Oscar a disparu

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 — C’est pas vrai, je venais de changer la cage…

 M. Mate se frottait le menton avec dépit. Autour de lui, les élèves s’activaient pour retrouver le squelette. Ce n’était pas la première fois qu’Oscar sortait faire un tour sans permission. Il ne devait pas être bien loin mais il était aussi capable d’avoir trouvé une cachette hors d’atteinte. Juste avant le week-end, c’était le pompon. Si personne ne s'occupait de lui, il allait encore mâchouiller les nouveaux câbles installés ce matin par le concierge.

 C’était d’ailleurs près des prises qu’Agatha et Romulus farfouillaient, soulevant les cartables et décalant les meubles. Romulus reniflait bruyamment, dans l’espoir de pister l’animal enchanté. Hélas, il y avait trop d’odeurs différentes pour réussir à isoler les effluves recherchés. La jeune sorcière, elle, s’était armée de sa baguette. Elle s’en servait comme d’une loupe. Mais rien n’y fit, elle ne parvenait pas à dénicher la moindre trace du passage d'Oscar.

 — M’sieur, on peut pas reprendre la partie ?

 Moly était retournée près du bureau, manifestement peu impliquée dans les recherches. Elle exposait toujours une grimace boudeuse, frustrée de ne pas avoir eu l’occasion de gagner une signature. M. Mate fit semblant de ne pas l’avoir entendue. Il proposait à l’un ou l’autre élève des endroits où chercher .

 Lorsqu’Agatha abandonna le coin près des prises, elle étudia le comportement de ses camarades. À part Moly, tous cherchaient. La jeune sorcière était prise d’un doute qu’elle assouvit en partant observer la nouvelle cage de la gerbille. Après un examen à la loupe, elle passa ses doigts sur les barreaux en essayant de faufiler sa main à l’intérieur. Sans succès. Elle se dirigea alors vers Juliette et Romain, qui déplaçaient un à un tous les livres de la bibliothèque pour s’assurer qu’Oscar ne se soit pas faufilé derrière.

 — Dis, Juliette, la cage, elle était ouverte quand tu es arrivée ?

 La gorgone se mordit les lèvres, tête baissée. Elle poussa ensuite un petit soupir et acquiesça, jetant au passage un regard furtif en direction de Cléo.

 — Mais oui, bien sûr, c’est cet empoté qui n’a pas bien refermé ! s’écria Moly.

 Juliette et Agatha sursautèrent. Elles n’avaient pas vu que la cyclope s’était rapprochée et les avait écoutées. La petite sorcière s’en voulut, car elle savait que leur camarade pouvait être une vraie peste quand elle était contrariée.

 — Mais non ! se défendit Cléo d’un air pataud. J’suis sûr d’avoir refermé. Enfin, je crois…

 — T’es sûr ou tu crois ? C’est pas pareil !

 — Moly, c’est bon, l’interrompit M. Mate en roulant des yeux. Pas besoin d’en faire un camembert, on va le retrouver, il revient toujours de toute façon. C’est juste dommage pour ce week-end, désolé Juliette.

 — Ce n’est pas grave, monsieur, on le retrouvera lundi…

 — Oui, si M. Choucroute ne me tue pas d’ici là.

 Sur ces mots, la sonnerie libératrice retentit. La plupart des enfants abandonnèrent les fouilles et saisirent leur cartable. Ils avaient bien mérité ces deux jours de repos qui s’offraient à eux. Ils quittèrent la classe en souhaitant un bon week-end à leur instituteur qui, lui aussi, laissa tomber l’affaire pour ranger les siennes. Romain, cependant, ne s’interrompit pas. Il était à l’affut, appelant l’animal par des sifflements ou des claquements de langue, en vain. Où qu’il soit, Oscar ne lui répondait pas. Agatha l’observa procéder tandis qu’elle suivait Romulus qui portait Lisa. Elle-même avait deux mallettes en main, la sienne et celle de son amie. Alors qu’elle allait sortir de la pièce, elle faillit se cogner contre Juliette qui revenait. Elle s’écarta de justesse et entendit la gorgone appeler leur camarade. Le diablotin était bougon, réellement inquiet par la disparition du tas d’os.

 Songeuse, Agatha ne fut pas d’une grande conversation lors du trajet retour avec ses deux camarades. Elle semblait plongée dans ses réflexions et répondait de manière évasive aux questions de ses amis. Elle ne se montra guère plus productive lorsqu’ils démarrèrent leurs devoirs chez Romulus. Quelque chose la turlupinait.

 — Allô la lune, ici la terre, est-ce que vous me recevez ? lui lança Lisa en claquant des doigts devant son visage. Agatha, tu nous écoutes ?

 — Hein, quoi ? Oui ! sursauta la sorcière. Pardon, je faisais une addition et…

 — On est en train d’analyser des phrases, Agatha.

 — Je crois que c’est pas la lune que tu devais appeler, mais carrément Pluton.

 La plaisanterie de Romulus déclencha l’hilarité des trois enfants, même chez la sorcière.

 — Désolée, je ne suis pas très concentrée… c’est à cause d’Oscar.

 — T’inquiète pas, il va revenir. Il revient toujours. Moi, je m’inquièterais plus pour M. Mate…

 — C’est pas ça, enfin si, un peu… Vous ne trouvez pas ça bizarre qu’il ait disparu, comme ça, soudainement ?

 — Non, répondirent en chœur ses camarades.

 — C’est pas la première fois qu’il part explorer la classe, rappela Lisa. Même les années précédentes, il faisait déjà le coup, il parait. C’est dommage pour Juliette, mais en même temps, elle l’a souvent.

 — Et vous ne pensez pas possible qu’il puisse s’agir d’un… d’un kidnapping ?

 Romulus et Lisa échangèrent un regard en se mordant les lèvres. Ça y est, le spectre des énigmes policières flottait de nouveau sur leur amie, et sur eux aussi si elle poursuivait dans cette voie. Ils étaient bien placés pour savoir qu’elle ne reculerait devant rien afin de mener à bien une enquête. Et surtout pas à impliquer ses amis ! Il était donc urgent de la convaincre avant qu’il ne soit trop tard.

 — Tu te fais des idées, Agatha, commença Romulus.

 — Oui, Cléo a sûrement mal refermé la cage après s’en être occupé et Oscar en a profité.

 — Mais on l’aurait retrouvé, vous ne pensez pas ? Même Romain qui s’en occupe tout le temps a fait chou blanc.

 — Il a pu se faufiler dieu sait où, contesta Romulus. Au pire, il a trouvé refuge dans un cartable et on le retrouvera ce week-end.

 — Moui… Vous avez peut-être raison. Bon, on en était où ?

 Satisfaits de la voir renoncer, les deux autres reprirent les devoirs où ils les avaient laissés. Néanmoins, le doute subsistait en Agatha. Et si quelqu’un avait enlevé leur mascotte ?

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