Le manoir
La terreur régnait sur la Ville, tout avait commencé lorsque deux bombes avaient explosé. La première dans la décharge publique, chose anodine me diriez-vous sauf que l'accès à celle-ci avait été obstruée par la même occasion donc le ramassage des ordures étaient impossible, il en résultait que les détritus commençaient à s’amonceler dans les rues. Et une douce pestilence s’insinuait de plus en plus dans la Ville, déjà que d’habitude ça ne sentait pas la rose mais là ça devenait irrespirable voire suffocant. La deuxième avait eu lieu à la mairie et avait rasé l’hôtel de ville et le gouverneur avait miraculeusement échappé au carnage.
Et ce n’était que le début ! On l’appelerait plus tard, "la saison des bombes" mais il le savait déjà.
Tout le monde soupçonnait le Clan, mais après son doublé comme Capo di Tutti i Capi, le Clan n’était plus que l’ombre de lui-même. Les six autres majors comme on les appelait dans le Milieu lui étaient tombées dessus toutes en même temps aidées par quelques factions de secondes zones. Et depuis, le Clan était ruiné. Celui que l'on surnommait l’archiviste, réfléchissait à tout ça dans son Manoir qui n’était certes pas encore en ruine mais qui n’était plus chauffé et cet hiver devenait de plus en plus glacial. Il se tenait allongé dans un fauteuil à tenaille avec un tabouret sous les jambes devant la cheminée, seul point de chaleur dans le salon, et il somnolait avec un bon verre de scotch (15 ans d’âge single malt) qu'à la grande époque il faisait importer à grands frais de la lointaine Écosse : la seule chose qu’il avait pu sauver du désastre. Mais l'Archiviste pensait connaître les auteurs des méfaits, non il en était sûr. Il était emmitouflé dans un grand mantel pur laine avec la capuche relevée pour tenter de se réchauffer tant bien que mal et il réfléchissait :
- Mais comment ont-ils pu faire ?
Ce n’était que des deuxièmes voire troisièmes couteaux, certes ils avaient accédé au statut de Major du crime de façon ahurissante mais étaient retombés aussi rapidement dans les limbes puis en sortir mystérieusement grâce au fils de la nuit. Quelques uns soupçonnaient un tigre de papier d’avoir monté toute l’affaire, mais c’était des mauvaises langues. Mais il savait, il était le seul à le savoir, il n’avait jamais aussi bien porté son surnom : Cassandre. Certes il savait Qui, mais pas Le Pourquoi.
- POURQUOI ?
L'Archiviste entendit une bombe explosée dans le lointain et des cris, beaucoup de cris. Beaucoup trop de cris ! Il devina aisément la scène. Des sirènes se mirent à hurler, les premiers secours arrivaient et le quartier devait être à présent bouclé par des policiers plus ou moins véreux (plutôt plus que moins, il parlait en connaissance de cause). Même le Clan a sa grande époque n’avait jamais été jusque là, on ne fait pas d’affaires en rasant tout. Les petits nouveaux qui avaient pris la place du Clan au rang de Capo di Tutti i Capi et s’y croyaient toujours, étaient certes un peu surexcités avec leurs lâchés de miséreux à travers la Ville pour soi-disant partir à la chasse avec leurs amis mais tout ce petit monde était bien inoffensif.
Et il s’endormit.
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