Chapitre 10 :

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Aaron lui enseigna les bases du combat, la manière dont elle devait se tenir, comment elle attrapait son arme avec ses mains, dans quelle position elle paraît ou attaquait. Cela la surprenait à quel point cela constituait une seconde nature pour lui, comme s’il s’était entraîné tout sa vie. Après ce moment là, Laurène ne savait pas vraiment si elle devait retourner en cours ou non. Elle supposait que cela ne servirait à rien car elle allait suivre un cursus différent le plus tôt possible, donc elle n’assisterait plus au même cours qu’eux.

Elle serait seule, comme Aaron. Isolée de tout le monde à cause de quelque chose qu’elle ignorait et la Liée trouvait cela déprimant. Malgré tout, cela l’avait réconforté de savoir qu’elle passerait plus de temps avec son frère et qu’ils pourraient s’entraider et étudier ensemble. Laurène aurait pensé qu’elle aurait pu passer plus de temps avec son frère, devenir encore plus proche qu’avant. Sauf que les adultes, la vie, en avaient choisi autrement.

Elle serait seule.

Laurène ravala amèrement cette pensée. La jeune fille retourna dans sa chambre et rinça à l’eau froide les petites traces du sang d’Aaron sur la lame du poignard. L’adolescente ignorait si elle devait le rendre, mais comme Aaron ne l’avait pas réclamé, elle le garda avec elle. Jamais elle n’aurait pensé cela, mais la présence de l’arme contre elle, rangée, l’apaisait car l’adolescente savait que l’objet lui appartenait désormais. Personne ne le réclamerait donc elle pouvait le garder. Le poignard, en examinant de plus près, possédait des formes gravées sur la manche tout en restant lisse. La Liée se le colla presque aux yeux pour distinguer que ces gravures représentaient assurément des dragons. Rien d’étonnant. Laurène songea à rejoindre ses amies avant de penser qu’elles étudiaient. Elle les dérangerait plus qu’autre chose si elle se manifestait. Quelle excuse allait-elle pouvoir sortir pour les rassurer ainsi qu’à Lucas ? Elle mentait mal en plus. La porte de sa chambre s’ouvrit dévoilant Mme. Amaro ne décolérant pas. Laurène se demandait ce qu’elle avait pu faire encore une fois. Pour le moment elle n’avait pas désobéi, elle s’était entraînée avec Aaron, n’avait rien détruit. Pourquoi la cheffe des Liés semblait encore avoir envie de lui administrer des baffes sans aucune raison ?

– Viens ! Le représentant du ministère est ici, aboya-t-elle partant déjà.

L’adolescente se laissa soupirer puisque son aînée s’éloignait assez. La boule au ventre, sans aucune envie d’y faire face, Laurène la suivit. Elle regrettait amèrement l’absence de M. Gomez. Malheureusement il ne pouvait pas toujours être là pour elle, elle en avait conscience. Sauf qu’elle n’était actuellement pas à l’aise face à des inconnus. Surtout avec le comportement de Mme. Amaro, prête à la blâmer dès la première erreur. La jeune fille avait besoin de soutiens, de quelqu’un qui connaissait les codes, tout !

Un homme les attendait dans le salon. Très petit pour un homme, il dépassait Laurène d’un ou deux centimètres. Son crâne dégarnit entièrement brillait à cause de la lumière et son long nez faisait une ombre immense lorsqu’il se plaçait de profil. Il semblait ni gentil, ni méchant. Juste neutre pour Laurène. Cependant elle savait bien que des vipères se cachaient toujours où elle se trouvait, il lui suffisait de penser à Mme. Amaro pour se le rappeler.

– J’espère que vous ne m’avez pas dérangé pour rien car j’ai beaucoup de travail. La dernière fois, il s’agissait d’une fausse alerte. Enfin… pas la personne que l’on espérait.

– Je vous promets que cette fois ci, cela ne l’est pas.

– Je l’espère bien pour vous, menaça le petit homme. En quoi une jeune fille si insignifiante doit retenir mon attention particulièrement ?

– Elle est liée à Ignisaqua, et son lien télépathique avec lui est déjà forgé. Vous savez bien que jamais un Lié n’a eu un lien avec son dragon dès leur alliance.

L’homme hocha la tête pour affirmer qu’il comprenait l’importance de cette information. Le regard du représentant du ministère devint glaçant. Il jaugea, jugea, analysa Laurène en l’observant de la tête aux pieds plusieurs fois. Cela la rendait mal à l’aise, elle tenta de respirer plus profondément. La jeune fille avait l’impression que les murs se refermaient sur elle, que quelques choses comprimaient ses poumons. Elle n’avait plus d’air. Laurène ravala ses larmes et serra les poings. Reste calme, ce ne sont pas eux qui vont te rassurer. Il pinça sa lèvre et s’approcha subitement d’elle à pas de loup. Il saisit ses épaules ce qui la fit sursauter de surprise et la regarda dans les yeux.

– Il va falloir être formée durement, petite, commença-t-il d’un ton paternaliste. La vie de tout nos confrères et toutes nos consœurs sont entre tes mains. Sais-tu te battre ?

– Pas pour le moment.

– Que sais-tu de notre société ?

– Peu de choses.

– Sais-tu reconnaître un poison ?

– On ne me l’a jamais enseigné.

– Bon, lâcha le petit homme en s’éloignant. A moins d’un miracle, nous allons tous mourir ! Pourquoi le destin nous fourni une incapable pour la prophétie la plus déterminante du monde ? Mme. Amaro, je compte sur vous afin de la former le mieux possible.

– Je me pose toujours la même question depuis que j’ai réalisé que c’est sûrement elle, soupira Mme. Amaro.

Il serait de mèche avec la cheffe du conseil. Laurène serrait si fort ses poings que ses ongles faisaient presque saigner sa peau. Elle aurait voulu répondre, rétorquer mais elle ne se l’autorisa pas. Déjà que l’adulte Liée l’avait menacé, elle ne voulait pas s’enfoncer encore plus dans une mauvaise situation, encore moins avec un représentant du ministère. Mais au fond l’adolescente fulminait qu’ils soient si injustes avec elle, mais elle n’avait pas d’autre choix que de subir leurs remarques désobligeantes. Elle imaginait M. Gomez débarqué mais elle resterait seule, devrait encaisser car elle devait faire attention à ne pas blesser dans leur ego surdimensionné, elle serait jugée fautive. Les deux adultes débattaient donc sur Laurène et vinrent à la conclusion qu’il fallait supposer que c’était elle l’élue mais rien était sûr. Laurène remarquait Mme. Amaro manipuler son collègue. Elle n’avait jamais connu quelqu’un aussi détestable. Cette femme jugeait, rabaissait et parvenait encore à dormir la nuit. La jeune fille espérait ne rien à voir affaire avec elle.

Le représentant du conseil prévint Laurène que lorsque cela deviendra officiel, beaucoup de pressions seraient inévitablement sur ses épaules. Elle les sentait déjà toutes ses a priori. Il lui affirma qu’elle allait devoir satisfaire tout le monde, devenir parfaite et entretenir cette image aux yeux de toutes la société. Il lui répéta qu’elle n’avait pas le droit à l’erreur du début jusqu’à la fin. L’homme rajoutait une couche de pression sur ses épaules, son sourire mesquin pour lui signifier que pour le moment elle n’était rien. L’adolescente se força donc à répondre gentiment à l’homme même si son regard sombre détonnait avec son attitude. Il siffla avant de s’en aller afin de montrer son mécontentement. Laurène fut soulagée de le voir disparaître. Mme. Amaro appela Aaron à voix haute comme si cela allait le faire venir. Elle se tourna vers Laurène, la fusillant du regard.

– Il va falloir que tu offres toute ton énergie dans ta formation pour espérer être à la hauteur. Ne me fait pas passer pour une idiote pour le ministère.

– Croyez moi, je ne pars pas du principe que tout est facile. Je ne pensais juste pas être importante. Mais ne vous inquiétez pas, quand on va ici généralement c’est pour développer ses aptitudes et non glander, répondit Laurène sèchement. Si j’avais voulu être en colonie de vacances, je ne serai pas venue.

La Liée l’excédait. Et Aaron qui débarqua rapidement pour se faire enguirlander par sa professeure. L’adulte lui balançait toute une pression à lui aussi alors qu’il n’avait rien demandé. Laurène remarquait sa mine tendue, son regard fuyant. Cela agaçait l’adolescente que l’adulte se permettait de traiter ses élèves de la sorte. Elle sortit en trombe pour éviter de s’énerver encore plus. Anna la remarqua et la rejoignit. La rouquine avait sûrement terminé son cours pour aujourd’hui.

– Pourquoi n’es-tu pas avec les autres à l’arène ? Tu n’étais pas là ce midi. Que se passe-t-il ? Est-ce que ça va ?

– Pas grand-chose, répondit simplement Laurène pour gagner du temps.

Elle se mordilla la lèvre. Sa réponse ne répondait à aucune question de son amie. Pitié ! Faites qu’un mensonge lui vienne rapidement en tête ou que quelqu’un débarque pour lui couper la parole. La Liée mentait rarement car Lucas et Clara le remarquaient aisément puisqu’ils la connaissaient trop bien. Elle pouvait sûrement leurrer Anna pour ne pas l’inquiéter inutilement.

– Je suis assez précoce d’après les adulte, déclara Laurène en espérant qu’elle ne perçoit pas son hésitation dans sa voix. Un peu comme Aaron donc… donc ils souhaitaient prendre des mesures pour adapter ma formation. C’est pour cela que Mme. Amaro a requis la présence du père de Clara comme… bah mes parents, voilà quoi…

– Pourquoi Clara et Lucas étaient si inquiets alors ?

– Les adultes flippaient d’avoir un nouveau gosse surpuissant à gérer, ce qui est compréhensible. Mais comme ils se sont rendus compte que je suis pathétique, bah ils ont préféré me critiquer. Et me rabaisser. Tout va bien, je t’assure.

– Tu n’es absolument pas pathétique, contredit Valentine en ébouriffant les cheveux de son amie. Et un jour, ces adultes le regretteront de t’avoir sous-estimé et mal traité. On leur bottera le cul comme il faut ! Ou tu leur bottera le cul comme il le faut.

Anna et Laurène rirent et les trois amies s’installèrent sur un canapé. La salle commune se remplissait de plus en plus mais heureusement la cacophonie n’empêchait pas de se comprendre. La Liée questionna donc ses amies sur leur première journée pour éloigner l’attention de la sienne. Cela apaisait Laurène de se concentrer sur les journées de ses amies plutôt que la sienne.

– Pour le moment on étudie l’organisme des dragons en général. Après on verra les spécificités de chaque races de dragons ainsi que les méthodes de soin, expliqua Anna. On est censé aussi cette année faire de même pour les humains. Je me demande si on aura réellement le temps. J’espère juste que ce sera suffisant car c’est important notre boulot. On est censé sauver des vies… Et passer tout aussi vite, bah nous ne sommes pas des devins non plus, nous n’avons pas la science infuse. Je ne sais pas si nous aurons assez de temps. Je voyais certains regards, d’autres apprentis Soigneurs semblaient effrayé par la charge de travail. Et franchement je les comprends.

– Et tu y arriveras très bien car tu es brillante, la plus brillante personne que je connaisse, assura Valentine en lui faisant un clin d’œil. Du côté des Persévérants, on s’est baladé un peu partout dans le campus et je n’ai jamais vu autant de dragon de toute ma vie entière ! Bien évidemment ils nous ignoraient mais il faut garder espoir qu’un jour un d’eux nous choisira. Puis notre enseignant a prévenu qu’à partir de demain ce serait la mort !

– Quoi ?! s’exclamèrent Anna et Laurène horrifiées.

Plus par le ton gai de leur amie combinée à la phrase. Elles se doutaient bien que leur amie exagérait drastiquement les propos de son professeur. Mais cette blague ne passait pas vraiment auprès d’Anna qui lui attrapait déjà la main pour lui expliquer par A plus B que faire partie des Soigneurs lui garantirait une vie plus simple et moins dangereuse.

– Du calme ! Il s’agissait juste d’une hyperbole, soupira Valentine. En faites comme on est censé impressionner les dragons pour pouvoir être apparenté, on doit d’abord se former physiquement, comme un militaire puis on apprendra à se battre. Nos muscles vont grave souffrir, quoi.

– Je suis bien contente d’avoir pris Soigneuse ! Tu aurais dû faire de même.

– Et je suis sûre que ta tenue verte t’ira à merveille, renchérit Valentine s’apprêtant à faire un nouveau clin d’œil puis fixa Aaron. Salut Aaron ! Où vas-tu ?

– Salut, répondit-il plus sèchement sans lancer un regard à la jeune fille. Au sanctuaire, on a bientôt cours d’histoire. J’aime bien arriver en avance pour profiter du calme et de la solitude. Peu de personne y reste très longtemps.

Anna et Valentine se décidèrent à le suivre au plus grand damne de Laurène qui ne comprenait pas pourquoi. Aaron avait explicitement dit qu’il désirait rester seul ! Pourquoi le suivre comme des folles ? Néanmoins, elle n’eut pas son mot à dire car ses amies l’entraînèrent avec elle. Elle prétexta qu’elle préférait attendre les autres : Clara, Joyce et son frère. Mais ses deux amies firent les sourdes oreilles. Laurène jura que si les foudres d’Aaron retombait sur elle, elle n’aurait aucun scrupule à balancer ses amies ! Peu contente, elle leur emboîta le pas et dû courir sur quelques mètres afin de les rattraper.

– Vous avez remarqué ? Il a une égratignure à la joue, releva Anna trébuchant.

– C’est moi qui lui ait fait cela, répondit Laurène en rattrapant son amie de justesse.

– Oulà ! La petite Leau monte sur ses grands chevaux. Quelle tigresse ! commenta Valentine en riant.

– On s’entraînait au combat, c’est tout. Ce n’était pas intentionnel. Nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde, mais de là à se battre…

Ou peut-être un peu aussi car il y avait toujours une part de haine entre les deux jeunes gens. Évidemment ses deux amies l’assénèrent de questions. Quelle serait sa nouvelle formation ? Pourquoi devait-elle s’entraîner avec Aaron ? En quoi était-elle précoce ? Toutes ses questions trouvèrent réponses, plus ou moins vraies, mais toujours enjolivées dans le but de ne pas les affoler. Laurène s’arrangea pour combler les doutes ainsi qu’écarter les pires suppositions. Cela fonctionnait avec Valentine et Anna mais elle doutait de l’efficacité sur Joyce, Clara et Lucas. Elle ne mentirait pas indéfiniment, mais ne rien dire pour le moment lui semblait nécessaire.

Les trois jeunes filles entamèrent la montée du haut escalier. Elles reprirent leurs souffles dès leur arrivée et observaient le sanctuaire. Après tant d’effort, Laurène voulait juste s’écrouler au sol à la place de se traîner dans le sanctuaire et monter quelques marches. Elle n’avait plus le courage !

La Liée ne l’avait jamais contemplé d’aussi près. Les vieilles architectures la fascinaient pourtant. Anna et Valentine entrèrent alors qu’elle inspectait les alentours, plus précisément l’extérieur du bâtiment. Il était construit par ce qui semblait être du béton peint en beige. Très haut, elle n’atteignait pas, et ce de très très loin, les vitraux. Quelques mètres de bétons les séparaient du verres du dômes. Laurène s’encouragea en montant les hautes marches pour entrer dans le sanctuaire alors que ses jambes devenaient douloureuses. Elle poussa la porte lourde et bruyante qui aurait dû être huilée depuis des années pour éviter un tel supplice auditif. Malgré la couleur des vitraux, comme par magie, c’était de la lumière non filtrée qui circulait dans la pièce. Cependant quelques torches allumaient les allées, les flammes dispersant leurs ombre sur le sol et les murs. Un tapis rouge se déroulait de l’entrée jusqu’à des pierres et une sculpture tout au fond. Les rangées de chaises prenaient différentes couleurs selon les catégories. Aaron s’était placé au tout début à droite. Anna et Valentine faisaient un bruit assourdissant qui en plus raisonnait. La rouquine parlait doucement mais la Persévérante ne fit pas cet effort-là. La Liée sentait que la migraine ne tarderait pas.

– Les filles calmez-vous ! prévint Laurène. On est dans un lieu sacré. Même si ce n’est pas les croyances habituelles, il vaut mieux les respecter dans un tel endroit. Enfin… l’atmosphère est flippant, quoi.

– Il n’y a personne pour nous réprimander. Nous n’aurons pas de problèmes, affirma Valentine.

Laurène jeta un coup d’œil à Aaron qui avait fermé les yeux. Était-il pieux ? Elle s’étonna de penser qu’il ne lui semblait pas le style, mais après tout, elle ne le connaissait pas. L’adolescente s’approcha de la statue centrale. Elle représentait deux dragons qui ne lui disait rien. Laurène n’aurait su dire leur race, ni s’il s’agissait de femelles ou de mâles mais elle trouva qu’ils paraissaient puissants. Très puissants. Ils devaient sûrement l’être pour être représentés dans un endroit sacré. La Liée baissa la tête pour lire le titre : « Statue de la Mère et du Père ». Laurène fronça ses sourcils, ne comprenant pas l’intérêt. Elle se dirigea sur la pierre à sa gauche pour y lire : Les âmes et les esprits du Père et de la Mère reposent en paix, nous protègent et nous surveillent. Cela perdait encore plus Laurène. Ces dragons, qu’étaient-ils exactement ? Des divinités ? Des messagers ? Des gardiens ? Des sortes d’anges ? La religion et les religions en général n’avaient jamais intéressé l’adolescente. Celle-ci ne dérogeait pas à la règle, sauf si d’un point de vue historique, cela pouvait expliquer certaine chose et dans son cas, comprendre ce nouveau monde. La brune alla lire la gravure sur la deuxième pierre, de l’autre côté de la sculpture : Faisons le serment de ne pas laisser l’Imposteur prendre la place des Dieux. Protégeons, et respectons le fondement de notre société. Laurène possédait un minimum d’esprit critique pour se rendre compte que ce texte relevait plus de la propagande qu’un texte sacré. Elle ne doutait pas que cet Imposteur était mauvais. Mais pourquoi inciter tout le monde au combat ? Cela la refroidissait de s’investir, de jouer un rôle prépondérant. Cela ne lui inspirait pas confiance mais pour le moment elle n’avait pas le choix que de faire un effort.

La jeune fille remarqua que les tapis changeaient aussi de couleurs devant une rangée de chaises. C’était des dragons qui ornaient, rien d’étonnant. L’adolescente s’assit au côté d’Aaron, les pieds sur un tapis bleu, pour les Liés.

– Es-tu croyant ?

– Tentes-tu vraiment de me faire blasphémer dans un lieu sacré ? rétorqua le Lié.

– Je…

– Non je ne crois en rien, et je n’ai aucun problème à blasphémer ici. Mais entre nous, si tu pouvais éviter de le dire aux autres. Cela m’arrangerait.

– Pas de problème, ton secret est gardé. Alors pourquoi viens-tu ici pour le plaisir ? Je suppose que ce n’est pas pour observer ses sculptures de hautes qualités…

Il rit de mon sarcasme, ce qui attira l’attention durant deux secondes de mes amies qui se demandaient bien ce que Laurène avait pu dire pour faire rire le grand Aaron le bougon. Il se reprit cependant il semblait moins sévère et moins fermé ce qui aida Laurène à se sentir un peu plus à l’aise.

– Parfois j’ai vraiment besoin de réfléchir, donc il me faut du calme. Généralement, c’est silencieux ici, donc cela m’aide à me concentrer.

Son regard devenu noir vers Anna et Valentine n’échappait pas à Laurène qui était tentée de s'excuser pour ses amies. Sauf qu’elle n’y était pour rien et que cela l’arrangeait d’éviter de s’excuser auprès de lui. La porte s’ouvrit, la Liée bondit en entendant son nom. Clara se jeta dans ses bras et chuchota :

– Mon père m’a dit pour Ignisaqua et toi ! C’est si rare !

Au final, il n’avait rien raconté à sa fille, laissant la jeune fille le faire. La panique visible brièvement sur son visage quand sa meilleure amie avait parlé fut perçue par son frère. Elle le voyait à son regard. Avec l’entêtement de Lucas, elle n’arriverait sûrement pas à lui cacher bien longtemps, elle se résignait déjà à lui confier son secret.

L’apprentie Dresseuse s’assit pour discuter avec Aaron. Laurène leur lança un regard noir, frustrée même si elle savait qu’ils s’entendaient bien avant son arrivée. Elle se lança dans une discussion avec Joyce qui commentait l’inutilité du premier cours : rien de pratique, juste du blabla sociétaire. La canadienne voulait de l’action, pas forcément des cours magistraux à bourrés le crâne qu’on ne se souvient plus après.

Tout d’un coup, à dix-huit heures piles, le reste des élèves influèrent dans le lieu sacré. Le groupe se tut et chacun alla à sa place. La Liée s’installa au côté de son jumeau, près de l’allée, Clara était toute proche d’elle aussi. Joyce chuchotait des questions à Aaron auxquelles il répondit avec plus ou moins d’amabilité. Pour ce premier cous d’histoire/religion, ce fut le vieux chef du conseil des Dresseurs, le directeur, qui se prêtait à l’exercice. Il se plaça près de la sculpture et plus un bruit ne s’entendit. Visiblement, il imposait le respect à beaucoup de monde. Il se décala pour laisser la statue des deux dragons dans le champs de vision de tous.

– Bonsoir à vous ! J’espère que cette première journée de formation vous a été enrichissante et bénéfique ! Au fil des jours, j’espère que vous pourrez vous épanouir et devenir plus fort ! Pour le moment, je fais un petit discours pour enrichir la culture des premières années sur notre histoire, annonça le vieux Dresseur en bougeant silencieusement devant l’assemblé. Lorsque les dinosaures se sont éteints, la Mère, la dragonne de lumières ainsi que le dragon de la nuit, le Père naquirent. Leur œuf ayant dérivé dans l’astéroïde. Ensemble, ils constituèrent une lignée de quatre types de dragons : ceux de feu, ceux de terre, ceux de vent et ceux d’eau. Le premier mâle et la première femelle de chaque espèce ont pu effectuer des croisements qui ont permis des races plus rares : les hybrides. Il existe des croisés de chaque types, mais les dragons mi-vent mi-eau ainsi que mi-feu mi-eau sont extrêmement rares. Nous avons sur notre campus la chance d’accueillir le plus vieux et le plus puissant hybride qui est mi-feu mi-eau : Ignisaqua. Vous lui devez un des plus grands respects.

Certains des premières années et le reste se mirent à chuchoter face à cette information divulguée par le directeur, qui n’était pas inconnu aux anciens de toutes manières. Laurène n’y prêta pas attention jusqu’à ce qu’elle entende son prénom dans les murmures. Elle réalisa que beaucoup la dévisageait avec insistance, y compris le directeur, à son plus grand désespoir. Rien des plus normales puisqu’elle se retrouvait liée à lui. Cependant cela la rendit mal à l’aise, la novice sentait l’angoisse monter. Elle voulait disparaître. Son frère glissa sa main le long du bras de la jeune fille et s’immobilisa au poignet : il ne lui avait pas tenu la main en signe de soutien depuis un moment.

« C’est normal qu’ils réagissent comme cela. »

« Ce n’est pas toi qu’ils dévisagent. »

« Tu es la personne de la prophétie selon les adultes, forcément un jour, une plus grande foule que cela, voire toute notre communauté te dévisagera avec peur et espoir si c’est le cas. »

Laurène aurait voulu l’interroger mais le vieux Dresseur poursuivit, profitant du court instant de silence.

– Les premiers mâles et femelles ont permis l’expansion de leur lignée, et ainsi, autant de dragons sont vivants. Zéphyr et Rafale. Corail et Saumure. Fournaise et Brasier. Lanthane et Cérium. Tels sont les noms des tout premiers dragons descendants du Père et de la Mère. Par la suite, certains humains ont pu les voir, nous Dresseurs, introduit l’homme. Malheureusement, nous étions violents et des dragons sont morts des mains de nos ancêtres. Mais l’un d’eux, plus spécial, a souhaité se venger en soumettant les Hommes. Il se nomme l’Imposteur et c’est lui que nos ennemis prient chaque jour. Il a convaincu les huit fondateurs de l’aider. Il les a retournés contre leurs chefs, il les a ralliés dans son clan. La Mère et le Père ont dû joindre leurs forces jusqu’à la mort. Ceux sont pour ses sauveurs, pour honorer leurs actes de bravoure qu’on se doit d’encenser nos traditions et les dragons. Car leurs sacrifices, n’auront pas été vain et ne le seront jamais… Bon ! Fin de la séance, on se revoit la semaine prochaine.

– Monsieur ! La prophétie, interpella un Persévérant, le bras levé.

– Plus tard Alexis, répondit le vieillard en fixant Laurène avec insistance. Cela sera pour dans quelques semaines, lorsque la voyante sera disponible après son rétablissement. Seuls les voyants rapportent les prophéties comme il le faut. Et c’est important qu’elles ne soient pas déformées par quiconque.

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