Una “colonia finanziaria” degli Stati Uniti

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Il a voyagé dans les 27 Etats membres de l’Union Européenne et s’est arrêté dans 65 villes. Il a rencontré universitaires, chercheurs, financiers, industriels mais aussi chauffeurs de taxi, étudiants, syndicalistes, femmes et hommes de Ljubljana, Trieste, Berlin, Zagreb, Paris, Madrid ou Londres… Il a aussi fait le détour par ces pays en périphérie de l’Europe et qui aspirent à la rejoindre – et l’on pense à la Georgie qui, après la Moldavie et l’Ukraine, voit la patte de l’ours russe se refermer sur son devenir. Il s’appelle Enrico Letta, est membre du Parti Démocrate italien, fut Président du Conseil et proche de Delors à qui il dédie son dernier livre. Ce matin, dans le poste, il soupire. Aujourd’hui, dit-il, on se bat plus pour le drapeau européen à l'extérieur de l'Europe qu'on ne le fait à l'intérieur. Plus grave encore, ajoute-t-il. Dans tous les États membres de l’UE, il y a une course pour hisser le drapeau national ; le problème, c’est que face aux puissances financières américaines ou chinoises qui possèdent ou vont posséder toutes nos données, cela revient à hisser son propre drapeau en tant que colonie. Son Europe à lui, elle doit permette d’exploiter l’avantage d’être tous ensemble. Nous sommes à quelques jours des élections et face au pire qui se profile, l’injonction optimiste de Letta est une nécessité salvatrice. Il est 8h25 sur le périphérique et cet invité de la matinale parle sans agitation, loin des envolées martiales qui veulent nous ériger une frontière ici, le principe d’une préférence là : chacun chez soi et vaches, moutons et emplois seraient bien gardés. L’immigration ? Enrico Letta ne gronde pas, invite à ouvrir les yeux, à défaut du cœur : regardez nos démographies, dit-il simplement. Nous sommes vieux, sans jeunes. Pour les vingt prochaines années, l’immigration est indispensable à notre fonctionnement. L’immigration, une chance pour la France et la vieille Europe ? Stasi l’écrivait déjà en 1992 et, depuis, nos politiques ne le disent plus, soit par conviction, soit par couardise face à un peuple qui, soi-disant, voudrait fermer les volets et se dépêtrer entre gens qui parlent les mêmes mots. Il est 8h45 sur le périphérique et l’on se dit qu’il y a encore des hommes ou des femmes d’Etat, avec des convictions et une vision qui vont au-delà d’une échéance électorale, au-delà du qu’en dira-t-on et au-delà d’un petit bout de Terre. Petite terre pour laquelle il faudra bien, enfin, accepter d’abandonner une approche souveraine sur tous les sujets, mortifère pour nos démocraties.

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