Agatha Petipois ne sait plus où donner de la tête

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 Lorsqu’ils revinrent en classe après le temps de midi, la première chose que fit Agatha fut de se précipiter vers la poubelle à papiers. Hélas, celle-ci avait été récemment vidée. Il lui était donc impossible de récupérer les messages jetés par Loïc et Moly.

 Une leçon de géographie plus tard, au lieu de se rendre sous le vieux pommier, Agatha conduisit Lisa plus loin, de l’autre côté de la cour de récréation. Derrière une barrière, qu’elles ne pouvaient franchir sans autorisation, s’étendait le potager de l’école. On y retrouvait de nombreux légumes : des citrouilles, des endives, des salades multicolores, des orties, des plantes carnivores… Le terrain était en grande partie géré par le concierge mais les classes de maternelles s’y rendaient parfois pour des leçons. Pour des élèves de leur âge, par contre, le potager restait hors d’accès. Ils ne pouvaient pas y pénétrer, et encore moins creuser pour vérifier ce que M. Choucroute avait enterré sans savoir qu’Harry l’observait.

 — Il faut qu’on trouve un moyen d’entrer sans se faire repérer…

 — Agatha, tu es folle ? s’exclama Lisa avec angoisse. Si on se fait prendre, ce sera directement dans le bureau de la directrice qu’on finira ! C’est pas comme si on pouvait faire ça rapidement, on ne sait même pas où creuser !

 — Tu as raison, ça ne sert à rien de tenter notre chance maintenant, il faudra demander plus d’infos à Harry…

 — Et puis, avec cette histoire de lettre, tu crois pas que c’est un hasard que Mr Choucroute ait enterré quelque chose ?

 — Je ne sais pas… Je dois bien reconnaitre que je suis un peu perdue, en ce moment. Je ne sais plus quelle piste suivre.

 Lisa regarda son amie avec des yeux gros comme des poings. Elle n’en revenait pas ! Son amie de toujours, Agatha Petipois, ne pas savoir quoi faire dans son enquête ! Elle qui regorgeait toujours d’idées et de plans parfois audacieux ! Qu’elle reconnaisse ses hésitations, surtout, était très surprenant.

 — Il y a trop de choses à vérifier, j’ai peur de ne pas pouvoir résoudre cette histoire à temps. J’espérais y parvenir pour présenter le résultat de mon enquête vendredi, que ça me serve d’exposé. Mais maintenant, on a une rançon à donner pour mercredi et j’ai encore bien trop d’hypothèses pour savoir qui est derrière tout ça.

 — Alors essayons de nous concentrer sur ce qu’on peut faire dans l’immédiat. Les mots, tu en as tiré quelque chose ?

 — Pas vraiment, je n’ai pas encore eu le temps de tous les examiner et de les comparer…

 — Les comparer ?

 — Oui, s’ils ont tous la même écriture, ça voudra dire qu’il n’y a qu’une seule personne qui les a écrits. Par contre, si je distingue deux types d’écriture différents, alors ça voudra dire qu’ils sont plusieurs dans le coup. Et puis il faudra aussi que je vois si je ne peux pas reconnaitre celle d’un élève de la classe.

 Agatha soupira tandis que Lisa se mordait les lèvres en acquiesçant, ne sachant pas trop quoi ajouter. Pour dire vrai, c’était aussi pour ça que la petite sorcière avait demandé à ses camarades d’écrire leur prénom sur les mots du kidnappeur. Elle s’était ensuite rendue compte que ce ne serait sûrement pas suffisant. Il lui faudrait des échantillons plus conséquents des notes manuscrites de ses amis si elle voulait vraiment distinguer parmi eux le ravisseur d’Oscar.

 Elles se dirigeaient vers le pommier quand Romulus les héla. Elles se retournèrent au moment où le loup-garou arrivait à leur hauteur. Essoufflé, il dut reprendre sa respiration avant de leur parler :

 — Je viens de parler avec Cléo. Cette andouille n’avait même pas remarqué qu’il avait reçu un mot !

 — Ça, c’est du Cléo tout craché, commenta Lisa avec un sourire amusé.

 — On aura qu’à le récupérer en rentrant en classe, alors.

 — Il ne reste donc que celui de Jérémy qui manque à l’appel ! M’est avis qu’il ne collaborera pas facilement, par contre.

 — Pas la peine de déranger son altesse Carotide, répondit Agatha en imitant grossièrement une voix pompeuse. Je l’ai aperçu le lire quand j’ai repéré le mien.

 — Au moins, ça nous évitera de nous rendre de nouveau dans son manoir. J’en ai encore la chair de poule !

 — Il y a encore des soucis avec le terrain de foot ? s’étonna alors Agatha.

 Elle regardait par derrière Romulus qui se retourna pour voir de quoi elle parlait. Effectivement, un enseignant était en train de gronder plusieurs garçons, dont Loïc, Harry, Jonah, Romain et même Cléo et Juliette. Le jeune loup-garou grogna de mécontentement.

 — C’est encore les grands. Ils nous cherchent tout le temps des noises pour avoir le terrain pour eux. Y a Poly, le grand-frère de Moly, qui a accusé Cléo d’avoir volé Oscar et qui s’est moqué de lui.

 C’était hélas quelque chose d’assez courant de la part des élèves de la classe supérieure. Lorsqu’ils devaient railler quelqu’un, ils s’en prenaient souvent à Cléo. Ils savaient très bien que la momie ne répliquerait pas ou trop peu.

 — Et Cléo a mal réagi ? s’inquiéta Lisa.

 — Penses-tu, il a pas compris qu’on parlait de lui ! Par contre, on a pris sa défense. Juliette a fini par lancer des serpents sur Poly.

 — Elle jouait au foot avec vous ?

 — Elle essayait, répondit Romulus en haussant les épaules. Elle ne lâche plus Romain d’une semelle depuis la semaine passée.

 — Je crois qu’elle se méfie de Jacky, pouffa Agatha.

 — De là à jouer au foot, il y a de l’amour dans l’air entre ces deux-là, foi de Lisa !

 — Que ça serve de leçon à ce gros nul de Poly, en tout cas.

 Les filles approuvèrent. Personne dans la classe n’appréciait le grand frère de Moly, sauf cette dernière, bien sûr. Juliette risquait de finir chez la directrice si elle avait effectivement lancé sur lui des serpents. Heureusement, en vu de ce qu’ils pouvaient voir de loin, le surveillant se contenta de l’obliger à s’asseoir sur un banc jusqu’à la sonnerie. La gorgone aurait sans doute pesté devoir rédiger une lettre d’excuse au cyclope, plus que de devoir ramasser des déchets ou de balayer des classes pendant les prochaines récréations. C’était généralement les punitions privilégiées par leur directrice.

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