit secret : elle était enceinte de son amant. »
Orah baissa les yeux et le serveur s'exclama :
« C'est pas vrai ? Vous êtes enceinte de votre amant !?» s'exclama-t-il avant de se bloquer la bouche de ses mains.
« Non ! C'est juste... Mon copain le sait pas encore.
-Chanceux. Ça fait trois ans qu'on essaie avec ma femme. Vous prenez l'avion pour lui faire la surprise ? »
Orah n'écoutant celui-ci qu'à moitié regardait et touchait son verre sans prendre une seule gorgée. Le serveur posa la serviette sur le bar, si près d'Orah qu'elle sortit de son état second. Les deux mains sur le comptoir il la regardait et dit avec une once de doute :
« Qu'est-ce qui vous tracasse ?»
Quelques secondes défilent et elle soupira :
« Je décroche le job de mes rêves et le lendemain, j'apprends que je suis enceinte ! Et connaissant mon copain, je sais qu'il sera toujours au petit soin pour que je soit au mieux et je ne veux pas le voir s'inquiéter pour moi... Alors, ce matin, je suis partie pour ne pas avoir cette conversation avec lui. Il veut mon bien, je sais... Mais je n'aime pas le voir paniquer pour le moindre problème et je n'arrive pas à croire que je vous raconte tout ça...
-J'ai la tête qui va avec. Si vous voulez mon avis, vous devriez vous reposer et prendre le temps de réfléchir à tout ça. Les-
-Miss Martinez ! Où étiez-vous passée ? » fit une voix féminine qui immobilisa Orah de stupeur. « Vous êtes dans l'avion, c'est un début. » Finit la voix qui était maintenant à quelques centimètres du dos de celle-ci.
Orah se retourna et bien qu'elle fût assise, elle dû légèrement baisser le regarde pour atteindre les yeux de la directrice qu'elle remplacerait dans quelques heures.
Cette petite dame d'une quarantaine d'années avait un visage jovial, des yeux bleus affutés comme des diamants, des cheveux court à l'aspect décoiffé et un maquillage à peine perceptible. Sa tenue composait d'une simple robe cocktail bleue qui cachaient ses sandales à talon dorés et une unique boucle d'oreille pendante, dorée elle aussi.
« Madame Lewis ! Je ne vous ai pas vue montée dans l'avion ! » S'exclama Orah qui se leva droite comme un i.
La future retraitée fit un geste de la main avec un léger grognement :
« Oh ! Arrêtez. Et appelez-moi Shannon. » Elles firent une poignée de main que Shannon ne lâcha pas en continuant : « Je déteste être en retard. Ça m'arrive souvent, mais j'aime pas. Ça fait trop "je suis quelqu'un d'important."
- Et vous ne l'êtes pas ? » Demanda Orah, intriguée alors que sa main moite tentait discrètement de s'essuyée sur son jean.
« Une personne qui se croit importante, l'est autant que des chaussettes sales, troués au fond d'un tiroir. On les choisi quand il n'y a plus le choix. Si vous voulez être quelqu'un d'important il suffit de sortir sortent de sa chambre remplie de miroir et observer le monde extérieur. Vous savez pourquoi on sort aussi peu d'articles ?
- Parce que vous êtes très occupée ?
- Non. Enfin si, mais ce n'est pas pour cette raison-là. La vraie raison c'est qu'on est les seul à faire du vrai journalisme. A la gazette de New-York, on se fiche de savoir quelle célébrité à perdue dix kilos. On se fiche de savoir qui est l'homme ou la femme la plus sexy de l'année. Ce qu'on recherche c'est la vérité, des sources, des preuves. On ne publiera jamais un article qui n'est pas cent pour cent sûr. Et ça, c'est ce qui fait de nous la meilleure entreprise de journalisme dans le monde. » Elle se tourna pencha pour parler au serveur. « Servez-nous votre meilleure cocktail, cette jeune femme est bientôt directrice. Quelque chose comme ça, ça se fête.»
Ce à quoi il commença à répondre :
« Je ne suis pas sur que-» il n'eût pas le temps de finir sa phrase, Orah s'était retournée et fait signe du regard qu'il fallait garder le silence et il reprit « Je ne suis pas sûr que j'ai quelque chose qui pourrait être digne d'une directrice.» Orah le remercia d'une bouche muette et se tourna vers Shannon avec un grand sourire bouche fermée.
« Comment est-ce que vous faites pour être aussi ravissante sans effort ? Cette robe est si serrée que j'ai dû la replacer au moins une centaine de fois depuis que je suis sortie de chez moi. » Demanda Orah en rabaissant sa robe au niveau des hanches, du bout des doigts.
Shannon remercia le serveur qui venait de présenter deux Bora Bora sans alcool sur le comptoir. Elle posa une main sur le bras d'Orah en s'approchant des verres et lui répondit :
« Voyons miss Martinez. On ne construit pas le plus grand empire de journalisme mode sans rien n'y connaître. Regardez, qu'est-ce que vous voyez ici ?
- Un bar rempli de boissons...?
- Non, derrière ?
- Vous parlez du miroir ?
- Et qu'est-ce que vous voyez dans ce miroir ?
- Euh... Moi...?
- Je vais vous dire ce que je vois. Je vois deux femmes très élégante. Seulement, il y en a une qui ne le sait pas et pourtant. Cette femme là sera dans quelques heure à la tête d'un empire qui ne suit pas la mode mais qui la créer. Alors, je veux voir un regard qui montre que vous savez ce que vous faites et relevez-moi ce menton, vous n'êtes pas au bord d'un volcan.» Finit-elle en relevant le menton de celle-ci.
Orah eut un sourire gênée mais elle se fit relever le menton une deuxième fois et sourit de toutes ses dents. Son interlocutrice pointa du doigt le miroir qu'Orah se mit à observer et se trouvant magnifiquement belle, elle eut un halètement de surprise.
« Je vous remercie, Shannon. Si vous m'avez choisie, ce n'est pas pour rien. Je ne vous décevrait pas. » Fit-elle avec une nouvelle confiance et une fois parfaitement audible.
« Voilà. C'est cette femme là que je veux voir. On ne reçoit que ce que l'on mérite et ce poste vous le méritez tout comme je mérite une bonne retraite. Et félicitations pour votre grossesse. » Répondit-elle en serrant la main ferme qu'Orah lui avait tendue avant de retournée dans sa cabine, son verre à la main.
Orah resta sans voix. Après quelques secondes, elle se tourna vers le serveur, le questionnant du regardant et il montra ses mains en haussant les épaules. Il ne savait pas non plus. Elle prit son cocktail et remercia le serveur pour leur conversation et le verre et retourna elle aussi dans sa cabine.
Elle posa son verre sans en prendre une gorgée, tira la porte de sa cabine, et s'allongea sur le côté dans son lit se demanda comment et quand annoncée sa grossesse à Julian. Ce qui la fit chercher la réponse en parcourant le mur du regardant. De plus en plus paniquée, elle se mît à pleurer jusquà s'endormir pendant tous le trajet, ne voyant les 17 messages et 5 appels manqués de Julian qu'une fois arrivée à l'aéroprt JFK. Ce qui la fît pleurer à nouveau, manquant presque ses valises. Elle ne répondit pas et se dirigea vers le Riu Plaza.
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