jour 5 : Cerf
L'air est doux, parfait pour une petite promenade en forêt. Le soleil joue à cache-cache derrière les nuages cotonneux, la brise est légère mais fraîche, les feuilles commencent à tomber et à craquer sous mes pas, l'odeur de la terre humide de la pluie d'hier monte à mes narines...
Je marche un peu plus lentement que d'habitude. Je savoure cet instant de paix, seule au milieu des bois que j'arpente depuis que je suis en culottes courtes. Les arbres, encore si verts il y a quelques jours, commencent à se parer de couleurs orangées. Les oiseaux et les écureuils se pressent de préparer les jours froids qui approchent de plus en plus. Je peux même aperçevoir une queue rousse touffue dépasser d'un trou creusé dans un tronc.
Je m'assieds un instant sur un arbre couché par une tempête ancienne. Un banc naturel qui me permet de me reposer mais aussi d'admirer les nombreux petits miracles de la vie dans une forêt. J'écoute les pépiements et les battements d'ailes des oiseaux, j'admire la lumière qui filtre à travers les arbres et qui donne une atmosphère féérique à ce cadre déjà sublime, j'inspire à fond cet air plus pur qu'en ville et imprégné de pétrichor, odeur que j'ai toujours adorée...
Je ferme les yeux un instant, perdue dans ce moment suspendu dans le temps. Soudain, des feuilles craquent, un pas lourd qui approche. J'ouvre doucement les yeux, et là, majestueux devant moi, un magnifique cerf. J'ai l'impression d'être dans un rêve. Depuis quand s'approchent-ils des humains ?
Il met sa tête dans le panier qui contient ma collation et qui est censé recueillir les champignons que je pourrais trouver, et soudain, je comprends. J'ai des pommes et une tranche de pastèque. Je le laisse se servir, il ne doit pas en avoir souvent, et le regarde manger. Discrètement, je prends mon téléphone et le prends en photo. Je n'essaie pas de le toucher, j'ai peur qu'il se sauve ou qu'il me blesse et je profite de ce petit miracle.
Quelques instants plus tard, un bruit le fait fuir. Comme un coup de feu. La chasse est ouverte depuis dimanche dernier et malheureusement, beaucoup aimeraient transformer mon nouvel ami en pâté. Je me dépêche d'enfiler mon gilet orange fluo et prends le chemin du retour. Pas de champignons aujourd'hui, mais des souvenirs bien plus précieux en tête. J'espère que personne ne pourra tuer le roi de la forêt et que je le recroiserai un jour...

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