Les petites cellules grises s'activent !

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 De retour chez elle, Agatha fut rassurée de voir que sa mère n’était pas encore là. Miss Marple vint l’accueillir avec un miaulement et réclama quelques caresses. La petite sorcière se rendit ensuite dans sa chambre. Elle eut tout juste le temps de sortir ses affaires avant que Clarisa ne rentre du travail. Elle appela immédiatement sa fille et exigea qu'elle lui fasse une démonstration de son exposé. Comme elle avait déjà bien répété aujourd’hui avec Romulus, elle déclama sans trop de souci tout ce qu’elle avait préparé sur la Reine du crime. Qu’il s’agisse de son auteure préférée l’avait beaucoup aidé pour mémoriser tout ça.

 Clarisa se montra satisfaite du résultat. Elle le prouva en agitant sa baguette pour ouvrir le placard d’où sortirent le sucrier, des œufs, du lait et un pain. Les ingrédients essentiels du pain perdu. La petite sorcière eut du mal à réprimer un cri de joie. Après les endives et les haricots, elle allait enfin retrouver des aliments comestibles !

 Agatha aida sa mère à cuisiner son plat préféré. Elle n’avait pas encore récupéré sa baguette, aussi explosa-t-elle deux œufs en essayant de les casser. Ses mains étaient toutes dégoulinantes de blanc et de jaune. Clarisa explosa de rire et se servit de sa magie pour rectifier le tir. Pour autant, elle laissa sa fille galérer à plonger les tranches de pain dans le lait puis à les récupérer. Si ce moment entre mère et fille fut très amusant, ce fut aussi un bon argument pour convaincre Agatha d’éviter les punitions à l’avenir.

 Enfin vint la dégustation. Agatha récupéra le sucrier pour verser du sucre à foison sur son assiette. Elle attrapa sa fourchette et entama son premier pain perdu avec une sensation d’extase sous les rires de Clarisa qui l’imita en se servant de sa baguette.

 — Je vois que tu as retrouvé ton appétit habituel.

 — Echidemment, che chont des pain pechdus !

 — Si tu as encore faim après, il doit rester des haricots de la veille !

 Devant l’expression soudainement horrifiée de sa fille, la fourchette en bouche, Clarisa pouffa. Décidément, sa punition devait l’avoir marquée au de-là de ses espérances !

 — Je suis contente de voir que tu as abandonné l’idée de présenter ton enquête comme exposé, relança Clarisa. Aussi maligne sois-tu, il n’était pas dit que tu aurais eu le temps de retrouver votre gerbille. Ce n’est pas le cas, d’ailleurs ?

 — Comment le sais-tu ? s’étonna Agatha.

 — Ose me dire que je n’aurais pas été l’une des premières au courant si tel avait été le cas ?

 Agatha préféra prendre une bouchée de pain perdu pour ne pas répondre. Sa mère avait certainement raison, elle aurait pris un malin plaisir à montrer qu’elle avait trouvé la solution dans les temps. Hélas, malgré tous les indices trouvés récemment, elle n’était pas totalement sûre d’elle. Elle avait bien une idée qui sortait du lot, mais une question restait à régler et elle n’avait aucune piste pour y répondre. Sa mère avait eu raison de la pousser vers son sujet de base. Ainsi, elle était sûre de présenter quelque chose le lendemain.

 Après ce délicieux repas, la petite sorcière fit la vaisselle à la main tandis que sa mère préparait son grand chaudron. Elle devait préparer un philtre pour répondre à la demande des clients de sa pharmacie. Une fois les assiettes propres, Agatha partit donc s’asseoir dans le fauteuil du salon. Là-bas, elle attrapa son roman du moment, Hercule Poirot joue le jeu, et s’abandonna à la lecture.

 Alors que son enquêteur préféré découvrait le corps de la victime, un drôle de bruit attira l’attention de la petite sorcière. Elle baissa son livre et observa les alentours à la recherche de ce qui produisait cet étrange crachat. La réponse était devant ses yeux, ou presque. Miss Marple était en train de régurgiter quelque chose. Elle vit avec dégout la boule de poil atterrir sur le carrelage et son chat s’en détourner aussitôt. Agatha soupira. Sans baguette, elle était obligée d’y mettre les mains. Elle alla tout de même chercher du papier toilette avant d’attraper la répugnante boule.

 Elle l’observait avec dégout sur le chemin vers la poubelle quand elle se figea. Il y avait quelque chose d’inhabituel dans cette boule de poil. Bloquant sa respiration pour ne pas respirer les effluves puants de la chose, elle se pencha pour mieux l’examiner. Avec beaucoup de courage, elle essaya d’attraper ce drôle de bout trop solide pour n’être qu’un agglomérat de poils de chats. Lorsqu’elle l’eut bien entre ses deux doigts, elle n’eut aucun mal à deviner ce que c’était.

 C’est alors que ses petites cellules grises, ragaillardies par le sucre, s’activèrent, alertes. Elle qui cherchait justement la réponse à une question pour confirmer ses doutes, voilà que Miss Marple venait de la lui offrir ! Et si c’était possible, alors la solution à l’énigme s’offrait enfin à elle !

 Elle poussa un cri de victoire qui fit sursauter sa mère dans la pièce voisine. Clarisa vit sa fille débarquer en trombe, une boule de poil dans du papier toilette dans une main et une sorte de tige blanche dans l’autre. Elle semblait surexcitée.

 — Mamam, maman ! Tu te souviens quand tu as dit que tu serais la première au courant ?

 — À propos de quoi ?

 — De mon enquête ! Je sais qui a pris Oscar et, surtout, comment cette personne s’y est prise !

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