Il se réveilla en sursaut, les douze coups de minuit venaient de sonner à la pendule, encore un bien qu'il avait pu sauver du désastre. Encore ensommeillé, il sentit une présence. Et il se vit assis à son bureau. Son verre de whisky avait disparu du coffre qui lui servait aussi de glacière et avait rejoint cet autre moi qui était assis à son bureau en marbre de carra. Une chose qui pourrait paraître insignifiante au commun des mortels le chiffonnait, il n’y avait pas de glaçon dans le verre, hors il le prenait toujours on the rock comme on le dit dans les Highlands, cette région septentrionale de l'Écosse. Il ne connaissait qu’une personne qui le prenait ainsi, car sinon le goût en était dénaturé mais pourtant ce visage et ces habits coupés avec classe et avec les meilleures étoffes que l’on aurait dit tout droit sorti de sa propre garde-robe, tout disait que c’était lui : "l'Archiviste", le chef incontesté du Clan. Et il se mit à parler et cette voix le tétanisait et l’empêchait d’agir.

• Bonsoir, bien réveillé ? Bien dormi ? (En plus, il avait aussi sa voix avec les mêmes intonations).
• C’est le cas, à ce que je vois. Délicieux ton whisky, dire que tu n’as jamais voulu me donner ton fournisseur. Ce n’est pas bien grave, j’ai fini par le trouver et avoir l’exclusivité. Depuis le temps tu devrais le savoir que j’arrive toujours à mes fins, je serais toi j’économiserai mes maigres réserves d’alcool.

Et voilà, le discours sans fin commença. Une bombe explosa encore, une de plus. La septième de la journée, c’était du côté du quartier des entrepôts cette fois-ci. La routine, quoi…

Et sans crier gare, cet autre moi prit le visage de l’ancien gouverneur. Cette pourriture avait été lynchée en place publique. Bon débarras ! Mais à présent, pour un peu, il le regretterait presque, au moins il savait à qui il avait à faire. Avec lui c’était peut-être le chaos, mais c’était un chaos organisé. Son meilleur ennemi, comme il aimait l’appeler. Quand l’hôtel de ville avait sauté, le gouverneur, dans un trait de génie, avait crée La Commission et avait invité l'Archiviste à la rejoindre. En effet, il croyait que le Clan était le responsable du méfait et l'Archiviste avait été obligé d’accepter pour ne pas démentir la rumeur. On ne refuse jamais une invitation d’un politique et d'autant plus lorsque l’on sait que c’est un piège. Et cette commission était bien un piège à cons, c’est bien le terme, faite pour encenser le gouverneur dans les moments de joie et faite pour encaisser les coups dans les périodes de peines

Puis un pseudo-écolo avait surgi de nulle part, vêtu de peaux de bêtes et refusant toute technologie (même le feu était considéré comme impur). Vous pensez bien que notre bon gouverneur avec ses fêtes somptueuses, ses éclairages multicolores, ses chasses à cour interminables, ... ne pouvait que s’attirer les foudres de celui-ci qui injectivait la populace en permanence. Naturellement le lynchage avait fini par avoir eu lieu par une foule en délire. Puis son méfait accomplit, ce pseudo-écolo s'était affublé d'un masque de carnaval et c'était autoproclamé nouveau gouverneur par la grâce de Dieu.

• Mais sous le bruit des pierres, l'ex-gouverneur avait crié : "Je reviendrais !"

Et maintenant, tous pensait que c'était lui le responsable des exactions actuelles mais l'Archiviste savait bien qu'il n'en était rien.

• Ah non tu ne vas pas t’endormir. Je sais bien que c’est toi le responsable de mon lynchage, espèce de crevure. Mais comme je ne suis pas rancunier, je vais te montrer mon vrai visage.

Mais peut-on appeler ça, un visage et surtout les yeux ?