Vanessa
C'était une très belle nuit étoilée.
Éric pensif, lassé de l'attendre, décida que la belle inconnue qui l'avait sauvée était probablement une chimère. Il allait regagner le château lorsqu'il entendit une voix.
CETTE voix,
MA voix !
Du moins celle que j'avais empruntée à la petite pour ma couverture.
Cette couverture ?
Vanessa, brune, yeux noirs, robe bleue nuit. Ténébreuse, ravissante, gracieuse !
C'est dans ces traits que j'apparus au Prince, marchant au bord de la mer, laissant mon chant accompagner le bruit des vagues.
J'avoue avoir un chouilla triché pour séduire le Prince : j'ai ajouté à cet effet un (gros) soupçon d'envoûtement. Je n'allais pas m'abaisser à faire la greluche pour que ce jeune homme me choisisse plutôt que cette Ariel qui avait déja bien embrouillé son coeur.
Je lui facilitais la tâche comme cela. Et puis ainsi il deviendra mon pantin et avoir un prince qui exauce tous ses désirs est loin d'être négligeable.
Il vint à ma rencontre hypnotisé, les yeux fixes...
Le lendemain, il me présenta à son conseiller et ordonna que NOTRE mariage soit célébré avant le coucher du soleil !
Sur ces mots, je vis ma douce victime qui avait assisté à la scène partir en courant, effondrée. Merci précieuse voix !
J'étais satisfaite. Très satisfaite. Il ne restait plus qu'à cette pauvre fille l'attente insupportable de l'égrenage des dernières heures avant qu'elle ne soit à moi à jamais.
En attendant je préparais mon mariage.
J'avais voulu qu'il se tienne sur un bateau, voguant sur l'Océan, mon élément.
Je m'apprétais en chantant !
Cette cérémonie allait marquer un règne sans précédent :
Ursula future reine des océans - Vanessa future reine sur terre.
Ça y est le moment arriva.
Je remontais l'allée menant à l'autel au bras de mon automate de Prince dans cette hideuse robe longue blanche... ces traditions humaines...bref ce n'est qu'un moment à passer. Ce chien qui me grogne dessus... Je lui décochai un superbe coup de pied sur le museau. Bien fait !
Le prêtre commença à faire son préchi-précha quand tout d'un coup des oiseaux volant à toute vitesse manquèrent de peu de se heurter à moi. Mais qu'est-ce qu'il leur prend ? J'eus rapidement ma réponse. Une cruelle omerta à mon encontre. Étoiles de mer, crevettes, crabes, phoques, s'acharnèrent contre moi, se collant à moi, m'arrosant, me pinçant, me balançant sur la piéce montée ! Un goéland se rua sur moi pour essayer de m'arracher le collier contenant la voix d'Ariel !
Essayant tant bien que mal de m'en dépétrer je sentis une douleur intense au niveau de mon arrière-train. Non mais je rêve ! Ce clébard m'a mordu les fesses ! Le piaf profita de ma confusion pour rompre le cordon de mon pendentif qui tomba et se brisa... Aux pieds de ce pot de colle acharné d'Ariel !
Cela mis fin à l'envoûtement sur Éric et la voix retrouva sa propriétaire.
"Non ne t'approches pas ! "Criais-je à Éric. Malheureusement, j'avais, moi aussi, retrouvé ma voix.
Il avait (enfin) compris que cette fille était la même qui l'avait sauvé...
Je hurlais NON de désespoir ! Ils allaient s'embrasser ! Si près du but...
Pour ELLE !
TROP TARD ! Le soleil s'était couché ! Elle se transforma sous les yeux ébahis d'Éric. Oui, l'élue de ton coeur n'est pas normale !
À mon tour de me montrer sous ma réelle apparence ! Sous les hurlements de terreurs, je repris ma forme originelle et kidnappait mon dû avant de retourner dans l'eau.
"Dis au revoir à ton prince bien-aimé !"
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