2.4 Conversation dans la nuit.
Ainsi donc, nous sommes bien de retour aux États des Saisons Eternelles. Bien sûr, je m’en réjouis et j’aimerais en informer immédiatement Télémaque. Mais celui-ci dort et surtout je ne dois pas perdre le contact ténu qui vient d'être établi, même si je n’y ai reconnu ni Sour, ni Niesl. Je m’empresse donc de répondre :
- Je suis bien Harold et suis revenu avec Télémaque pour répondre à aux appels du Major Sour Veusar et de son neveu Niesl. Mais il ne me semble pas vous connaître. Pouvez-vous me dire qui vous êtes ?
Il faut dire ici que bien sûr les pensées émises en télépathie ne sont pas dotée d’accent et que leur simple perception ne permet pas d’en déviner l’émetteur. Mais en fait, quand on un peu d’expérience, on peut distinguer le locuteur par une sensation proche d'un parfum qui accompagne son message. Ce n’est pas une odeur comme nous les connaissons, mais en même temps que le message est reçu, se développe dans l’esprit des sensations quasiment olfactives et chaque individu a la sienne. Il est d’ailleurs amusant de constater que cette effluence évolue avec l’âge. A la jeunesse sont associée des fragrances de prairies en fleur alors qu’à l’âge mur ce sont les émanations de bois qui dominent.
Donc je ne reconnais pas l’arôme de la personne qui essaie de me joindre. Cela n’empêche cependant pas celle-ci de me répondre.
- Bonjour, je suis heureux d'avoir réussi à établir le contact avec vous. Je suis le lieutenant Jon Klibs et je travaille sous le commandement du Major Veusar. Il a effectivement, avec l’aide de son neveu, bien essayé de vous joindre il y a déjà quelques semaines. Mais depuis environ un mois et demi, nous sommes sans nouvelles d’eux.
A cette information, mon émotion est au comble. D’accord, nous avons bien atteint notre objectif, mais mes deux amis ont disparu. Je ne sais toujours pas où nous nous trouvons. De plus, mon interlocuteur me dit qu’ils ont essayé de me joindre il y a plusieurs semaines, or je n’ai reçu leurs appels qu’il n’y a que quelques jours. Je suis dans le flou total, il me faut en savoir plus :
- Excusez-moi, mais je ne pense pas que l’on se connaisse, pouvez-vous m’en dire plus ?
- Effectivement, vous ne me savez pas qui je suis, mais moi je vous connais car je faisais partie de l’escouade qui vous a intercepté à votre arrivée à Eilifuis, aux côtés du Major Veusar. Je l’ai d’ailleurs rejoint à Tanans en Bçome après l’arrestation des deux malfrats dans l’incendie de l’université. A vrai dire, nous n’avons rien compris à votre disparition, mais comme vous aviez informé le major qu’il ne devait pas s’inquiéter et que nous n’avons pas retrouvé de cadavres carbonisés dans les décombres, nous en avions déduit que vous étiez repartis comme vous étiez arrivés, de façon mystérieuse et inaccessible à notre compréhension. Et à vrai dire, je ne pensais plus jamais vous revoir, mais, curieusement, Sour Veusar était persuadé du contraire.
- C’est donc pour cela qu’il a fait appel à moi. Il ne m’a cependant pas dit ce qu’il attendait. Mais vous-même, comment avez-vous reçu le message que j’ai émis hier ?
- Celui-ci a été capté par un de nos commerçants qui nous l’a retransmis car il ne comprenait pas d’où il pouvait venir. Heureusement c’est un autre agent qui était avec nous lors de votre arrivée qui était en poste au moment où il nous l’a renvoyé et quand il a vu votre nom et ceux du major et de son neveu, il m’a aussitôt prévenu. Comme je suis actuellement en Expéziad, c’est moi qui vous recontacte donc. Mais vous même où êtes-vous ?
- Et bien, j’aimerais bien le savoir. Nous sommes actuellement dans une forêt où tout est rouge et nous sommes escortés par une troupe d’animaux à fourrure qui ont un comportement quasi humain et prennent bien soin de nous. Mais en fait, nous ne savons pas où ils nous emmènent et ce qu’ils nous veulent réellement.
- Je n’ai jamais visité de forêt rouge, mais je sais qu’il en existe une sur le territoire de Negrmalam, au sud de Bçome. On l’appelle Hutméra et elle serait peuplée de temrihuts. Beaucoup de légendes courent sur ces animaux. On les dit très proches de nous en comportement, la violence en moins. Mais cela ne nous dit pas où vous êtes précisément.
Décidemment, tant que nous ne savons pas nous localiser, il nous sera difficile de définir une stratégie pour rejoindre un lieu déjà connu et décider des actions à mener pour retrouver mes amis élifuisiens.
- Ecoutez, il nous faut absolument savoir où nous nous trouvons et comment vous rejoindre car sinon nous pourrions tourner des journées entières dans ces bois. Voyez vous un moyen de nous donner ces informations ?
- Ne vous inquiétez pas, je vais me renseigner et je reprends contact très rapidement avec vous. D’ici là, soyez prudents !
Soyez prudents ! Voilà bien le genre de conseil qui ne nous avance pas d’un poil. Mais je n’ai pas le choix, il faut que je fasse confiance à ce contact et il ne me reste qu’à attendre.
Je n’ai pas idée de l’heure, mais il ne m’est pas possible de me rendormir. Nous sommes perdus en territoire inconnu, sans repère. Mais, surtout la disparition de Sour et de Niesl m’affecte profondément ainsi, bien sûr, le fait que mon interlocuteur ait affirmé qu’ils avaient essayé de me contacter il y a plusieurs semaines alors que je ne n’en ai eu conscience que ces derniers jours. Que s’est-il passé entre temps ?
En contraste avec la tempête qui sévit dans mon cerveau , autour de moi, le calme règne. Les kalins ou plutôt devrais-je dire les temrihuts, poursuivent leur quarts de veille et aucun signe de danger ne se fait sentir. Quant à Télémaque, il dort comme un bébé. Un léger sourire laisse penser que Morphée doit être bien affable avec lui.
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