Chapitre 18 :

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Laurène eut bien fait de savourer ces trois semaines sans duels et autres efforts physiques. La reprise fut assez compliquée. Aaron commençait doucement pourtant mais Laurène devait retrouver tous ses réflexes. Ce ne fut pas long mais elle passa toute une semaine courbaturée. Sa cheville la lançait après les entraînements mais elle suivait minutieusement les indications des Soigneurs dans l’espoir que ça s’arrange. De toute façon, elle n’avait pas le choix : elle devait apprendre le combat, elle devait savoir se défendre.

Aaron lui apprit à manier deux couteaux en même temps. L’adolescente aurait pensé que c’était facile puisqu’elle maîtrisait assez bien le combat avec une arme blanche. Pourtant, elle faillit se crever un œil deux ou trois fois et s’entailla le visage. Elle avait fait quelques frayeurs à Aaron, mais tous deux n’avaient pas perdu le contrôle. Elle sur ses nerfs, lui sur le partage. Ce dernier réussissait presque à l’utiliser parfaitement. Laurène l’enviait car elle savait que son partage arriverait bientôt et s’imaginer déjà d’aller de catastrophe en catastrophe…

La semaine de cours d’après la reprise des entraînements, Laurène commençait à s’améliorer progressivement avec le combat avec deux lames. Elle n’avait plus trop de problèmes à monter Ignisaqua non plus, et le directeur décida qu’il allait passer au vol. Monter était une chose, rester sur son dragon prit dans des vents ardus et faire des acrobaties lui renversant la tête en bas, cela en était une autre ! La jeune fille ne s’imaginait pas encore faire ça. Cependant elle avait confiance en Ignisaqua : cela ne poserait pas de problèmes, ou en tout cas que très peu.

– On va varier un peu la semaine prochaine, planifia Aaron. J’utiliserai le contrôle durant certaines séances pour que ça t’habitue à ne pas lutter seulement contre l’ennemi. Même si les Liés ne seront pas tes ennemis. Comme ça, face à un Dresseur, tout te paraîtra beaucoup plus facile.

– Intelligent, commenta Laurène. En plus tu pourras t’entraîner à te battre avec le partage. Tu le maîtriseras mieux et tu pourras partir cet été comme prévu. Tu es si pressé de nous abandonner ?

– Fait gaffe on pourrait croire que tu ne voudrais pas me voir partir ! En même temps ce n’est pas non plus ton sale caractère qui va me manquer, fit Aaron en souriant. Plus sérieusement, ce n’est pas que j’ai envie de vous quitter mais il est temps pour moi d’affirmer mes positions chez les adultes. Et de finir la formation. C’est éprouvant, tu sais… donc une petite pause fera du bien.

– Une pause… tu as de la chance d’en avoir.

– Hey, tes amies sont là pour te soutenir. Même si tu es l’élue, ça ira. Et je reviendrai.

– T’as intérêt, grommela Laurène. Surtout que si tu ne reviens pas, Joyce et Lucas n’auront plus de stars à idolâtrer.

– Si, ils t’idolâtreront toi en se rendant compte de ton niveau.

– Je n’en ai aucune envie. Je n’ai pas à avoir des groupies. Ce n’est pas ça qui va m’aider.

– Oui forcément… mais regarde, tu as bien Henry qui fait son lèche-botte avec toi.

– Ce n’est pas vrai ! Il est juste sympa avec moi car il voit que je ne suis pas dans une période facile et que les professeurs sont exigeants avec moi.

– Si tu le dis, marmonna Aaron. Je reviendrai, soit en sûre. Faut bien que j’ai l’occasion de vous voir en œuvre quand vous aurez tous vos capacités au maximum. Puis, souvent on obtient au début des responsabilités liées à son campus. Je ne serai plus avec vous mais je vous verrai de temps en temps.

– Tu m’aideras avec le partage ? lâcha Laurène.

– Si d’ici là tu causeras toujours des incendies ou des inondations, oui. Je t’aiderai, confirma Aaron un petit sourire avant de faire une pause. Mais fait gaffe que je te demande rien en échange parce que je ne suis pas un prof moi ! Bon, repose-toi bien pour dimanche, si jamais je tombe face à toi en premier tour, arrange-toi pour que le duel soit serré. Sinon, je veux que tu arrives en final face à moi.

Laurène devait donc gagner deux duels au pire des cas avant de rejoindre Aaron. Ce dernier vaincrait facilement Henry ou n’importe quel autre s’il était face à eux. Elle le regarda partir en se disant que le campus ferait vraiment vide quand il partirait, et la jeune fille se sentirait vraiment seule.

Le dimanche suivant, suite au tirage au sort, Laurène devait vaincre Joyce puis Lucas avant de le rejoindre. Elle souffla : Joyce et Lucas ne se battaient pas autant qu’elle. Elle pouvait le faire… non ? Les adultes, avant son duel contre Joyce, le tout premier des Liés, vérifièrent l’arène pour ne pas revivre les mêmes mésaventures que la dernière fois. Cela soulagea la Liée et lui permit de se concentrer pleinement. Cette fois, Clara qui avançait de plus en plus dans les duels, l’encourageait. Aaron donna quelques conseils à Joyce pour que ce soit plus compliqué pour Laurène et cette dernière hésitait entre le remercier ou l’étriper à coup de couteau. Elle savait que c’était nécessaire : il mettait tout en œuvre pour l’améliorer et la rendre forte car la Liée devait être à la hauteur de ses espérances.

Clara aida Laurène à se vider la tête avant d’entrer dans l’arène. La Liée appréhendait mais elle allait devoir prendre sur elle. Cette fois, l’adolescente devait prouver à tout le monde qu’elle était forte. Le public ne s’intéressait pas trop à ce duel, pensant que Laurène perdrait face à son amie, et qu’aucunes des deux n’offriraient du grandiose. Cela arrangeait Laurène : moins d’attention donc moins de pression.

Joyce ne se jeta pas directement au combat comme la dernière fois, elle attendait que Laurène porte le premier coup. Laurène chercha une faille dans la posture de son amie, puis s’avança rapidement et frappa de la même vitesse le flanc. Joyce se crispa de douleur et lança son poing que la Liée para sans trop de problème. Laurène sentit son corps chauffer à cause de l’effort physique même s’il n’était pas forcément intensif. Joyce empoigna la jambe de Laurène,, souhaitant la mettre à terre, cependant Laurène se rapprocha assez vite pour se retrouver au-dessus d’elle après la chute. La jumelle de Lucas ne saurait l’expliquer mais elle se sentait bien, qu’elle maîtrisait, qu’il n’y aurait pas de complication. Il y eut des exclamations dans le public mais aussi de Joyce lorsque la peau de Laurène fut en contact avec la sienne. L’adolescente l’a maintenu suffisamment au sol pour l’emporter. Elle se rapprochait peu à peu de l’objectif ! Elle rejoindrait Aaron lors de la finale des Liés. Elle le voulait.

– Tu es toute brûlante, s’inquiéta Joyce lorsqu’elle avait saisi la main que Laurène lui tendait. Tu devrais prendre ta fièvre après manger. J’ai cru que ta peau allait me brûler !

– Ça doit être dû à l’effort rien de plus, assura Laurène. Par contre j’ai hyper soif !

En attendant que Lucas descende, l’adolescente rejoignit Clara qui était restée, son amie lui tendit une bouteille d’eau avant de l’examiner soucieuse. Laurène se sentait un peu fébrile mais ça irait, elle n’avait pas le choix de toute manière : Aaron l’assassinerait si jamais elle osait déclarer forfait.

– Ton t-shirt est tout trempé… c’est étrange de transpirer autant. Tu te sentais mal ce matin ? Tu as pris ta fièvre ?

Deux fois qu’on lui faisait cette remarque ! Clara avait raison, cela ne lui était jamais arrivée auparavant de transpirer autant, cependant la Liée ne s’affola pas pour cela, Laurène se sentait vraiment bien, pleine d’énergie même. Peut-être trop. Elle se retrouva ensuite, face à son frère dans l’arène même si Clara essayait de la convaincre d’aller à l’infirmerie. Elle n’abandonnerait pas maintenant. Elle avait des choses à prouver, à tout le monde, à tout le campus, à tous ses camarades, à tous les adultes.

Malgré tout, la jeune fille redoutait de blesser Lucas. Puis elle ne voulait pas que leur nouvelle relation s’effondre non plus après tant d’années passés à être fâchés. Son jumeau lui fit un clin d’œil avant que le duel débute ce qui rassura sa jumelle : quelque soit l’issue, tout irait bien entre eux. Pour un débutant Lucas avait un bon niveau avec un style différent de sa sœur. Cette dernière s’en tira avec quelques égratignures aux bras et une plus profonde à la joue. Après avoir été propulsée dans les airs par son frère elle lança un coup de pied en plein ventre en retombant tout en essayant de doser sa force pour ne pas le blesser. Il resta au sol. Cette fois elle s’autorisa à sourire un peu en allant voir si cela allait. Elle l’avait fait ! Laurène était arrivée contre Aaron. Bien sûr elle allait perdre contre lui, mais la Liée venait de prouver au camp entier que même si elle était faible, sa défaite de la dernière fois ne représentait pas son réel niveau.

– Pourquoi ton corps est si chaud et ton t-shirt comme si tu venais de ressortir de la mer ? s’enquit Lucas en serrant sa sœur dans ses bras. Tu te sens bien ?

– C’est normal, je finis mon deuxième duel, c’est physique, justifia-t-elle.

Son frère s’inquiétait beaucoup trop pour elle mais que tout le monde lui fasse des remarques aussi l’inquiétait un peu. Pourtant elle se sentait très bien et ceux depuis des semaines ! L’adolescente eut un moment de répit mais comme prévu Aaron vaincu aisément Henry. Le duel fut ridicule, si rapide, l’adolescente eut de la peine pour Henry qui revint déprimer dans les tribunes. Juste avant de retourner en piste, la Liée réconforta son ami. Enfin on l’appela et elle est descendit.

La Liée souffla et se retrouva enfin face à Aaron comme ce dernier attendait tant. La jeune fille commençait à avoir vraiment trop chaud, elle rêvait presque qu’il pleuve une pluie froide sur elle. Elle commençait réellement à détester ces fameux duels : pourquoi tant d’effort physique à exécuter en un si petit laps de temps ?

« Laurène, éloigne toi au maximum d’Aaron. », avertit la voix grave d’Ignisaqua dans sa tête.

« Quoi ? Pourquoi ? Je suis censée combattre contre lui. »

« Pour le protéger. »

« De quoi ? »

Ignisaqua ne put répondre puisque le duel débuta et son humaine aurait bien voulu connaître sa réponse. Laurène ne sut pas du tout ce qu’elle pouvait faire pour l’éloigner. Elle ne put empêcher les contacts physiques. Si elle ne combattait pas, il lui passerait un savon et le duel deviendrait interminable. Plus le temps passait, plus Laurène avait l’impression désagréable qu’elle allait brûler. Aaron la plaqua au sol après qu’elle ait raté son coup et cette dernière baissa le regard vers sa main de laquelle une fumée s’échappait. Et elle vit une flammèche naître au sein d’elle. La Liée paniqua complètement.

– Écarte toi, ordonna fermement la jeune fille à son camarade.

Aaron ne comprit pas. Voyant la flamme s’agrandir, elle le poussa de son pied pour l’empêcher de prendre feu. Elle se releva, s’éloigna et hurla lorsque tout son bras s’enflamma. Laurène n’avait aucun contrôle sur la situation et ne savait pas comment arrêter cela. Des cris horrifiés remplacèrent les encouragements et ses amis crièrent son prénom. Aaron se releva un peu sous le choc.

– Laurène ! Respire, conseilla Aaron la voix tremblante. Si tu arrêtes de paniquer, les flammes s’éteindront.

– Comment veux-tu que je me calme ? cria-t-elle. Je brûle je te ferai dire !

– Ça va aller.

– Non ! sanglota-t-elle alors que son deuxième bras prenait feu. Je vais mourir immoler par moi-même.

« Laurène concentre-toi. Tu peux éteindre ses flammes. », lui assura Ignisaqua.

« Et comment ? Je n’ai même pas voulu qu’elles naissent. »

« Il faut que tu te calmes. »

La Liée n’en n’était pas capable. La jeune fille sentait la panique la tétaniser et l’empêcher de respirer. Laurène pensa mourir. Elle n’avait pas spécialement mal, les brûlures étaient indolores étrangement mais elle avait l’impression qu’elle allait fondre insensément sous peu. Elle n’arrivait pas à se concentrer sur autre chose que cette sensation. Voyant que les adultes prenaient du temps à réagir, Aaron leva le bras et ferma les yeux espérant que cela fonctionne. Son partage devait absolument l’écouter et être suffisamment puissant. Le Lié ne voulait pas que sa jeune pupille disparaisse même si par moment elle l’agaçait. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il vit une étendue d’eau dans les airs. Il lâcha prise en visant l’entièreté du liquide sur Laurène pour étouffer les flammes. Quand elle cessa d’être une torche vivante, Aaron la rejoignit au moment où elle s’effondrait au sol.

– Hey hey hey, doucement. Respire, ça va mieux. OK ? fit-il. Ça se reproduira mais ils vont te former au partage. D’ici quelques mois, tu n’auras plus ce problème.

Laurène se releva difficilement, Aaron tenant un bras tout comme Clara qui s’était précipitée elle aussi dans l’arène malgré le désaccord des adultes. L’adolescente était exténuée par ce qui venait de se produire. Son corps lui criait de s’allonger et de ne plus bouger. Sa vision était parsemée de tâche noir et elle sentait ses paupières se fermer alors que Lucas arrivait essoufflé.

– Hey sœurette reste éveillée, murmura-t-il en lui prenant le visage.

– Je suis fatiguée…

La voix de son frère se fit plus lointaine et sa vision se brouilla. Lorsque Laurène reprit connaissance, ce fut perfusée à l’infirmerie. Elle tourna la tête et aperçut Henry assis à côté de son lit. Laurène se redressa péniblement pour ne pas se rendormir. Plus aucune énergie dans ses muscles, que de la douleur.

– Aaron t’a porté jusqu’ici. Mme. Amaro a dit que c’était normal que ton corps ce soit mis en veille, l’informa-t-il. C’est très tôt pour révéler le partage. Même pour Aaron ce n’était pas aussi avancé.

– Où sont les autres d’ailleurs ?

– Aaron ne voulait pas te laisser seule mais il tenait à être présent quand Clara allait téléphoner à son père. Val y est aussi par curiosité. Joyce et Anna ont éloigné Lucas hors de l’infirmerie pour qu’il se calme et elles sont restées avec lui. Du coup je suis resté. Je pensais que tu préférerais voir quelqu’un à ton réveil.

– Merci, acquiesça la jeune fille qui passait ses mains sur son visage.

– On a eu peur pour toi, tu sais.

– Oh, lâcha Laurène en rougissant. Je suis désolée. Je sais que ça doit être perturbant d’être ami avec un cas comme moi, mais je suis désolée… je crois que c’est loin d’être fini tout ça en plus. Je ne veux pas vous inquiéter.

– L’essentiel c’est que tu arrives à prendre soin de toi et à aller bien, Lau.

– Merci, bégaya Laurène.

Elle ne savait pas vraiment comment prendre la déclaration du jeune homme qui la rendait un peu mal à l’aise. Elle tenta d’ignorer. Henry lui sourit avant que tout le reste du groupe débarque. Lucas lui prit la main pendant que Clara annonçait que son père arriverait avant deux semaines avant de la serrer un peu trop fort dans ses bras. Anna et Valentine avaient apporté des gâteaux pour qu’elle reprenne des forces aussi. Après un petit moment, ils devaient tous retourner aux duels où les quatre vainqueurs des catégories s’affronteraient.

– Aaron, interpella Laurène. Merci pour ce matin, de m’avoir aidé.

Cela ne lui coûtait même pas de dire ça. Il avait assuré, sans lui les brûlures auraient été plus que superficielles. Puis, il avait été particulièrement patient. Un adulte lui aurait sans doute hurler dessus pour qu’elle éteigne les flammes mais il était resté compréhensif.

– J’ai connu ça et j’étais seul donc un peu de soutien ne fait pas de mal. Tu sais, tu aurais pu gagner ce matin, affirma-t-il avec l’esquisse d’un sourire. Le partage communique aussi une partie de la puissance du dragon dans nos capacités habituelles. Je l’ai ressenti. Et Ignisaqua est incroyablement puissant.

– Cela aussi c’est incontrôlable ?

– Un superflus d’énergie n’est pas à plaindre à mon avis. Il faut toujours en avoir en réserve.

– Tu m’étonnes… Bon courage pour les jeux, souhaita Laurène alors qu’il partait.

– Ne t’inquiète pas, je gagne toujours de toute façon ! Quand je serai parti, ça deviendra plus intéressant. Et j’espère que ce sera toi qui prendra ma place, révéla Aaron de dos sans un regard.

Laurène se demandait s’ils étaient définitivement en bon terme maintenant. Et même si quelques fois l’envie de lui hurler dessus restait tentante, elle était heureuse de savoir que leur relation s’apaisait. Au final, son camarade n’était pas mauvais, elle le savait.

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