Agatha Petipois se rend chez Cléo Pâtre

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 À la fin des cours, Agatha laissa Romulus déposer le cadre de Lisa dans sa brouette tandis qu’elle se précipitait vers Cléo. Ce dernier était en train d’enfiler une veste, les manches complètement à l’envers. La sorcière l’aida à s’en dépêtrer avant de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.

 — Dis, Cléo, tu as terminé ton travail pour l’exposé de demain ?

 Sans surprise, la petite momie fit non de la tête. Agatha avait bien vu qu’il n’avait pas eu le temps de tout finir malgré l’aide de Jonah. C’était une occasion à ne pas manquer !

 — Moi j’ai fini, si tu veux, je peux t’aider à terminer ça ?

 — Tu ferais ça ? Merci, c’est gentil !

 — Super, on va chez toi, alors ?

 Pour toute réponse, Cléo lui fit un grand sourire et attrapa son cartable. Agatha se retourna et adressa un hochement de tête à ses deux amis qui attendaient derrière. Eux aussi seraient de la partie. Ils avaient tous les trois terminé leur préparation et devaient simplement répéter un peu leur texte pour le lendemain.

 Comme ils s’y étaient attendus, Cléo ne remarqua même pas qu’ils étaient trois à le suivre dans la rue. Il avait la tête dans les nuages et ne regardait pas où il allait, si bien que beaucoup de passants devaient faire de grands écarts pour éviter toute collision. La momie les entraina dans la rue commerçante. Ils passèrent devant les boutiques plus rapidement qu’à l’accoutumée, de peur de perdre leur camarade. C’est tout juste si les deux filles notèrent que le Couvre-feu était presque vidé de tous ses articles. L'oncle de Jonah lui mit un fruit confit en main, ce qui le sortit de ses rêveries. Le vendeur de friandises fit pareil avec les trois autres mais Cléo ne se retourna pas. Lorsqu’ils passèrent devant la pharmacie de Clarisa, Agatha se fit toute petite et accéléra le pas.

 Enfin, ils arrivèrent à la maison de Cléo. Très atypique, celle-ci semblait avoir un étage très bas et un toit gigantesque en forme de triangle. Même la couleur sablée des briques dénotait avec le reste. Agatha dut appeler leur ami pour qu’il se retourne enfin. Il n’avait pas l’air plus surpris que ça de les voir tous les trois.

 — Salut, lança-t-il avec entrain comme s’ils venaient de se retrouver dans la cour le matin.

 — Cléo, tu sais que je viens t’aider pour ta présentation ?

 — Ah oui, c’est vrai ! Venez, entrez !

 Lisa réprima un petit rire. Quelle tête en l’air, ce Cléo, vraiment ! Romulus sortit son cadre de la brouette et ils pénétrèrent ensemble à l’intérieur. La première chose qui attira leur attention fut la quantité de poussière, ou plutôt de sable, au sol. Le couloir d’entrée n’était éclairé que par des torches, des vraies, pas des lampes au design particulier. Une voix retentit, répétée par un écho, et Cléo y répondit en criant qu’il venait de rentrer. Il commença à gravir les escaliers en roche et les autres le suivirent.

 La chambre était à l’image de son propriétaire. Le sol était jonché d’innombrables jouets de toutes sortes, autant des poupées que des figurines, des jeux de constructions, des petits soldats, des crayons, un bilboquet, des autocollants, des peluches et tout un tas d'objets non identifiables. À se demander comment la momie parvenait à se déplacer ! Il devait avoir l’habitude, car il marcha avec assurance sans écraser quoi que ce soit et s’assit sur son lit avant de déposer son cartable à ses pieds. Agatha et Romulus durent faire quelques grands écarts avant d’atteindre un endroit où ils pouvaient s'installer sans trop de crainte.

 Après lui avoir rappelé ce pour quoi ils étaient là, ils se répartirent le travail pour aider leur camarade. Tandis que Lisa terminait le nouveau panneau, avec moins de texte, Romulus, lui, faisait tout un tas de petits pense-bêtes à coller devant Cléo pendant sa présentation. Ainsi, au lieu de devoir reprendre des feuilles en main et rechercher là où il en était, il n’aurait qu’à jeter un coup d’œil sur les post-it. Pendant qu'ils terminaient le matériel, Agatha allait aider la momie à répéter.

 Avec cette configuration, Agatha comptait sur ses amis pour observer les alentours à la recherche d’un indice. Si Oscar était entré dans cette chambre, il aurait certainement laissé une trace de son passage. Cléo n’était pas du genre à cacher ou à jeter, en témoignait le bazar de sa chambre. La petite sorcière, quant à elle, en profiterait pour poser quelques questions.

 — Tes parents ne sont pas là ? demanda-t-elle après une première prestation peu convaincante.

 — Papa est sur un chantier, mais maman travaille ici ! Elle est kiné, son cabinet se trouve en bas.

 — Je suppose que tu restes souvent dans ta chambre, alors ?

 — Oui, presque tout le temps ! Mais j’ai tout ce qu’il faut pour m’amuser ici. Parfois, je vais chez un copain ou une copine, aussi !

 Il refit une seconde tentative de présentation, meilleure que la précédante à l’aide des premiers post-it. Romulus se joignit à Agatha pour aiguiller la momie. Lisa aussi avait terminé, mais elle en profitait pour fouiller autour d’elle à la recherche d’un indice. Au terme d’une troisième présentation, Agatha décida d’y aller de manière plus directe.

 — Dis, Cléo, tu as une idée, toi, d’où se trouverait Oscar ?

 — Bha il est en classe ! Il a mâchouillé le câble, tu te souviens pas ?

 — Mais on ne l’a quand même pas retrouvé, c’est étrange, tu ne crois pas ? intervint Romulus.

 — Peut-être…, souffla la petite momie, manifestement mal à l’aise.

 — Tu crois que tu aurais pu mal fermer la cage, Cléo.

 — C’est… c’est possible, oui… Mais j’ai pas fait exprès ! J’étais sûr d’avoir bien fermé, j’vous jure !

 — T’inquiète, ça peut arriver à tout le monde !

 Ils allaient l’encourager à faire une quatrième répétition quand, derrière lui, Lisa leur adressa un signe. Elle avait trouvé quelque chose dans tout le capharnaüm de Cléo. Intriguée, Agatha fut bien moins attentive et laissa Romulus donner les derniers conseils à la momie. Comme le temps s’était déjà bien écoulé selon les sabliers de la pièce, ils prirent congé sans plus s’attarder.

 Ils étaient à peine dehors que Lisa sortit de sa poche ce qu’elle avait ramassé dans la chambre de Cléo. Elle tendit ses mains et ses deux camarades prirent chacun un échantillon.

 — Qu’est-ce que c’est ? demanda Romulus en le reniflant.

 — Des coques de graines de tournesol, c’est ça ?

 Agatha les examinait de très près. Sa baguette-loupe aurait été bien utile, en ce moment, mais elle ne la récupérerait que le lendemain. Heureusement, Lisa était là pour confirmer son hypothèse.

 — C’est ça. Souvenez-vous ! C’est la nourriture préférée d’Oscar !

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